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THOMAS SANKARA
Une révolution étouffée !
Thomas Sankara. (21 Décembre 1947-15 octobre 1987)


Le 15 octobre 1987, Thomas Isidore Noël Sankara, le père de la révolution populaire du Burkina Faso est assassiné à Ouagadougou, après 4 années de pouvoir. Qui était vraiment Sankara ? Quelle vision avait-il de la révolution ? Comment vivait-t-il la sienne? L?universitaire et panafricaniste Pierre Mendel GUEI nous livre son analyse sur la révolution du Capitaine. ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Thomas Sankara est né à Yako le 21 Décembre 1947 dans une famille de 14 enfants. Après des études secondaires à Bobo-Dioulasso, il commence une carrière militaire à 19 ans. Il est envoyé en Madagascar pour poursuivre ses études. Il retourne au Burkina Faso, Haute-Volta, d?alors en 1972. Il part ensuite parfaire sa formation en France, puis au Maroc. Une fois de retour au pays, il forme avec un groupe de réflexion de jeunes officiers désireux de changer les choses par les reformes. En septembre 1981, il est nommé Secrétaire d?Etat à l?Information dans le gouvernement de Saye Zerbo. Il fait sensation en se rendant à vélo à sa première réunion de cabinet. C?était la première fois qu?un fonctionnaire de son rang se rendait au travail à bicyclette. Il démissionnera le 21 Avril 1982 pour marquer son désaccord avec ce gouvernement. Souhaitant redonner le pouvoir au peuple, dans une logique de démocratie participative, Sankara crée les CDR (Comités de défense de la révolution) et entreprend des grandes actions. Les actions des CDR sont coordonnées par le CNR (Conseil national de la révolution). Avant même de parler de sa révolution, il apparaît nécessaire de rappeler que Sankara n?est pas arrivé au pouvoir après une élection. Il y a accédé par un coup d?Etat. On peut donc dire que c?est un putschiste, même si certains essaient de relativiser en soutenant qu?il s?agissait d?un coup d?Etat nécessaire. Ce qui donne un sens et de la valeur à sa révolution, c?est qu?elle s?inscrivait dans le cadre du redressement de la politique sociale du pays. Les résultats de sa politique étaient visibles après deux ans seulement de pouvoir et on peut imaginer que le Burkina Faso aurait eu un meilleur visage aujourd?hui si le Capitaine avait eu le temps de mettre ses idées en pratique. Il voulait sauver le bateau burkinabé, lequel, selon lui, allait à la dérive. C?est ce qui fait de lui indubitablement un héros national puis continental à en croire l?opinion publique nationale et internationale. Il va poser plusieurs actes concrets pour valider sa vision. L?essentiel de ses actes visait tant à réduire la malnutrition, la soif. Il entreprend alors la construction massive des pompes hydrauliques, des puits et des retenues d'eau. Il initie également des programmes de vaccination des enfants. Il fait une campagne massive de lutte contre l'analphabétisme. Il instaure une campagne de reboisement qui consistait à planter chacun un arbre à chaque grand évènement national pour lutter contre la désertification. Sankara encourageait et exhortait les populations y compris les ministres et hauts fonctionnaires à porter des tenues traditionnelles (le Faso Dan Fani), et à manger local afin de couper de l?herbe sous les pieds de l?impérialisme. Il lance la nationalisation des terres. L?une des particularités de la révolution Sankariste, c?est qu?elle était favorable aux femmes. Non seulement Sankara cherchait à valoriser les femmes en faisant la promotion de leurs droits mais il incitait les hommes à aller faire le marché à la place des femmes. Il va jusqu?à initier des journées où les hommes vont faire les courses au marché. Dans une société strictement patriarcale même si c?est encore le cas aujourd?hui malgré une légère amélioration c?était tout de même osé. Il l?a fait. Le but recherché par cette politique était de réduire la puissance des hommes tout en permettant d?intégrer les femmes dans la société à l'égal des hommes. Il est le seul président d'Afrique à avoir vendu les luxueuses voitures de fonctions de l'État pour les remplacer par des petits véhicules moins confortables et peu gourmandes. Il faisait tous ses voyages en classe touriste, ses collaborateurs étaient tenus de faire de même. Par ces actions, Sankara voulait faire prendre conscience à l?Afrique d?une chose; un peuple peut vivre et prospérer qu?en ne comptant que sur ses propres moyens, plutôt que d?aller s?endetter auprès des institutions de Bretton Woods. Dans tous les cas, elles ne sont pas des philanthropes. C?est pourquoi, malgré son rang de Président de la république, il donnait l?exemple en se déplaçant dans une petite voiture peu confortable. Il a décidé également de ne pas se tailler un salaire sur mesure comme ce fût le cas dans plusieurs Etats Africains et peut être encore le cas aujourd?hui malgré les règles de transparence. Le combat contre les forces impérialistes et le capitalisme sauvage est plus que d?actualité de nos jours lorsqu?on voit que les grandes entreprises et conglomérats qui autrefois vivaient comme des roitelets font de plus en plus face à une raréfaction de leurs moyens. On voit également que beaucoup d?Etats commencent à réduire leurs dépenses publiques y compris dans les pays dits développés car contraints par le système lui-même qui les asphyxie financièrement. Pour sortir du sous-développement il faut maîtriser les dépenses publiques, ne pas être endetté, produire et s?auto suffire. Thomas SANKARA le savait. Pour y arriver il faut imposer un style de vie et imprimer un rythme de travail. Bref, mettre le peuple au pas. Révolutionnaire dans l?