L’hôtel Bel Azur de Grand Popo, a abrité du 14 au 16 novembre 2019, un atelier de formation des Journalistes accrédités au Parlement. Organisé par le Réseau des Journalistes accrédités au Parlement (REJAP-Bénin), ledit atelier financé par le PNUD à travers le Projet d’Appui au Renforcement des Capacités du Parlement et des Organes de Gestion des Elections (PARCPOGE) s’est déroulé autour du thème : « l’appropriation du contenu du budget, exercice 2020 et l’analyse des performances économiques pour un meilleur traitement de l’information parlementaire »
Une quarantaine de journalistes exerçant au parlement a suivi un atelier sur « l’appropriation du contenu du budget, exercice 2020 et l’analyse des performances économiques pour un meilleur traitement de l’information parlementaire ». Une initiative du le Projet d’Appui au Renforcement des Capacités du Parlement et des Organes de Gestion des Elections (PARCPOGE) et financée par le PNUD. Procédant à l’ouverture de cette formation organisée en prélude au démarrage de l’étude du projet de budget général de l’Etat, gestion 2020 par la commission budgétaire de l’Assemblée nationale, le Président du REJAP-Bénin, Max Gaspard ADJAMOSSI a d’abord salué la promptitude avec laquelle les participants ont répondu présents à l’invitation du Réjap avant de préciser les objectifs assignés à cette rencontre. Aux dires de ce dernier, elle s’inscrit dans le cadre du renforcement des capacités des professionnels des médias ayant pour matière l’information parlementaire, dans un contexte précis marqué par l’examen du Projet de loi des finances. Aussi, a-t-il remercié les partenaires techniques et financiers qui ont soutenu cette initiative puis invité les participants à saisir cette opportunité pour renforcer leurs capacités en vue d’un meilleur traitement de l’information parlementaire dans le cadre de l’examen du Projet de loi des finances, gestion 2020. Plusieurs communications ont meublé ces trois jours de travaux intenses. Au nombre des celle-ci on peut citer : ‘’ le projet de loi des finances gestion 2020 : aperçu général et innovations majeures’’. Cette première communication animée par le Directeur de l’UNACEB, M. Richard SINSIN a permis de faire certaines clarifications conceptuelles. Le communicateur a surtout indiqué la nuance qui existe entre le budget de l’Etat et la loi de finances avant de faire un bref aperçu sur les performances macroéconomiques et budgétaires.
Différencier la loi de finances du budget de l’Etat
De ses explications, on retient que la Loi de finances est une loi dont le but est de présenter les recettes et les dépenses de l’Etat. Elle constitue le cadre qui permet au Parlement d’approuver le budget de l’Etat. Le budget de l’Etat est quant à lui, un « ensemble de comptes qui décrivent, pour une année civile, toutes les ressources et toutes les charges de l’Etat », selon l’article 1er de la Loi Organique n°2013-14 du 27 Septembre 2013 relative aux Lois des Finances (LOLF). L’objectif de la Communication a été donc de faire un retour sur les performances macroéconomiques qui sont à la base de la préparation du budget par l’Exécutif avant de mettre un accent particulier sur les grandes options du projet de loi de finances, gestion 2020.
Les performances macroéconomiques et budgétaires pour 2020
Présentant les performances macroéconomiques et budgétaires, il a souligné que le budget de l’Etat, exercice 2020, en croissance de 5,8% par rapport à celui de l’année en cours, est orienté vers la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) et le Programme National de Développement (PND) qui en découle. Les prévisions budgétaires de 2020 (les recettes budgétaires s’élèvent à 1333 milliards de Francs CFA) confirment à en croire le Communicateur, l’effet positif et durable attendu des réformes engagées depuis 2016 sur la collecte des revenus domestiques et de porte. Les dépenses budgétaires qui comprennent les dépenses ordinaires, les dépenses en capital, les dépenses du FNRB et les comptes d’affectation spéciale, sont quant à elles, estimées à 1486,900 milliards de francs CFA. M. Richard SINSIN a également abordé les opérations de trésorerie, l’équilibre budgétaire et financier et rassuré les participants que les prévisions budgétaires dégagent un solde prévisionnel qui correspond à 1,8% du PIB. Ce qui confirme le respect par le Gouvernement du plafond communautaire fixé à 3%. Enfin, l’analyse des mesures fiscales et non fiscales du projet de loi de finances gestion 2020 a permis de relever les forces et faiblesses dans leur présentation, leur contenu et leurs justifications.
