Godomey /Commune d'Abomey-Calavi: La place des fêtes en chantier vient de s'effondre
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Rupture An 4 : Secteur de la santé
Benjamin Hounkpatin expose le nouveau visage du secteur
Photos Dr
Benjamin Hounkpatin ministre de la santé.


Déjà 4 ans que le gouvernement du Président Patrice TALON a fait la promesse de mieux être aux béninois. Pour y arriver, des chantiers ont été ouverts ; des changements ont été annoncés et des réformes sont intervenues pour donner un nouveau visage au secteur santé de notre pays. Avec le Professeur Benjamin HOUNKPATIN, un bilan a été fait. Quel est l’impact réel des réformes engagées dans le quotidien des béninois ?

Journaliste : Monsieur le Ministre, cette émission se tient à un moment où le monde entier fait face à la pandémie du Covid-19. Nous dénombrons déjà quelques dizaines de cas confirmés au Bénin. Pourquoi l'épidémie progresse alors que le Gouvernement a mis en place quand même un certain nombre de dispositifs pour freiner sa propagation?

Benjamin HOUNKPATIN : Merci. L'épidémie progresse parce que, comme nous l'avions souligné à plusieurs reprises, il s'agit essentiellement des cas importés. Il faut comprendre que l'épidémie a démarré dans d'autres pays. A ce jour, nous accueillons nos compatriotes et d’autres personnes qui viennent dans le pays. Il est constaté que ces personnes, pour la majorité, sont des cas positifs.  Il faut dire que les derniers cas qui ont été relevés sont des cas qui ont été notés chez des sujets qui ont été mis en quarantaine sur décision du Gouvernement et qui, avant leur sortie, ont bénéficié d’une analyse systématique pour pouvoir vérifier leur statut avant de les faire passer dans la communauté. Ces analyses ont révélé, malgré l’absence de signes, 3 cas positifs.

Avec la progression au niveau des cas confirmés, on a l’impression qu’il y a une grosse difficulté à gérer l’épidémie. Quels sont vos commentaires ?

Il n’y a pas du tout de difficultés à gérer l’épidémie dans notre pays. Le nombre de cas progresse certes mais c’est totalement sous maîtrise. Ce ne sont pas des cas qui nous échappent. Cela s’explique d’abord par le fait que le système de surveillance épidémiologique est robuste et bien en place. Nous arrivons également à contrôler tous les cas contacts de ces cas positifs puisqu’ils sont systématiquement mis en quarantaine et suivis pendant la période nécessaire avant d’être sortis. Donc, pour nous, la situation épidémiologique paraît stable et le dispositif qui est mis en place est efficace.

Nous avons des sujets qui sont venus de voyage, nous avons des compatriotes qui sont venus de voyage et revenus chez eux et nous avons l’obligation de leur assurer un accueil et les mettre dans les conditions qu’il faut pour qu’ils retournent dans leur famille. C’est ce dispositif que le Gouvernement a mis en place. Nous les accueillons certes mais nous n’excluons pas qu’ils aient pu être contaminés avant de venir. Là, avec la mise en quarantaine systématique et les prescriptions d’auto-isolement qui avaient été déjà recommandées par le Gouvernement avant même que les premiers cas ne soient constatés, nous avions espéré pouvoir contrôler totalement la situation.

Il est vrai que certains sujets n’ont pas respecté les prescriptions d’auto-isolement. C’est vraiment la question majeure qui nous a beaucoup préoccupés parce que lorsqu’ils ne respectent pas la prescription d’auto-isolement et qu’ils sont découvert positifs, cela augmente sensiblement le nombre de contacts. Parfois nous allons jusqu’à 100 contacts pour un seul sujet. Il faut tous les retrouver, les mettre systématiquement en quarantaine et les suivre pendant la période d’observation nécessaire. C’est cela un peu la difficulté mais je peux vous rassurer que les équipes du système de santé sont toujours à pied d’œuvre et contrôlent la situation.

Les Béninois sont quand même inquiets par rapport à la fragilité de notre système de santé

J’en suis tout à fait conscient. Quand on regarde les images qui passent sur nos chaînes actuellement avec ces décès, et tous ces appareils qui sont mis en branle pour sauver des vies, on se dit, au regard de ce que nos systèmes de santé en Afrique sont, que cela pourrait être une véritable catastrophe. Mais il y a des éléments majeurs dont il faut tenir compte.

