Sans bruits, ni trompette, les prémices des grands chantiers du ‘’Bénin Révélé’’ ou encore du Programme d’actions du Gouvernement (Pag) 2016-2021, sont perceptibles et constatées de des Béninois. Ici, les résultats se révèlent aisément. Pour davantage éclairer l’opinion, des ministres ont été reçus sur l’émission «Le temps des moissons» de la chaîne nationale, Ortb, il y a quelques jours pour exposer leur bilan et faire des projections pour le reste du premier quinquennat du régime en place.
Quatre années d’impact positif et durable pour le bonheur du peuple béninois. Des avancées majeures sont enregistrées selon le ministre en charge de l’agriculture, Gaston Dossouhoui au cours des 4 dernières années. Autant d’avancées qui montrent selon lui que les fruits tiennent largement la promesse des fleurs. Pour le ministre Adambi patron de l’eau et de mines, par rapport à la réalisation du pipeline, il confie que ce projet a déjà démarré puisque la tuyauterie est déjà là, depuis le 23 février 2020, et stockée au Port Autonome de Cotonou. Le transport a déjà commencé sur tout le pays, dans les zones traversées par le projet, a-t-il renchéri. « C'est au total 675 km de tuyauterie du Nord Bénin jusqu'à Sèmè-Kpodji où nous allons avoir un quai qui va être construit et où les navires pétroliers viendront transporter le pétrole qui quitte le désert nigérien à Agadem pour Sèmè. Nous avons tout fait pour que le tracé ne vienne pas perturber le quotidien des populations. Aujourd'hui, nous sommes prêts mais l'actualité du Covid-19 a freiné les choses parce que les techniciens et les patrons du projet ne sont pas autorisés à quitter la Chine », a martelé le ministre Adambi.
En ce concerne le secteur le sous-secteur des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, le ministre Mahougnon Kakpo sur « le temps des moissons » a également fait le point des avancés dans ce secteur avant de revenir sur les perspectives pour les mois à venir. Lire ci-dessous l’intégralité de leurs interventions.
Transcription du passage du ministre Mahougnon Kakpo sur « le temps des moissons »
Journaliste : Quelles sont les ambitions du gouvernement pour le sous-secteur des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle ?
Le Ministre : Je voudrais d’abord dire que l’école est le lieu où l’on forme un capital humain capable de construire le développement. Donc, sans la formation, qu’elle soit générale ou professionnelle, il n’y a pas de développement. Lorsque vous êtes dans le domaine de l’éducation, il ne s’agit pas d’improviser. Il faut planifier, organiser et tout cela se fait sous la bannière d’une vision et d’une ambition. Mais, en 2016, lorsque le Gouvernement s’installait, quel était l’état des lieux de l’école ? Dans le processus dans lequel nous nous trouvons, le Gouvernement a souhaité faire du secteur de l’éducation un levier pour transformer la structure économique afin de faire de notre pays une plateforme régionale d’excellence des services du savoir. Malheureusement, les infrastructures en place sont insuffisantes et obsolètes avec son corollaire de classes roulantes où un groupe d’élèves est à la maison tandis qu’il y a un autre au cours et vice-versa. Ce qui fait que les apprentissages deviennent difficiles.
Même au niveau de la qualité de l’enseignement, ce n’était pas ce qui était recommandé car les programmes d’études étaient en déphasage avec ce que nous avons. En réalité, la plupart de ces programmes date de 1990.
Au niveau de la gouvernance scolaire, ce n’était pas non plus ce qui était requis parce que n’importe qui pouvait diriger n’importe quel établissement. Sans le profil, l’on faisait des nominations à la tête de nos établissements. Ce qui ne pouvait pas induire une réelle performance.
Au niveau de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (EFTP), les équipements étaient complètement dépassés. Par exemple, nous avons un appareil qui permet de mesurer l’intensité de l’énergie qui date de 1953. Qu’est-ce que vous pouvez faire aujourd’hui avec un tel équipement ? Dans l’EFTP surtout, nous avons une absence totale de l’implication du secteur privé. Et vous savez que sans le secteur privé, il n’y a pas de formation professionnelle parce que les professionnels sont à ce niveau-là.
Lorsque vous avez un tel état des lieux et vous êtes un dirigeant qui a une ambition pour votre pays, ce que vous devez avoir, c’est le courage et la détermination de dire : il faut que je transforme.
Au regard de l’état des lieux que vous avez constaté, quelles ont été les réformes engagées dans ce sous-secteur de l’éducation ?
Au niveau des infrastructures, par exemple, il y a eu dans le portefeuille de notre ministère, quatre projets qui ont des rubriques de construction des infrastructures. Avec l’Agence pour la Construction des Infrastructures du Secteur de l’Education (ACISE) mise en place par le Gouvernement et ces quatre projets, nous avons construit 1232 modules de salles de classe entièrement équipés. Ce qui fait 61.600 places assises que le Gouvernement a pu offrir à nos concitoyens en 4 ans.
Nous avons construit le Lycée technique et professionnel de Tchaourou, le Lycée technique et professionnel de Bopa. Nous avons enclenché maintenant la construction de quatre lycées de référence. Cela n’a rien à voir avec ce que nous avons jusque-là. Il y a le lycée de Sodohomè à Bohicon dans le département du Zou pour la filière du BTP et la conduite d’engins de chantier. Le site est remis et le démarrage a déjà eu lieu. Il y a la construction d’un autre lycée de référence à Lokossa dans le département du Mono pour la filière des énergies renouvelables. Le site est également remis et les travaux ont commencé. Nous avons la réhabilitation du lycée de Kpondéhou à Akpakpa dans le département du Littoral pour la filière de la maintenance automobile. Nous avons également la réhabilitation et l’équipement complet du lycée technique agricole d’Ina dans le département du Borgou où nous voulons installer la filière du machinisme agricole. En dehors de ces quatre lycées de référence, nous avons la construction et la réhabilitation de trois Centres de Formation Professionnelle et d’Apprentissage à Dogbo, à Djougou et à Kouandé.
