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Entretien avec le Général Fernand Amoussou, candidat à l’élection présidentielle
« Le Bénin a besoin d’ordre »
Fernand Amoussou, s'engage à mettre de l'ordre au Bénin, une fois élu président


Invité dans les studios de la radio Soleil fm le 13 Janvier 2016 dans une émission spéciale, Fernand Amoussou, candidat à l’élection présidentielle du 28 février 2016, a eu l’occasion d’exposer sa vision des secteurs vitaux de la vie nationale et proposer les solutions pour un Bénin mieux gouverné. Fernand Amoussou est convaincu qu’il faut mettre de l’ordre dans la maison Bénin. Le Bénin a besoin d’ordre, de renouveau, de patriotisme et de civisme a-t-il dit en substance. Dans l’ensemble, Fernand Amoussou constate qu’il y a du désordre dans tous les secteurs. L’économie est mal orientée, les entreprises croulent sous le poids de la dette intérieure, l’absence de sécurité juridique et d’assurance de protection des personnes et des biens, le ralentissement des investissements publics et privés, le chômage des jeunes ; l’hôpital public en souffrance ; et le tout couronné par la mauvaise gestion des ressources publiques, la corruption et l’impunité. Fernand Amoussou propose donc, une refonte du système actuel pour asseoir les bases d’un décollage économique. Fernand Amoussou annonce qu’il vient au pouvoir pour mettre de l’ordre et s’est engagé à mettre fin à la mal gouvernance et l’impunité érigées en système de gestion. C’est dans un entretien radiodiffusé animé par le journaliste Eugène Allossoukpo de Soleil Fm. Lisez ci-dessous l’intégralité de l’émission de Fernand Amoussou sur Soleil Fm le 13 janvier dernier.
- Soleil FM : Général Fernand Amoussou, du point fait par la commission électorale nationale autonome, 48 candidatures sont enregistrées à la clôture ce matin à zéro heure. Votre point de vue sur cette pléthore de candidatures, dans un petit pays comme le Bénin. -Général Fernand Amoussou : C’est vrai que cela peut paraître important, le nombre de candidats enregistrés hier à la Céna. Mais je voudrais faire remarquer que ce ne sont que des candidats à cette première étape et qu’il reste encore le paiement de la caution et la décision finale de la Cour constitutionnelle. - Vous pensez qu’il y en a qui ne paieront pas la caution ? - Je n’en sais absolument rien, mais je pense que cela signifie aussi qu’il y a une réflexion à faire sur notre système politique. C’est l’enseignement principal que nous devons tirer de cette première phase. Il faut revisiter notre système politique, afin de faire en sorte que les partis politiques jouent mieux leur rôle dans l’activité politique. Mais aussi, faire en sorte que les candidatures soient fondées sur des bases beaucoup plus politiques, au sein de formations structurées, ayant une dimension nationale. - (Les empêchements à cela aujourd’hui, c’est quoi ?) - Je pense que nous avons dans un petit pays comme le Bénin, comme vous l’avez dit, plus de deux cent partis politiques. Cela peut paraître pléthorique si l’on compare aux autres pays démocratiques. Donc ce qui nous reste à faire, c’est d’approfondir notre démocratie en réformant son système politique et faire en sorte que progressivement nous allions vers deux ou trois pôles politiques à dimension nationale. -C’est bien possible au Bénin ? - C’est tout à fait possible. C’est d’autant plus possible que vous allez remarquer qu’il y a une dizaine d’années, deux regroupements se sont faits, bon c’est vrai que cela n’a pas tenu, Fcbe d’une part et l’Union fait la Nation de l’autre. Cela veut dire que les forces politiques peuvent se concerter et créer deux ou trois pôles politiques pour rentrer dans une nouvelle phase de notre démocratie. -Mais cela reste un débat à faire par les politiciens. Il faut que les politiciens aussi prennent cette option. -Oui mais il y a aussi je crois, des réformes institutionnelles à faire. Et faire en sorte que notre Constitution puisse être revisitée sous cet angle-là afin de faire en sorte que progressivement nous allions vers des regroupements politiques homogènes, pas des coalitions politiques, mais des partis politiques de dimension nationale. -Général Fernand Amoussou, diriger un Etat, c’est un esprit, c’est une vision, c’est une méthodologie sentez-vous en mesure d’apporter quelque chose de nouveau aux Béninois, dans un contexte sociopolitique actuel peu reluisant, après le mandat de Boni Yayi ? -Ma vie a été au service de mon pays et de mes compatriotes. Je suis rentré dans