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Le DG/ANAEPMR sur la web émission ‘’ASKGOUV’’
‘’ La vision est de donner l’eau potable à tous d’ici 2021’’


Le Directeur général de l’Agence nationale de l’eau était l’invité de la web émission ‘’ASKGOUV’’ du jeudi 17 octobre dernier. Comme il est de coutume sur cette émission, les internautes ont posé plusieurs questions à l’invité qui a apporté des réponses pour éclairer la lanterne de ses compatriotes. Pour lui, la vision du gouvernement, « est de donner de l’eau potable à tout le monde d’ici 2021 ». C’est pourquoi, une agence spéciale dédiée à cet objectif a été créée. Le gouvernement en manifestant sa volonté a pu au plan national et international, mobiliser les ressources  financières conséquentes. Ce qui fait dire au Directeur que 2020 sera une année durant laquelle, de nombreux chantiers de production et de distribution d’eau potable seront ouverts.

Lisez ci-dessous l’intégralité de ses réponses aux questions et inquiétudes des internautes sur l’accès à l’eau potable au Bénin.

Quelle est la vision du Gouvernement pour l’eau potable en milieu rurale ?

 La vision du Gouvernement pour l’eau potable en milieu rural, est une vision nouvelle, simple et claire qui a motivé la création de l’Agence que je dirige depuis septembre 2017 et qui a la lourde mission d’atteindre les objectifs du développement durable avant 2030. Nous nous y attelons assez méthodiquement. La vision du Gouvernement vient de l’état des lieux que nous sommes venus constater à notre prise de service en septembre 2017. La vision est de donner de l’eau potable à tout le monde d’ici 2021. Mais donner de l’eau potable d’ici 2021, ce n’est pas construire des équipements, des châteaux. C’est toute une réforme sectorielle, un nouveau cadre de gouvernance, une nouvelle façon de gérer les équipements qui seront construits à coût de milliards de Fcfa.

 

 Qu’est-ce qui change depuis la création de l’Agence ?

 

Il est vrai qu’on ne voit pas des choses visibles mais énormément de choses ont été faites. Donc dans cette vision de couverture en maillant l’ensemble du territoire, nous ne pouvons pas y aller sans méthode, et sans partenariat avec les communes. Sans cela, nous ne pouvons pas y arriver. C’est ce que nous avons essayé de faire dès le départ en dotant le pays d’une Stratégie nationale, d’un Plan d’investissement national qui maille le territoire et qui a été converti en un Programme national que nous avons appelé « Programme national d’accès universel en eau potable en milieu rural ». Ce programme est financé dans des proportions assez satisfaisantes qui nous permettent aujourd’hui d’avancer avec des perspectives intéressantes de couverture avant terme.

 Aujourd’hui est-ce que le rêve d’être à un taux de déserte de 100% d’ici 2021 peut être concrétisé ?

 

 

 

Je pense que la vision avec les moyens et les conditions dans lesquelles nous travaillons nous amène à faire la promesse qu’en 2021, le bilan sera un bilan reluisant par rapport à ce que nous sommes venus voir. D’où on est-ce qu’on est parti pour pouvoir rêver d’un accès universel d’ici 2021 ?

Le taux de déserte en juin 2017, quand nous étions en train de faire la stratégie pour pouvoir pondre un Programme national d’investissement, était autour de 42%. Ce n’était pas ce qui était annoncé quand on était arrivé. A notre arrivée, on avait pensé qu’avec les taux qui étaient affiché (69.7%) le gap à rattraper n’était pas important. Quand on a fait le diagnostic du pays et qu’on est allé voir ce qui se passe sur le terrain, qu’on a inventorié et qu’on a requestionné l‘état de fonctionnement de ces anciens ouvrages, les 42% d’offre de service public que nous avons à travers les équipements existants peuvent être moindres si on intègre les taux de panne. L’état des lieux n’est pas reluisant. Avec la maitrise du patrimoine que nous avons actuellement nous avons 649 adductions d’eau villageoise, 180 postes d’eau autonomes, 12009 forages. La plupart des ouvrages sont dans un état de fonctionnement pas correct. Le taux de panne est important et peut avoisiner un chiffre supérieur à 25%. Ces pannes sont liées essentiellement au cadre de gouvernance des ouvrages existants. La gestion n’est pas professionnelle. Elle est un peu hasardeuse. Les délégataires qui gèrent ces ouvrages en affermage depuis 2007 ne sont pas dans des liens contractuels solides.  Les obligations contractuelles ne sont pas respectées.  Les redevances ne sont pas effectives, les redevances qui devraient servir à mettre de l’argent de côté pour pouvoir effectuer les renouvellements et les réparations quand c’est nécessaire ne sont pas effectives. Donc l’état des lieux est quelque chose qui renforce même la position du Gouvernement de décider, même en complétant l’équipement existant qui sera réhabilité, de confier la gestion à des professionnels.

