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L'Ambassadeur Candide Ahouansou au sujet du débat sur le N° 2 du Gouvernement
"Bio Tchané, un développeur et Koupaki, un homme des dossiers''
Bio Tchané et Pascal Koupaki (g à d)


Nous savons tous, à présent, que sont Ministres d’Etat, au sein d’une équipe gouvernementale, des personnalités plus importantes que les autres, nommées, jusqu’alors, par les chefs d’Etat à leur guise; tout comme d’ailleurs, les Premiers Ministres. Gérés que nous sommes, nous sentons le besoin d’appréhender, non plus leurs attributions puisqu’elles sont définies par décret présidentiel, mais les raisons d’être de leurs fonctions ainsi que leurs significations politiques d’autant qu’elles ne sont pas prévues dans notre Constitution. Pourquoi cette préoccupation maintenant ? La réponse émane du fait, qu’actuellement, le gouvernement compte dans ses rangs, deux Ministres d’Etat et qu’à la date du premier Août dernier, l’opinion publique se demandait encore qui avait le pas sur l’autre. C’est alors que le Chef de l’Etat, pressé par les journalistes, il est vrai, a identifié nommément le numéro 2 du gouvernement en la personne de Monsieur Abdoulaye Bio Tchané, Ministre du Plan et du Développement. Il sied que ce soit bien entendu ainsi et sans réserve. Néanmoins, nous aimons à penser que le Président de la République, en bon démocrate qu’il est, ne nous en voudra certainement pas de mener la réflexion sur le sujet. Ce faisant, nous pensons contribuer à mettre en exergue la trame motivante qui, dans notre système, sous-tend la nomination des Ministres d’Etat. Le citoyen aura, alors, une perception claire de la fonction afin que les nominations y afférentes ne lui paraissent plus chose faite de manière opportuniste, capricieuse et sans un support consensuel. Mais il importe d’apprécier, d’abord, la réponse du Chef de l’Etat en l’’affectant du contexte politique qui convient. Compréhension de la réponse du Chef de l’Etat aux journalistes Le Président de la République a déclaré : ‘’A cause de son rôle à la présidence de la République Pascal Koupaki semble très proche de moi, mais il n’est pas la deuxième personnalité du gouvernement’’ En fait, que pouvait-il répondre d‘autre qui soit politiquement correct ? Monsieur Abdoulaye Bio Tchane est chef de parti politique représenté à l’Assemblée Nationale. Monsieur Koupaki a derrière lui un mouvement, le Rassemblement pour la Nouvelle Conscience. A la toute récente élection présidentielle, Bio Tchané a rassemblé plus de voix que Pascal Irénée Koupaki. Aussi, bien logiquement que politiquement, la réponse du Chef de l’Etat ne pouvait être que ce qu’elle a été d’autant plus que c’est le Ministre d’Etat Bio Tchané qu’il a désigné pour assurer son intérim quand il est absent du territoire national. Il est vrai que le Président de la République aurait pu, s’il l’avait voulu, esquiver la question, en rappelant que dans notre système politique, il n’y a de numéro 2 que le Président de l’Assemblée Nationale sacré deuxième personnalité de l’Etat par la Constitution. Mais au lieu de cela, il a préféré prendre l’interrogation au sérieux et clarifier la situation, assumant ses responsabilités de Chef de l’Etat. Mais, il est tout aussi vrai que l’attendaient au tournant, les empêcheurs de tourner en rond qui, de bonne heure, ont entrepris de rompre l’équilibre et l’harmonie qu’incarnent les deux Ministres d’Etat aux côtés du Président de la République en cherchant à les opposer et en tirant à boulets rouges sur Pascal Irénée Koupaki. Des illuminés, cherchant à se rendre intéressants, s’étaient permis d’écrire des abominations contre le Ministre d’Etat en disant de lui qu’il ‘’s’offre en spectacle en faisant de la starification de mauvais gout avec son one man show hebdomadaire, au demeurant laconique puisqu’il n’entre pas dans les détails’’ Ridicule baliverne, probablement à la hauteur du niveau intellectuel des auteurs de ces incongruités! La vérité est que derrière ses points de presse Koupaki abat, à nous fier à ses attributions, un travail gigantesque, ingrat peut-être, en communion avec chacun des Ministres du Gouvernement pour s’assurer, la mise en œuvre des directives du Chef de l’Etat en vue de la bonne gestion des affaires publiques. Koupaki n’est pas homme de spectacle ; il n’est pas homme à se servir non plus, il sert le peuple et l’Etat de toutes ses forces et fait les choses tout son soul. Inadmissible, il est tout à fait que des citoyens le traitent par-dessus la jambe avec autant de légèreté, d’indélicatesse, d’irrespect et d’irresponsabilité. De telles incartades ne méritent rien d’autre qui ne soit pas mépris. Le besoin historique d’une deuxième personnalité aux côtés du chef de l’Etat Les démocraties confirmées, quand bien même régimes présidentiels ou semi présidentiels, ont toujours adjoint, aux termes de leurs Constitutions respectives, une personnalité au Chef de l’Etat au niveau de l’Exécutif ; qu’elle ait pour dénomination Vice-président, Chef de gouvernement, Chancelier ou Premier Ministre. Rien de tel dans notre Loi Fondamentale qui, ainsi que stipulé dans l’article 54, fusionne les fonctions de Président de la République et de Chef du Gouvernement. Le Président est donc seul maître à bord, cependant que, politiquement, le besoin de cette seconde personnalité