l’armée à moins de 19 ans, et j’ai consacré toute ma vie au service de mon pays, pour la sécurité et le bien-être des Béninois. Je souhaite continuer d’être à leur service. Je souhaite continuer d’apporter ma contribution à l’essor politique (…) pour un, Bénin où règne la paix et la concorde ; où chacun jouit pleinement, librement et en sécurité du fruit de son travail. Un Bénin où personne n’est abandonné ou exclut. Mais aussi où les jeunes ont une perspective d’avenir, où leur avenir est assuré. Je pense aussi avoir eu grâce à Dieu, une carrière professionnelle qui m’a permis d’occuper de très, très hautes fonctions. Et enfin, j’ai beaucoup appris, pendant plus d’une dizaine d’années et même plus d’une quinzaine d’années, auprès du président Kérékou qui m’a beaucoup appris, beaucoup enseigner, mais beaucoup léguer aussi. Et donc je crois avoir les outils, l’expérience, mais aussi la pondération pour conduire notre pays avec courage et détermination vers les transformations indispensables. Vous savez à l’heure où nous émettons, nous avons aujourd’hui au Bénin, des hommes et des femmes qui ne savent pas encore aujourd’hui ce qu’ils vont manger. A l’heure où nous émettons, beaucoup de nos concitoyens n’ont pas de toits pour se préserver de la pluie, des intempéries, du soleil. A l’heure où nous parlons, beaucoup de nos jeunes, de nos enfants sont en grande souffrance face au chômage. A l’heure où nous parlons, des opérateurs économiques sont dans une grande désespérance parce que ne sachant que faire pour faire prospérer leurs affaires. Et puis nous avons nos mamans, nos sœurs, les femmes béninoises qui se battent quotidiennement pour sortir de la pauvreté. Oui, l’on ne peut pas rester insensible à cela. Mais dans le même temps, il faut du courage. C’est pour cela que ce matin, mon premier message à l’endroit de mes compatriotes, est un appel à un sursaut patriotique pour reprendre en main notre destin. Je demande à toutes les béninoises et à tous les béninois, de se rassembler, de se lever pour que nous puissions enfin, vaincre la pauvreté. Que nous puissions enfin donner plus d’espoir pour nos enfants. Et je considère aujourd’hui, les forces politiques et sociales du Bénin. Et en raison de ce que je suis et je continue d’être au service de mon pays, puisse se lever se rassembler autour de moi, pour que nous puissions prendre en main notre pays, mettre de l’ordre et poursuivre avec courage, le développement de notre pays. -Général Fernand Amoussou, quel est le Bénin que vous envisagez si vous arriviez au pouvoir ? -j’envisage un Bénin où personne n’est abandonné ou exclu. Je veux d’un Bénin où il y a le sourire sur le visage de chaque Béninois. Je veux d’un Bénin où chaque béninoise et chaque béninois mange à sa faim. Je veux d’un Bénin où tous les enfants de ce pays ont une égalité de chance face aux recrutements, face aux concours, face aux opportunités de travail. Je veux d’un Bénin où les opérateurs économiques ne sont pas pourchassés, poursuivis. Je veux d’un Bénin où l’agriculture nourrit les Béninois avant d’être une agriculture de rente. Je veux enfin d’un Bénin uni, d’un Bénin prospère, d’un Bénin où règne la paix, l’unité nationale, la concorde nationale. Ce sont les legs du Président Kérékou. Mes dernières conversations avec le Président Kérékou, ont été centrées sur ce point. Préserver l’unité nationale, la concorde nationale, la paix. Et enfin je veux d’un Bénin où il y a la sécurité, la tranquillité, la paix, pour tous les Béninois. Nous sommes aujourd’hui dans un environnement sous régional de plus en plus dégradé, de plus en plus, dangereux. - Allons maintenant secteur par secteur et dans les détails. Puisque vous êtes un militaire de formation, parlez-nous un peu de sécurité. Quel est le type de sécurité qu’il faut aujourd’hui pour les Béninois ? - La question qui se pose aujourd’hui au Bénin, c’est comment faire pour que lorsque à côté de nous au Nigeria, au Niger, dans nos eaux territoriales, sévissent des insurrections extrêmement violentes. Où de paisibles populations sont massacrées, sur les marchés, sont massacrées dans les rues. Comment faisons-nous pour préserver le Bénin et la tranquillité des Béninois ? C’est la question fondamentale aujourd’hui. Parce que, lorsque l’on parle de Boko Haram, Boko Haram est au Nigeria à côté de nous. Ce n’est pas bien loin. Et donc la question de la sécurité doit être une question fondamentale. -Mais jusqu’ici le Bénin bénéficie toujours d’un état de grâce. -Grâce ! Prions qu’il