Dans la deuxième communication intitulée : Mobilisation des ressources budgétaires et influence de l’endettement sur les performances macroéconomiques, la communicatrice a mis l’accent sur les objectifs de croissance et de développement durable; les instruments de financement auquel l’Etat peut recourir pour la mise en œuvre du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) et l’environnement macroéconomique et la maîtrise des risques liés à la gestion de la dette publique. Dr Carolle IKOAFE-MITCHAI, puisque c’est d’elle qu’il s’agit ; a indiqué que pour poursuivre le financement du PAG et atteindre les objectifs, le Gouvernement maintiendra en 2020, une approche proactive dans la recherche de financement avec comme priorité, les financements moins coûteux et de longue maturité. Elle a surtout abordé les objectifs et champs de la stratégie d’endettement au Bénin (dettes extérieures et intérieures) ; les principales sources de financement pour 2020 ; le plafond d’endettement public pour 2020, les objectifs à réaliser avec les ressources mobilisées ; l’environnement macroéconomique de gestion de la dette en 2020 et les conditions de mise en œuvre. A en croire les explications de cette dernière, les dettes influencent les performances macroéconomiques. Autrement dit, elles épuisent généralement l’économie sur des années quand bien même, elles permettent d’avoir une croissance sur une période donnée. Les situations désagréables vécues par moment avec les pays voisins, notamment avec le Nigéria, notre incapacité à transformer et à valoriser l’économie locale et qui contraint notre pays à une dépendance économique et la situation cyclique des inondations devraient amener nos gouvernants à ne pas exagérer dans les prévisions macroéconomiques, a-t-elle alerté. Elle a pour finir, fait quelques recommandations au Gouvernement en vue d’amoindrir les dettes publiques en 2020.
Analyse des prévisions du PIP 2010-1018
Dans la communication sur : le financement des priorités de développement : point de l’endettement du Bénin et état des lieux de mise en œuvre du programme d’investissement publique (PIP), le Communicateur Simon A. ADEYINKA, analysant des prévisions du PIP par grands secteurs sur la période 2010-2018, a souligné que les crédits d’investissements alloués aux Secteurs Productifs sont plus élevés que ceux des autres Secteurs du PIP sur toute la période. Les secteurs sociaux et l’administration viennent respectivement en deuxième et troisième position. « Cette situation traduit l’option de développement faite par le Gouvernement qui est d’améliorer la base productive dans les secteurs à haute valeur ajoutée (Agriculture, Energie, Communication, Tourisme, BTP …), d’accroître la richesse et d’assurer des conditions de vie décentes aux populations… », a martelé le Communicateur. Pour ce qui concerne l’évolution des réalisations des sous-secteurs sociaux du PIP sur la période 2010-2018, le Communicateur a fait remarquer que les progrès réalisés avant 2016 en termes de taux d’exécution dans les sous-secteurs (santé, éducation, habitat et autres) sont mitigés. Presque tous les niveaux de réalisation sont en dessous de 80% et plus de la moitié en dessous de 50%. Mais depuis 2016, ces niveaux de réalisations ont chuté malgré la volonté manifeste du Gouvernement traduite par une allocation importante de ressources aux programmes et projets de développement. Le bilan du PIP au 30 juin 2019 par secteur d'activités relève que les dépenses en capital sont exécutées (base engagement) à un taux de 41,4% à fin juin 2019. Les performances de réalisation des investissements par secteurs de la croissance à fin juin sont faibles. Pour l’année 2020, on note une consolidation des crédits d’investissement et de l’activité économique. Mieux, les crédits d’investissement du budget de l’Etat pour la gestion 2020 sont davantage orientés vers les projets dont les fiches techniques d’exécution attestent des progrès devant donner lieu à un décaissement courant la gestion 2020. Selon lui, la situation de la dette publique du Bénin au 30 juin 2019 et le taux d’endettement public (encours de la dette publique/PIB) est de 45,97%. Il est inférieur au seuil maximum de 70% fixé par l’UEMOA au titre des critères de convergence. Le Bénin fait donc partie des pays les moins endettés de la sous-région et le Gouvernement dispose d’une marge de manœuvre considérable pour un endettement prudent. Il a pour conclure, prévenu que les faibles taux de performances en matière de consommation des crédits d’investissements dans les sous-secteurs sociaux, n’augurent pas toujours la réalisation des objectifs de développement attendus pour 2025. Cependant, un effort a été réalisé en 2018 (75% du taux de réalisation) et devrait être soutenu et continu surtout pour les grands programmes et projets de développement.
