Boni Yayi, ancien président de la République
La nostalgie du pouvoir a eu raison du prince de Tchaourou. Boni Yayi après 10 ans d’hyper activités est devenu allergique au repos. Tournées internationales ; sorties tous azimuts au plan national ; rencontres avec les populations ; visites d’infrastructures, Tout y passe. L’ancien président de la République fait fi du changement à la tête du Bénin. Boni Yayi a, sans doute, oublié que depuis le 06 avril 2016, il n’est plus le Président de la République du Bénin, qu’il n’est plus le chef de l’Etat, qu’il n’est plus le chef du Gouvernement, qu’il n’est plus le chef de l’Exécutif. Boni Yayi a certainement oublié aussi que le Bénin, aux sorties de la conférence nationale des Forces vives de février 1990, a décidé que c’est le pouvoir exécutif qui a à charge, la gestion du pays. La dernière provocation en date, est la visite qu’il a effectuée à l’aéroport de Tourou à Parakou. Il n’en fallait pas plus pour sortir le ministre des infrastructures de sa réserve. Hervé Hèhomey est allé dire haut et fort que Boni Yayi n’est plus qu’un simple citoyen comme tout autre Béninois.
Dans tous les pays du monde, un aéroport, un aérodrome ou même un petit héliport a toujours été et reste une infrastructure stratégique. La visite sur ces lieux, même en état de chantier, doit à l’avance, requérir une autorisation des autorités compétentes. Alors questions : pourquoi Boni Yayi malgré sa connaissance des textes, et l’expérience d’ancien Chef de l’Etat qu’il capitalise, s’est-il donné le luxe de débarquer à l’aéroport de Tourou sans aucune autorisation ? Pourquoi a-t-il usé de son autorité d’ancien chef de l’Etat pour obliger les militaires assurant la garde des lieux à lui ouvrir les barrières ?
Le président Boni Yayi joue avec les nerfs de son successeur et verse à la limite dans la provocation. Pour rappel, l’actuel Chef de l’Etat, le Président Patrice Talon a été l’ennemi public numéro 1 des autorités dirigeantes du Bénin entre 2012- et Avril 2016. Son élection en qualité de Président de la République et chef du Gouvernement sonne comme un déshonneur et une humiliation aux yeux du président Boni Yayi et de certains de ses affidés. Il veut donc à tout prix mettre à l’épreuve, l’autorité des nouveaux gouvernants et semer la confusion au sein d’une population à majorité analphabète surtout dans l’ère géographique choisie dans le pays pour semer les germes du désordre et de la division.
En effet, la partie septentrionale du pays n’a pas majoritairement voté pour le président Patrice talon. Son concurrent du 2ème tour Lionel Zinsou, le protégé de Boni Yayi, y a engrangé la majorité de ses voix. Boni Yayi surfe alors sur ce qu’il pense être le défaut de sympathie des habitants de cette région pour Patrice Talon. Mais c’est sans oublier que dans une démocratie, le président issu des confrontations électorales, devient le président de toute la nation. Et Lionel Zinsou, quelques heures seulement après la fermeture des bureaux de vote pour le compte du second tour de l’élection présidentielle, avait déjà reconnu la victoire de son concurrent. Dès lors, la légitimité de Patrice Talon sur toute l’étendue du territoire nationale n’est plus remise en cause.
Mais la nature a horreur du vide, dit-on. Il est une vérité que le style de gouvernance du Président Patrice Talon n’offre pas la possibilité à ses ministres d’effectuer des descentes constantes à l’intérieur du pays. Plus de marches de soutien ; plus de meetings de remerciement ; plus de messes d’actions de grâce ; plus de prières à la mosquée. Bref, ce qui a pendant dix ans, rythmé le quotidien des populations dans tout le pays est suspendu au profit d’un nouveau style de gouvernance. Celui de la discrétion et non de l’agitation. Une gouvernance assise sur le respect de l’autorité des ministres par leur Chef et non leur clochardisation. Dans cette nouvelle dynamique, les ministres du gouvernement ainsi que le Chef de l’Etat sont plus concentrés au travail dans leurs bureaux respectifs ou au contact des réalisations de leurs structures sous-tutelles sur le terrain. Les populations sont naturellement sevrées. Boni Yayi profite donc de la situation pour s’offrir en spectacle.
Mais il n’y a pas deux capitaines dans un même bateau. Le seul président de la République du Bénin à l’heure actuelle est jusqu’en avril 2021 : Patrice Athanase Guillaume Talon, élu par les Béninois et ayant prêté serment pour conduire le Bénin vers un mieux-être pour les cinq prochaines années. Lui seul a l’autorité, lui seul a le pouvoir et a l’obligation de l’exercer dans toute sa plénitude. Pendant presque dix ans, le prédécesseur de Boni Yayi, le Général Mathieu Kérékou n’a en rien, tenté de lui faire ombrage. Il faut rappeler les bonnes manières à Boni Yayi. Patrice Talon devra donc affirmer son autorité et instruire les services compétents de la République afin que force reste à la loi. Cela passe par une plus grande proximité avec les populations ; une plus grande présence sur l’ensemble du territoire. Ce n’est qu’à ce prix qu’il pourra définitivement sortir de la tête des Béninois, que Boni Yayi relève du passé.