en soit ainsi. Je pense que les autres pays qui en sont victimes, prient tout autant Dieu que nous. Mais ce qu’il nous faut d’abord, c’est de prendre conscience de la menace. Et la menace aujourd’hui, la menace de terrorisme, la menace de violence est transfrontalière. Elle est transnationale. La menace de Boko Haram et des autres mouvements extrémistes ne connaît pas de frontières. Et donc la question de la sécurité doit être la priorité des priorités, parce que sans elle, nous ne pouvons rien entreprendre. Sans la sécurité, il ne peut pas y avoir de développement. C’est pourquoi j’ai l’habitude de dire que la sécurité est la première des libertés. Et je m’engage, et je n’ai pas besoin de donner plus de précision là-dessus, parce que la question est sensible n’est-ce pas. Je m’engage et les Béninois savent que lorsque j’étais aux affaires, il n’y avait pas de braquages et que la tranquillité des Béninois était assurée dans le respect scrupuleux des libertés publiques. - C’est vrai dans la stratégie vous maitrisiez les milieux criminogènes ? - Mais oui ! Il faut évidemment dans la situation actuelle, développer une stratégie pour avoir une forte capacité de renseignement. La sécurité doit être d’abord basée sur le renseignement. Savoir quels sont les mouvements des extrémistes (…). Et, sur une forte coopération avec les pays voisins pour échanger des informations et enfin, développe une capacité d’action à travers des forces spécialisées dans ce genre d’actions militaires. -La sécurité, ce sont les hommes aussi, ce sont les policiers et les gendarmes. Mais généralement ces unités n’ont pas suffisamment de moyen pour assurer la sécurité des citoyens ? - j’en conviens. Mais vous savez, la première force d’une unité, c’est d’abord la motivation. Et donc nous devons d’abord faire en sorte de donner plus de confiance à nos gendarmes, à nos policiers, à nos militaires pour qu’ils soient plus motivés, plus déterminés à préserver notre pays et les Béninois, des dangers actuels et futurs. Et ensuite, il y a la formation. Je pense effectivement qu’il y a lieu certainement de regarder de plus près, la formation de nos policiers, de nos gendarmes et de nos militaires. Et enfin, améliorer les équipements. Mais tout cela est tout à fait possible. Je pense que le budget actuel de la sécurité du Bénin, permet de manière intelligente, d’opérer des réformes pour accroître les capacités opérationnelles. -l’armée de façon globale, vous avez dirigé cette armée. Là, est-ce qu’il y a des réformes faire pour que cette armée soient une armée au service du peuple ? -Je salue d’abord l’action des chef-militaires actuels qui avec les moyens qui sont les leurs, font un travail remarquable. Je voudrais aussi une fois encore témoigner toute ma reconnaissance et toute ma confiance aux gendarmes, aux policiers et aux militaires qui de jour comme de nuit, dans des conditions extrêmement pénibles et difficiles assurent notre sécurité. Evidemment, il y a toujours des améliorations à apporter et je pense que les chefs militaires, les chefs des forces de sécurité et évidemment quand je serai aux affaires, je les mettrai tous ensemble autour de moi pour réfléchir à comment améliorer la sécurité des Béninois -Pour acheter des équipements aux agents de sécurité, il faut avoir une économie forte. Quelle est votre idée de la relance de l’économie nationale, Monsieur Fernand Amoussou ? - Vous savez, la croissance porte sur deux volets. Ou ce sont les investissements, ou c’est la consommation. Dans notre pays, le niveau de revenu est très faible. Et donc la consommation n’est pas importante. Par ailleurs, ne produisant rien sur place, évidemment, nous consommons les produits venus de l’extérieur, et donc nous développons, l’économie des autres pays. Dans la situation actuelle nous devons allez vers deux idées essentielles. La première idée, c’est de développer de grands travaux. De faire en sorte d’accroître les investissements et offrir donc, la base, l’infrastructure, la superstructure pour relancer notre économie. Et deuxièmement, il est claire et évidemment aujourd’hui que l’économie béninoise comme dans beaucoup d’autres pays africains ne peut se développer qu’avec les petites et moyennes entreprises. Pour développer l’économie béninoise, il nous faut soutenir très fortement nos petites et moyennes entreprises nationales en priorité. Et à cet égard, je pense qu’il apparaît urgent d’apurer la dette intérieure. Beaucoup de nos entreprises croulent sous la dette que l’Etat a vis-à-vis