Toujours dans la cadre de la construction des infrastructures, il y a eu plusieurs blocs administratifs qui ont été construits sans oublier des blocs de latrines. Sur l’ensemble du territoire, nous avons construit dans nos établissements 1500 latrines. Nous avons construit également des réfectoires et des cuisines dans la plupart des lycées et plusieurs linéaires de mur de clôture de nos établissements parce que pour qu’un établissement puisse être retenu comme centre d’examen, il faut que cet établissement soit complètement clôturé. Au niveau de la construction des infrastructures, le Gouvernement a fait un grand effort.
Que peut-on concrètement retenir de l’amélioration de la qualité de l’enseignement ?
L’école ou la formation, ce n’est pas seulement un cadre physique. Lorsque vous avez les infrastructures et que les programmes d’études ne sont pas aux normes, vous ne pouvez rien atteindre comme résultats. Nous avons donc procédé à la révision et à la rédaction de plusieurs de nos programmes d’études afin de mieux les mettre en phase avec l’évolution des connaissances.
Notre système éducatif aujourd’hui est régi par le système d’apprentissage de l’Approche Par les Compétences (APC) et cela fait plusieurs années que ce système est mis en application. Si le système éducatif n’est pas performant, il faut aller interroger ce système d’apprentissage. Ce que nous avons fait par deux évaluations croisées pour savoir si c’est ce système de l’APC qui est inefficace ou si c’est la façon dont nous l’adaptons à nos réalités qui n’est pas du tout appréciée.
C’est l’une des réformes phares ?
Absolument. Il s’agit d’une réforme fondamentale. Lorsque nous avons fait ces deux évaluations, nous avons constaté que le système de l’APC est un système qui tient ; seulement, nous n’avons pas mis en place les dispositifs qu’il faut pour pouvoir réussir. Par exemple, les effectifs par classe et la formation des formateurs eux-mêmes parce que ceux qui doivent intervenir dans ce système n’ont pas le profil requis. Ce sont donc des enseignants qui ne sont pas adaptés pour le système éducatif. C’est cela qui a permis au Gouvernement de lancer les différentes évaluations : l’évaluation des enseignants et la constitution d’une base de données pour ceux-là qui veulent aller dans le métier de l’enseignement.
Est-ce que vous avez atteint les objectifs visés ?
Je peux vous dire que nous avons pleinement atteint les objectifs en ce sens que, lorsque nous avons fait l’évaluation des enseignants reversés dans l’enseignement en 2008, nous avons obtenu certains qui ont pu s’élever au niveau du seuil de réussite. Ceux-là sont encore en situation de classe et il est prévu pour eux, le renforcement de capacités par la Direction de l’Inspection Pédagogique, de l’Innovation et de la Qualité. Il y en a d’autres qui n’ont pas pu atteindre ce taux de réussite. Ceux-là toujours en situation de classe seront mis en formation systématiquement à partir de la rentrée prochaine.
Nous avons procédé également à la constitution d’une base de données de ceux-là qui veulent aller dans l’enseignement et qui ont eu des diplômes académiques ou professionnels dans les matières qui sont enseignées au niveau du secondaire général. Ces aspirants ont été déployés sur le terrain et sont actuellement gérés par l’Agence Nationale pour la promotion de l’Emploi (ANPE). Mais à partir de l’année prochaine, ils ne seront plus gérés par l’ANPE mais par une agence de placement d’une partie du personnel enseignant non agent de l’Etat. Ce sera une autre façon de gérer le personnel de notre système éducatif mais également une façon de créer de l’emploi parce que cette année, c’est 15.875 que nous avons mis en situation de classe et avec qui le Gouvernement a signé un contrat par l’intermédiaire de l’ANPE. L’année prochaine, ce sera presque autant si non encore plus.
Nous avons procédé également à la création du corps des Conseillers Pédagogiques. En 2016, lorsque le Gouvernement s’installait, il n’y avait que 499 Conseillers Pédagogiques sur toute l’étendue du territoire national. Ce qui est complètement insuffisant. Ce qui fait qu’il y a certains départements qui n’avaient qu’un seul Conseiller Pédagogique. Ce que le Gouvernement a fait à ce niveau-là, c’est de recruter, de mettre en formation 250 Conseillers Pédagogiques et de les mettre en situation de classe. Au niveau toujours du corps d’encadrement, par exemple, les inspecteurs, en 2016 on n’avait que 61 inspecteurs sur toute l’étendue du territoire national. Or, les inspecteurs sont ceux-là qui sont dans le grade le plus élevé dans l’enseignement secondaire. Ce sont eux qui encadrent les autres enseignants. Le Gouvernement a recruté et mis en formation 108 inspecteurs. Cet effectif est au-delà des prévisions gouvernementales car le Gouvernement avait prévu recruter 100 Inspecteurs Pédagogiques à l’horizon 2021. Nous avons actuellement en formation 50 élèves-inspecteurs à l’Ecole de Formation des Personnels d’Encadrement de l’Education Nationale (EFPEEN) à Porto-Novo.
Dans la gouvernance scolaire qu’est-ce qui a été fait puisque c’est également un point important de votre sous-secteur ?
L’état des lieux a montré que nos établissements étaient malheureusement dirigés par un personnel qui n’avait pas le profil requis. On nommait ceux que l’on voulait là où l’on voulait. Mais à partir de 2016, tout a changé et nous avons procédé à la nomination des responsables de l’administration scolaire en tenant compte de leur profil. Lorsque vous avez un établissement qui dispose des deux cycles c’est-à-dire de la 6ème en terminale et que vous avez un enseignant qui n’a que le grade de A3 pour pouvoir diriger alors que dans cet établissement enseignent des enseignants qui sont des professeurs certifiés, vous ne pourrez pas avoir une efficacité. Ce que nous avons donc fait, c’est de procéder à la décharge de presque tous ceux-là qui n’avaient pas le profil et qui géraient ces établissements et de nommer ceux qui avaient le profil. Nous procédons actuellement à la création du corps du personnel administratif de l’enseignement parce que ceux que nous avons nommés, même s’ils ont le profil pour pouvoir être à ces postes, ils n’ont pas appris à gérer un établissement. Gérer un établissement, c’est également un métier où il faut apprendre et en avoir la maitrise. Nous sommes actuellement très avancés dans la création du corps du personnel administratif scolaire. Ainsi, on peut être enseignant ou non enseignant, lorsqu’on passe le concours et l’on est reçu, on va subir une formation à l’EFPEEN de Porto-Novo. Lorsque vous avez le diplôme pour pouvoir diriger un établissement, par appel à candidatures, vous serez retenu pour exercer et ce sera très bien.
