Le président Patrice Talon, réélu au premier tour par Ko de la présidentielle du dimanche 11 avril 2021, détaille les conditions dans lesquelles le scrutin s’est déroulé et refuse toute option d’impunité, qui a inhibé le réel décollage du Bénin depuis des années. C’est au détour d’une interview qu’il accordée le vendredi 30 avril, aux confrères Christophe Boisbouvier de Rfi et de Marc Perelman de France 24. Plusieurs sujets ont été abordés au cours de cet entretien.
Pourquoi la plupart des figures de l'opposition sont-elles poursuivies par la justice béninoise ? Les auteurs et/ou commanditaires des violences pré-électorales perpétrés dans certaines régions du pays seront-ils graciés? Talon vise-t-il un troisième mandat en 2026? Ce sont là, entre autres interrogations auxquelles le président réélu pour le compte du second mandat qui démarre le dimanche 23 mai prochain à partir de 00, date à laquelle la cérémonie d’investiture se tiendra officiellement à Porto-Novo, devant les Sages de la Cour constitutionnelle. En effet, après avoir laissé entendre le scrutin dernier est un vote d’adhésion, l’invité de Rfi et France 24, Patrice Talon a fait savoir qu’il s’est déroulé dans une condition assez particulière, toute chose selon lui pourrait expliquer le manque d’engouement constaté et qu’une frange de la population exploite pour se réjouir. Pour lui, en l’espèce, c’est la première fois que l’argent n’a pas dicté sa loi sur les populations. «Nous avons, il faut l’avouer, participé à ces élections, en tout cas les 3 candidats en lice, dans un environnement assez mauvais, de menace, violence, d’intoxication. C’est l’une des premières élections au Bénin, soit la première élection au Bénin depuis le renouveau démocratique où l’argent n’a pas été le principal élément d’attrait pour les électeurs. Quand on met tout ça bout à bout, on peut comprendre qu’environ 10% des électeurs n'ont pas participé au vote par rapport à nos habitudes, alors quand on a quand même 50%, plus de 50%, parce que 51% des électeurs qui se sont déplacés alors même que pour certains la dynamique est fidèle, ce qui se passait si bien qu’il faut impérativement que ça continue, que pour certains il n’y a pas de raison que les électeurs n’apportent pas leur soutien au candidat Patrice Talon, vous comprenez ? Tout cela mis ensemble, a pu contribuer à dégrader le taux de participation, et 50% pour moi c’est satisfaisant, dans ces conditions », explique Patrice Talon pour dire qu’il entend travailler davantage pour maintenir cette dynamique afin d’éradiquer ou réduire considérablement au Bénin, le pouvoir d’argent en période électorale.
La démocratie béninoise est bien en marche !
Contrairement aux langues qui se délient et font état de ce que la démocratie est en recul au Bénin, du fait des interpellations ciblées des voix discordantes, disent-elles, le chef de l’Etat clarifie et demande d’éviter de faire des amalgames et que la démocratie n’est pas synonyme de l’anarchie, du désordre et de l’impunité. Autrement, ceux qui estiment que des principaux adversaires candidats ont été placés derrière les barreaux à l’avant des élections, la première autorité béninoise répond et clarifie, lorsqu’un journaliste de ces médias français en formule sous forme de question: « Moi je n’en connais pas, il y a des gens qui ont été appelés à rendre compte de leur gestion, parce que nous sommes dans un pays d’impunité totale depuis longtemps, et que quand on décide que les choses changent, les gens ne veulent pas répondre de ce qu’ils ont fait, qui sont partis par eux-mêmes en exil, qui ont refusé de répondre à la justice, mais sinon je ne connais pas un acteur majeur de la politique derrière les barreaux avant les élections ». Ainsi, le président Patrice Talon demande simplement à chacun de répondre de ses actes, c’est le seul chemin pour lui d’être responsable et participer à la sauvegarde de la démocratie, tant prônée par certains acteurs de la classe politique alors que leurs comportements sont aux antipodes. Pour rappel, le 5 avril dernier, plusieurs leaders de l’opposition résidant au pays ou non, ont appelé à la mobilisation générale de manifestations pacifique qui étaient très tôt transformées à des actes de vandalismes perpétrés dans plusieurs régions du pays notamment celles du centre et du septentrion pour dire non au délai de 45 jours de mandat, après la loi modificative portant sur la constitution. Ces actes ont entrainé plusieurs dégâts matériels et des blessés graves surtout dans le rang des forces de défense et de sécurité, qui sont encore hospitalisées, selon un communiqué du ministre en charge de la sécurité publique et les images diffusées suite aux multiples descentes des autorités sur les lieux de soins de ces victimes.
Gracié à nouveau serait une faute !
L’éducation, c’est aussi le bâton et la carotte, dit un adage. C’est pour être en phase avec celle-ci que le chef de l’Etat, le Président Patrice Talon n’entend plus pardonner et gracier les auteurs de ces actes qu’il qualifie d’attentatoires et criminels. Comme quoi, ajoute-il, il ne s’est pas agi des manifestants face aux forces de défense et de sécurité, mais plutôt des assaillants et des chasseurs qui tirent à bout portant sur ces agents de sécurité, tout si comme ils sont sur un champ de batail. Scandale, Patrice Talon estime que c’est inadmissible d’accepter ou de laisser tout passer ainsi dans le cas d’espèce. C’est pourquoi, il insiste : «Je n’envisage pas à nouveau de fermer les yeux sur ce qui s’est passé ou bien de gracier ou d’amnistier, parce que ça devient récurrent. Il n’est pas envisageable qu’une fois encore, les gens soient graciés de quelque chose qui devient récurrent. On a arrêté des gens qui ont été auteurs des actes en 2019 et qui ont récidivé. Vous voulez les gracier à nouveau ? Ce serait une faute ».
Aucun 3è mandat n’est envisageable
Un homme prudent est celui qui voit le danger venir de loin. C’est que le président Patrice Talon en collaboration avec les députés de la 8è législature qui portent ses réformes politiques et institutionnelles, a compris en renforçant le verrou relatif à la limitation de nombre de mandats qui est d’actualité dans plusieurs pays de l’Afrique ces dernières années. En tout cas, l’article 42 de la Constitution stipule clairement que nul ne peut exercer plus de deux mandats, toute sa vie. Ici, aux interrogations des confrères de la Rfi et France 24, le chef de l’Etat rassure et insiste sur cette éventualité et d’écarter cette option de son probable 3è mandat. « Je nous souhaite longue vie et bonne santé, pour que nous puissions ensemble constater cela. Il ne peut en être autrement ». Donc, qui vient d’être dit.
Par ailleurs, au cours de cet entretien, plusieurs autres sujets y ont meublé. Il a été également question des cas de l’arrestation des acteurs politiques de Réckya Madougou, de Joël Aïvo et autres acteurs de l’opposition interpelés à l’occasion des violences pré-électorales, le communiqué du département d’État américain publié le 23 avril, qui a suscité assez de tôlée. A chacune de ces préoccupations, le chantre de la Rupture, le Président Talon n’a pas occulté d’illuminer et de clarifier l’opinion nationale et internationale. Lire ci-dessous, l’intégralité de son entretien diffusé sur Rfi le vendredi dernier.
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