 

Quelle est la vision du Gouvernement pour l’affermage des Adductions d’eau villageoise et ou on sommes-nous à la date d’aujourd’hui ?

A la date d’aujourd’hui, nous sommes sur la très bonne piste. Parallèlement, comme je l’ai dit l’accès universel n’est pas seulement des forages, des stations de pompage, des châteaux d’eau, mais c’est aussi garantir la qualité de service qui soit à la hauteur des attentes et qui soit professionnelle. C’est pour cela que la professionnalisation est un sujet très important. il n’est pas courant qu’on professionnalise la gestion de l’offre de service public eau potable en milieu rural dans un pays sur l’ensemble du territoire de façon systématique. Je viens d’un milieu où j’ai travaillé sur ces sujets pendant des années. Je ne connais pas de pays africains où la professionnalisation à l’echelle du pays a été pensée, structurée conceptualisée et organisée. C’est ce que nous sommes en train de faire. Mailler non seulement le territoire avec des équipements structurants, parce qu’à la fin 612 systèmes multi-villageois seront construits et viendront progressivement compléter ce qui existe déjà. Il y aura donc plusieurs options. Il ne s’agit pas exclusivement du système multi-villageois mais confier la gestion des équipements structurants à des opérateurs professionnels. Où en sommes-nous ?  Nous avons décidé de faire une transaction. La transaction est de faire des contrats d’affermages dignes de ce nom selon les règles de l’art en définissant clairement les périmètres. Nous avons organisé le Bénin en trois périmètres. Nous avons fait de sorte que ces trois périmètres soient attractifs pour les opérateurs professionnels en mixant les zones plus attractives avec les zones les moins attractives de façon à ce qu’aucune portion du territoire ne soit sous la gestion d’un opérateur professionnel. Nous avions organisé à Cotonou en juin 2019 une publicité à l’échelle du monde pour cette délégation de gestion des ouvrages. Nous avons eu sur la place, une vingtaine de firmes professionnelles qui sont venues au Bénin pendant cette journée d’information pour s’informer de ce que nous voulons faire et qui ont remarqué l’ampleur de l’innovation et de la gouvernance que nous sommes en train d’introduire dans ce secteur en le transformant.

A date, nous avons fini la phase de préqualification des firmes qui peuvent compétir de façon transparente dans une sélection par appel d’offres ouvert à l’international. Nous avons eu le nombre de firmes qu’il faut pour pouvoir aller de l’avant. Prochainement, nous allons lancer l’appel d’offres international avec des consortiums qui ne sont pas qu’étrangers. Nous avons vu des firmes qui se sont associées aux entrepreneurs et aux fermiers locaux qui étaient déjà dans le métier pour venir à la préqualification. Cela veut dire qu’on ne délègue pas la gestion de ces équipements qu’à des étrangers. Les locaux ont su s’allier avec les internationaux qui arrivent pour qu’il y ait un transfert de compétence dans la façon dont ces équipements seront gérés avec un respect strict des obligations contractuelles par l’autorité contractante qu’est l’Etat béninois et ces opérateurs qui sont des opérateurs privés.

 

 

Comment la maintenance et l’entretien des ouvrages se font aujourd’hui ?