d’elles, et n’arrive point à faire fructifier leurs affaires. Donc, le circuit économique est thésaurisé par la dette intérieure. Il faut donc redonner du souffle à nos entreprises en apurant la dette intérieure, en leur payant ce que l’Etat leur doit sans discrimination. L’apurement de la dette intérieure ne doit pas être un acte politique, ni de solidarité ethnique, mais plutôt un acte pour relancer l’économie nationale. Et ensuite, je pense aussi qu’il faut améliorer le climat des affaires et faire en sorte que la justice puisse devenir encore beaucoup plus indépendante, beaucoup plus forte pour, améliorer le climat des affaires, régler les contentieux et redonner confiance aux investisseurs. Enfin, l’amélioration du climat des affaires permettra aussi, d’attirer des investissements étrangers dont nous avons besoin. Vous savez, l’argent ne va que dans des conditions à la fois de sécurité pour les investisseurs. Donc je crois que nous devons travailler pour booster notre économie. Mais ceci étant, nous devons aussi réhabiliter, restaurer et promouvoir la valeur de travail. Et cette valeur de travail, s’est considérablement érodée ces dernières années. Le travail, c’est la condition de l’épanouissement humain. Et donc cette valeur de travail, nous devons la réhabiliter et faire en sorte que nos concitoyens et en particulier les jeunes sachent que c’est par le travail que l’on peut s’accomplir. Et donc cette valeur-là, nous devons la réhabiliter et la promouvoir. Mais ensuite, je pense aussi qu’il faut libérer les initiatives. C’est-à-dire qu’il faut permettre à tous ceux qui veulent entreprendre, d’entreprendre aisément. Cela veut dire que créer une entreprise ou fermer son entreprise ne doivent plus constituer un chemin de croix. Cela veut donc que nous devons faire en sorte que notre administration puisse être plus performante, plus transparente, pour soutenir l’entreprenariat privé. C’est extrêmement important. Je salue le travail de nos fonctionnaires et des travailleurs de tous secteurs qui font tout ce qu’ils peuvent pour accompagner notre économie. Mais dans le même temps, je pense qu’il nous faut rendre encore beaucoup plus performante, beaucoup plus transparente l’économie nationale afin de faire en sorte que l’administration béninoise, soutienne encore davantage, l’entreprenariat privé dans notre pays. - Général Fernand Amoussou, lorsque nous parlons d’économie, on fait très souvent allusion à la culture du coton. Vous savez que ce secteur a connu beaucoup de difficultés ces derniers temps, au point où l’Etat a décidé de s’approprier ce secteur là au détriment du secteur privé. Quelle est votre démarche une fois que vous serez au pouvoir ? Le coton restera-t-il dans les mains de l’Etat ou le coton sera-t-il transféré aux privés ? -La question que vous posez est plus large. Je voudrais apporter une réponse beaucoup plus large. Ma vision de l’agriculture béninoise est très claire. Ma priorité est que les Béninois mangent à leur faim. Et donc ma vision de l’agriculture béninoise, est cette vision qui fera en sorte que les Béninois mangent à leur faim. Et donc je m’engage à privilégier les cultures vivrières et autres cultures qui permettent aux Béninois de manger à leur faim. Nous allons mettre beaucoup d’argent dans ces filières qui vont nous permettre de produire ce que nous allons manger. Quand nous allons finir de bien manger, quand tous les Béninois de tous secteurs, des plus pauvres, auront fini de bien manger, alors, nous pouvons penser à faire des cultures de rente comme le coton. Ma priorité, c’est faire manger les Béninois à leur faim. Ce n’est pas de faire des cultures d’exportation. Les graines de coton ne vont pas dans le moulin. Moi je veux que nous produisions ce qui va dans les moulins et qui peuvent donner à manger au peuple béninois. -Est-ce que ce n’est pas un coup porté à l’économie ? - Pas du tout !parce nous considérons, de manière exagérée que le coton est la panacée pour avoir des devises, pour avoir de l’argent dans ce pays. Mais nous cultivons du coton et vous remarquerez avec moi que, la plus part des Béninois demeurent toujours très pauvres. Donc cela veut dire que ce n’est pas la culture du coton qui enrichirait les Béninois. Ça peut enrichir certains. Mais nous constatons que ça n’enrichit pas le grand nombre. Et donc il faut réorienter notre agriculture et c’est ce que nous proposons: cultiver ce que nous allons manger. Mais aussi nous pouvons créer encore plus d’argent pour notre pays, en cultivant