âme, Sankara sait qu?en donnant l?exemple et en étant exemplaire le peuple ne pourra que suivre. Son exemple commence à faire tâche d?huile. Il redonne confiance à tout un peuple. Le slogan était lancé. « Le burkina faso le pays des hommes intègres ». Le slogan est porté dans tous les confins du territoire. Sa popularité grandit. Qui est ce jeune homme qui bouscule les tabous et qui franchit les barrières ?; des lignes supposées rouges ! Thomas Sankara porte alors son combat sur tout le continent africain et bien au-delà. Il force l?admiration pour certains de ses pairs et frise l?arrogance pour d?autres. Il multiplie les discours. Sa Vision de la nouvelle Afrique se frotte avec le vieux système. Ses interventions dans les tribunes internationales ne choquent visiblement personne mais dérangent certainement les parrains de l?establishment établi. Les intérêts ne sont pas moindres sur le continent africain. Les parrains le savent. Qui s?y frotte s?y pique dit l?adage. Sankara pousse le bouchon. L?avait t-il poussé trop loin ? avait-il franchi le rubicond ? stupéfaction totale ce 15 octobre 1987, un punch militaire l?emporte. Le jeune capitaine s?est tu à jamais. Faisant l?analyse du comportement du jeune Capitaine et de sa révolution Pierre Mendel GUEI, universitaire ivoirien, vivant en France, grand militant de la cause africaine que nous avons rencontré à ce sujet nous livre ici ses impressions. Pour Mendel GUEI, beaucoup de dirigeants africains de l?époque n?avaient pas mesuré l?importance des discours et prises de position de Sankara. Certains parmi eux l?ont même combattu. Au début de l?année de son assassinat, pourtant, le progrès réalisé en si peu de temps grâce à la révolution Sankariste était bien visible au Burkina Faso. Pour ce qui nous concerne, la vraie question, celle qui mérite d?être posée aujourd?hui n?est pas uniquement de savoir qui a tué Sankara, mais plutôt pourquoi a-t-il été éliminé ?. Et cette question doit nécessairement faire échos à d?autres questions similaires: Pourquoi Patrice Lumumba a-t-il été tué ? Pourquoi, Amilcar Cabral a-t-il été tué ? Pourquoi Félix Mounié a-t-il été tué ? Pourquoi Sylvanus Olympio a t-il été tué ? Pourquoi Nelson Mandela a été maintenu en prison pendant 27 ans ? je n?ai pas de réponse directe mais permettez-moi de dire qu?on a longtemps étouffer quelque chose sur le continent africain. Pour moi, poursuit Mendel GUEI, Thomas Sankara était déjà dans le « made in africa» le mental c?est le fondamental dit on. J?en veux pour preuve, lors de la 25è conférence des chefs d?Etats de l?OUA en juillet 1987, Sankara dénonçait, dans son fameux discours du 29 juillet 1987, les inconvénients de l?endettement aveugle de l?Afrique et la nécessité pour le continent noir de transformer et de consommer les produits africains tout en encourageant le panafricanisme. Trente ans après, ce message d?une importance capitale, le CFA qui, à l?origine, a été conçu comme un instrument de l?impérialisme économique continue de maintenir l?Afrique dans l?esclavage monétaire, plombant ainsi dangereusement le développement du continent noir. Malheureusement le pauvre Capitaine, non compris, a été sauvagement contraint à un silence éternel. Son assassinat n?est qu?un étouffement de sa révolution. Son combat aurait dû être le combat de tout le continent africain et aujourd?hui on devrait être à la lisière du développement avec entre autres notre propre monnaie. Une monnaie africaine. Voyez vous Thomas SANKARA disait : « Je ne suis ni un messie ni un prophète. Je ne détiens aucune vérité. Ma seule ambition est une double aspiration : premièrement, pouvoir, en langage simple, celui de l'évidence et de la clarté, parler au nom de mon peuple, le peuple du Burkina Faso ; deuxièmement, parvenir à exprimer aussi, à ma manière, la parole du "Grand peuple des déshérités", ceux qui appartiennent à ce monde qu'on a malicieusement baptisé Tiers Monde. Et dire, même si je n'arrive pas à les faire comprendre, les raisons que nous avons de nous révolter » L?histoire retiendra que Thomas Sankara était tout simplement un visionnaire qui voulait tout simplement faire prendre conscience au monde, à l?Afrique en particulier, qu?un peuple conscient et travailleur peut vivre et prospérer en comptant sur ses propres moyens et ressources naturelles. Avec le retour actuel du débat sur la nécessité de l?abandon du francs CFA, débat aujourd?hui cheval de bataille du valeureux et audacieux KEMI SEBA et ses amis, on peut tout simplement constater SANKARA et ses idées sont plus que d?actualité. Salut ! Capitaine.


Dieudonné KATAKOULA
 
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