Le premier élément majeur, c’est la jeunesse de la population africaine. Nous avons une population relativement jeune qui pourrait nous permettre de ne pas avoir beaucoup de décès comme cela se voit dans les populations beaucoup plus vieilles. La deuxième chose est que nous avons un système de santé qui, même s’il n’est pas à même de disposer d’autant d’appareils de réanimation, a quand même un avantage. Nous avons eu à faire face pendant ces dernières décennies à de nombreux épisodes d’épidémies qui ont quand même préparé et aguerri les équipes d’intervention au niveau des différents pays à gérer ce genre de situation. C’est un atout majeur que nous exploitons actuellement pour être à même de répondre efficacement à cette épidémie.

L’OMS a prédit un pic au niveau de la confirmation des cas en Afrique. Quelles dispositions prend le Bénin en la matière ?

Le Bénin est en train de prendre des mesures qui lui permettent de s’assurer que les cas sont pris en charge dans un environnement immédiat. Nous avions installé le site de prise en charge de l’Ecole nationale de Police. Nous sommes en train de finaliser la mise en place des sites d’Abomey-Calavi et de Natitingou mais en plus, le Gouvernement s’est engagé depuis quelques jours à dédier exclusivement l’hôpital de zone d’Allada pour la prise en charge des cas.

Déjà, du point de vue de la prise en charge, nous avons les infrastructures nécessaires pour le faire parce que nous avons fait l’option de ne pas prendre en charge des cas au sein de nos structures sanitaires. Si nous faisons entrer des cas positifs au Covid-19 dans les centres de santé, cela pourrait être une catastrophe parce que nos systèmes ne sont pas totalement parés pour faire face à ce genre de situation au sein de nos hôpitaux où les règles d’hygiène ne sont pas toujours strictement respectées. Même si nous faisons un effort pour que chaque agent, chaque acteur, puisse le faire.

La deuxième chose fondamentale est que nous avons établi aujourd’hui un protocole de prise en charge qui, pour nous, paraît répondre parce que les premiers résultats sont assez concluants. Donc les cas dépistés seront pris en charge.

La troisième chose est que nous avons procédé au renforcement des capacités du laboratoire pour être à même de pouvoir augmenter nos capacités de diagnostic. La preuve est que ces derniers jours, nous avons eu à gérer près de 1000 sujets qui sont en quarantaine dans les hôtels. Et c’est au minium 200 prélèvements qui sont réalisés par le seul laboratoire qui est là. Nous avons prévu d’étendre les capacités de ce laboratoire à d’autres laboratoires pour être encore plus optimal dans le diagnostic. Alors, l’arsenal sera très clair : c’est de diagnostiquer et de traiter. Avec cela, nous espérons, même s’il y a une augmentation de cas, pouvoir contrôler un tant soit peu, la situation.

Le Bénin n’est pas à sa première gestion des épidémies. Nous avons connu la fièvre lassa et le choléra. Quels sont les acquis du Bénin en matière d’infrastructures pour faire face à ces genres de catastrophe ?

En matière d’infrastructures, il faut dire qu’effectivement, nous avions eu à faire face à ces épidémies de Lassa et de choléra qui nous ont amenés à mettre en place des dispositifs pour pouvoir accueillir ces cas et les soigner. Nous étions donc déjà habitués aux règles de gestion de façon stricte des cas d’épidémie avec des contagiosités fortes. Cela nous a permis, d’entrée de jeu, de mettre en branle tout le dispositif sur toute l’étendue du territoire national et d’activer ces sites qui étaient déjà identifiés pour la gestion de ces crises sanitaires. Cela est vraiment un atout majeur et aujourd’hui avec l’épidémie de la Covid-19 qui est là, nous nous rendons compte qu’il faut voir plus loin ; ce qui nous pousse à démultiplier les efforts que nous avions déjà en place pour pouvoir faire face au nombre croissant de cas et également à une prise en charge de plus en plus efficiente.

En matière d’infrastructure sanitaire, on a entendu parler de cet hôpital de référence qui sera érigé à Abomey-Calavi. Qu’en est-il réellement ?

