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Pratique de Mutilations génitales féminines au Bénin
Des journalistes s’engagent pour l’éradication du fléau


Contrairement aux idées propagées çà et là, les Mutilations génitales féminines (MGF) continuent bel et bien d’être pratiquées au Bénin. La situation interpelle les principaux acteurs qui luttent pour la protection des droits de l’Homme en général et des filles en particulier qui constituent la cible de telles pratiques traditionnelles néfastes. Au Bénin, les régions du Nord sont les plus touchées par cette pratique, qui pour être éradiquée, demande une forte implication des médias communautaires. C’est ce qui justifie l’option faite par le réseau WiLDAF/FeDDAF Bénin et son partenaire Equality Now, avec l’appui financier de Amplify Change, de former un nouveau type de journalistes acquis à la cause de cette lutte.

Les derniers chiffres relatifs à la pratique ou non des Mutilations génitales féminines au Bénin, sont loin du bout du tunnel. Ils appellent plutôt à un regain d’activités doublé d’une synergie d’actions, si l’on veut effectivement conjuguer les effets néfastes de ces pratiques traditionnelles au passé. L’étude exploratoire commanditée par le Ministère des Affaires Sociales et de la Micro-finance révèle que « 95% des MGF réalisées au Bénin au cours de cette décennie sont de type 2 c’est-à-dire des excisions faites par entailles et des morceaux de chair enlevées. 2% prennent la forme de l’infibulation c’est-à-dire de rétrécissement de l’orifice vaginal, soit le type 3 des MGF, ayant les conséquences néfastes les plus graves. La zone à forte prévalence de cette pratique constitue les quatre (04) départements du Nord du Bénin et bien souvent les espaces frontaliers avec des disparités parfois profondes ». Ces données censées constituer des baromètres pour intensifier la lutte, restent très peu connues des hommes et femmes des médias, qui côtoient chaque jour le phénomène, sans aucun niveau de conscience du drame qui se joue dans leur environnement immédiat. Les mêmes sources attestent que «le département du Borgou vient en tête et se situe dans la classe des zones où les MGF sont pratiquées à hauteur de 51 à 80%. Les départements de l’Alibori et de la Donga le suivent et se situent dans la classe des zones dont la prévalence varie entre 26 et 50%. En quatrième position vient le département de l’Atacora avec une prévalence entre 10 et 25%. A ces informations, il faut ajouter que, selon certaines sources, les régions frontalières de ces départements constituent le foyer par excellence des MGF. Dans le département de la Donga, la commune de Copargo est en tête de peloton en terme de commune ayant enregistré le plus grand nombre de cas de MGF ».

Au plan continental, une étude conduite chez plus de 28 000 femmes enceintes dans six (06) pays africains a montré que celles qui avaient subi une MGF présentaient un risque significativement plus élevé que les autres risques de complications liés à l’accouchement telles qu’un accouchement par césarienne et des hémorragies du post-partum. De plus, les taux de décès périnatals chez les nouveau-nés étaient plus élevés pour les enfants des femmes ayant subi une MGF que pour les enfants des femmes n’en ayant pas subies. Les risques de complications à la naissance et de décès néonatals augmentaient avec la gravité du type de mutilation subie. Les femmes qui ont subi une MGF courent 1,5 fois plus de risques de souffrir pendant les rapports sexuels, ressentent significativement moins de plaisir sexuel, et sont deux fois plus nombreuses à signaler une baisse ou une absence de désir sexuel. Entre profession de foi et volonté manifeste de ne plus voir les MGF se pratiquer sur les filles surtout en bas-âge, par respect d’une certaine tradition, les hommes et femmes des médias constituent des canaux par excellence pour une opération de sensibilisation, pour un changement de comportements, dans les régions touchées par ce fléau. C’est ce qu’a compris le réseau Wildaf/FeDDAF-Bénin en décidant d’éveiller dans le monde des médias, des journalistes « sensibles aux conflits ».

Au total 8 choisis dans des organes de presse écrite et les radios communautaires, ils ont vu leurs capacités renforcer, aux fins d’utiliser une partie de leur temps d’antenne et leur plume pour éveiller l’opinion publique et intensifier le débat public sur les conséquences néfastes des Mutilations Génitales Féminines en plaçant la question au cœur des priorités au niveau local et national. Fort du constat que l’existence d’une législation rigoureuse datant d’une quinzaine d’années, n’a pas pour autant contribuer à décourager de telles pratiques. Bien au contraire, une ampleur alarmante dans certaines régions et communes du nord Bénin notamment les espaces frontaliers, qui enregistrent des conséquences dramatiques aussi bien sur les plans sanitaire, économique que social. L’initiative de cette lutte contre les MGF, ne vise pas à incriminer une culture, une ethnie encore moins n’est pas axée exclusivement sur une répression judiciaire, elle porte plutôt la marque d’une lutte pour le changement de mentalité jugé nécessaire à l’abandon de la pratique.

Au-delà de la nécessité d’une synergie d’actions cohérentes et durables entre acteurs d’obédiences diverses intervenant à quelque niveau de la chaine, il faut recourir à des stratégies mixtes alliant la mise en évidence des conséquences néfastes d’ordres sanitaire, économique et social des MGF, les efforts de compréhension de la dynamique sociale de prise de décision, ciblant les niveaux d’influence et travaillant aux côtés des communautés tout en utilisant une approche globale orientée vers le respect des droits inaliénables de la personne humaine. Entre autres thématiques développées au cours de cette formation des journalistes,  la notion de MGF, les mesures législatives de protection de la victime et de répression du phénomène, les Conséquences des MGF sur la santé, une des meilleures approches pour mettre fin aux mutilations génitales féminines, les principes et conseils de la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), les Principes du Journalisme Sensible aux Conflits (JSC), et l’implication et utilité des medias dans la lutte contre les MGF.

Un accent particulier sera mis sur les éléments essentiels de participation des médias à la lutte contre les MGF, lesquels reposent sur : inciter les journalistes à s’engager dans un réseau de lutte contre la pratique des MGF puisque ensemble, on est toujours plus fort ; renforcer les capacités des journalistes sur les MGF et les productions de genres journalistiques respectueuses des droits  et de la dignité humaine ; ouvrir par exemple un concours avec à la clé un ‘’prix’’ pour la promotion de l’abandon de la pratique des MGF ; avoir des points focaux MGF dans les organes de presse ; organiser des caravanes de presse et favoriser la synergie d’actions entre media et autres acteurs de lutte contre les MGF. Pour finir, il faut noter que le recours à tous les types de media conventionnels (nationaux, internationaux, classiques (radio, télévision et presse écrite), medias en ligne et les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, WhatsApp, etc.) n’est pas superflu et ne contribuerait qu’à renforcer la communication et donc, le processus d’abandon des MGF.



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