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Gestion de la charge culturelle au Bénin et transhumance de bétails en région Agonlin
Fortuné Sossa et Flore Nobimè dévoilent la corruption
Photos Dr


Les rétro-commissions au Fonds des Arts et de la Culture et la corruption dans la transhumance des bétails en région Agonlin  étaient au menu d’une conférence de presse organisée jeudi 14 Mai à la Maison des Médias à Gbèdjromèdé. L’événement qui s’inscrit dans le cadre du Projet ‘’Pour des médias plus professionnels au Bénin, phase II’’ a été l’occasion pour deux professionnels des médias, Fortuné Sossa et Flore Nobimè d’exposer les fruits de leurs recherches au sujet de ce qui se passe dans ces différents secteurs.

‘’Fonds des Arts et de la Culture : Des soupçons persistants de rétro-commissions’’ et ‘’Passage des éleveurs nomades dans les champs : La corruption, terreau de la transhumance’’. Tels étaient les deux thèmes qui ont meublé cette sortie médiatique animée par Fortuné Sossa et Flore Nobimè. Inspirés par le Projet ‘’Pour des médias plus professionnels au Bénin, phase II’’, financé par ‘’OSIWA’’ et mis en œuvre par ‘’la Maison des Médias’’, les deux journalistes ont mené des investigations qui leur ont permis de déraciner certains faits qui vont dans le contre-sens de la bonne gouvernance au Bénin. L’enquête réalisée par Fortuné Sossa et orientée vers des cas de rétro-commissions au Fonds des Arts et de la Culture (FAC) tire selon lui sa source des échanges qu’il avait eus avec certains acteurs culturels. Pour bénéficier de l’aide de l’Etat pour organiser leurs événements culturels, les acteurs culturels tombent dans un labyrinthe qui les oblige à accepter donner des rétro-commissions qu’ils sont satisfaits. « La plupart des artistes culturels que j’ai interviewés ont affirmé avoir été rançonnés pour bénéficier de subventions du Fonds des Arts et de la Culture», a déclaré Fortuné Sossa lors de sa présentation. Pour bénéficier de cette aide explique le conférencier, il faut accepter le deal, accepter de rétrocéder un certain pourcentage afin d’avoir l’avis favorable et obtenir le chèque. Aux dires des interviewés poursuit-il, le montant de la rançon est fixé par le rançonneur. « Les acteurs culturels bénéficiaires du Fonds qui m’ont fait des aveux et dénonciations, reconnaissent leur complicité dans ce système mis en place depuis des lustres au niveau du FAC qui semble pérenniser malgré diverses réformes dans le secteur »  fait constater Fortuné Sossa. Pour l’obligation du contradictoire, il dit s’être rapproché du Directeur général du Fonds pour savoir si effectivement il y a toujours l’affaire de rétro-commissions sous sa gestion. L’autorité avait infirmé l’information de même qu’un membre influent du Conseil d’administration du FAC. Fortuné Sossa n’a pas manqué de revenir sur les difficultés qu’il a rencontrées lors des démarches menées pour connaître réellement de cette situation qui n’apporte pas une caution positive pour un développement harmonieux de la culture béninoise.

Flore Nobimè a conduit son enquête dans l’organisation de la transhumance des bétails en région Agonlin. Les premières démarches adoptée par l’investigatrice ont consisté à une recherche documentaire et de personnes ressources, ensuite à la descente sur le terrain. Ce qui lui a permis de recueillir beaucoup d’informations concernant  le passage des éleveurs nomades dans les champs. Malgré la série de mesures en vigueur pour encadrer l’activité, affirme Flore Nobimè,  des poches de résistance se font toujours constater sur le terrain. En effet, depuis décembre 2017, le gouvernement a pris plusieurs décisions dont celle de « limiter les déplacements de troupeaux à la latitude de la commune de Dassa-Zoumè » et d’ « interdire l’arrivée des troupeaux vers la région méridionale où les dégâts humains sont plus graves ». Ces décisions, bien que renforcées ces deux dernières années par d’autres mesures, n’ont jamais empêché la transhumance dans cette région avec son cortège de drames. L’activité s’y déroule sur fond de corruption. «Nous avons pu recueillir le témoignage du maire de Covè qui, d’après ce qu’il nous a confiés, a subi des pressions de certains chefs de village afin d’accueillir des transhumants dans sa commune. Il existe aussi des cas de fraude avec des passages de troupeaux qui se font nuitamment moyennant le paiement d’une somme de 50.000 francs par troupeau à Covè.», a dévoilé Flore Nobimè. Cette somme ajoute-t-elle est perçue par des réseaux d’intermédiaires. Pour ce qui est de Covè, elle a estimé que l’idée de taxer le passage des troupeaux émane de l’Association des producteurs victimes de la transhumance. «L’initiative, qui d’ailleurs ne répond à aucune logique n’a pas prospéré et les 130.000 francs collectés auprès des éleveurs étaient, au moment de la réalisation de notre enquête, au commissariat de Covè. », a-t-elle indiqué avant de rappeler que sur le terrain, un éleveur béninois lui a confié la mésaventure de son pasteur bloqué avec son troupeau dans une commune du Zou. « Alors qu’aucune taxe n’a été instituée, le chef de ce village dont nous taisons le nom a exigé le paiement d’une somme de 60.000 francs avant de laisser le troupeau poursuivre son itinéraire. », a-t-elle précisé. Aussi, a-t-elle noté la présence décriée des intermédiaires encore appelés démarcheurs ou facilitateurs qui continuent de défier les textes. Inconnus dans les rangs des acteurs officiellement impliqués dans la gestion de la transhumance, ils continuent de profiter illégalement et impunément de l’activité en usant  de chantage, d’extorsion de fonds, de rackets. La corruption dans le domaine de la transhumance relève du secret de Polichinelle dans la région Agonlin. Elle implique plusieurs acteurs et complique l’assainissement d’une activité devenue sanglante avec son lot de morts et de dégâts. Avec des statistiques à l’appui, Flore Nobimè a fait constater qu’au Bénin, les violences liées à la transhumance ont entraîné de 2016 à 2019, 54 décès et 52 blessés graves. Par ailleurs 2447 ha de champs, soit  24 km2, ont été dévastés, 205 bêtes abattues, puis 52 greniers pillés.



Etienne YEMADJE
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