L’hôpital de référence d’Abomey-Calavi est en train de devenir tout doucement une réalité. Comme vous avez pu le constater, il y a deux mois, nous avions signé le contrat de construction et là actuellement, nous sommes en train de finaliser les derniers documents et le projet architectural définitif pour rentrer effectivement dans la phase de construction qui sera incessante. Si ce n’était pas l’épidémie de Coronavirus qui est intervenue, nous aurons déjà pu avancer. L’hôpital sera une réalité, c’est un hôpital de référence qui sera l’un des hôpitaux de référence offrant les meilleures capacités aussi bien diagnostiques que thérapeutiques dans la sous-région.

Cet hôpital est encore à l’étape de rêve parce que dans la réalité, on ne voit encore rien

Cela ne saurait tarder. Comme je l’ai dit, l’épidémie de Coronavirus nous a ralentis un tout petit peu mais dans les prochaines semaines, les premiers coups de pioche vont commencer et nous aurons l’occasion de voir ce rêve se transformer en réalité.

Mais dans la foulée, on a noté aussi la réhabilitation de plusieurs hôpitaux

Effectivement, il y avait des structures qui avaient des capacités réduites. Nous avons, à l’occasion des différentes réformes en cours au niveau des hôpitaux, profité pour augmenter les capacités mais également redonner une certaine envergure à ces hôpitaux parce que lorsqu’on vient dans une structure sanitaire et que la présentation n’est pas bonne, on se sent encore plus malade. Il est important, et le Gouvernement a fait cette option, de faire en sorte que les patients, les sujets béninois puissent venir dans des infrastructures sanitaires qui soient vraiment attrayantes, accueillantes. C’est pour cela que nous avons enclenché une série de réhabilitations au niveau d’Abomey-Calavi, de Parakou, de Porto-Novo et du CHD Zou pour ne citer que ceux-là.

Les infrastructures périphériques au niveau des communes et des arrondissements également n’ont pas été en reste. Il y en a qui ont déjà bénéficié de cela, et d’ailleurs, à la suite de la visite des membres de la Commission en charge du contrôle de la qualité des prestations de service qui ont constaté parfois beaucoup de problèmes au niveau des infrastructures. Au détour de leur constat, nous avons procédé à la réhabilitation d’un certain nombre d’infrastructures.

Il semble qu’on oublie le CNHU. Qu’avez-vous prévu concrètement pour cet hôpital ?

Le CNHU n’est pas en reste de cette réhabilitation. Si vous rentrez aujourd’hui au CNHU, vous sentez qu’il y a un changement fondamental. Ce n’est pas le CNHU d’hier que vous voyez aujourd’hui. Déjà au niveau de la présentation, il y a un grand changement et cela continue. Même à l’intérieur, nous sommes en train de faire des travaux pour pouvoir remettre les services aux normes et tout cela pour continuer à apporter des soins de qualité.

Vous savez que le Cnhu aujourd’hui recèle de sommités qu’il y a dans le pays et les populations ne demandent qu’à voir ces sommités. Alors, quand vous venez les voir, il faut qu’ils soient dans un environnement attrayant et accueillant. Il faut pouvoir disposer des infrastructures qu’il faut pour pouvoir rester. Nous sommes en train de travailler d’arrache-pied avec l’équipe de l’hôpital du CNHU pour pouvoir le concrétiser. Le CNHU restera et aura sa fonction dédiée malgré l’existence du CHU de référence d’Abomey-Calavi.

L’autre préoccupation, c’est par rapport aux dialysés. Vous avez entre-temps parlé de la construction d’autres centres pour les dialysés. Qu’en est-il concrètement ?

Ce n’est pas du tout du passé. C’est toujours au présent. Effectivement, nous avons entamé une grande réforme au niveau de la dialyse notamment en termes d’infrastructures où au CNHU, nous allons augmenter la capacité d’accueil déjà réservée aux dialysés. Il y a le centre de Porto-Novo qui est quasiment terminé et il ne reste qu’à équiper. Le centre d’Abomey également qui est terminé et celui de Parakou. Avec ces quatre centres que nous allons totalement mettre en service avec des appareils de dernière génération, nous allons pouvoir assurer de façon optimale la prise en charge des patients dialysés. Il faut dire qu’aujourd’hui, par rapport au nombre de patients dialysés que nous enregistrons, nous n’avons pas encore la capacité suffisante pour les prendre tous en charge donc c’est toujours d’actualité et dans les toute prochaines semaines, cela va pouvoir se concrétiser.

Qu’en est-il concrètement de l’équipement des hôpitaux ?