Monsieur le Ministre, est-ce qu’il y a eu assez de communication autour de cette réforme-là. Probablement beaucoup d’enseignants ou citoyens ne le savent pas encore.
Le processus n’est pas encore arrivé à terme. Pour créer un corps, ce n’est pas seulement notre ministère des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle qui est en jeu. Il y a aussi le Ministère du travail et de la fonction publique et le ministère de l’économie et des finances. Ces trois ministères sont actuellement en train de travailler. Le profil est déjà défini. Il s’agit maintenant de régler les questions financières et puis nous allons officiellement à la création du corps et nous lançons le processus de recrutement pour les mettre en formation. Sans oublier que le Conseil National de l’Education aura son mot à dire. C’est la super structure aujourd’hui au niveau de l’éducation qui prend les décisions, fait l’orientation et donne son avis sur toutes les questions relatives à l’éducation nationale. Vous allez voir, dans quelques années, notre système éducatif sera exemplaire.
Les réformes dans votre sous-secteur n’ont pas épargné les TICs. Elles sont mêmes au cœur du développement de nos jours et le Gouvernement y accorde du prix.
Le secteur du numérique est aujourd'hui considéré comme étant une révolution comme nous en avons connu dans d'autres domaines. Cette révolution transversale ne peut pas être ignorée aujourd'hui dans notre sous-secteur. Le numérique comme une matière d'enseignement et un élément pour gouverner ce sous-secteur. C'est pour cela que le gouvernement y attache un prix important.
Aujourd'hui, nous avons créé au niveau du ministère des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle une plateforme du numérique dénommée Educmaster qui est notre système informatique de gestion de l'éducation. Cette plateforme nous permet de savoir, à partir de mon bureau, tout ce qui se passe dans les collèges de notre pays, le nombre d'enseignants que nous avons, le statut de chacun de ces enseignants, les enseignants qui ne sont pas allés au cours car sur cette plateforme, on a importé l'emploi du temps de presque tous les enseignants de notre pays. Nous avons une équipe permanente qui procède à la mise à jour quotidienne de la plateforme. C’est dire que cette plateforme est utilisée aussi bien par le public que par le secteur privé. Les privés ont eu pour obligation de s'inscrire sur cette plateforme. Ce qui va faire que nous n'aurons plus d’établissements clandestins parce que pour pouvoir s'inscrire sur la plateforme, il faut mettre les références de l'acte de création de l'établissement et les références de l'acte qui crée les différentes classes. Car, il y a des extensions qui se font chaque année au niveau des établissements. Il y a certains établissements qui n’ont pas l’autorisation pour créer, par exemple, une classe mais ils le font parce qu’ils ne sont pas contrôlés. Aujourd’hui, ils ne pourront plus le faire.
Cette plateforme nous a également permis de procéder à la vérification des élèves. A la fin de l’année, il y a des élèves qui ne passent pas en classe supérieure mais avec la complicité de certains enseignants, de certains membres de l’administration scolaire et de leurs propres parents, ils se font établir de faux bulletins pour passer en classe supérieure. Avec Educmaster, nous avons pu les déloger. Pour les enseignants qui ont permis à ces élèves d’avoir de faux bulletins, nous leur avons donné des demandes d’explication. S’ils ne sont pas enseignants, nous portons plainte contre eux et les élèves eux-mêmes, nous les avons rétrogradés.
Avec le ministère de l’économie numérique, nous travaillons énormément dans le système éducatif en construisant dans un établissement au niveau des 12 départements, une salle numérique multimédias. Dans le Plan de Travail annuel du Ministère de l’économie numérique, il y a la construction de deux salles numériques dans chacun des 12 départements, ce qui va faire 24 salles numériques multimédias à construire. Au niveau de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels, nous avions postulé qu'il n'y aura pas de formation sans le numérique. Le numérique sera une matière enseignée et le numérique permettra également d'enseigner.
En février 2020, vous avez organisé une Table ronde de recherche de partenariats pour la relance de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels. A quelles conclusions, en êtes-vous arrivés ?
Lorsque le gouvernement s'est installé en 2016, l'état des lieux dans notre secteur a révélé un constat désolant. Or la formation professionnelle est le secteur qui fait le développement. La plupart des grandes nations du monde sont allées vers la formation professionnelle et c'est cette ambition que le gouvernement a, et cela n'a pas été fondé par un hasard. Nous sommes partis de la plupart des documents d'orientation et de stratégie. Par exemple, le Programme d'actions du gouvernement, le Plan national de développement, le Programme national de croissance pour le développement durable et nous avons tenu également compte du Plan sectoriel pour l'éducation post 2015. Avec cela, le gouvernement a demandé l'élaboration d'une stratégie qui a été réalisée de concert avec les Partenaire Techniques et Financiers et aussi les acteurs du système éducatif et en juillet 2019, nous sommes allés d'abord à une Table ronde technique pour montrer ce document afin qu'il puisse être apprécié par la plupart de ces acteurs. Les observations ont été faites et prises en compte et le document a été soumis au Gouvernement qui l'a adopté. Et en février dernier, nous sommes allés à une Table ronde de recherche de partenariats pour la mise en œuvre de cette stratégie. Nous avons eu un plein succès à cette Table ronde parce que la plupart des Partenaires Techniques et Financiers se sont engagés à plus de 107%, donc au-delà de nos attentes. Or, tous ne se sont pas encore prononcés et le Gouvernement a adopté un projet pour mettre en pratique cette stratégie. Ce que postule cette stratégie, c’est que la formation qu'il y aura dans l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (ETFP) sera faite de commun accord avec le secteur privé. Il n'y aura plus de formations improvisées. C'est ce que le marché de travail demande qui sera fait. Le secteur privé va s'impliquer sur le plan de la gouvernance administrative, sur le plan de la gouvernance pédagogique et sur le plan de la gouvernance financière.