Aujourd’hui nous avons  67 petits fermiers qui gèrent les 649 adductions d’eau villageoise existantes.  Mais ils ne sont pas dans des liens contractuels solides si bien que les problèmes de maintenance, de réparation et d’entretien, de renouvellement se posent. C’est cela qui dégrade le taux de desserte réel et si on ne fait pas vite, en installant ces opérateurs professionnels que nous sommes en train de recruter, le taux peut encore se dégrader. 

Combien de temps faut-il pour qu’une réparation soit faite quand une AEV tombe en panne ?

Si un opérateur professionnel est sur une AEV, il n’est pas dans son intérêt que l’AEV tombe en panne, qu’il y ait des fuites et que les factures ne soient pas recouvrées. La réparation devrait être une affaire d’heures. Mais elle est une affaire de semaine, de mois, voire d’abandon. C’est toutes ces situations que nous sommes en train de repenser avec les communes pour régler ces problèmes. Je vais lever un point de précision de vocabulaire. Il n’y aura pas de concessionnaires dans le milieu rural parce que la délégation de la gestion des ouvrages publics à un privé peut revêtir plusieurs formes.  La concession, c’est lorsque vous transférez les risques de construction et d’investissement au privé qui va recouvrer sa mise, donc il va la reporter sur le tarif. Ceci fait que le tarif usager à la fin peut exclure les pauvres.  Le Gouvernement en toute responsabilité n’a pas voulu aller à la concession. Il a opté pour l’affermage où on appelle simplement un opérateur privé qui gère les équipements publics qui appartiennent à l’Etat. L’Etat le rémunère pour le risque d’exploitation, de maintenance et de renouvellement de certains équipements de façon à ce que sa rémunération ne pèse pas sur le tarif par rapport aux usagers.

Donc, nous sommes en affermage et sur les trois périmètres on aura les fermiers professionnels. Je rassure qu’il n’y aura pas de concession. Cette délégation que nous faisons par affermage va concerner tous les équipements structurants qui sont sur le territoire.

Pourquoi les pompes à motricité humaine sont du ressort des communes et non de l’Agence ?

Il y a plusieurs technologies de fourniture de service. Vous avez les adductions d’eau villageoises, les postes d’eau autonomes, les forages équipés de pompes à motricité humaine. Le Gouvernement dans sa vision future et dans son souci d’équité dans la redistribution de la richesse est en train de faire la promotion de l’amélioration de la qualité de service d’eau potable en milieu rural. Le Gouvernement ambitionne que d’ici-là l’on cesse de voir nos mamans, nos sœurs, porter l’eau sur la tête dans des bassines. Quand on met à disposition des pompes à motricité humaine cela veut dire que l’eau est quelque part dans le village et les populations vont vers ces points d’eau. Lorsqu’on met l’eau dans des bisons ou dans des bassines l’eau n’est plus forcément potable. L’idée n’est pas qu’on arrête le fonctionnement des 12.000 forages équipés de pompes à motricité humaine existants, au contraire qu’on essaie de les faire entretenir par le cadre d’entretien et de maintenance des ouvrages simples qui est un cadre actuellement géré par les communes avec ses délégataires de façon à ce que ces ouvrages continuent de fournir le service en complément des postes d’eau autonomes et des adductions d’eau villageoises qui seront confiés à des opérateurs professionnels de façon à ce que progressivement les populations quittent ces services de moindre qualité fournis par les pompes à motricité humaine vers ceux fournis par les ouvrages plus évolués qui sont de meilleure qualité et permettent d’avoir des branchements dans des concessions à des prix que nous allons subventionner.

Pourquoi on ne permet pas aux villageois d’avoir des pompes dans leur maison comme en ville ?

C’est l’option que nous sommes en train de faire. Vous allez voir dans les mois et années à venir que pour avoir un branchement particulier dans un ménage en milieu rural, le coût du branchement sera autour de 20.000 FCFA. Cela permet à n’importe quel ménage, s’il s’organise, d’avoir accès à un service amélioré avec un robinet dans la concession. Tout ce que je dis peut paraître du rêve. Certains peuvent se dire d’où tout cela vient ? Est-ce qu’ils l’ont testé quelque part ?

Citez-nous des zones qui ont bénéficié de phase pilote à cette échelle d’amélioration du niveau de service en milieu rural ?

