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Le ministre Karimou Salimane sur la Web émission AskGouvBénin
‘’L’Etat consacre plus de 30% des dépenses à l’éducation’’
Le ministre Salimane Karimou a répondu aux préoccupations des internautes


Le ministre des enseignements maternels et primaires Karimou Salimane était l’invité de la web émission dénommée AskgouvBénin de ce jeudi 03 octobre. En direct avec les internautes, le ministre a passé en revue les différentes préoccupations exprimées. Les questions posées au ministre vont de la gestion des cantines scolaires au problème de l’approche par compétence dans l’enseignement en passant par les effectifs dans les classes ou encore la gestion des ressources du secteur. A ces différentes préoccupations il a apporté des réponses dont l’essentiel a été transcris pour vous. Lisez plutôt.

TRANSCRIPTION DE ASKGOUVBENIN DU 03 OCT 2019 AVEC LE MEMP KARIMOU SALIMANE

Bienvenue au ministère de l’enseignement maternel et primaire, le département ministériel qui est chargé de la conception, de l’élaboration, de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière d’éducation, notamment à travers la formation, à travers l’instruction, à travers l’éducation de la génération montante.

Quelles sont les dispositions prises par le gouvernement pour assurer une année scolaire apaisée ?

Déjà par rapport à la rentrée des classes 2019-2020, nous pouvons nous féliciter de cette réussite car elle a été apaisée. Elle s’inscrit dans une démarche d’approche participative qui a permis de mettre ensemble tous les acteurs. Tout cela qui nous a amenés à ce résultat. Par rapport à l’année scolaire, les dispositions sont prises et seront toujours maintenues. Première disposition, c’est le dialogue social permanent. A ce sujet, le gouvernement est à l’écoute de tous les acteurs de l’école, surtout les partenaires sociaux. Il faut signaler que c’est grâce à ces derniers que nous avons eu les meilleurs résultats depuis quelques années. Et tant que le dialogue est permanent avec la satisfaction des revendications selon les moyens de l’Etat, je crois qu’il n’y aura pas du tout de problème. De façon matérielle, le gouvernement a joué sa partition pour que les enseignants bénéficient de leurs droits c’est-à-dire le paiement à bonne date de leurs salaires et des autres accessoires. Il y a aussi les conditions de travail des enseignants et des apprenants qui, grâce aux efforts du gouvernement, s’améliorent de jour en jour. De toute façon, il n’y a rien qui augure d’une année scolaire agitée, et il n’y en aura pas !

Tous les enseignants ont-ils tous reçu leurs primes de rentrée avant la rentrée du 16 septembre 2019 ?

Nous n’avons pas la possibilité de faire le point exhaustif du paiement ou de la perception de primes de rentrée par tous les enseignants. Depuis quelques années, ces primes ont été bancarisées. Cette année, les primes ont été virées à temps puisque la rentrée de cette année étant fixée au 16 septembre. Il est possible qu’il existe des cas d’omission mais dès que cela est signalé, cela sera corrigé après vérification.

Pourquoi cette année scolaire, il y a eu fusion des classes. Alors que par endroit, on dénombre des effectifs pléthoriques et au même moment, on recherche la qualité de l’enseignement. Qu’est-ce qui motive cette décision ?

Ce qui se cache derrière la fusion des classes n’est rien d’autre que la gestion rationnelle des ressources de l’Etat. Contrairement à ce que certaines langues disent, en affirmant que l’Etat est dans la logique de réduction des subventions octroyées aux écoles et dans la logique de ne pas recruter du personnel enseignant, il n’y a rien de tout cela. Il faut pouvoir rentrer dans une logique de gérer au mieux les ressources que nous avons, étant donné que nous sommes dans un Etat à ressources très limitées.

