Patrice Talon, Président de la République
La crise à l’université d’Abomey-Calavi perdure et s’aggrave sans aucune réaction du Gouvernement du Président Patrice Talon. Le silence trop long des autorités au sommet de l’Etat sur le sujet risque de créer de nouveaux troubles socio-politiques dans le pays.
Le 26 juillet 2016, les étudiants ont marché d’Abomey-Calavi jusqu’à Cotonou pour exiger des autorités rectorales, l’organisation de la session de rattrapage à la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (Flash) de l’université d’Abomey-Calavi. Au niveau de la Bourse du travail à Cotonou, ils ont proprement été gazés par les forces de sécurité aux ordres du Préfet du Littoral, Modeste Toboula. Cette répression à l’ère du Président Patrice Talon a suscité des réactions diverses et variées dans l’opinion publique. Le mercredi 27 juillet 2016, c’est-à-dire le lendemain de la bastonnade des étudiants, on pensait que le Gouvernement, en Conseil des ministres, allait se prononcer sur la question. Silence radio ! Le Chef de l’Etat et ses ministres n’ont rien dit de ce problème. La crise a pris une nouvelle dimension. Car, le rectorat a pris la lourde décision d’invalider l’année universitaire à la Flash et procéder au renvoi des responsables d’étudiants. Un nouveau collet ! Populations et professeurs d’université ont protesté contre. On pensait à un moment donné que le Gouvernement a voulu prendre le temps nécessaire pour méditer sur la question. Ainsi, tout le monde croyait que le Conseil des ministres du 03 août 2016 serait consacré en partie à la crise universitaire. Mais, rien de tout cela. Ce faisant, la crise a pris une nouvelle tournure. L’année universitaire 2015-2016 est invalidée à la Flash et 21 responsables d’étudiants ont été exclus pour cinq ans. Des réactions fusent maintenant de toutes parts sans aucune action de l’Etat central.
Ce silence du Gouvernement inquiète plus d’un dans la mesure où la crise à l’université est une bombe à retardement. Sous l’ancien régime politique, c’est-à-dire, l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur, François Abiola ne laissait pas la crise perdurer avant de réagir et trancher la question. On se rappelle que l’année écoulée, le même problème s’est posé. L’ex-Président de la République, Boni Yayi et son Gouvernement avaient réuni responsables d’étudiants et autorités rectorales pour débattre de la question. Au finish, la session de rattrapage pour les étudiants a été enfin organisée, l’année dernière. C’est ainsi que la bombe a été désamorcée. Pourquoi aujourd’hui le régime en place garde le silence face au pourrissement de la situation à l’université d’Abomey-Calavi ? Difficile de répondre à cette question. Pour l’opinion publique, le Chef de l’Etat doit prendre la mesure de la gravité de la situation. Dans le cas contraire, ses conséquences seront incalculables. On assiste à la paralysie de toutes les universités publiques du Bénin. Des enseignants du supérieur menacent d’aller en grève. Des centrales syndicales crient déjà au scandale. Au sein des populations, ça grogne. De plus en plus, les problèmes à l’université attirent l’attention du peuple. Pour l’histoire, les premières mobilisations générales contre le régime révolutionnaire du feu Général Mathieu Kérékou ont commencé en 1985 par l’université nationale du Bénin. D’autres couches de la société s’en sont mêlées et toutes les activités du pays ont été paralysées. Le Gouvernement militaire révolutionnaire (Gmr) s’est effondré et a été contraint à l’organisation de la conférence nationale en 1990.
C’est dire que le Pouvoir en place ne doit pas prendre assez de temps pour se saisir du dossier. Le Président Patrice Talon est capable de négocier avec toutes les composantes de la crise pour trouver solution au différend. C’est dire que les populations comptent sur les autorités gouvernementales dans le règlement de cette crise.