Madame Styline Agbazahou échange avec des adolescentes
rnLa prévalence du Vih Sida au plan national stable autour de 1,2%, (rapport du Programme santé de lutte contre le sida, Psls en 2017) cache beaucoup de disparités et montre combien les adolescents, qui représentent 26% de la population, sont exposés. Cette situation de vulnérabilité de cette couche de la Nation interpelle chacun à quelque niveau qu'il soit. rn
La prévalence du Vih/Sida prend de l'ampleur dans le rang des jeunes. Cette situation compromet leur bien-être et leur potentiel. Pour Dr Nicole Paqui, médecin chargé du Vih/Sida au bureau Unicef-Bénin, bien que la prévalence du Vih soit relativement faible au niveau de cette couche (0.3%), la situation des adolescents est préoccupante. Pour étayer ses propos, elle s'appuie sur le rapport de l'Enquête de surveillance de deuxième génération (Esdg 2017). «La connaissance approfondie du Vih chez les adolescents/jeunes de 15 à 24 ans s'est effondrée passant de 60.9% en 2015 à 10.5% en 2017. Les jeunes de 15 à 19 ans, ont une connaissance plus faible (10,4%) par rapport à ceux de 20-24 ans (15,5%) », a-t-elle ajouté. rnLa même source renseigne que le taux d'utilisation de préservatifs a drastiquement régressé. Il a chuté de 36% contre 45% en 2015. Toutefois, Adrien D., âgé de 18 ans, en classe de 1ère A au 'Ceg Les Cocotiers'' à Porto-Novo et certains de ses amis font école dans le cas d'espèce ; même s'ils ont précocement commencé la pratique sexuelle avec prudence. « Moi, j'ai commencé les rapports sexuels en classe de 3ème en 2016 (donc à 16 ans, Ndlr). J'ai beaucoup d'amies, élèves. Mais, je me protège chaque fois si je dois aller au sexe», a confié Adrien. rnLe rapport préliminaire de l'Edv confirme davantage leur niveau de vulnérabilité : « Les jeunes constituent plus de 50% de la population de Personnes vivant avec des Personnes vivant avec le Vih (Ppvih) et les femmes sont majoritaires. 62 % des femmes et 80 % des hommes n'ont jamais effectué de test du Vih ». Ce qui signifie, que cette maladie est peu connue ou non prise au sérieux par les jeunes. Du coup, ils sont menacés. Contrairement à cet élève, Nelly P., 17 ans, apprentie coiffeuse à Tokpota et René K., 19 ans, ouvrier-menuiser, à Ouando et Viviane K., 21 ans, revendeuse à Tokpota-Porto-Novo, ne doutent point de l'existence du Vih Sida, mais ils ont une connaissance très limitée de ses dégâts et se livrent aux actes sexuels incontrôlés. « On m'a dit que le Sida tue, mais je ne sais pas comment il se manifeste », a laissé entendre René. K. Pour Nelly, mère d'un garçon, c'est son deuxième acte, qui lui a coûté malheureusement la grossesse. rnConfirmant cette épée de Damoclès qui plane sur les jeunes, des structures gouvernementales rassurent que des efforts se font davantage, pour inverser la tendance. « C'est vrai, les jeunes adolescents constituent une cible exposée aux Vih Sida, IST/MST, grossesses précoces... Mais, dans les 1,2% de prévalence au plan national, il faut retenir qu'on n'a pas encore un pourcentage réel et définitif les concernant», a précisé Docteur Aboki Koudjo, infectiologue et responsable du Centre d'informations, de prospective, d'écoute et de conseil (Cipec) à Porto-Novo. La présence des Clubs Amour et vie dans les écoles pour sensibiliser les élèves sur la thématique est l'une des actions selon lui. Il a ajouté qu'une enquête sur les adolescents est actuellement commanditée par le Conseil national de lutte contre le sida la tuberculose et le paludisme et les épidémies (Cnls/Tpe) avec l'appui de l'Unicef et l'Onusida. « C'est donc, après le rapport définitif qu'on pourra mieux apprécier la situation», a-t-il rassuré. rnrnIl est donc clair que malgré ces actions, la jeunesse semble ne pas être encore à l'abri des menaces du Vih Sida, selon Styline Agbazahou, Sage-femme, Spécialiste en Santé Communautaire, Consultante en Santé Sexuelle et reproductive des Adolescents et Jeunes au Programme Amour &Vie de l'Abms à Dangbo. Sauvons donc les adolescents !rnrnrn
Antonin HOUNGBADJI