La stratégie nationale de relance de l’EFTP a également prévu la construction de grands lycées. J'ai déjà parlé de construction de 4 grands lycées de référence. Il y aura dans la plupart de nos départements des lycées d'excellence et des lycées thématiques. A partir de septembre prochain, il y aura une vague d'enseignants qui ira en formation initiale. Nous avons constaté que les formateurs que nous avons ne sont plus au goût du jour. Ils ne vont plus dans les entreprises et n'ont plus les réflexes qu'il faut pour pouvoir enseigner. Donc, nous avons prévu l'évaluation, comme ce fut le cas dans l'enseignement secondaire général, de tous les enseignants et formateurs qui interviennent dans l’EFTP et nous avons prévu également la constitution d'une base de données et c'est dans la base de données de compétences que nous allons puiser pour envoyer, selon les besoins, ceux qui devront aller en formation initiale complète aux frais de l'État dans les filières prioritaires prévues dans le PAG. C'est une réelle révolution que postule cette stratégie. Le Bénin est l'un des rares pays dans notre sous-région à se doter d’une stratégie pour la relance de l’EFTP. La structure qui doit gérer et mettre en œuvre cette stratégie est déjà opérationnelle et nous avons déjà démarré. Je peux vous dire que c'est complètement rassurant et nous pouvons en être fiers.
Avec ce niveau d’engagement, est-ce que cette stratégie tant prisée de relance de l’EFTP ne fera pas écran à l’enseignement secondaire général ?
C'est ce que l'on pourrait croire. Lorsque vous prenez aujourd’hui notre système éducatif et que vous prenez 100 élèves, vous constaterez que 70% de ces élèves sont dans l'enseignement secondaire général. La mentalité qui nous été inculquée, c’est de faire des Akowé (intellectuels) et pour être Akowé, il faut être dans l’enseignement secondaire général pour aller chercher des diplômes et c’est lorsqu’on a échoué de ce côté-là qu'on vient, par dépit, dans l’enseignement et la formation techniques et professionnels. Alors, le gouvernement veut inverser cette tendance en donnant priorité à l’enseignement et la formation techniques et professionnels. Cela ne veut pas dire que le secteur de l'enseignement secondaire général sera délaissé. Non. Nous avons plusieurs projets à ce niveau-là au point d’aller vers une stratégie globale de l’enseignement secondaire général.
Nous avons, par exemple, le projet de modèle du collège. Lorsque nous disons aujourd'hui un collège, nous avons le premier cycle et le second cycle. Dans le Plan sectoriel de l’éducation post 2015, l’éducation de base va de la maternelle jusqu'en classe de 3ème. Autrement, les enfants, lorsqu'ils commencent l'école, doivent aller au moins jusqu'en classe de 3ème avant de s'arrêter. Le collège, lui, ne s'arrête pas, en classe de 3ème. Il continue jusqu'en terminale. Est-ce que c’est ainsi qu'il faut continuer de procéder ? Il y a donc cette réforme de modèle collège et lorsque vous êtes dans ce système, il faut réécrire les curricula. Il faut qu'on ait un socle commun de compétences, de connaissances et de culture c'est-à-dire que tous les enfants qui vont à l'école, qu'est-ce qui est le minimum qu'ils doivent savoir avant de quitter l'école ? Nous l'avons déjà rédigé et cela va être mis en œuvre. C'est une grande réforme. Et dans la perspective de la stratégie nationale de l’EFTP, il faut constater que nos apprenants n'ont pas le niveau de culture générale appropriée. Il faut donc leur donner une formation assez dosée afin que lorsqu'ils vont sortir de leur apprentissage, qu'ils aient cette culture générale. Nous postulons donc que nous pouvons aller jusqu'en classe de terminale avec l'éducation de base. En dehors du socle commun de compétences, nous avons mis en place le Réseau d'encadrement et d'animation pédagogique. Dans les établissements scolaires, nous avons hebdomadairement des activités pédagogiques qui constituent un creuset où les enseignants de la même discipline peuvent échanger entre eux et améliorer leur prestation. Aujourd'hui, nous avons élaboré un système autour de cela au point où les inspecteurs ne quittent plus le niveau central qui est, par exemple, Cotonou pour aller dans les départements. Nous avons donc installé au niveau de chacune de nos directions départementales, des Inspections pédagogiques où il y a l'inspecteur pédagogique délégué qui a autour de lui un pôle d'inspecteurs et c'est à ce niveau qu'ils quittent pour aller dans les communes et les établissements. C'est donc un Réseau d'encadrement et d’animation pédagogique que nous avons pu installer.
Nous sommes également en train d'élaborer la carte scolaire, parce que lorsque vous pilotez un système éducatif et vous n'avez pas la carte scolaire, vous ne pouvez rien faire. Cette carte n'existait presque pas et nous sommes en train de l'élaborer. Lorsque vous mettez toutes ces réformes ensemble, nous avons déjà une stratégie à ce niveau et nous sommes en train de travailler pour harmoniser ces réformes et les orienter dans le cadre d'un système pour que telle réforme puisse dépendre de telle réforme pour que nous ayons un système pour la stratégie de l'enseignement secondaire général.
Il y a aussi la réforme de l’enseignement de l’anglais. L’anglais est enseigné de la 6eme en terminale et beaucoup d’apprenants ne peuvent pas s'exprimer aisément dans cette langue alors qu’ils ont passé 7 années à l’apprendre. Cela signifie que notre façon d'enseigner cette langue est complètement inefficace et il faut revoir ça. Ce que nous sommes en train de vouloir faire, c'est de savoir si l'anglais doit ère considéré comme une discipline ou comme la langue de l'enseignement. Considérée comme une discipline qui est enseignée, nous avons des élèves qui obtiennent de très bonnes notes pour passer en classe supérieure mais n'arrivent pas à parler la langue quand ils sortent ; alors qu'une langue est destinée à être parlée. Lorsque vous ne la parlez pas, vous ne la maîtrisez pas. Par conséquent, c'est une profonde réforme. Cela nécessite d’abord une autre conception de l'enseignement de cette discipline et ensuite la formation des formateurs, puisque les enseignants que nous avons, ne peuvent pas continuer de le faire sans être recyclés eux-mêmes sur la base du nouveau concept que nous allons créer. Et lorsque nous aurons réellement décidé du nouveau concept, nous allons réécrire les curricula, former les enseignants à cet effet et démarrer et vous allez voir que nos enfants vont commencer à parler l'anglais. Vous savez que le gouvernement a opté pour l'introduction de l'anglais au primaire et cela se fait déjà.