Il faut dire que beaucoup de choses ont été faites dans ce domaine. Nous avons équipé beaucoup d’infrastructures à travers notamment le programme d’appui à la santé maternelle et infantile qui a équipé quasiment tous les hôpitaux du pays pour la prise en charge de la mère et de l’enfant, mais également en matière d’acquisition de matériels d’équipement et de réanimation.

Il y a eu d’autres acquisitions qui ont été également faites par le Gouvernement en urgence et il y a un certain nombre d’équipements diagnostic notamment l’installation de l’IRM (l’imagerie par résonance magnétique) au niveau du CNHU, la mise en place du scanner de l’hôpital de Porto-Novo qui sont déjà en cours d’installation ; la future installation d’un scanner à Parakou, à Natitingou et à Lokossa dans le Mono en matière d’études diagnostic.

En dehors de cela, le parc échographique du pays a été également renforcé et là actuellement, nous avons un grand projet d’équipement global et de maintenance au niveau de toutes les infrastructures sanitaires du pays. C’est un grand projet qui prend en compte un plan d’équipement assorti d’un plan de maintenance pour lequel nous sommes accompagnés par des consultants. Donc, d’ici au plus 6 mois, nous allons pouvoir disposer de ce plan et maintenant procéder à une acquisition en fonction des besoins de ce plateau technique pour renforcer notre capacité de diagnostic et de prise en charge au niveau de nos hôpitaux.

Les usagers de nos hôpitaux peuvent donc espérer pour bientôt une meilleure accessibilité aux infrastructures et équipements de qualité ?

Absolument. Déjà, ce qui est là n’est pas mal. Avec ce qui est là, nous faisons déjà le nécessaire et les besoins ponctuels sont adressés de façon quotidienne. Au-delà de cela, nous sommes en train de planifier le futur pour véritablement nous assurer que tous les besoins qui doivent être adressés par niveau de la pyramide sanitaire le soient. Et c’est pour cela que ce plan d’équipement va vraiment nous permettre d’avoir une vision sur le long terme en ce qui concerne la mise en place des équipements mais également en termes d’amortissement pour remplacer ces équipements après un certain temps, et en termes de maintenance puisque l’un des problèmes majeurs que nous avons, ce n’est pas si tant d’acquérir des équipements, mais c’est d’assurer leur maintenance préventive et curative. Vous avez des appareils qui ont été acquis à grands frais mais qui, au bout d’un mois, ont été délaissés. La politique du Gouvernement va veiller à ce que cela ne soit plus jamais le cas.

Vous savez, Monsieur le Ministre, que nous n’avons pas d’ingénieurs pour la maintenance de ces appareils…

Le plus important, par rapport à la maintenance, est déjà de disposer de tous les profils d’ingénieurs qu’il faut. Ensuite, il faut avoir des contrats assez subséquents avec tous les fournisseurs qui livrent ces appareils. Cela participe d’un plan global de maintenance. Si vous n’avez pas un plan solide de maintenance aussi bien préventive que curative, vous ne pouvez pas faire face.

Aujourd’hui, l’une des réformes majeures au niveau du secteur sanitaire, c’est de créer l’Agence d’équipement des infrastructures et de la maintenance. Cette agence pourra avoir une meilleure autonomie, disposée des ressources humaines qu’il faut pour assurer une fonction majeure dans notre système sanitaire.

Pourquoi le choix d’une agence ?

Nous avons une Direction qui a montré ses limites parce que l’autonomie n’y est pas, la compétence non plus, les ressources humaines insuffisantes. Il faut pouvoir donner les moyens à l’Agence qui va être créée pour assurer sa mission. C’est pour cela que nous avions fait cette option d’ériger plutôt une agence qui aura beaucoup plus d’autonomie, plus de pouvoir pour agir de façon pertinente et dérouler le plan de maintenance qui sera bientôt mis en place.

