L'avant-première de quatre spectacles de danse restitue dans la soirée du samedi 19 Mars 2022 à Walô Dance Center, une serie de formations en danse au profit de treize danseurs. Une activité majeure du programme Refresher Course de la Fondation Le Grand Cru sur financement du Ministère de l'étranger du Pays-Bas à travers la Nuffic. Ces danseurs ont révélé au parterre d'invités, quatre tableaux différents de chorégraphies qui traitent des questions des droits humains.

Les spectacles "sans toi, je suis moi" de Dénise Ishola, "Algorithme" de Lucrèce Atchadé, "le bien et le mal" de Bonaventure Sossou et "opprimés" de Doégam Atrokpo présentent comme dans un miroir, le reflet de la société déchue. Il n'y a que la conscience qui interpelle chacun des spectateurs ayant vécu ces quatre chorégraphies thématisées. Des chorégraphies en phase avec la vision de Walô et de la Fondation Le Grand Cru qu'est l'éducation par la danse. Et c'est d'ailleurs la raison d'être du programme Refresher Course qui a permis à 13 danseurs, débutants comme professionnels d'aller à l'école de quatre formateurs. Il s'agit de Feri de Geus, Noortje Bijvoets, Yusimi Moya Rodriguez et Anne Suurendonk qui au-delà de donner le meilleur d'eux-mêmes aux danseurs ont l'art de dénicher et de valoriser le meilleur de chaque danseur. Répartis en quatre groupes, deux quators, un trio et un duo, les 13 danseurs ont tenu en haleine le public par leur art. Les quatre spectacles ont en commun le mixage des danses traditionnelles, modernes et contemporaines. Et plus encore, la clarté des gestuelles et mouvements corporels qui en lien avec quelques propos audibles sous fond de musique,  permet à tous spectateurs avisés ou non, des enfants comme adultes, de comprendre et de saisir les messages véhiculés.

Questionnements, chocs, et espoirs

Au-delà de la beauté de sa chorégraphie fortement dominée par les danses traditionnelles, Denise Ishola montre dans le spectacle "sans toi, je suis moi", certaines réalités des foyers où la femme marginalisée n'a d'autre choix que de prendre son destin en main, d'abord son propre développement professionnel et personnel. Mais aussi pour l'équilibre de la famille dans le suivi de l'éducation des enfants. Le hic est au niveau choix presque radical de la chorégraphe qui peint une société sans hommes responsables et attentionnés puis sans des femmes épanouies et heureuses.  

Avec "Algorithme" la chorégraphe, lucrèce Atchadé donne de la matière à réflexion à propos de l'usage contre-produtif des réseaux sociaux qui au lieu d'être un outil de travail devient un outil de destruction des jeunes, de la famille et de la société. Surtout avec la dignité brisée des femmes qui voient leur intimité exhibée à forte audience sur les réseaux sociaux. Ce qui à première vue choque et qui peut être un questionnement, c'est la fin du spectacle par le suicide de la victime. Seulement, pour un spectacle qui a pour vocation de sensibiliser dans le bon sens, ce choix de la chorégraphe Lucrèce Atchadé peut évoluer pour redonner de l'espoir. 

Pas d'accusés ni d'accusateurs. "Le bien et le mal" du chorégraphe Bonaventure Sossou met à nu les racines de toutes les formes d'injustice que la société expérimente. Ce spectacle a le potentiel d'interpeler chaque spectateur sur sa manière d'être un vrai artisan pour la restauration des relations humaines à travers la valorisation de l'Amour, la Paix et l'Harmonie dans les us et coutumes.

Le trio dirigé par Doégam Atrokpo, se fait l'avocat des "Opprimés" dans leur création chorégraphique. Ici, les danseurs appellent au bon sens dans les relations employeurs-employés de manière à accorder de l'importance à leur santé, leur intégrité physique, leur dignité et leur condition de travail. Sauf que la chorégraphie présente les victimes comme des marionnettes sans âme ni volonté, donc incapables d'oser se soustraire de ce système de l'exploitation de l'homme par l'homme afin d'être autonomes.