"Le slogan plus haut, plus fort, plus grand, décidément leur colle bien à la peau !" se chuchotent nombre d’acteurs du landerneau politique du Bénin après le double exploit réalisé, en l’espace de cinquante jours, par le Parti du Renouveau démocratique (PRD).
Le 30 octobre 2021, en effet, le PRD célébrait l’édition 2021 de son université de vacances dans la pure tradition de son génie en matière d’organisation d’événements politiques. Le thème de cette activité avait un intérêt certain pour toutes les couches la nation, en particulier pour les plus vulnérables qui faisaient, depuis un moment, grise mine.
L’objectif principal était d’extraire le volet social du nouveau programme d’actions du gouvernement, d’en analyser le contenu sous le prisme des Objectifs du développement durable des Nations unies (ODD), et d’étudier les opportunités du projet ARCH pour nos concitoyens. Le PRD avait spécifiquement expliqué à l’opinion publique que si le chef de l’État avait fait la déclaration, le jour de l’investiture, de placer son deuxième mandat sous le signe du social, c’est sans doute parce qu’il sait que l’opinion publique nationale s’était méprise sur la dimension sociale de sa politique au cours du premier mandat.
Ce faisant, le PRD a justifié qu’il ne méconnait pas, le fait que la politique du président Patrice Talon, depuis son avènement, s’est inscrite dans la dynamique des réformes structurelles qui favorisent à la fois la croissance et réduisent l’exclusion sociale. L’accès de tous à l’eau potable, la généralisation progressive des cantines scolaires et l’Assurance pour le renforcement du capital humain (ARCH) participent, pour lui, de cette vision, tant le paquet de services que constitue le projet ARCH est, sans conteste, de nature à sortir une couche importante de la population de la précarité. Aussi faudrait-il, selon le PRD, d’abord produire pour faire du social avec le fruit de la production.
Le président de la République l’aurait envoyée en mission de vulgarisation du volet social de son deuxième programme d’action du gouvernement que la plus vieille et la plus percutante des formations politiques du pays ne s’y prendrait pas autrement. L’éclat de l’événement aurait été encore plus retentissant si le chef de l’État avait pu ajouter la cerise sur le gâteau en intervenant directement lui-même, depuis le Palais de la Présidence par une ou deux précisions importantes. Il le pourrait d’autant que l’activité se déroulait sur plusieurs sites à l’intérieur et à l’extérieur du pays par visioconférence.
Comme si le gouvernement devait se dépêcher de corroborer la pertinence du thème de cette université de vacances du PRD et montrer l’intérêt que l’activité politique revêtait pour lui, le Conseil des ministres avait approuvé, le mercredi 15 décembre 2021, le programme d’action gouvernemental 2021-2026 dont 32% du coût global sont réservés pour les actions sociales, soit la somme de trois mille sept cent soixante-dix-neuf (3779) milliards de nos francs. Concomitamment, la mise en œuvre de la réforme structurelle du secteur de la décentralisation devrait améliorer le pouvoir d’achat au Bénin et, ainsi, y relancer la consommation.
Le 19 décembre 2021, soit cinquante jours après la tenue de l’édition 2021 de son université de vacances, le PRD tenait son cinquième congrès ordinaire par visioconférence avec pour site central son temple qui trône sur l’artère principale de la ville capitale, Porto-Novo. Là aussi, les tchoco-tchoco avaient mis les petits plats dans les grands, comme pour montrer que l’adversité agit en eux comme un roboratif. Rien n’avait en effet été négligé. Le point des activités des quatre années du mandat des dirigeants de ce parti avait été passé au peigne fin par la deuxième personnalité du parti, le secrétaire général.
Ce congrès du Parti du Renouveau démocratique se tient dans un contexte difficile mais ouvrant de véritables défis, notamment celui de jeter les bases de la consolidation après les soubresauts et assauts qu’il a subis. Un an en effet avant les législatives, il lui faudra mettre à profit ce temps de réflexion collective pour analyser au mieux le contexte, le sens des mutations à l’œuvre dans le pays, en déduire la stratégie la plus efficace pour retrouver sa place sur l’échiquier politique national et, ainsi, être éligible au financement des partis politiques.
