Le SG du Ministère des affaires étrangères prononçant son discours
Le 9 mai, Journée de l'Europe, n'est pas passée sous silence au Bénin. L'Union européenne a organisé une fête le jeudi dernier. Occasion de passer en revue les relations entre l'Union Européenne et le Bénin.
A travers la fête de l'Europe, l'Union européenne entend réaffirmer son ambition de travailler sur les questions de sécurité au Bénin. A cet effet, un projet pour prévenir à la radicalisation et un autre pour aider à sécuriser les frontières au Nord du Bénin ont été envisagées, leur mise en oeuvre en devient de plus urgente à la lumière de ce qui s'est passé. Outre cela, un dialogue a été lancé avec le soutien Chambre de commerce européenne sur les obstacles à l'investissement européen au Bénin. L'objectif est d'explorer comment le plan d'investissement européen et les futures modalités de la coopération annoncée par le Président Juncker dans ses propositions pour une Alliance avec l'Afrique de septembre dernier, peuvent, grâce au crédit bancaire plus accessible, soutenir le dynamisme du secteur privé.
Procédant au lancement de la manifestation, le Représentant résident de l'Union Européenne a laissé entendre qu'une relation fondée essentiellement sur l'aide au développement, comme par le passé, ne la satisfait plus. Selon ses propos, il faut que la relation entre l'Union Européenne et le Bénin change. A cet effet, un dialogue entre eux de nature plus politique, plus axé sur des questions d'intérêt commun comme justement la sécurité et l'investissement. « On a commencé, c'est bien ; il nous reste pourtant du chemin à faire », a-t-il ajouté. Par ailleurs, le Représentant résident de l'Ue a souligné que sa structure aujourd'hui est une réalité politique forte, trop forte au goût de certains, y compris au sein de nos propres pays et notamment d'une majorité en Grande- Bretagne qui fait pourtant à cet égard figure d'exception. Il n'a pas aussi manqué de préciser que si le droit est un fondement si durable, c'est parce qu'il s'inscrit dans la liberté, la liberté politique et humaine fondamentale de pouvoir dire ce que l'on pense, de voter librement, de manifester librement, de s'unir librement. « Cette liberté-là, une liberté conçue dans une vision forte des droits de l'homme est au coeur du projet européen, qui a été fondé en opposition directe et fondamentale à tous ceux qui aiment la force et la domination », a-t-il conclu
Fête de l'Europe, le 9 mai 2019
Cotonou, Résidence UE
Seule la version prononcée fait foi.
Excellence Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, Chef
de la Délégation gouvernementale,
Excellences Madame et Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres XXXXX
(Liste)
Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de mission
diplomatiques,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique,
Autres dignitaires,
Chers concitoyens européens,
Chers invités,
Mesdames et Messieurs,
· Avant que je ne prononce mon discours, je souhaite observer avec vous
un moment de silence à la mémoire de M. Fiacre Gbédji, le guide béninois
tué lors de l'attaque au Parc de la Pendjari.
· On célèbre aujourd'hui le 9 mai, Journée de l'Europe, le coeur serré,
après le terrible évènement au Nord du Bénin, dans le Parc de la Pendjari. On
pense à ce guide, sauvagement assassiné, on pense à ses collègues qui
craignent pour leur avenir, leur subsistance. On a peur, une peur hélas
légitime, pour nos compatriotes, deux français, disparus et pour leur sort. On
connaît évidemment aussi l'importance du potentiel impact sur le tourisme, et
on sait la place qu'occupe le Parc de la Pendjari dans les projets du
gouvernement au titre de PAG. Je me tourne donc vers vous, M. le Ministre,
pour exprimer notre compassion et je vous prie de transmettre ce message au
Président de la République, Son Excellence Patrice Talon, et à travers lui, à
tous les Béninois. On sera toujours à côté du Bénin pour lutter contre les
menaces contre la sécurité, contre des dangers qui nous visent tous.
· Déjà avant cet évènement pourtant, nous avions annulé la semaine de
l'Europe, car après les violences qui se sont déroulées à Cotonou suite aux
élections législatives, notre coeur n'était déjà pas à la fête. Cette semaine de
l'Europe aurait été dédiée dans une large mesure à la culture qui, tout en
montrant nos différences, les célèbre justement dans un esprit de dialogue et
de curiosité. Elle n'aura pas eu lieu, cette semaine, comme n'aura pas non
plus lieu le petit concert de jazz prévu ce soir.
· On a juste maintenu, même si on réduit le temps dédié au vernissage,
l'exposition de l'artiste Thierry Oussou avec son partenaire E. Boko, artiste
artisan, car ils ont investi beaucoup de travail et de moyens propres dans la
préparation. C'est Thierry Oussou qui a conçu l'exposition, lui le très moderne
et expressionniste artiste déjà reconnu à l'international. C'est lui qui a choisi
d'intégrer le travail de son ami E. Boko dans un ensemble qui confronte la
peinture moderne à ses origines au Bénin, à l'artisanat traditionnel, à la
matière, au bois. Thierry, fidèle au Bénin, est aussi une personne intimement
liée à l'Europe en tant que résident du Rijskmuseum, une des plus
prestigieuses institutions culturelles du monde. Thierry vous expliquera
volontiers, ensemble avec Elias, son concept après cette cérémonie, à
l'intérieur de la Résidence.