pour exporter, mais des produits vivriers. Nous avons des filières extrêmement porteuses : l’ananas, l’acajou. Nous pouvons aussi cultiver dans nos vallées, le Maïs, le Sorgo et les exporter. Le Programme alimentaire mondial, aujourd’hui cherche à acheter du maïs et n’en trouve pas suffisamment. Nos frères et sœurs du Niger, du Burkina, cherchent des céréales à acheter et n’en trouvent pas suffisamment. Nous devons privilégier ces cultures, nous nourrir, les exporter et avoir des devises et autant d’argent que la culture du coton. - Je sais qu’être en bonne santé c’est aussi une priorité pour vous. Vous avez une idée ou vous avez votre idée du système sanitaire béninois. Alors quelles sont les nouveautés que vous pouvez y apporter une fois au pouvoir ? - C’est avec une grande tristesse que je constate autour de moi, et que j’entends aussi des témoignages de beaucoup de nos concitoyens qui vont dans nos hôpitaux, publics ou privés et qui malheureusement n’arrivent pas à survivre, n’arrivent pas à être soignés convenablement, simplement par manque d’argent. C’est avec beaucoup de souffrance que je vois la tristesse des agents de santé, des médecins des infirmiers, des garçons et filles de salle qui sont dépourvus de moyens pour faire leur travail. Et donc, ce secteur de la santé doit aussi constituer une priorité et faire en sorte que nos hôpitaux publics soient des hôpitaux de vie et non des mouroirs. C’est pour cela que je m’engage à faire en sorte de donner les moyens suffisants à nos hôpitaux publics, pour que les premiers soins, les soins de santé primaires soient gratuits. C’est extrêmement important. Il faut que lorsqu’un citoyen béninois arrive dans un centre de santé, en ville ou en zone rurale, il puisse avoir les médicaments élémentaires, pour faire face tout au moins aux urgences. Nous avons un autre problème. C’est que nous devons revoir encore la carte sanitaire dans notre pays et rapprocher encore plus les centres de santé vers les populations. Mais il ne s’agit pas simplement de créer les centres de santé. Il faut équiper tous les centres de santé existants aussi. Depuis deux ans que je circule dans tout le pays, je constate qu’il y a des centres de santé, mais dans lesquels il n’y a absolument rien. Il n’y a aucun produit, il n’y a aucun équipement élémentaire pour faire même des tests sanguins. Et par ailleurs, nous avons des centres de santé qui sont dépourvus de médecins, d’infirmiers. Et donc, je pense que toutes ces choses doivent être mises à plat. C’est pour cela que je dis, nous devons mettre de l’ordre. Notre pays a besoin d’ordre. Dans le secteur de la santé et dans les autres secteurs. Je voudrais aussi ajouter et je salue les initiatives qui ont été prises en direction des femmes pour rendre certains soins gratuits et j’espère qu’il y a une effectivité de ces mesures, comme la gratuité de la césarienne, la gratuité de beaucoup d’autres choses. Il faut que tout cela devienne effectif pour aider nos populations. Mais ensuite je pense qu’il nous faut aussi, améliorer le plateau technique de nos hôpitaux de zone et créer à Cotonou, à Porto-Novo en particulier, mais aussi à Parakou, d’autres hôpitaux nationaux. Aujourd’hui à Cotonou, c’est le Cnhu qui est parfois soutenu par l’hôpital militaire. Il nous faut créer et équiper, un nouvel hôpital à dimension nationale, un deuxième hôpital de référence à Cotonou. De la même manière, dans le cadre de donner à Porto-Novo son caractère de capital du Bénin; nous devons non-seulement, améliorer l’hôpital qui existe aujourd’hui, mais envisager également, la création d’un deuxième hôpital. Parce que vous savez, l’Ouémé est l’un de nos départements les plus peuplés. Voilà mes propositions dans le secteur de la santé. Je pense aussi que nous devons donner plus de confiance aux agents de santé. C’est pour cela que je propose que les agents de santé qui acceptent ou qui travaillent dans les zones difficiles, dans les zones rurales, je propose une indemnité particulière au profit des agents de santé qui acceptent d’aller travailler dans les zones difficiles, dans les zones rurales. -Le secteur de l’éducation est un secteur qui a consommé beaucoup de milliards ces derniers moments. On parle de mauvaises ressources humaines en matière d’éducation. Pas d’infrastructures, (…). Que feriez-vous dans ce secteur-là ? - Vous touchez là, une des clés de notre avenir. L’éducation conditionne l’avenir d’un pays. Et un pays qui ne fait pas de l’éducation sa priorité est un pays qui court à sa