Le clou de la journée fut, sans conteste, le discours d’orientation du président du parti, Maître Adrien Houngbédji. Comme pour annoncer son départ de la tête du parti, il avait tressé des lauriers à la formation politique qu’il dirige depuis trente-deux ans, dérogeant ainsi, pour une fois, à l’humilité et à la modestie qui le caractérisent. L’on pouvait l’entendre dire, à juste raison : "Au regard des expériences réunies dans cette salle, et dans d’autres salles reliées à celle-ci par visioconférence; au regard de notre diversité générationnelle, de nos diversités professionnelles, et au regard de notre dénominateur commun qu’est le PRD, c’est un moment d’échange extraordinaire qui nous attend, et qui se prolongera bien au delà de cette seule journée, dans un combat quotidien, courageux, obstiné pour la réalisation concrète de notre idéal, c’est-à-dire l’enracinement de la démocratie, le triomphe de l’état de droit dans notre pays, le respect des libertés fondamentales d’opinion, de pensée, de croire ou ne pas croire, etc…"
Le combat que cette formation politique a mené a plu et continue de plaire à beaucoup de nos concitoyens. La meilleure preuve est que seuls contre tous, il avait fait élire des députés dans cinq des six départements que comptait notre pays en 1995. Seuls et sans détenir le moindre pouvoir, il avait été faiseur de roi à la présidentielle de 1996, puis finaliste aux élections présidentielles de 2006 et 2011.
Et comme si cela ne suffisait pas, le président du PRD avait été hissé trois fois à la présidence de l’Assemblée nationale, non pas par la force d’une majorité mécanique qu’il n’avait jamais eue, mais grâce au consensus qu’il réussissait à réaliser avec d’autres forces qui l’appuyaient. Aucun parti du pays n’a eu un palmarès aussi reluisant !
Eraciné désormais dans la mouvance présidentielle depuis le 6 février 2021 à son dernier congrès extraordinaire, et à la dernière élection présidentielle du 11 avril 2021, puis fort de sa représentation au gouvernement avec le portefeuille de la Décentralisation et de la Gouvernance locale, le PRD semble avoir en main une belle carte pour jouer la diplomatie politique afin de gommer la part d’iniquité révélée par la mise en oeuvre de la réforme du système partisan qu’il avait fortement souhaitée, appuyée, mais finalement dévoyée à des fins politiciennes. C’est l’un des préalables à accomplir pour briller à nouveau de mille feux sur l’échiquier politique national, et dans les institutions républicaines. C’est ce qu’il faut comprendre, lorsque le vieux sage déclamait, dans son discours iaugural :
"En démocratie, chacun doit occuper la place que lui accorde le suffrage des électeurs.
…Oui, pour réussir le pari de la remontada, le PRD doit cesser d’être regardé comme une enclave, mais plutôt comme la vitrine et l’expression de la diversité de notre peuple.
Il nous en coûtera certainement. Mais cette mutation est nécessaire pour sceller le retour du débat démocratique sain ; pour sceller le respect plein et entier des expressions contradictoires de notre peuple qui, dans sa diversité et ses différences, doit rester uni et continuer de travailler au renforcement de son unité.
…Je mesure combien vous êtes jaloux des marques que nous laissons dans la conscience politique de notre pays. Au-delà des passions, la marque que nous laissons est la marque de la tolérance, de la magnanimité, de la paix.
Soyez donc sans crainte… Un jour viendra. Ne baissez pas les bras… Un jour viendra. Gardons la ligne !
Ce jour viendra parce que nous constituons une chance pour le Bénin.
Ces exhortations du président du PRD aux militants devraient être entendues par l’ensemble de la classe politique comme le tocsin de la raison. En effet, l’affaiblissement du PRD pourrait engendrer la vacuité du débat politique dans l’arène politique national.
Le passage du témoin du président Houngbédji à la tête du parti ne relève pas de sa volonté propre, mais de celle des militants pour qui l’heure n’est pas encore venue. Il a, selon eux, une portée spirituelle, car il s’agit de tuteuriser l’arc-en-ciel. Et, là aussi, un jour viendra !
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