Je vais communiquer des adresses mails sur le site de l’émission. Ou si vous allez sur Google vous tapez mon nom Sylvain Adokpo-Migan ou PPP eau potable rurale Bénin, vous allez tomber sur des publications de tout ce qui a été fait en pilote ou ce schéma que je suis en train de vous décrire et qui sera généralisé sur l’ensemble du pays avec la vision du Gouvernement de maillage du territoire et de délégation de service,  vous allez constater que nous avons trois sites au Bénin  où c’est déjà une réalité.  Vous allez dans la Commune de Sakété, vous allez voir qu’à partir des AEV existantes, les opérateurs privés sont sous contrat et améliorent le service en fournissant de l’eau à l’échelle des concessions. Vous allez à Gogounou vous allez voir la même chose. Vous allez à Zogbodomey, vous allez voir la même chose. Donc, on a fait ce pilote pour voir si le modèle que nous proposons est possible. On s’est rendu compte après quelques années que c’est quelque chose qui est faisable. Les gens peuvent avoir l’eau potable chez eux en milieu rural. Des opérateurs peuvent gérer comme il faut, ce service tout en remplissant les obligations contractuelles et que le tarif peut être amoindri. Donc, il y a de la documentation. Si vous êtes sur le territoire, faites un tour dans ces zones et vous allez voir que c’est possible et généralisable

Quel est le mode de financement et qu’en est-il du coût des infrastructures ?

J’ai parlé du mode de gestion des AEV qui est l’affermage qui en cours depuis 2017. Le mode de financement des AEV aujourd’hui c’est l’Etat. Ce sont les fonds publics. Nous avons un programme d’investissement lourd qui va consister à construire 612 systèmes d’alimentation en eau potable multi village, le Programme d’investissement que nous avons aujourd’hui engage déjà 166 de ces systèmes avec un montant de 187 milliards FCFA qui seront engagés sur le Programme d’investissement à court terme. L’effort de mobilisation de ressources est sans précédent. Dans le secteur de l’eau potable en milieu rural où on n’a jamais exécuté plus de 10 milliards FCFA par an dans l’histoire du secteur. Nous sommes en train d’engager des montants inégalés de façon annuelle. Ce sont des engagements lourds. Nous sommes loin de tout ce qui a été fait jusqu’à aujourd’hui et nous sommes en train de mailler le territoire à ce rythme. Et l’effort de mobilisation de ressources se poursuit.

Comment s’organise le remboursement des emprunts publics contractés par l’Etat pour réaliser ces ouvrages ?

Il est de la responsabilité de l’Etat dans ce secteur social de mobiliser les ressources pour permettre à ce que les populations puissent avoir l’eau potable à moindre coût.  C’est pour cela qu’on ne peut y aller de façon préférentielle que par les fonds publics. Mais ce n’est pas n’importe quel type d’endettement. Nous avons aujourd’hui à peu près, l’équivalent de 400 millions de dollars mobilisés. Tous les montages financiers que nous avons eu à faire avec le Gouvernement pour pouvoir mobiliser en moins d’un an ces ressources pour pouvoir engager le programme d’investissement de l’accès universel de l’eau potable en milieu rural, vous n’avez aucun prêt dont le taux d’intérêt dépasse 2%.  Nous n’avons aucun montage financier dont la période de grâce est inférieur à 5 ans et nous n’avons aucun financement dont le délai de remboursement est inférieur à 30 ans. Cela veut dire quoi ? il se dégage dans cette forme de mobilisation des ressources de financement, des éléments de don qui sont entre 60 et 70%. Donc on se préoccupe de la capacité d’endettement en n’allant pas sur le marché financier ou commercial mais en ayant recours aux financements de type concessionnel qui nous permettent vraiment de régler un problème social qui est un problème d’équité nationale et d’amélioration des conditions de vie de nos citoyens des zones rurales.

Combien coûte une AEV actuellement au Bénin ?