Vous avez aussi constaté que les séries scientifiques sont également désaffectées au niveau des enseignants que des apprenants. Que peut-on faire aujourd'hui sans aller dans la science ? Nous avons alors au niveau de notre sous-secteur de l'enseignement secondaire général, la réforme des sciences, ce que nous appelons le Plan Science afin de savoir comment redonner la motivation aussi bien aux enseignants qu'aux élèves.
En quoi faisant concrètement Monsieur le Ministre ?
Le Plan Science postule que les sciences doivent être priorisées et pour qu'il en soit ainsi, il faut former les enseignants à cet effet et avant de les former, il faut élaborer les curricula. Mais ces enseignants sont formés dans les écoles normales supérieures. Quel est aujourd'hui le statut de nos écoles normales supérieures et de ceux qui y enseignent et quel est le programme appliqué ? Nous allons donc vers toutes ces réformes au niveau du Plan Science et c'est après que nous verrons au niveau de ces enseignants s'il faut les maintenir dans la monovalence, la bivalence ou la polyvalence de l’enseignement.
L’alphabétisation constitue également un volet important dans votre portefeuille ministériel. Qu’avez-vous fait en quatre ans ?
L'alphabétisation est l'un des programmes de notre portefeuille et quand on parle de l'alphabétisation on voit immédiatement le fait de faire savoir lire, écrire et compter dans nos langues. Aujourd'hui, quelle est réellement la pertinence de cette perception ? Nous voulons développer notre nation à partir de nos langues. Si telle est notre ambition, il faut que nos langues puissent servir à nos activités économiques. C'est pour cela que le Gouvernement a opté pour l'alphabétisation fonctionnelle. Dans nos différents programmes, nous avons pour ceux qui sont dans les activités économiques et qui ne sont pas allés à l'école formelle, l'éducation alternative où ils peuvent apprendre des langues nationales en application à leurs activités économiques. Donc l'apprentissage des langues à ce niveau est plurilingue, c'est à dire qu'on apprend à parler les langues nationales ou à parler le français, par exemple, un menuisier qui veut utiliser sa langue nationale ou le français dans l’exercice de sa fonction. Ainsi, l'alphabétisation lui permet de rendre plus efficace et de mieux comprendre ce qu'il est en train d’exercer comme activité économique. Cela est une réalité dans presque tous les départements de notre pays. Les guides ont été rédigés, les coordonnateurs sont formés et chaque année, nous allons en campagne pour cette alphabétisation fonctionnelle.
Avez-vous un retour par rapport à ce qui est fait sur le terrain ?
Il y a un grand engouement pour ceux qui sont formés. Il y a d'abord les opérateurs privés d'alphabétisation qui sont dans l'engouement parce qu’ils sont contents d’être impliqués dans cette formation puisqu’eux-mêmes sont formés ; et ensuite ceux qui sont formés, ils ont de l'engouement parce que c'est un processus. C’est comme des classes où ils passent d’un cycle à un autre et dans chaque cycle, il y a des niveaux donnés. A la fin, nous organisons des évaluations annuelles pour pouvoir les libérer en réalité. Et au niveau de notre ministère, il est réservé un budget subséquent à cet effet pour que l'alphabétisation fonctionnelle puisse être réalisée. L'un des slogans, c'est ne laisser personne de côté. Que ces personnes aillent dans la formation formelle ou des éducations alternatives, il faut toujours les récupérer et c'est pour cela que le cursus de formation qui existe propose la voie formelle technologique, la voie formelle professionnelle et aussi la voie des éducations alternatives et vous pouvez entrer par la voie des éducations alternatives et retrouver la voie formelle selon les passerelles créées.
Quels sont aujourd’hui vos défis et perspectives ?
L'école est très importante et très fondamentale dans le développement d'une nation. C'est pour cela que le Gouvernement accorde une place importante à tout ce qui est éducation dans notre pays. Les défis que nous avons à relever aujourd'hui au niveau du Ministère des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, c'est de réussir d'abord la mise en œuvre de la Stratégie nationale pour la relance et la professionnalisation de l'enseignement et la formation techniques et professionnels. Pour aller vite, nous avons déduit de cette Stratégie un plan d'urgence qui est déjà en application. Ensuite, réussir l’organisation de la Stratégie de l’enseignement secondaire général. Ce sont les défis majeurs au niveau de notre sous-secteur.
Monsieur le Ministre, votre mot de fin.
Nous sommes dans le temps de l'espérance, parce que les actions ont commencé à produire. La semence donne déjà la germination et nous devons être confiants et nous dire que nous devrons continuer chaque jour à aller davantage plus loin. Au niveau du secteur des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, c'est de poser chaque jour des actes et des pas pour aller davantage plus loin parce que, sans l'école, nous ne pouvons pas exister.
Voici la transcription de l’émission du MAEP
Après avoir réussi dans l’entrepreneuriat agricole, le roi du coton comme il avait été surnommé, Patrice TALON, a promis la même facture à l’Agriculture, l’élevage et la pêche à son élection. Quatre ans après, où en est-il par rapport à ce pari ? Réponse avec l’ingénieur agronome à qui il a confié la mission. Gaston DOSSOUHOUI nous dira si la promesse de la transformation agricole tient la route, notamment avec sa modernisation, sa diversification, et aussi son financement et sa capacité à créer davantage de richesses pour ses premiers acteurs.
Journaliste : Monsieur le ministre, merci d’accepter de nous faire le bilan de vos actions. En 2016, certains défis étaient à identifier dans le PAG pour le secteur agricole notamment, la gestion durable de la fertilité des sols, l’assurance de la sécurité alimentaire, la réduction de la malnutrition et la réduction de la balance commerciale déficitaire. Monsieur le ministre, où en est-on aujourd’hui après 4 ans de gouvernance ?