Nous sommes toujours dans le futur, Monsieur le Ministre. Normalement, ces réformes devraient permettre de réduire les dépenses de l’Etat par rapport aux évacuations sanitaires…

Nous sommes dans le futur certes, mais il y a beaucoup d’acquis. Nous avons mis en place beaucoup de choses. On n’évacue plus aujourd’hui parce que nous avons acquis des appareils qui permettent de ne plus évacuer. D’ici quelques temps, l’IRM va être terminée. Des patients qu’on évacuait juste pour faire un contrôle IRM ne partiront plus et très bientôt avec l’hôpital de référence cela va être encore mieux. Déjà, par rapport aux évacuations sanitaires, nous avons mis en place une réforme pour assainir au mieux ce qui s’y passait. Par rapport à cela, il faut dire que le coût des évacuations sur le budget de l’Etat était énorme et elles ne sont pas surtout contrôlées. Aujourd’hui, nous avons mis en place un système qui permet de sélectionner effectivement les patients qui ont réellement besoin d’évacuation sanitaire.

Cela voudra-t-il signifier qu’auparavant, il y a des patients qui n’en avaient pas besoin ?

Bien sûr. Si vous prenez un patient qui est au stade terminal d’un cancer et que vous l’évacuez, cela a quel sens ? Pour l’affectif des parents oui, cela a un sens mais pour le système si vous évacuez quelqu’un à coup de vingtaine de millions et qui meurt le lendemain ou deux jours après, vous vous posez beaucoup de questions. Aujourd’hui, on est regardant. Le Conseil national de santé, sous ma présidence, trie les patients qui bénéficieront d’une évacuation avec vraiment quelque chose de plus.

Lorsqu’on envoie des cas et que les médecins des hôpitaux vers lesquels nous les envoyons vous écrivent pour dire « qu’est-ce que vous voulez de nous ?», c’est qu’il y a problème. Ils constatent que c’est déjà fini. Il n’y a plus grand chose à faire. On envoyait des patients pour des pathologies qui sont traitées sur le territoire national. Il y avait du désordre. Donc, aujourd’hui, nous avons organisé correctement les cas d’évacuation.

La deuxième chose est que, par rapport aux hôpitaux d’accueil, cela allait dans tous les sens. L’Etat envoyait de l’argent dans les hôpitaux, cet argent n’était pas totalement dépensé et on ne voyait jamais la couleur de l’argent qui restait. Aujourd’hui, nous avons une seule porte d’entrée. Nous avons signé un contrat avec une seule structure qui nous permet de gérer tous les cas d’évacuation sanitaire déjà au niveau des trois hôpitaux qui se trouvent sur sa plateforme mais également vers d’autres hôpitaux avec lesquels cette structure est partenaire pour pouvoir orienter les cas dont la prise en charge échappe aux hôpitaux initiaux. Nous avons un très bon système aujourd’hui. Nous avons totalement contrôlé les évacuations aussi bien en termes d’effectifs, de pathologies pouvant être évacuées mais également, en termes d’efficience. Des gens vont pour des interventions du cœur et reviennent trois jours ou une semaine après. C’est formidable qu’on ait pu parvenir à ce genre de résultat !

Toujours pour améliorer l’accessibilité des populations aux soins de santé, il y a eu le projet ARCH.  Parlez-nous-en.

Nous avons commencé le volet assurance maladie du Projet ARCH depuis l’année passée. Nous avons commencé par la zone sanitaire Abomey-Calavi-Sô-Ava. Depuis bientôt trois mois, nous nous sommes étendus à la zone sanitaire Dassa-Glazoué et à celle de Djougou-Ouaké-Copargo.

La phase pilote se passe très bien et nous avons pu constater que les populations étaient dans le besoin. Aujourd’hui, nous avons pu constater dans les zones sanitaires de la phase pilote que nous avons beaucoup moins de cas graves d’enfants parce que les parents, dès l’entame, avec ce sésame qui constitue la carte qu’ils ont, viennent consulter tôt et ont les soins assez tôt. Nous avons pu noter également, avec le démarrage du volet assurance maladie de l’ARCH, une augmentation de la fréquentation au niveau des structures. C’est dire que les gens étaient malades mais avaient peur de venir consulter parce que n’ayant pas les moyens. Nous avons pu, depuis le début de cette phase pilote, enregistrer près de 3500 cas dont la majorité sont des cas de paludisme et de dépression respiratoire aigüe et qui ont été correctement pris en charge et, nous tendons tout doucement vers l’évaluation de cette phase pilote pour pouvoir enclencher la phase d’extension.

On peut espérer pour quand cette phase d’extension ?

D’ici la fin de cette année, nous allons la démarrer puisqu’il faut arriver au bout de cette phase pilote, faire l’évaluation, tirer les leçons et enclencher le processus de la phase d’extension.