Les coûts sont variables. Nous avons des AEV qui peuvent coûter 600 millions de la même façon nous avons des AEV qui peuvent coûter 2 milliards Fcfa. Tout dépend de la taille et de la conformation du système qui veut être construit. Il y a quelque chose de très important qu’il faut garder. Nous avons essayé de calculer dans la conception du dimensionnement de nos ouvrages, le coût par tête de la construction d’une AEV et on s’est fixé des limites. Le ratio aujourd’hui pour un service amélioré en milieu rural dans ce que nous sommes en train de faire est de ne pas dépasser 60.000 Fcfa par tête. Nous avons réglé les problèmes de stratégie, d’investissement et pour une première fois au Bénin, nous avons défini les directives nationales de conception, de dimensionnement et de coût de ces ouvrages. Nous avons également défini une stratégie et défini un guide référentiel pour les études d’impacts environnementaux et sociaux. Selon les normes de dimensionnement, le ratio où on ne dépasse pas 60.000 Fcfa par tête constitue des normes de dimensionnement des ouvrages que nous sommes en train de faire réaliser. On a fait de l’optimisation et sur des programmes cette optimisation nous permet aujourd’hui d’avoir des coûts proches de 50000 voire 45000 FCFA par tête.

Combien coûte un litre d’eau en milieu rural ? Est-ce que les populations ont les moyens de payer les tarifs pratiqués. Quel sera le coût du mètre cube après l’atteinte des ODD au Bénin ?

Le coût du service se construit et dans le coût réel de service, vous avez globalement 4 choses. Vous avez les investissements, la rémunération de celui qui va fournir le service, le renouvellement et la part de patrimoine qui vont aux entités qui organisent le service que sont les communes, l’Agence afin qu’elles continuent de faire le travail qu’ils sont en train de faire. Généralement dans le principe de « l’eau paie l’eau », chaque mètre cube d’eau fourni permet d’alimenter différents comptes pour rendre le secteur viable et équilibré. Donc, le coût du mètre cube d’eau doit tenir compte de ces rubriques qui sont des pourcentages qui permettent de constituer le prix moyen. Mais le prix moyen n’est pas forcément le prix usager. L’Etat peut décider de prendre à son compte un certain nombre de coût de façon à permettre aux usagers d’avoir un accès aux services. C’est exactement ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui.  La compétition que nous sommes en train d’organiser est que les opérateurs privés régionaux qui seront recrutés, après appel d’offre permettra de connaitre le montant de leur rémunération au mètre cube pour le travail qu’ils feront pour maintenir entretenir et fournir le service. C’est le prix exploitant. C’est un coût qu’il faut isoler parce que c’est le prix que l’opérateur entend percevoir en termes de rémunération pour livrer un service de qualité. A ce prix exploitant se rajoute les trois autres éléments que j’ai eu à citer. Mais l’Etat peut décider par exemple pour les investissements structurants de mettre à son compte et non dans le prix usager même si c’est contenu dans le prix moyen. Nous nous sommes assis avec le Gouvernement pour conceptualiser les choses afin qu’elles soient transparentes. Nous attendons si avec les simulations, nous arrivons à savoir ce qu’un opérateur peut percevoir en termes de rémunération (je ne vais pas vous le dévoiler car nous le savons toute raison garder avec nos propres modélisations financières), et après en toute responsabilité avec l’Etat nous allons voir ce qu’on rajoute au prix exploitant pour constituer le tarif usager qui va être le coût qui revient au consommateur pour avoir un litre d’eau ou un mettre cube d’eau. Mais aujourd’hui, je vous dirai quelque chose qui va vous étonner. Les populations rurales du Bénin ont l’eau potable plus cher que les populations des zones urbaines. En zone urbaine nous avons l’eau potable autour de 435-450 Fcfa le mètre cube pour les tranches usuelles. En zone rurale, les populations ont l’eau potable entre 800 et 1000 Fcfa le mètre cube à l’achat. La réforme que nous sommes en train de produire et l’approche que nous sommes en train de suivre à travers la délégation de gestion des opérateurs professionnelle avec une maîtrise des simulations financière des coûts et des risques que nous voulons transférer à ces opérateurs, feront que d’une façon ou d’une autre, le tarif usager en milieu rural ne peut que baisser. Soyez certains que si nous arrivons au bout de cette réforme que les 800 Fcfa et 1000 le mètre cube pratiqués actuellement sur le terrain seront du passé. Nous allons passer à des tarifs responsables. Des tarifs qui tiennent compte de l’équité nationale et qui feront que les populations des zones rurales ne paieront pas l’eau plus cher que celles des zones urbaines.