Ministre : Je vous remercie beaucoup pour cette opportunité. Béninois et Béninoises, c’est un plaisir de vous retrouver pour parler de ce qui nous lie. Notre affaire commune, l’agriculture. En vérité, depuis la préparation de sa campagne électorale, le Chef de l’Etat actuel, président candidat d’alors, a mis un point d’honneur sur l’agriculture. Et il a bien dit : «nous allons, non seulement diversifier notre agriculture, mais nous allons la moderniser, l’intensifier ; nous allons diversifier les produits à l’exploitation, nous allons produire ce dont nous allons nous nourrir pour réduire les importations alimentaires de manière à ce que le paysan gagne. Il gagne en sécurité alimentaire, il gagne en ressources matérielles et financières pour accomplir les autres devoirs du citoyen. » Ainsi, quatre ans durant, on a effectivement osé pour identifier les créneaux porteurs ; les filières sur lesquelles il faut mettre un certain accent pour réussir à quitter la culture unique du coton vers la diversification des produits d’exportation, pour créer de la valeur ajoutée et en même temps développer les produits d’exploitation, les cultures vivrières, alimentaires et pourquoi pas avec les transformations agroalimentaires qui contribuent absolument à améliorer le panier de la ménagère aujourd’hui.
Tout ça a demandé du temps, une préparation, des études techniques, des études opérationnelles, la recherche du financement et au jour d’aujourd’hui, l’année 2019 ne s’est pas mal portée que les autres années. Nous allons essayer d’élucider point par point le chemin parcouru et les résultats modestes auxquels nous sommes parvenus. Le Bénin se porte mieux qu’il ne se portait encore il y a un an. Il se portera encore davantage mieux qu’il s’est porté il y a de cela quatre ans, cinq ans.
L’un des points fondamentaux sur lesquels vous aviez travaillé, c’est bien sûr la réforme institutionnelle. On est parti des directions de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche pour des Agences Territoriales de Développement Agricole (ATDA). Qu’est-ce que ces réformes ont concrètement changé ?
Mieux que les slogans entendus depuis des décennies, le secteur agricole, depuis l’avènement du Président TALON, se positionne comme le principal levier de développement économique du pays, de création de richesses et d’emplois. De toutes les façons, cinq approches sont appuyées sur une dynamique nouvelle de développement des filières agricoles instaurées aux fins d’une meilleure valorisation des espaces agricoles de notre territoire. Pour cela, il a fallu mettre en place un nouveau cadre institutionnel qui a consisté à séparer les fonctions régaliennes de l’Etat à travers les Directions départementales de l’Agriculture des fonctions d’appui conseils aux producteurs gérées par les Directions départementales de l’Agriculture. Les Agences Territoriales de Développement Agricole (ndlr : ATDA) sont l’émanation de l’administration d’un territoire homogène qu’on appelle pôle de développement agricole. Nous en avons sept. Au cours de cette année 2019, nous avons amélioré les prestations au niveau de ces structures d’appui. Le contrôle est devenu plus systématique. Les normes techniques sont élaborées et suivies par les directions départementales de l’agriculture. Mais par rapport aux ATDA qui pilotent les filières les plus porteuses de leur pôle, il y a toute l’équipe nécessaire en termes de ressources humaines, de documents de gestion. Le cadre de travail a été complètement balisé aujourd’hui. Et les gens disposent de tous les outils pour pouvoir aller vers un accompagnement des producteurs de manière plus saine.
Mais retenez, ce n’est pas seulement les ATDA ou les Directions départementales qui constituent l’ossature de la réforme institutionnelle au niveau du ministère de l’Agriculture. Encore que lorsque nous avons mis les hommes au travail, il faut leur donner les moyens. Nous avons acheté plus de 900 motos tout terrain. Ce ne sont pas les motos qui tombent en panne après six heures ou trois mois d’usage. Elles seront utilisées pendant 5 ans, 6 ans. Et aujourd’hui, plus aucun agent ne peut plus faire du tourisme agricole. Vous sortez avec un plan donné. Vous avez un programme connu de votre hiérarchie. Vous devrez faire telle, telle chose au niveau de telle ou telle exploitation. Et vous devrez rendre compte. Désormais, ces agents disposent des smartphones avec lesquels on peut les référencer. D’où ils sont, ils prennent des images. Ainsi, de la Direction, les patrons les suivent. L’autre réforme institutionnelle, c’est le Fonds National du Développement Agricole (FNDA) qui a fait peau neuve avec des guichets importants. L’un pour les petits producteurs, les autres pour les aider à formuler des projets-programmes et les soumettre au financement des banques. De toutes les façons, le FNDA n’est pas une banque. Le FNDA est un facilitateur d’accès au crédit et pour que les crédits obtenus au niveau des banques puisent être bonifiés.
On peut avoir une idée sur le nombre de personnes que le FNDA a impacté ?
Au jour d’aujourd’hui, les ressources mobilisées au niveau de l’Etat pour le FNDA avoisinent déjà 10 milliards. Mieux, les Partenaires Techniques et Financiers viennent en appui au FNDA. La coopération suisse, la coopération belge, la coopération allemande et beaucoup d’autres.
Qui sont les bénéficiaires ?
Ce fonds, ce sont d’abord les ressources mobilisées au niveau des guichets pour aider les projets bancables, pour assurer des formations de mise à niveau de ceux qui ont monté leur dossier, puis une partie des ressources est placée au niveau des banques pour assurer la bonification des crédits. Et lorsque vous prenez par exemple un crédit à un taux de 9%, le FNDA vous autorise à payer peut-être 2% et le reste est assuré. Dans ces conditions, vous avez un crédit à taux plus faible. Pour le moment, nous avons une bonne brochette d’une quarantaine de projets déjà éligibles. Certains ont commencé à bénéficier du financement.
Les petites et moyennes entreprises agricoles et les coopératives peuvent-elles aussi bénéficier du crédit ?
Bien entendu. Tout dépend du dossier que vous montez. Il y a des coopératives des producteurs de semences qui ont bénéficié de ces subventions. Il y a des réseaux de producteurs et de transformateurs d’ananas qui ont bénéficié de cet appui.