Qui dit soins de santé dit également les produits pharmaceutiques. Il y a eu plusieurs réformes qui sont passées par là. Nous avons suivi avec beaucoup d’attention le démantèlement du grand marché d’Adjégounlè. Aujourd’hui, qu’est-ce qui se passe réellement dans le secteur ?

Le secteur pharmaceutique a fait l’objet d’une attention particulière. Un gouvernement responsable ne saurait laisser sa populations’empoisonner. C’est ce à quoi on assistait avec ces marchés parallèles qui vendaient du poison à nos populations. Le Gouvernement a pris la mesure des choses et a décrété cette opération d’assainissement du secteur pharmaceutique. Cela s’est bien passé mais c’est une lutte continue. Tous les jours, nous continuons de faire cette lutte.

La deuxième chose fondamentale qu’il y avait eu par rapport à ce secteur, c’est de revoir fondamentalement l’ossature au niveau institutionnel notamment au niveau de l’ordre des pharmaciens mais également au niveau de l’Agence qui s’occupe de la régulation de tout ce qui se passe dans le secteur pharmaceutique. Aujourd’hui, c’est chose faite. L’Agence a été créée, l’ordre a été revu, redimensionné et nous évoluons déjà vers la mise en place du futur ordre des pharmaciens.

En ce qui concerne la lutte contre les faux médicaments, d’aucuns estimaient que les officines de pharmacie étaient également dans le jeu. Y-a-t-il un mécanisme pour contrôler efficacement cela ?

Le Gouvernement, après cette opération, a donné un signal fort à tous ceux qui se livrent à ce trafic. La deuxième chose, nous avons en projet de mettre en place le plus grand laboratoire de contrôle de qualité des produits pharmaceutiques. Mais en attendant que ce laboratoire ne voie le jour avec la nouvelle agence qui sera créée, nous faisons des prélèvements de médicaments systématiquement pour les envoyer au contrôle à l’extérieur, dans les laboratoires pour nous assurer de la qualité des médicaments qui sont servis à nos populations. Ce sont des mesures dissuasives qui permettent de s’assurer que les responsables d’officines qui pourraient tendre à dévier soient maintenus dans la légalité.

L’assainissement passe également par le choix laissé aux médecins entre la clientèle privée et le secteur public. La réforme n’était pas aisée.  Qu’est-ce qui a favorisé l’adhésion des acteurs de la santé à cette réforme ?

Nous étions dans un milieu où il y a beaucoup qui délaissaient le travail dans le secteur public pour se consacrer exclusivement au travail dans le secteur privé et percevaient à la fin de chaque mois leur salaire en tant qu’agent du secteur public. Il y en a qui rentraient à l’hôpital le matin à 8 heures, laissaient leur véhicule dans la cour et partaient par une autre porte pour aller dans une clinique privée. Nous avons pu voir des choses et les malades qui venaient vers les structures publiques pour avoir des soins n’arrivaient pas à l’avoir. C’est tout cela qui a amené le Gouvernement à suspendre temporairement l’autorisation d’exercer en clientèle privée pour les praticiens qui étaient du public.

Cette décision a été très bien suivie et le Gouvernement a eu à mettre en place un certain nombre de mesures pour accompagner la décision de façon à ce que les soins puissent être réellement octroyés aux populations lorsqu’elles viennent au niveau des structures publiques mais aussi que le plateau technique puisse accompagner. Nous avons accompagné cette mesure d’un certain nombre de choses qui permettent aujourd’hui à ces praticiens de pouvoir exercer leur profession dans les conditions souhaitées.

De l’autre côté il y a eu la fermeture des cliniques illégales

Effectivement. Pendant qu’on était en train de demander aux agents de rester dans les structures, dans le même temps, on a entamé la fermeture de toutes ces structures illégales qui officiaient dans l’ombre et tuaient nos populations. Un Gouvernement responsable ne peut pas livrer ses citoyens à l’abattoir. Nous avons résolument pris le taureau par les cornes et procédé à la fermeture,à ce jour, de plus de 2000 structures illégales sur toute l’étendue du territoire national. Et nous avons maintenu la veille constante notamment avec la commission chargée du contrôle de la qualité des soins dans les structures médicales pour nous assurer que dans l’arrière-cour, il ne se passe pas encore des choses. C’est une veille constante, une lutte permanente que nous menons et cette lutte sera résolue, ferme et sans détail pour mettre hors d’état de nuire toutes ces structures qui donnaient la mort aux populations de façon gratuite.