 

 

Quel est rôle des communes et du patrimoine ?

En avril 2018 nous avions signé une convention cadre avec l’ensemble des 74 communes rurales su Bénin, qui permet aujourd’hui d’utiliser l’ANAEPMR pour développer de façon massive, les équipements d’accès à l’eau potable mais aussi d’organiser l’accès à ces équipements. Aussi, il n’est plus à démontrer l’importance et le rôle des communes dans la résolution des difficultés de nos populations. Et dans cette convention cadre, des engagements mutuels ont été pris et les communes ont des rôles précis et qui leur permettent de travailler avec nous pour pouvoir résoudre durable cette question.

A qui reviennent les ouvrages que le Gouvernement construit et est-il possible de transférer les ouvrages aux communes ?

Les communes sont la continuité de l’Etat et sont le public. Les ouvrages appartiendront à l’Etat. Ce sont des ouvrages publics et les communes et l’Etat s’entendront pour transférer la gestion à des opérateurs qui ne deviendront jamais des propriétaires de ces ouvrages. C’est un patrimoine public mais ils vont utiliser les installations pour pouvoir fournir un service public durable aux populations tout en respectant les clauses contractuelles qui les lient au public. Donc quant à la question relative au transfert Etat-communes, il faut juste retenir que les ouvrages restent publics et appartiennent à l’Etat.

Quels sont les moyens de contrôle dont dispose l’Agence sur le territoire national pour exercer un contrôle sur l’ensemble du patrimoine et quelle est la structure qui fera le suivi technique lorsque l’Agence va disparaître ?

L’Agence ne disparaitra pas.  Elle peut revêtir d’autres formes parce que nous sommes dans une réforme et les choses évoluent. Aujourd’hui l’Agence n’est qu’une Agence d’exécution qui n’a que deux missions : développer de façon rapide et massive le patrimoine et organiser la gestion.

Demain, les communes et le Gouvernement peuvent définir une autre stratégie dans le cadre de la continuité de cette réforme qui fera que le patrimoine public de l’hydraulique soit maitrisé. Dans certains pays pour le faire, on met en place des Sociétés de patrimoine à qui l’Etat transfère un certain nombre de risques et d’obligations tel que le service de la dette, le financement en plus la surveillance de la délégation de ces équipements. On n’en est pas là.  Pour le moment nous sommes dans la phase de construction de l’organisation et de la gestion. Donc, l’Agence n’est pas éternelle et ne va pas rester dans la forme actuelle de façon éternelle. Elle peut disparaitre, se transformer pour remplir d’autres fonctions qui sont différentes des fonctions actuelles.  

Nous avons deux moyens pour le contrôle. Le premier moyen, ce sont des moyens classiques. L’Agence n’est pas déconcentrée. On travaille avec les services déconcentrés de l’eau qui sont dans chaque département et nous sommes en train de formaliser ce relais de terrain pour qu’ils soient nos yeux et nos oreilles sur le terrain.

Par rapport à la gestion par les opérateurs privés que nous sommes en train de recruter, nous avons complètement la maitrise de l’exploitation et du patrimoine parce qu’on innove. Les 649 systèmes sont numérisés et connus et l’exploitation qui en est faite est remontée au fur et à mesure en temps réel sur une plateforme numérique avec des terminaux mobiles. Mieux, nous avons aujourd’hui sur cette plateforme la maitrise du portefeuille clients. Nous connaissons tous les clients et tous les robinets qui sont dans la nature. Nous sommes à l’aise aujourd’hui pour parler du patrimoine. En un clic vous, vous pouvez voir sur votre ordinateur, le nombre d’AEV, le taux de desserte réelle parce qu’aujourd’hui avec une gestion rationnelle, sans rien faire on peut passer à 52.28%. Aujourd’hui nous connaissons le nombre de châteaux d’eau que nous avons dans le pays. Ils sont de 653. Nous avons 740 types d’énergie et nous connaissons le nombre exact de robinets pouvant desservir en milieu rural. Il est de 16.956 robinets. On n’a jamais eu dans ce pays, cette précision dans la maitrise du patrimoine. C’est en connaissance de cause que nous déléguons le patrimoine. Nous savons ce qu’on délègue et dans quel état et on peut leur prescrire des attentes que nous sommes en droit d’espérer lorsqu’ils vont utiliser ces équipements que nous maitrisons.  Rassurez-vous, nous sommes en pleine innovation. On n’a pas besoin d’envoyer quelqu’un en mission avec des voitures pour voir ce qui se passe. Sur la plateforme on peut avoir toutes les informations liées au patrimoine mais également l’exploitation qui est faite de ces équipements qui sont des équipements publics.