perte. Et donc le secteur de l’éducation doit avoir la priorité sur toutes les politiques publiques. Je dis souvent que l’éducation nationale au Bénin doit changer de paradigme. Nous sommes dans une situation où malgré le dévouement des enseignants de tous ordres, nous formons des jeunes qui sont voués au chômage. L’éducation et l’emploi des jeunes vont de pair. Parce qu’on éduque pour quelque chose. Et je pense que le secteur de l’éducation doit être revisité. Il y a une claire inadéquation entre ce que nous enseignons dans nos écoles et le marché de l’emploi et le marché du travail. Nous ne devons pas limiter le marché du travail au Bénin. Nous devons voir le marché du travail dans la sous-région. Je pense qu’avec les spécialistes du secteur, nous devons au niveau d’abord de l’enseignement supérieur, revoir complètement l’enseignement supérieur, revoir les filières. Il y a quelques mois, j’ai fait faire un sondage dans les universités privées de Cotonou où on interroge nos sœurs qui y vont pour savoir quelles sont les filières. 90% disent nous faisons markéting et communication. Mais combien y-a-t-il d’entreprises sur la place pour embaucher autant de nos sœurs qui étudient markéting et communication ? Donc cela veut dire que nous devons revoir complètement les filières et faire en sorte que les filières correspondent davantage au marché de l’emploi. Nous avons aussi un autre problème qu’il nous faut voir de manière très claire. Quels sont les secteurs porteurs d’avenir aujourd’hui dans notre pays ? Ce sont les services, mais aussi les nouvelles technologies. Donc nous devons encourager et valoriser dans l’éducation, nationale, les secteurs technologiques qui permettre de positionner notre pays, mais de faire en sorte que beaucoup d’entreprises de pointe puissent se délocaliser chez nous, parce que n’aurait la main d’œuvre qualifiée. Mais aussi le secteur de service, parce que le Bénin est un pays de service. Si nous formons conformément aux besoins du marché du travail, alors nos jeunes peuvent avoir des chances de trouver du travail. Mais là je ne parle que de ceux qui vont jusqu’au niveau de l’enseignement supérieur. Mais il a aussi nos frères et sœurs qui sortent du système éducatif sans qualification. Nos frères et sœurs qui en quatrième ou qui en seconde abandonnent, parce que les parents, parfois n’ont plus de moyens. Ces enfants du Bénin ne doivent pas être abandonnés. C’est pour cela que je propose que l’éducation soit obligatoire et gratuite jusqu’à l’âge de 16 ans. Tout enfant Béninois, garçon comme fille, doit aller à l’école et l’Etat doit les prendre en charge jusqu’à l’âge de 16 ans. Deuxièmement, je propose que l’orientation de nos enfants se fasse de manière plus précoce. C’est-à-dire que dès l’entrée en sixième ou lorsqu’on détecte l’aptitude d’un enfant, l’orienter vers l’enseignement général ou l’enseignement professionnel afin de réduire le nombre de nos enfants qui sortent du système éducatif sans qualification. Mais je voudrais aussi parler de nos frères et sœurs qui suivent la voie de l’apprentissage. Je considère d’ailleurs que c’est à tort que l’on considère que nos frères et sœurs qui sont apprentis ou qui ont de l’emploi par l’apprentissage comme la voie de ceux qui n’ont pas réussi. C’est faux, c’est une erreur. Et donc, je propose que l’apprentissage face désormais partie de l’éducation nationale. Mais alors, il reste la question fondamentale de comment soutenir l’emploi des jeunes. Si nous formons les jeunes dans nos universités, nous les formons à l’entreprenariat, mais lorsqu’ils vont dans les banques pour emprunter de l’argent, la banque ne leur en prête pas parce qu’ils n’ont pas de garanties à présenter. C’est pour cela que je propose avec force et je m’engage à créer une banque de la jeunesse. Une banque spécialisée dans le financement de l’activité des jeunes. Une banque qui non seulement financera l’entreprenariat des jeunes, mais aussi accompagnera les jeunes. Nous sommes dans un système avec le Fnpej et autres où c’est vrai, c’est bien. Mais le niveau de crédit accordé aux jeunes ne leur permet pas vraiment d’entreprendre quelque chose de solide et de durable. Et donc cette horde de jeunes que je soutiens mais avec force parce que je crois fermement permettre de créer les conditions pour que les jeunes créent des entreprises. Vous savez, les startups qui se créent dans le monde, c’est par des jeunes. Simplement parce que dans ces pays-là, les banques font confiances aux jeunes. Facebook, twitter, toutes