Monsieur le ministre, il n’y a pas que les réformes institutionnelles. Il y a surtout les filières à haute valeur ajoutée, l’ananas, le cajou, le maraichage… Quel point peut-on faire sur les actions menées à la date d’aujourd’hui ?
Vous savez, nous sommes dans une émission très pédagogique. En termes de réformes, il y a deux autres choses dont je dois parler rapidement. Le Recensement National de l’Agriculture (RNA). Pendant longtemps, nous ne savons plus combien de têtes de bœufs nous avons ; nous ne savons plus combien d’hectares de ci ou de ça on cultive. Aujourd’hui, on a mis tout à plat. Le processus de recensement a commencé sur financement propre de l’Etat. C’est une première. Et au terme de juin, juillet 2021, on va boucler cela pour savoir exactement combien d’hectares nous avons et quelles superficies on peut attribuer à chaque culture. On va maintenant mettre en place une base de contrôle, une base de prélèvement de données pour une vision sur tout ce qu’on a produit. Et c’est important pour nous pour pouvoir évaluer les efforts faits.
La deuxième chose, c’est la recherche agricole. N’oublions pas. Si nous voulons accompagner les gens, il faut le faire dans leur élan de développement. Le paysan n’est pas l’élément le plus bête. Il a des innovations endogènes à valoriser. Et par rapport aux dispositions, nous avons installé 23 sites de recherches dans des villages. Ces sites accompagnent les innovations mises en place par les habitants. Ils développent cela de manière à ce que la technique que nous développons puisse rapidement passer au niveau de toutes ces bases et de la zone que vous cultivez.
Mieux, nous avons réorganisé les centres régionaux de recherches. Nous avons un centre régional à Malanwi qui s’occupe des cultures de maïs, du riz, de l’ananas et autres. Nous avons un centre régional à Savè qui s’occupe du Cajou. Nous avons un centre de diversification à Ina et puis un autre à Natitingou. Mais après ceux-là, nous avons des centres spécialisés. Donc tout cela rentre dans le package de la réforme institutionnelle du secteur de l’agriculture.
Vous aviez parlé des filières à haute valeur ajoutée. Je vous remercie beaucoup pour cette question très pertinente. Disons que la particularité de l’organisation du travail par le président TALON, c’est de cibler ce qui est important pour faire lever la mayonnaise. Au nombre des filières que nous pouvons brasser partout, il y a certaines qui sont à haute valeur ajoutée. C’est l’ananas, c’est le cajou et ce sont les cultures maraichères. Ces trois filières ont connu un développement assez impressionnant. Regardons l’ananas. Il y a deux types d’ananas, le cayenne lisse et le pain de sucre, à l’intérieur desquels nous avons des morphotypes. Il y en a qui sont ronds, d’autres sont en bouteille. Bref ! Pour aller à l’exploitation, il faut des calibres. Certains morphotypes acceptent de donner que des fruits quelle que soit la spéculation que vous faite sur ce calibre-là. C’est important de mettre ça à part et de développer pour qu’ils soient pour l’exportation.
D’autres ont de gros fruits qui peuvent donner beaucoup de jus. Il faut trouver les morphotypes correspondants. Et pour ça, nous avons un dispositif d’épuration. Ce sont des fruits délicieux. Il faut donc regarder le profil du paysan pour lui proposer les régions correspondantes de production. Et pour ça, nous sommes partis faire des épurations au niveau des champs pour trier les morphotypes. De ce fait, lorsque les paysans qui ont bénéficié de ces rejets triés et calibrés plantent, ils ont 90% de bons produits contre à peine 10% de hors types. Contrairement à ce qu’on a connu il y a de cela trois ans où c’est 25% à 30% de bons produits. A ce niveau-là, on a joué aussi sur les techniques de production en utilisant le « much plastic ». C’est une technique qui consiste à planter l’ananas sur des toiles spécialisées. Ces toiles permettent de réduire l’infestation de l’ananas du champ. Les herbes n’arrivent pas à pousser à travers la bâche plastique. Ces toiles arrivent à maintenir l’humidité pendant longtemps au niveau du plan. Cela fait que de toute façon l’ananas dont le cycle devait durer 16 mois est réduit à 12 mois. Rien qu’avec cette technologie. Et si en plus vous arrivez à faire une irrigation d’appoint au niveau de votre champ, vous réduisez le cycle et vous avez des fruits très bons pour le marché.
Est-ce que tous les producteurs bénéficient de cette technologie ?
Non, tous les producteurs ne peuvent pas bénéficier de cela. Ce sont les plus méritants qui en bénéficient. Mais progressivement nous y parviendrons.
Y-a-t-il de critère pour sélectionner ces producteurs ?
Il y a bien de critères. Il faut d’abord une certaine expérience en matière de production d’ananas, une certaine fidélité à la production d’ananas et une certaine rigueur dans le suivi des itinéraires techniques. Et là aussi, en termes des différentes techniques lourdes, des plants que nous avons déjà franchis, c’est des types de fumures, le type d’engrais que nous mettons sur l’ananas. La formule a été bien trouvée et cela passe bien. En plus des champs d’ananas avec fumures, il y a beaucoup de champs d’ananas bio sans fumures que nous utilisons.
Qu’en est-il du cajou ?
Le cajou, deuxième produit d’exportation après le coton. La technologie première que nous avons préconisée, c’est de mettre aux normes les vieilles plantations à partir des brigades de prestation de services. Lorsque le champ d’anacarde est touffu, et les feuilles se touchent et il n’y a pas d’ensoleillement qui enrobe le plan, le cajou ne fait pas de fleurs. Lorsque la densité est serrée, on passe et on élimine un certain nombre de plants, on aère le champ puis on le nettoie. On a formé des brigades qui gagnent de l’argent à raison de 55.000 FCFA par hectare traité et payé par l’Etat. Deux ans après, ceux qui ont bénéficié de ces prestations ont vu leur rendement augmenter. La première année, le rendement a baissé naturellement. Mais la deuxième année, la production a augmenté sensiblement. Les producteurs qui avaient 300 kilogrammes à l'hectare sont passés à 600 kilogrammes aujourd’hui.
