S’il y a une chose que le gouvernement et la société béninoise doivent prendre au sérieux, c’est la pratique du journalisme qui utilise comme organe et canal de diffusion des messages, les réseaux sociaux. Ce journalisme anarchique qui s’est émancipé des exigences professionnelles et déontologiques, risquerait si rien n’est fait, de conduire le pays vers le chaos et le désenchantement.
Certains chroniqueurs avancent que le journalisme des réseaux sociaux est né dans l’effervescence de la campagne électorale des dernières élections présidentielles de février-mars 2016. Ces derniers soutiennent que ce sont quelques journalistes qui ont déserté les salles de rédaction pour s’installer dans les réseaux sociaux. Ces journalistes ont réussi à convaincre certains candidats de l’opportunité de communiquer autant à travers les médias classiques que sur les réseaux sociaux. Ils prenaient en exemple la campagne électorale du candidat Barack Obama qui avait le plus utilisé la communication des réseaux sociaux. Ils ont aussi, pour convaincre les dits candidats, expliqué que ce sont les réseaux sociaux qui ont contribué au « succès » des mouvements de protestations dans le Maghreb, connus sous l’appellation de : « printemps ».
Le journalisme des réseaux sociaux voit donc ainsi le jour au cours de cette campagne électorale. Il consistait à vanter les projets de société des candidats et à rendre compte du déroulement de leur campagne électorale. Le succès de cette approche journalistique a fini par installer cette forme de pratique de la profession. Inspirant au passage quelques confrères à se proclamer directeur de publication en créant des organes qui ne sont enregistrés nulle part que sur les réseaux sociaux. Ce sont ces nouveaux organes de presse qui ne paraissent que sur une seule page : « La Une » que la corporation appelle par dérision : « les journaux de Whatsapp ». Il s’est donc développé et installé le journalisme de Whatsapp qui recrute curieusement de nombreux confrères.
Mais ce journalisme atypique est surtout caractérisé par le déni des règles professionnelles et déontologiques. C’est un journalisme utilitariste qui vise le gain par tous les moyens. C’est le siège des maitres chanteurs, des zélateurs, des flagorneurs et des délateurs. C’est donc dire que tous les services sont disponibles, il suffit simplement de passer la commande et de verser le «blé ». Parmi ces services, il y a celui de la promotion des personnalités qui consiste à trouver des arguments pour présenter sous un jour clair une personnalité : ministre, député, maire, conseiller municipal ou opérateur économique. Ce service a son antonyme qui s’appelle service du dénigrement et de la délation. Il a pour mission de peindre en noir une personnalité et de tourner en dérision toutes ses actions.
Ce deuxième service est un véritable caillou dans la chaussure de l’unité nationale et de la cohésion sociale. Les confrères qui travaillent dans ce service, sont particulièrement ingénieux, tant dans l’art de la jonglerie verbale que la production des arguties, c’est-à-dire de faux arguments qu’ils réussissent à donner, que des lecteurs émotionnels, considèrent souvent comme étant de la vérité. Ici tous les arguments sont mis à contribution pour dénigrer, pourfendre, vilipender. Des expressions ubuesques aux propos infâmes, rien n’est épargné pour remplir leur sale besogne. Le député Mitokpè de l’Union fait la nation, a été leur dernière victime de poids en date. Lui qui a été un des invités du rendez-vous hebdomadaire du « Café des Médias » qui se tient tous les vendredis à la maison des Médias.
Le député Mitokpè qui a ardemment défendu le régime Talon, arguant au passage que le ministre des transports a été très tendre dans ses propos à Tourou, a quand même pour nuancer, relever quelques points qu’il trouve que le régime doit revoir. En évoquant par exemple, l’absence de dialogue entre le régime et les députés qui soutiennent ce régime. Mais les spécialistes de la délation sur Whatsapp, ont réussi à travestir ses propos, en démontrant plutôt qu’il est contre le régime et qu’il en veut à Talon. Une pratique connue en journalisme sous l’appellation de : « charcuterie de l’information » qui consiste à découper la partie choisie et qui peut permettre d’étayer son argument. Tronquant ainsi l’esprit et l’objectivité des propos. Ce journalisme opportuniste et intéressé qui prend de plus en plus de l’ampleur, est une véritable poudrière donc l’explosion sera regrettable pour tous.