ces choses-là sont créées par des jeunes, parce qu’on leur a fait confiance. Je veux faire confiance aux jeunes. Je refuse que l’on dise que les jeunes béninois sont inconscients et qu’on ne peut pas leur faire confiance. Oui Général Fernand Amoussou, toutes les fois que je vous ai rencontré, vous avez toujours mis un accent particulier sur la question de l’unité nationale. Pourquoi cette question vous préoccupe-t-elle si tant ? -C’est une question qui me tient beaucoup à cœur. L’unité nationale est la base de tout. Je suis le produit de l’unité nationale. Fernand Amoussou qui vous parle est un orphelin très jeune à l’âge de trois ans. Et quand j’ai perdu ma mère, j’ai fait le cours primaire grâce à la solidarité à Azovè dans le village. Il y avait dans ce village des Adja, des Fons, mais aussi des gens d’autres régions. Et c’est cette communauté qui m’a soutenu, jusqu’à ce que j’ai passé l’entrée en sixième pour arriver ici (Cotonou, NDLR). Mais c’est aussi l’unité nationale à travers la République qui m’a donné ma chance et j’ai fait mes sept ans d’études secondaires à l’internat. Je suis un produit de l’unité nationale. Mais aussi ma carrière militaire m’a appris que le Bénin n’a progressé que lorsque ses filles et ses fils sont unis. C’est pour cela que toute ma carrière, j’ai toujours veillé à préserver dans tous mes actes, l’unité nationale ; faire en sorte que tous les enfants du Bénin aient les mêmes chances, aient les mêmes opportunités. Mais ensuite, j’ai vécu et travaillé de jour comme de nuit auprès du Président Mathieu Kérékou qui unanimement est reconnu comme l’icône, le chantre de l’unité nationale. Nous devons combattre avec force tous les propos, tous les comportements qui divisent ; qui nous font croire que nous sommes différents. Non ! Nous ne sommes pas différents. Nous sommes du même pays, nous sommes des frères et sœurs et nous devons continuer à vivre ensemble, dans notre diversité. L’unité nationale ne se décrète pas en Conseil des ministres. L’unité nationale ne s’impose pas. L’unité nationale se nourrit et se construit du sort qui est fait à chaque enfant du Bénin. Chaque enfant du Bénin qui se sent considéré, qui se sent pris en charge par la communauté nationale, donc qui se sent solidaire et membre à part entière de la communauté nationale. C’est cela l’unité nationale. Mais l’unité nationale, permettez-moi de le dire est la condition de la paix. La violence intervient lorsqu’il y a rupture dans l’unité nationale. -Vous avez l’impression qu’il y a rupture à l’étape actuelle des choses ? - Je considère et ce serait faire économie de vérité que de ne pas le dire, qu’il y a eu ces dernières années dans notre pays, des propos et des comportements susceptibles de créer des fissures dans l’unité nationale. -Sécurité, économie, santé, éducation nationale, mais tout ça ne portera des fruits que lorsque nous sommes dans une sphère de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. Qu’est-ce que vous promettez aux Béninois une fois arrivée au pouvoir en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption ? -Vous abordez là la clé de nos problèmes dans ce pays. Au Bénin il y a de l’argent. Il y en a tellement que les gens détournent tout le temps, mais il y en a toujours. Cela veut dire que nous sommes dans un pays où il y a de l’argent. Nous sommes aussi dans un pays où il y a des hommes et des femmes prêts à travailler. Il y en a tellement que beaucoup de nos jeunes sont au chômage. Grâce à Dieu, nous sommes en paix. Alors, comment se fait-il qu’il y ait de l’argent au Bénin ; qu’il y ait des personnes pour travailler au Bénin ; qu’il y ait la paix au Bénin et pourtant nous connaissons tant de difficultés. C’est à cause de la gouvernance. Et donc, nous ne pouvons progresser dans notre pays qu’en mettant l’accent sur la gouvernance. C’est pour cela que je dis souvent que le poisson pourrit par la tête. L’essentiel aujourd’hui, c’est de faire en sorte que la tête au Bénin, soit une tête elle-même saine qui refuse de pourrir et qui refuse aux autres parties du corps de pourrir. C’est pour cela que je m’engage à faire du prochain mandat présidentiel, celui de l’intégrité et de l’exemplarité des dirigeants. L’on est chef par l’exemple. Et ensuite, je m’engage avec force et avec détermination à mettre fin à l’impunité. Le vrai problème que nous avons dans notre pays et qui fait que la corruption gangrène tous les secteurs, c’est l’impunité. On ne punit pas ceux qui volent, notre argent. Et donc je m’engage à