Nous avions fait le constat en 2016 qu’il y a des écoles à 6 classes parfois, à 3 ou même à 4 classes qui fonctionnent avec très peu d’apprenants. Alors que dans les normes notamment dans notre pays le Bénin, l’Ecole de qualité fondamentale, voudrait qu’un enseignant peut disposer de 50 élèves au maximum avec un minimum de 40 ou 45. Mais il est constaté que certains enseignants disposent de 5 ou 10 apprenants. Cela va peut-être dans l’intérêt de l’enseignant qui aura peu de chose à faire. Au même moment dans d’autres cas, vous avez des classes en sureffectif où vous enregistrez jusqu’à 80 voire 120 apprenants. Mais quand on est dans une situation du genre, il faut arbitrer de façon intelligente surtout quand on est un gouvernement responsable. C’est ce qui nous a amenés à faire le choix des fusions dans certains groupes pédagogiques. Cette expérience en 2016, nous a permis de récupérer 3.088 enseignants que nous avons redistribués dans le système. Mais chemin faisant, il y a eu des départs à la retraite. Toujours dans la vision d’une gestion intelligente, nous sommes obligés cette année de procéder à d’autres fusions tout en maintenant les écoles telles quelles dans les localités. Il faut préciser qu’avec la fusion de cette année, le gouvernement n’a fermé aucune école. C’est plutôt certaines classes, par endroit, qui ont été fermées.

En ce qui concerne la qualité, des dispositions sont prises pour qu’il n’y ait aucune défaillance. Pour être plus précis, je prends l’exemple d’un complexe qui a deux groupes. Au CE1 A il y a 50 apprenants et au CE1 B il y a 40 apprenants. Cela fait un effectif de 90 élèves. Il faut alors nécessairement dédoubler. Les endroits où les classes multigrades (c’est-à-dire CI et CE1) n’atteignent pas les effectifs, la fusion est faite et les enseignants sont formés en conséquence pour que la qualité ne souffre d’aucune faille.

Parlons des classes jumelées c’est-à-dire les CE1 et CE2. Là aussi, des dispositions sont prises. Toutes ces réformes sont faites pour la bonne gestion des ressources humaines, matérielles et financières car n’oublions pas que notre pays est à ressources limitées. Au-delà, de tout, il y a un plan de recrutement que l’Etat est en train de mettre en place pour pourvoir au manque du personnel enseignant en 2020.  

Comment sont gérés les complexes qui ont plusieurs directeurs d’écoles ?

Cette question m’embarrasse car je ne connais pas une école qui ait 2 directeurs. Mais ce qui est possible, c’est qu’on ait 1 directeur au lieu de 3 pour un complexe à 3 groupes. Cela fait partie des réformes c’est-à-dire faire en sorte que le directeur d’école ne soit plus titulaire d’une classe mais s’occupe de la gestion administrative, financière, matérielle et pédagogique de l’école. C’est l’idéal mais cela a un coût. Seulement à l’étape actuelle des choses cela n’est pas possible même si le gouvernement actuel est soucieux de cet idéal.

A quand les résultats du concours des aspirants au métier de l’enseignant ? Et pourtant des écoles sont en effectifs pléthoriques pour manque d’enseignants.  

Le manque d’enseignant est différent de l’effectif pléthorique dans les classes. Cette base de données est mise en place pour pouvoir répondre aux besoins de l’école en matière d’enseignants. Cette base contient aussi ceux qui ont fait les écoles normales car ils détiennent des diplômes délivrés par l’Etat après un examen organisé par la DEC.  Il faut faire remarquer que ce n’est pas l’Etat seul qui aura l’exclusivité d’utilisation de cette base de données. En cas de besoin d’enseignants, l’Etat passera par les voies légales pour procéder au recrutement c’est-à-dire par des textes ou concours. Lorsque des partenaires comme les ONGs, les fondations ou encore des organismes qui mettent en place des infrastructures scolaires ont besoin du personnel enseignant, ils pourront s’appuyer sur cette base de données pour être sûrs de la qualité de ceux qu’ils recrutent.

Comment se fera la mise en œuvre des programmes d’apprentissage et des APC

Le débat sur l’APC doit toujours continuer pour son amélioration permanente. Le vrai débat de fond sur l’APC ne se fait pas encore. Nous avons à trancher entre former les gens de la maternelle au supérieur en passant par le primaire et le secondaire, qui ne sont pas capables de faire quoi que ce soit dès qu’ils sortent des écoles surtout que l’Etat n’est plus en mesure de recruter tous ceux qui sortent de l’école, ou penser à une école qui permet d’avoir le diplôme mais d’avoir d’autres cordes à son arc en apprenant parallèlement d’autres métiers. C’est là où apparaît la notion de compétence et de la connaissance. Cela s’impose à nous quelle que soit notre position aujourd’hui pour rester en phase avec les exigences internationales qui veulent que quand vous sortez de l’école, vous n’attendiez personne avant de trouver à faire. C’est ce qu’on attend par l’approche par compétence. On peut l’appeler par autre nom que APC.