Les mesures sociales contenues dans le projet de budget général de l’Etat gestion 2020
Dans la quatrième communication, il était question de chercher à comprendre si : « Les projets, programmes et mesures sociaux contenus dans le projet du budget, gestion 2020, sont-elles suffisamment pertinents et dotés des allocations budgétaires nécessaires à la réduction de la pauvreté au Bénin? » Cette communication animée par l’Administrateur des finances et du Trésor M. Bienvenu YAI a essentiellement tourné autour de 04 points : l’état des lieux de la pauvreté au Bénin ; le bilan d’exécution financière des dotations budgétaires des secteurs sociaux ; les mesures et dotations des secteurs sociaux pour la réduction de la pauvreté et des recommandations à l’endroit du Gouvernement, du Parlement et du REJAP-Bénin. Pour ce qui est de l’état des lieux, la pauvreté s’est accentuée au niveau national, passant de 33,3% en 2007 à 40,1% en 2015. Les différentes actions publiques mises en œuvre ces dernières années en matière de réduction de la pauvreté notamment la gratuité de la scolarité dans le primaire, la micro finance aux plus pauvres, la gratuité des soins de santé pour les femmes enceintes n’ont pas été suffisantes. C’est ce qui ressort d’une étude sur les tendances de la pauvreté au Bénin sur la période 2007-2015 réalisée par l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Et le rapport recommande un ciblage des zones pauvres pour la mise en œuvre des actions de lutte contre la pauvreté dans le cadre des Objectifs de Développement Durable (ODD) n°1, 4, 5 et 6. Après avoir présenté les mesures et dotations budgétaires à caractère social, le communicateur a fait remarquer que les actions sociales prévues par le Gouvernement sont loin de réduire la pauvreté au Bénin, alors des efforts sont encore à consentir pour atteindre les ODD en son premier objectif qu’est l’éradication de la pauvreté. D’où l’appel au renforcement des dotations prévues dans le budget 2020 et à l’exécution à 95% en vue d’amorcer réellement la réduction de la pauvreté. Le Parlement pour sa part, doit contrôler l’exécution des dotations relatives aux secteurs sociaux et surtout les réalisations physiques. A l’endroit des Journalistes accrédités au Parlement, le Communicateur insiste qu’ils doivent se spécialiser en contrôle parlementaire notamment les projets sociaux. Le REJAP-Bénin est invité à rechercher des financements auprès des institutions internationales pour y arriver.
Enfin, la cinquième et dernière communication intitulée : ‘’Bonne exploitation des documents budgétaires : quelques conseils pratiques’’ présentée par le Géographe-Economiste et Journaliste, M. LEZINME Vincent au cours de la 3ème journée a été une occasion pour entretenir les participants sur les 15 documents budgétaires transmis à l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances. Il a détaillé leur contenu et souligné l’importance pour le Journaliste parlementaire de se l’approprier en vue d’une bonne exploitation. L’objectif étant de renforcer les capacités des participants afin de leur permettre d’intégrer dans leurs productions des aspects importants des débats budgétaires pour un meilleur traitement de l’information. Pour le Communicateur, le Journaliste parlementaire doit pouvoir informer sur les objectifs et les priorités que le gouvernement souhaite atteindre à travers le budget de l’Etat ; les orientations de la politique budgétaire de l’Etat, le montant global du budget et son équilibre en recettes et en dépenses ; le solde des opérations de la loi de finances et dire s’il correspond à un déficit ; les problèmes sectoriels et les dépenses publiques ; la répartition des investissements publics secteur par secteur. Il pour finir, énuméré en 07 points essentiels, des stratégies nécessaires à un meilleur traitement des informations après avoir abreuvé les participants des conseils pratiques à suivre en vue d’une bonne couverture des débats budgétaires à l’Assemblée nationale. Au cours de la cérémonie de clôture, le Coordonnateur du PARCPOGE, M Charlemagne YANKOTI, entouré des membres du bureau du REJAP-Bénin, a salué l’assiduité dont les participants ont fait montre au cours de ces trois jours de travaux. Il a ensuite fait remarquer que l’objectif du PNUD en finançant cette activité est d’aider le parlement à renforcer ses capacités techniques et opérationnelles. Le PNUD visant entre autres, à travers ses actions, la transparence dans la gestion, ne ménage aucun effort à travailler avec les Journalistes qui à en croire le Coordonnateur du PARCPOGE, constitue une cible principale avec laquelle il faut travailler pour permettre aux populations d’avoir l’information réelle relative à la gestion du budget de l’Etat.
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