Quel toilettage vous permettra de réussir votre mission ?

Dans un premier temps, nous avons pris la mesure des choses au niveau du Gouvernement. Nous avons compris que dans le secteur santé, on ne pouvait pas mettre en place les choses de façon correcte avec les mouvements par-ci par-là qui totalement tétanisaient les structures sanitaires et prenaient en otage les populations. C’est de fait que l’exercice du droit de grève au niveau du secteur sanitaire a été retiré mais ce retrait ne signifie pas l’absence de dialogue. Nous avons continué par dialoguer de façon constante et permanente.

Il y a des cadres formelles déjà mais également de façon informelle. Il y a le conseil sectoriel de dialogue social qui est l’institution à charge d’asseoir le dialogue entre les partenaires sociaux et le ministre de tutelle. Mais au-delà de cela, nous avons beaucoup de rencontres informelles pour gérer au mieux les problèmes qu’il y a dans le secteur. Les syndicats sont souvent consultés et nous prenons leur avis sur certains problèmes majeurs. Nous travaillons à maintenir un dialogue constructif. Nul n’a la science infuse je pense que c’est ensemble que nous allons pouvoir faire en sorte que notre système sanitaire soit totalement redoré.

Le cadre légal du Ministère aussi a changé

Nous avons totalement changé le cadre institutionnel du Ministère et la nouvelle ossature du Ministère a été mise en place par le décret qui crée de nouvelles structures notamment autour de deux axes majeurs. Il y a l’axe des soins de santé primaire avec la création de l’Agence nationale des soins de santé primaire, et l’axe de la médecine hospitalière avec la création de la future direction de la médecine hospitalière. Autour de ces deux grands axes, il y a les axes connexes qui sont là et alimentés par certaines agences dont les services sont un peu transversaux notamment l’Agence des infrastructures, l’Agence de la transfusion sanguine et d’autres.

Cette restructuration a été faite pour plus d’efficience. Aujourd’hui, toutes les questions de soins de santé primaire sont adressées par l’Agence nationale des soins de santé primaire. Avant, c’était disparate et dispersé dans plusieurs directions, ce qui ne permettait pas d’avoir à terme assez d’efficience dans les actions qui sont mises en œuvre.

En dehors de tout cela, nous avons aujourd’hui mis en place un nouveau système pour la santé communautaire. Nous allons avoir au niveau communautaire, des agents de santé communautaires qui auront à charge un certain nombre de ménages de façon bien quadrillée sur l’étendue du territoire pour mettre en œuvre un paquet d’interventions dédiées qui permettra de suivre au jour le jour l’ensemble des ménages et de pouvoir répondre à leurs besoins de façon rapprochée et efficiente.

L’Agence nationale de vaccination n’existe donc plus désormais ?

C’est l’Agence nationale des soins de santé primaire qui assure désormais ce volet. Les soins de santé primaire prennent en compte déjà la prévention. Avant, la santé de la mère et de l’enfant était là alors que l’Agence de vaccination était quelque part, c’était disparate. Aujourd’hui, avec l’agence nationale des soins de santé primaire, toutes ces activités sont concentrées et on va pouvoir les adresser de manière plus efficiente et surtout de manière intégrée parce qu’en fait, vous pouvez avoir de meilleurs résultats en allant de manière intégrée. Par le passé, on dispersait les ressources pour peu de résultats. Avec la nouvelle agence, nous allons pouvoir intégrer les actions avec moins de ressources pour plus d’efficience.

Par rapport au paludisme par exemple, vous avez entrepris une nouvelle approche, celle de la digitalisation. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Nous avions toujours fait des campagnes de distribution des moustiquaires imprégnées, mais on n’était pas sûr du quadrillage. Il y a beaucoup de ménages qui se plaignaient à la fin de ne pas avoir reçu les moustiquaires. Aujourd’hui, avec la digitalisation, d’abord, nous avons un bon quadrillage de toute l’étendue du territoire national. Ensuite, avec cette digitalisation, nous nous assurons que les moustiquaires arrivent vraiment aux bénéficiaires et nous pouvons passer et le vérifier de manière vraiment efficiente. C’est une campagne qui va nous permettre d’optimiser l’accès aux populations qui en ont le plus besoin.

 



gouv.bj
 
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