Quel bilan faites-vous de l’APC après le diagnostic bilan ?

De façon ramassée, nous pouvons dire qu’au Bénin, nous avons cherché à faire une jonction entre ce qui se faisait dans le passé et l’APC. Si bien que beaucoup de temps perdu au lieu de chercher à appréhender le contenu de l’APC et ressortir ce qu’il faut pour nous développer. Cette recherche permanente de cette jonction ne nous a pas permis de tirer une conclusion claire depuis 1994 où l’APC a été introduite. Cet état de chose doit être déploré pour qu’on sorte de notre logique de tête bien pleine.

Quelles sont les causes de la tombée en déroute du secteur de l’enseignement ? Quelle est la politique gouvernementale pour l’amélioration des qualités des enseignants ?

C’est excessif de dire que le secteur de l’enseignement est en déroute. C’est aussi ne pas reconnaître les efforts consentis depuis des années pour relever l’école béninoise. La décadence du système éducatif en termes de qualité ne peut être forcément liée au programme d’étude. Au début des années 90, c’est-à-dire juste après la Conférence nationale jusqu’à l’avènement des réformes de la Rupture, le système éducatif était perturbé. C’est l’application des lois par le gouvernement actuel qui a amené un peu d’accalmie dans le système éducatif. Sinon, sur plus de 10 ans, il a été difficile de compter deux années scolaires successives sans perturbations. Dans ces conditions, quel résultat positif pouvons-nous avoir si le temps consacré à l’apprenant est insuffisant. De plus, si les enseignants chargés de l’exécution du programme manquent de ressources ou de motivation, quels résultats pourrons-nous avoir ? C’est ce que les dernières évaluations ont révélé. Elles ont confirmé que nous avons des problèmes au niveau de la qualité des enseignants disponibles. Et pour les résoudre, des formations ont été organisées conformément aux missions de mon ministère afin d’offrir aux générations montantes des formations de qualité. Désormais l’accès au métier de l’enseignant au primaire vous impose la détention d’un diplôme professionnel délivré par des écoles normales publiques comme privées agréées. Quant à ceux qui sont déjà embauchés, l’Etat organise des formations de renforcement de capacités pendant des périodes précises de l’année scolaire. Il faut ajouter le suivi que certains qualifient de très durs car très rigoureux. Retenons que ce sont les réformes qui ont permis de passer du taux de réussite de 40% en 2016 à 84% cette année.

Vous n’êtes pas sans savoir que les inondations causent des retards dans la reprise des cours dans certaines écoles. Alors existe-t-il un programme spécial pour les apprenants de ces écoles ? Ne serait-il pas mieux de déplacer ces écoles ?

Au fait, il y a une politique dans le cadre de la création des écoles. La création d’une école n’est pas une décision du gouvernement seul mais ce sont les communautés qui s’organisent à la base pour créer les écoles, décider le lieu de construction des salles de classe. Il revient toujours à ces communautés de décider de sa délocalisation. Mais il y a d’autres localités où l’inondation est cyclique. Dans ce cas, on attend la fin de la crue.  Car on ne pourra pas changer de lieu à ces écoles sans l’avis de cette communauté. En tout cas, un programme spécial est mis sur pied dans ces localités pour rattraper le retard.

La Rupture n’est pas démagogique. De toute façon, l’Etat qui consacre plus de 30% des dépenses publiques à l’éducation, jouera toujours sa partition pour un rayonnement de l’école béninoise en comptant sur les partenaires ou les communautaires ou encore des bailleurs.

Ne voyez-vous pas qu’il serait mieux de déployer les aspirants pour pallier la pénurie des enseignants dans le primaire car certains auraient perdu leur emploi parce qu’ils sont dans les bases de données ?

C’est vrai que j’ai reçu certaines correspondances de perte d’emplois dans le privé à cause de la base de données. Je leur ai répondu que ce n’est pas le plan du secondaire qui sera mis en œuvre dans l’enseignement maternel et primaire. Pour ceux qui ont perdu leur emploi du fait de leur présence dans la base, je leur conseillerais de chercher ailleurs leur emploi, en attendant que l’Etat procède aux recrutements.

Qu’en n’est-il de la mise en œuvre de la cantine scolaire car reconnaissons que nos enfants mangent bien même si c’est une seule fois ? Quelles mesures pour éviter le vol des vivres ?