prendre ceux qui volent l’argent des Béninois. C’est pour cela que je propose une révision du statut pénal du chef de l’Etat et des ministres. Cela veut dire quoi ? Aujourd’hui, lorsque les dirigeants commettent des crimes de cette nature-là, il y a tout un processus à l’Assemblée, car la Haute Cour de justice est un organe constitutionnel, afin de les mettre en accusation. Mais le processus est trop long. Un voleur, c’est un voleur. Si quelqu’un vole l’argent du peuple, le code pénal dans notre pays, prévoit ce qu’il faut faire. Et donc je veux mettre fin à la situation qui fait que le citoyen qui vole une mobylette ou un bœuf, il va en prison, mais le l’autre citoyen qui vole l’argent public, dans son cas on dit on va regarder si on va l’envoyer en prison. Je veux y mettre fin pour que tous les Béninois soient égaux devant la loi. -Général Fernand Amoussou, il y a une question que les Béninois se posent. Vous savez que le pays est politiquement loti, comment comptez-vous gagner une échéance présidentielle, alors que visiblement, vous n’avez pas de leaders politiques forts avec vous. -Je me réjouis de constater que vous avez dit visiblement. Evidemment que j’ai beaucoup d’acteurs économiques, d’hommes et de femmes politiques qui depuis deux ans me soutiennent. Sont dans l’action quotidienne avec moi. Sont sur le terrain avec moi. Ce ne sont pas les grandes déclarations qui font la politique. Je voudrais profiter de votre antenne pour remercier toutes les femmes, tous les hommes politiques qui sont engagés à mes côtés depuis deux années. Ils sont des députés, ils sont des maires, ils sont des anciens députés, des anciens maires. Mais je voudrais aussi faire remarquer que le pouvoir appartient au peuple. Le pouvoir n’appartient pas aux hommes politiques. Le pouvoir n’appartient pas à une fraction du peuple. Le pouvoir appartient au peuple. J’émane du peuple, j’ai toujours servi le peuple. Je veux continuer de servir mes compatriotes. Je suis à leur service. Mais je suis déterminé à continuer de les servir. - Il y a cette alliance autour de Lionel Zinsou. Une alliance composée des Forces cauris pour un Bénin émergent, du Prd et de la Renaissance du Bénin. Vous avez des frissons vous aussi ? Non. Je n’ai aucunement de frissons du tout. Vous voyez bien que depuis qu’ils ont annoncé l’alliance je me porte très, très bien. Vous ne le voyez pas. Peut-être que comme on est dans une radio, mes compatriotes ne voient pas que j’ai un visage radieux. Mais non, parce que je l’ai dit tantôt, le peuple béninois est un peuple mature. Le peuple béninois est un peuple ingénieux. Le peuple béninois vous savez sa caractéristique ? la caractéristique du peuple béninois est de surprendre. Je sais qu’il y aura des surprises. Il y aura des surprises, simplement parce que ceux qui souffrent, ceux et celles qui souffrent, ce sont les Béninoises et les Béninois. Et c’est eux qui éliront le président de la République qui va mettre fin à leur souffrance. C’est de ça qu’il s’agit. Et donc, moi je n’ai pas de commentaire particulier à faire par rapport à cette alliance autre que j’ai été relativement étonné de constater que ce ne sont pas les partis politiques eux-mêmes qui ont annoncé leur soutien. Ça m’a paru un peu curieux. (…), car l’habitude dans notre pays est que les partis fassent des déclarations -Est-ce que vous ne craignez pas le KO en faveur de Lionel ZInsou -Il est absolument nécessaire pour la paix dans notre pays, pour la tranquillité des Béninois que les élections se fassent dans de bonnes conditions, de crédibilité. (…), Ce sont les Béninois qui en décideront (le KO, NDLR). Ceux sur quoi j’insiste, c’est que nous ayons des élections crédibles, transparentes pour garantir la paix dans notre pays. -Général Fernand Amoussou, un mot pour conclure cet entretien - Je voudrais réaffirmer à mes compatriotes que toute ma vie j’ai été à leur service. Ma vie a été consacrée au Bénin et aux Béninois. Je veux simplement leur dire, qu’en décidant d’être candidat à l’élection présidentielle de février 2016, c’est simplement continuer de les servir, avec foi, avec passion, avec détermination, avec courage. Je demande à mes compatriotes de toutes conditions, de toutes régions, de toutes catégories socio-professionnelles, de se mobiliser, de se lever, de se rassembler. Et je leur dis je suis prêt. Je suis prêt à être le rassembleur, je suis prêt à être pour eux, le début du renouveau de notre pays. Je vous remercie.


 
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