Les communes aussi seront au courant lorsque nous allons lancer cette plateforme afin que tout le monde soit au courant de ce qui se passe en toute transparence. C’est l’une des facettes de la réforme. C’est la transparence et un meilleur cadre de gouvernance. C’est cela qui nous a crédibilisé et a fait qu’aujourd’hui nous avons 5 gros partenaires financiers qui sont revenus alors qu’en 2017 on avait zéro bailleur.

 

Quelles sont les relations que vous entretenez avec les ONG ? Est-ce qu’on peut mieux les organiser ?

Dans les affaires étatiques, nous avons privilégié les associations de consommateurs d’eau potable qui sont là pour faire la veille citoyenne et pour remonter plaintes et griefs pour que nous puissions en tenir compte pour mieux travailler avec les observateurs que nous avons sur le terrain. Maintenant quand les autres ONG nous invitent, nous participons à leurs activités. C’est un secteur que le Ministère de l’Eau va organiser. Dans ce secteur on ne peut plus faire ce qu’on veut. Nous avons des normes, des directives. Les ONG qui opèrent seront obligées de se conformer aux directives. Nos portes sont ouvertes et nous sommes ouverts à travailler avec eux dans le sens des directives et des réformes.

Qu’en est-il avec la normalisation ?

Tout est normé. Les normes seront validées, disséminées et vulgarisées pour que les institutions non étatiques puissent en prendre connaissance. Il y a beaucoup de choses que nous allons publier par rapport à la normalisation.

Quid de l’hydraulique urbaine ?

L’ANAEPMR a compétence en milieu rural même si on travaille en symbiose avec la SONEB. Parce que dans l’une de nos options technologiques, on n’est pas forcé d’avoir de forages pour alimenter toutes nos adductions. Si la ressource en eau est disponible dans le champ de captage de la SONEB et qu’elle peut dans les limites de ses besoins et de ses disponibilités nous fournir de l’eau, nous pouvons nous passer de prendre des forages spécifiques et prendre l’eau en gros à la SONEB er alimenter les systèmes.

Qu’est-ce qui se passe à Savalou et à Parakou ?

A Savalou, les gens n’ont plus l’eau. C’est une situation connue. Le Gouvernement a engagé en urgence un projet qui consiste à renforcer la production sur le réseau de Savalou. Ce projet suit son cours. Les forages ont été exécutés et actuellement la SONEB est en train de procéder avec les entreprises aux travaux d’injection qui vont faire effet d’ici-là et qui sont en cours et qui vont permettre de pallier les problèmes à Savalou en entendant la mise en œuvre d’un projet plus important du Gouvernement, qui est imminent et qui prendra la suite. A Parakou, un projet est également en cours avec la SONEB par le Gouvernement dans la ville depuis quelques mois. Il est en réception provisoire suivi de mise en service en ce mois d’octobre. Je crois qu’à la fin de ce mois les problèmes qui ont été soulevés par rapport à la situation à Parakou seront réglés.

Nous sommes restés cachés pour faire un travail de fond. Nous avons fini les premières campagnes de forage. On passe en génie dans la plupart des sites dans lesquels nous sommes. Par exemple à Tchaourou, à Bembèrèkè et dans le zou, dans l’Ouémé nous sommes en train de passer en génie et cela va être continuel jusqu’en 2021. Nous allons mettre tout le pays en chantier. 2020 sera une année de chantier. 2020 sera une année des châteaux et des réseaux. 



gouv.bj
 
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