C’est déjà heureux qu’il reconnaisse que les enfants mangent bien à leur faim même si c’est une fois comme il le dit.  Nous sommes partis, des cantines scolaires, d’un budget de 1 milliard en 2017 à un budget de 15 milliards FCFA à ce jour. Même si tout de suite nous ne pouvons pas mesurer l’impact, des résultats sont visibles sur le terrain. J’en veux pour preuve les effectifs dans les écoles et l’amélioration du taux de scolarisation. Il faut signaler que des partenaires se manifestent pour accompagner le programme de la cantine qui selon eux est une bonne initiative réussie.

La sécurité des vivres est un problème de fond. Nous avons enregistré effectivement des cas de vol dans certaines écoles. D’abord pour la mauvaise gestion, des enseignants ont été déchargés. Cela constitue des mesures fortes pour les décourager à jamais. Cette manière a permis de passer de 80 mauvais gestionnaires à 4 en moins de deux ans.

Le grand problème est le vol de ses vivres par des adultes de cette même communauté oubliant que d’autres partenaires sont dans ce projet comme le PAM, CRS, …. Cet état de chose doit nous interpeller. Comment comprendre que ce qui est destiné aux enfants soit volé par des adultes. Des enquêtes ont confirmé ce fléau. Mais il n’est pas possible au gouvernement de mettre des gardiens dans chaque école à cantine car nous avons plus 3.000 écoles à cantine à travers tout le Bénin.  Il revient toujours à la communauté de s’organiser pour lutter contre cette anomalie qui n’honore personne. Ce qui est curieux même des écoles possédant de gardiens ont été cambriolées, d’où une organisation des communautés dont les enfants sont bénéficiaires.

Certains directeurs au lieu d’être heureux de ce programme dans leurs écoles ont choisi de quitter ces établissements à cause de son caractère chronophage.

En réalité, comment fonctionne la cantine dans les écoles ? Il y a toujours un comité de gestion dans chaque école à cantine. Le directeur n’est pas membre de ce comité mais plutôt un enseignant de l’école désigné par ses pairs qui en fait partie. Alors qu’est-ce qui pourrait amener à le sanctionner en cas de faute dans la gestion de la cantine ? En fait pour question de moralité. Certains directeurs interviennent pour des besoins personnels et c’est là où les problèmes commencent. Mais il y a des endroits où des adultes ont mis la pression sur le directeur pour bénéficier des vivres. C’est le moment de rappeler à tout le monde que les cantines sont exclusivement destinées aux enfants et non aux adultes. D’où la nécessité pour chacun de sensibiliser. Au demeurant, les directeurs en tant qu’agents de l’Etat n’ont rien à voir avec les vivres même pas pour contenter des supérieurs hiérarchiques. Ils doivent savoir que les vivres sont destinés aux plus démunis.

Qu’en est-il des enseignants détenteurs des diplômes et des instituteurs détenteurs d’une maîtrise en science de l’éducation ?

Tout est régi par la loi. La maîtrise reste un diplôme académique et non professionnel. La loi dit avant d’être inspecteur c’est-à-dire aller en A1, il faut passer par le corps des conseillers pédagogiques donc en A3. Cette même loi dit que nul ne peut passer de la catégorie B en A1 directement. Or la plupart des instituteurs concernés sont en catégorie B. Et pour résoudre cette difficulté, avec l’accord des partenaires sociaux, nous avons pensé à la création d’un corps appelé des Administrateurs scolaires. Mais malheureusement, cela n’a pas abouti et c’est le statu quo.  Mais les instituteurs titulaires de maîtrise sont allés en formation. C’est au cours de cette formation qu’on a découvert qu’après leur formation, ils ne pourront pas être reclassés. Revenus à la classe départ, nous avons déduit qu’il faut réorganiser les textes. Dans ce courant, un arrêté est pris et autorise une formation sur 2 ans à titre dérogatoire.

Pourquoi n’existe-t-il pas de cahiers d’activités pour la maternelle ?

Il en existe bel et bien mais ce n’est pas comme au cours primaire. Les parents qui veulent peuvent en acquérir.

Que dites-vous des enseignants qui vendent des cahiers d’activités dans les écoles bien que n’étant pas commerçants ?

C’est interdit aux enseignants de vendre et ils le savent très bien car les textes l’interdisent.

En conclusion, Retenons pour finir que L’école est l’affaire de tout le monde et une Nation sans éducation est vouée à la disparition.

Propos recueillis et transcris par la Dircom-Pr



Dircom-Pr
 
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