La deuxième chose sur laquelle nous jouons, ce sont les plants greffés. Nous avons identifié des plantes mères. Avec l’appui de la Tanzanie qui a un très bon institut de recherche sur le cajou, nous avons identifié les bouts de germe, des types de cajou productifs. On les prépare. On produit des greffons et on prélève pour produire des plants greffés. Ainsi, les plants greffés ont un produit homogène en termes de couleur, de grosseur et de qualité.
La troisième chose que nous sommes en train de faire, c’est tout ce qui est technologie d’accompagnement pour gérer l’espace dans lequel se font les cultures de cajou et les autres techniques contre l’incendie. L’anacardier n’aime pas le feu. Non seulement la noix d’anacarde est transformée chez nous mais la pomme est beaucoup transformée en jus. Les entreprises de transformation de pomme de cajou en jus ne sont pas nombreuses. Quatorze ont été certifiées avec l’aide d’une ONG américaine du nom de « Technoserve ». Et aujourd’hui, nous sommes en train de faire les dossiers pour onze entreprises de femmes, essentiellement pour transformer le cajou.
Abordons maintenant ce qui intéresse la population urbaine et péri urbaine, le maraichage. Quelle politique d’organisation et de transformation de ces produits est mise en place ?
Je suis d’accord avec vous que sur le maraichage, le chantier est assez grand. D’abord, le maraichage se fait partout. Autour de nos grandes villes, il faut nécessairement des cultures maraichères. Une agriculture périurbaine qui nous permettra de manger. Le piment, la tomate, le poivre, et autres que nous produisons. Ici, nous avons mis en chantier un projet de développement de maraichage « PADMA », financé par le FIDA, à hauteur de 18 milliards FCFA qui opère dans au moins dans 27 communes. Ce projet a pu aménager 530 hectares. Mais au cours de cette saison, par la maitrise d’ouvrage déléguée, nous sommes en train d’aménager 1150 hectares de cultures maraichères. C’est important pour nous. Mais là encore, ça ne suffit pas. Si vous allez maintenant dans la vallée du Niger, les communes de Karimama, de Malanville, c’est l’une de leurs spécialités. Là, nous avons une bonne production de tomate, de piment et aussi d’oignon. Mais aussi des champs de pomme produite au Bénin. Ces initiatives nous devrons les développer le plus possible. Il faut mettre l’activité là où nous avons un point d’eau. Faire du maraichage, il faut nécessairement de l’eau. Si l’endroit ciblé est un endroit d’une propriété privée, l’espace se négocie. Il y a juste quelques dédommagements à faire pour aider des maraichers à s’installer. Mieux, si nous regardons le long de notre côte aujourd’hui, nous avons des cocotiers. On peut faire le maraichage sous les cocotiers sans problème de fonciers. Ça développe aussi les cocotiers. Donc ces questions se règlent au cas par cas. Je pense que nous allons vers une politique de gestion responsable de nos problèmes fonciers. Ce qui nous permettra de sécuriser la terre pour les générations à venir.
Il y en a qui s’accaparent des terres ; ils achètent des centaines d’hectares qui sont clôturés alors que certains en ont besoin pour faire le maraichage. Qu’en dites-vous ?
C’est bon s’ils l’exploitent. Mais si c’est thésaurisé la terre, ça pose de problème. La loi bannit la thésaurisation des terres. Je pense que progressivement, nous allons vers ces dispositions qui nous permettraient de rentrer en discussion avec le présumé propriétaire afin de mettre en valeur l’espace. Mais pour le moment, cette question ne se pose pas avec acuité, au moins sur le maraichage. On a encore beaucoup d’espace et d’opportunités à saisir pour développer le maraichage. Nous allons mettre en place une étude de faisabilité sur le maraichage qui va désormais prendre le relais du programme financé par le FIDA. Alors, sur financement national, nous allons développer beaucoup d’autres études.
Vous aviez promis que dans les deux prochaines saisons, vous allez atteindre un million de tonnes de production de riz. Ce n’est pas trop rêver ?
S’il n’y pas de rêve, on ne peut pas faire de grandes choses. Nous devons rêver et rêver grand. La fermeture des frontières par le Nigéria était pour moi un déclic. Une opportunité à saisir. Je ne reviens pas sur les conditions qui ont prévalu à cela. Mais mon pays, le Bénin, taxé de pays ré-exportateur de riz deviendra un pays producteur et exportateur de riz. Il n’y a rien à faire. Ce n’est pas de la déclaration politique. En 2016, quand le président TALON a pris les rênes de ce pays, nous étions à 216.000 tonnes de production de riz. Aujourd’hui, avec les technologies que nous utilisons, nous sommes déjà à 407.000 tonnes. Mais lorsque nous allons revisiter nos capacités intrinsèques en matière d’aménagement des périmètres rizicultivables, en matière d’aménagement des basfonds et autres sites, en matière de mise à disposition des semences certifiées de riz, facteur important pour déclencher la révolution verte, lorsque nous avons aussi des intrants disponibles aujourd’hui on peut rêver. Et, on doit pouvoir rêver. En fait, j’ai mis tout le monde au boulot. Les producteurs de semences ont de quoi servir au moins 40% de nos emblavures. Mais avec cette intersaison, on essaie de produire, de densifier pour avoir les 20% complémentaire. Ainsi, l’Etat pourra mettre à disposition des producteurs des semences à bas prix ; ce qui va révolutionner la filière.
Les intrants sont-ils disponibles ?
Lorsque vous cultivez le riz, vous avez de quoi fertiliser votre riz et même l’entretenir contre l’enlèvement. Mais l’autre chose qui est importante, ce sont les aménagements. Aujourd’hui, nous avons 1125 ha qui sont en cours d’aménagement. Et pour lesquels nous frappons toutes les portes dans tout le pays. Il y a quatre projets à financement extérieur pour cela. Mais nous-mêmes, au niveau national, nous avons développé des initiatives, surtout dans la vallée du Niger, singulièrement à Karimama, où il n’est pas question de faire des aménagements trop coûteux. Avec des puits tubés, l’eau est à peine à 7 ou 8 mètres ; vous mettez une pompe et puis vous tirez l’eau vers le haut. L’espace est juste aménagé, les diguettes sont couvertes et il faut du matériel plastique pour éviter l’érosion.
Dans la vallée du Niger justement, comment pensez-vous lutter contre l
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