Le gouvernement du président, Patrice Talon, est autorisé à ratifier l’accord signé le 23 janvier 2019 à Niamey, entre la République du Niger et la République du Bénin, dans le cadre de la construction et de l’exploitation d’un système de transport des hydrocarbures par pipeline. Ainsi en ont décidé les députés de la huitième législature au cours de la séance plénière tenue le jeudi 7 novembre dernier.
L’Assemblée nationale a autorisé, le 7 novembre 2019, le chef de l’Etat et son gouvernement à ratifier l’accord bilatéral avec le Niger relatif au projet de construction et d’exploitation d’un système de transport des hydrocarbures par pipeline. Le dossier a été adopté à l’unanimité des députés présents et représentés en présence du ministre en charge des Mines, Samou Séidou Adambi. Cette ratification permettra de renforcer davantage les relations qui ont toujours existé entre les deux Etats, d’améliorer l’assiette fiscale à travers le payement du droit de transit, la création de milliers d’emplois, que ce soit en phase de construction ou d’exploitation ; de renforcer les capacités des acteurs du secteur pétrolier par des actions de formation dans toutes les spécialités relatives aux activités du système de transport d’hydrocarbures. Des explications apportées sur le dossier, il ressort que le Niger est devenu un pays producteur de pétrole depuis 2011. En raison de l’augmentation progressive de sa production, il envisage de construire un système de transport des hydrocarbures pour exporter son pétrole brut issu des gisements d’Agadem situé dans la région de Diffa. Trois options s’offraient à l’Etat nigérien et l’opérateur chinois, la China national Petrolum corporation pour rejoindre la côte Atlantique. Il y a l’axe Niger-Tchad-Cameroun d’une longueur de 881 km de pipeline à construire pour un montant estimé à deux milliards de dollars Us. Ensuite, l’axe Niger-Nigeria d’une longueur de 1007 km de pipeline à construire pour un investissement estimé à 1,2 milliard de dollars Us. La dernière option concerne l’axe Niger-Bénin, d’une longueur de près de 2 000 km de pipeline à construire pour un investissement estimé à 2,3 milliards de dollars Us. Après étude, le choix a été fait sur l’axe Niger-Bénin en raison surtout des bonnes relations liant les deux Etats, que ce soit sur le plan diplomatique ou sur le plan économique et commercial, la paix, la sécurité et la stabilité qui règnent au Bénin conjuguées aux conditions préférentielles accordées au projet et la création d’un environnement favorable à l’investissement. C’est ainsi que le Bénin et le Niger ont signé, le 23 janvier 2019, un accord bilatéral ayant objet de fixer les conditions générales qui présideront à la construction et à l’exploitation du système de transport sur les territoires. Le coût total du projet pour la section béninoise s’élève à 1 048, 247 millions de dollars Us, soit environ 608 milliards FCfa. Cet investissement sera entièrement financé par la société West Africa Oil pipeline Bénin company (Wapco Bénin). Il s’agit d’un projet totalement privé sans apports de l’Etat béninois, précise le rapport examiné hier par les députés. Mais il est déclaré d’utilité publique pour pouvoir en faciliter l’exécution. De façon concrète, le pipeline sera construit sur une longueur de près de 2 000 km dont 675 km sur la section béninoise. Il traversera cinq départements à savoir l’Ouémé, le Plateau, les Collines, le Borgou et l’Alibori, 17 communes en partant de Sèmè-Podji pour Malanville et 152 villages et quartiers de ville. Le projet comporte deux grandes phases. Il y a la phase de construction et celle d’exploitation. La première phase prévue pour durer deux ans va générer environ 3000 emplois et les entreprises nationales de consignation, de transit et de transport seront mobilisées pour assurer le transport des 700 mille tonnes de matériels et matériaux nécessaires pour la construction du pipeline. Mieux, le Bénin pourrait collecter 5,445 milliards FCfa de recettes fiscales. Les retombées pour la phase d’exploitation sont surtout financières et concernent le droit de transit et les recettes fiscales. Ainsi, en se basant sur une production journalière régulière de 90 mille barils à compter de janvier 2022, date probable de mise en exploitation du pipeline, avec sept jours d’arrêt par an pour la maintenance et trois jours d’arrêt tous les trois ans pour le re-calibrage du compteur à la station terminale de Sémè-Podji, le projet pourra générer au total pour les 30 premières années d’exploitation, 884,565 millions de dollars Us, soit 535,16 1825 milliards de Francs Cfa à titre de droit de transit. Cette estimation ne prend en compte que la production pétrolière au niveau du champ d’Agadem. L’Etat béninois pourrait collecter à titre de recettes fiscales pendant la période d’exploitation 100 millions de dollars Us, soit 60,5 milliards Cfa, détaille le dossier. Les nombreuses retombées du projet contribueront au renforcement du tissu économique, source d’une croissance économique soutenue, et au rayonnement du Bénin à l’international, se réjouissent les députés Le projet de pipeline apparaît, aux yeux des députés, comme le plus important investissement privé au Bénin depuis l’indépendance