Mesdames et Messieurs, chers invités
· La coopération, les relations internationales, ce sont aussi, peut-être
surtout, les hommes, et voilà ce qui nous avait amené à vouloir mettre la
culture au centre, car c'est leur culture qui souvent touche le plus le coeur des
hommes.
· Dans cette cérémonie au ton plus sobre et plus grave que je n'aurais
voulu, je voudrais évoquer brièvement les relations de l'Union européenne
avec le Bénin.
· Notre ambition de travailler ensemble sur les questions de sécurité a
porté des fruits. Un projet pour prévenir la radicalisation et un autre pour aider
à sécuriser les frontières au Nord du Bénin ont été agréés; leur mise en oeuvre
ne devient que plus urgente à la lumière de ce qui vient de se passer.
· Nous avons lancé un dialogue, avec le soutien de et en soutien à la
Chambre de commerce européenne dont je salue le travail, sur les obstacles à
l'investissement européen au Bénin, et je remercie les autorités béninoises, et
notamment le BAI, et l'APIEX pour leur ouverture d'esprit et leur écoute.
Nous explorons comment le plan d'investissement européen et les futures
modalités de la coopération annoncés par le Président Juncker dans ses
propositions pour une Alliance avec l'Afrique de septembre dernier, peuvent,
grâce au crédit bancaire plus accessible, soutenir le dynamisme du secteur
privé. Et nous continuons la mise en oeuvre d'un programme de coopération
qui sur 7 ans mobilisera presque 250 milliards de francs CFA pour le Bénin.
· Soyons clair toutefois : une relation fondée essentiellement sur l'aide au
développement, comme par le passé, ne nous satisfait plus. L'Union
européenne a profondément changé, l'Afrique a profondément changé, le
Bénin change profondément, il faut que la relation entre l'UE et le Bénin
change aussi. On a initié un dialogue entre nous de nature plus politique, plus
axé sur des questions d'intérêt commun comme justement la sécurité et
l'investissement. On a commencé, c'est bien ; il nous reste pourtant du
chemin à faire.
Mesdames et Messieurs, chers invités
· Je voudrais avant de conclure dire quelques mots sur le sens de cette
Europe que nous célébrons aujourd'hui, le 9 mai, journée de l'Europe; jour ou
Robert Schuman lança l'idée d'un projet d'unification européenne fondée sur
une vraie solidarité entre les peuples européens. Je veux être court, au risque
d'être quelque peu réducteur. Je veux dire que l'Union européenne
aujourd'hui est une réalité politique forte, trop forte au goût de certains, y
compris au sein de nos propres pays et notamment d'une majorité en Grande-
Bretagne qui fait pourtant à cet égard figure d'exception. La crise de 2008 a
laissé beaucoup de mécontentement partout; en Angleterre s'y ajoute, surtout
parmi une certaine génération, le sentiment d'être à part, trop différent. Sur le
continent, les sondages indiquent que partout, même si on critique les
instances de Bruxelles, et elles le méritent parfois, le sentiment d'une
appartenance commune à l'Europe domine plus largement que jamais. Les
difficultés du Brexit montrent une vérité évidente : l'Europe c'est un ensemble
politique, et non pas une organisation ou même une institution comme on
l'entend trop souvent. On sort facilement d'une organisation, on sort
difficilement d'un destin. Il y a de liens forts désormais entre les pays
européens, des liens très difficiles à défaire, des liens riches, des liens porteurs
d'espoir.
· Ces liens sont forts, parce qu'ils sont faits justement de liberté et de
droit. "Le droit", parce que c'est ce que possèdent les Européens en vertu de
leur citoyenneté européenne : par exemple le droit de travailler, de vivre, de
s'établir dans un autre pays que le leur. Un Européen dans un autre pays que
le sien n'est pas un citoyen national, mais en tant que citoyen européen, il y
est de plein droit, il n'est pas non plus un étranger. C'est cela, l'Europe.
· Si le droit est un fondement si durable, c'est parce qu'il s'inscrit dans la
liberté, la liberté politique et humaine fondamentale de pouvoir dire ce que
l'on pense, de voter librement, de manifester librement, de s'unir librement.
Cette liberté-là, une liberté conçue dans une vision forte des droits de
l'homme est au coeur du projet européen, qui a été fondé en opposition directe
et fondamentale à tous ceux qui aiment la force et la domination.
· Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs, chers invités
· Vive la République du Bénin, vive l'Europe et vive avant tout la liberté.
· Je vous remercie.
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Jean DOSSOU