à ses côtés se fait sentir depuis fort longtemps. A preuve, le nombre de fois qu’appel a été fait, comme mesure palliative à cette situation de manque, à la fonction de Premier Ministre, alors que la Constitution ne l’a guère prévue. En effet, le poste de Premier Ministre palliatif fit son apparition en 1967 avec le Colonel Kouandété nommé par le Président Emile Derlin Zinsou pour disparaître en 1968. Puis il refit surface 22 années plus tard, en 1990 avec Monsieur Dieudonné Nicéphore Soglo pour disparaître en 1991. Le poste reprit du service en 1996 avec Maître Houngbédji, nommé par le Président Mathieu Kérékou, mais disparut à nouveau en 1998. Il réapparut en 2011, avec Monsieur Pascal Irénée Koupaki pour finalement disparaître, une fois de plus, le 8 Aout 2013. Y avoir fait appel autant de fois, alors que la fonction de Premier Ministre n’est pas prévue dans la Constitution, parait plutôt insolite. Il convient, néanmoins, de relever que si la pratique a eu cours aussi longtemps et qu’elle s’était défaite aussi fébrilement, c’était signe certain que le besoin d’une seconde personnalité aux côtés du Chef de l’Etat était réel, mais qu’il lui manquait le cadre pour se légitimer. Mais en réalité et jusqu’alors, c’est la conjugaison des fonctions de Premier Ministre et de Ministre d’Etat qui a pallié le manque de la deuxième personnalité de l’Exécutif. Aussi, nous parait-il judicieux de faire, également, la genèse des nominations au poste de Ministre d’Etat depuis notre accession à la souveraineté nationale, aux fins de situer comme il convient et d’apprécier à leur juste valeur, les nominations des deux Ministres d’Etat qui font l’objet de nos préoccupations dans la présente réflexion. Les nominations de Ministres d’Etat avant l’avènement de l’ère Talon. Aussi loin que je me souvienne, nous avons connu, pour la première fois dans notre histoire politique, la fonction de Ministre d’Etat avec le gouvernement du Président Nicéphore Dieudonné Soglo. Ce fut en la personne de son beau-frère, Monsieur Désiré Vieyra, chargé de la coordination des affaires gouvernementales, qui s’était vu, de par ce fait, conférer la prééminence sur les autres membres du Gouvernement, d’autant plus qu’il lui avait été confié, également, le portefeuille de la Défense. Puis, la fonction s’éclipsa avec le Président Mathieu Kérékou. Elle réapparut en force avec le Président Boni Yayi qui commença par nommer Ministre d’Etat Pascal Irénée Koupaki, déjà Ministre des Finances. Dans les derniers instants de sa mandature, le Président de la République, décerna le titre à Monsieur François Abiola, alors Ministre de l’Enseignement Supérieur, et à Monsieur Komi Kountché, Ministre des Finances qui avait en charge le département de la Communication et des Nouvelles Technologies. Signification des nominations de Ministres d’Etat avant l’ère Talon Abstraction faite de ce que la nomination sous le régime du Président Soglo n’avait de signification que relent de népotisme, les nominations au poste de Ministre d’Etat avaient, sous la gouvernance du Président Boni Yayi, pris l’allure d’une promotion à l’intérieur du gouvernement et d’une propulsion politique à l’extérieur. Nous avions considéré qu’il s’agissait d’une promotion à l’interne sans égard à la motivation réelle toutefois, lorsque, déjà membre du gouvernement, une personnalité y était nommée Ministre d’Etat. Ce jugement fut corroboré par le cas du Ministre Koupaki qui, après avoir fait ses preuves au Ministère des Finances, a été élevé au rang de Ministre d’Etat. L’on a également eu, à juste titre, le net sentiment que vers la fin de son mandat, le Président de la République tirait prétexte du titre de Ministre d’Etat pour mettre sur orbite des poulains présidentiables ou susceptibles d’occuper le perchoir. C’est ainsi que nous nous étions expliqué la promotion du Ministre de l’Enseignement Supérieur au rang de Ministre d’Etat, en route, pouvait-on raisonnablement penser, pour la présidence de la République, si ce n’était que la brusque intrusion de Monsieur Lionel Zinsou dans l’arène politique avait brouillé les cartes. Ce fut aussi le cas de Monsieur Komi Kountché, promu Ministre d’Etat qui, par la suite, avait manqué d’un cheveu, la présidence de l’Assemblée Nationale. Il est alors symptomatique que sous le régime du Président Boni Yayi, aucune nomination de Ministre d’Etat n’avait été faite si ce n’était en faveur de Ministre déjà en fonction, étayant et confortant ainsi la thèse de la promotion et de la propulsion politiques. Vint ensuite l’ère Talon avec la nomination, d’entrée de jeu, de deux Ministres d’Etat ; l’un au Plan, l’autre au Secrétariat Général de la Présidence de la République Signification des nominations de Patrice Talon : Equilibres et synthèse La particularité fondamentale et première des nominations du Président Talon nous parait résider dans le fait qu’elles ont, toutes, été prononcées dès la constitution de son premier gouvernement ; les motivations de promotion et de propulsion politiques ont donc été écartées d’emblée. Cette façon de procéder laissait présager du fait qu’il s’agissait de nominations à significations innovantes, que nous estimons être celles des équilibres et de la synthèse près le Chef de l’Etat : un équilibre régional et un équilibre fonctionnel d’une part ; une synthèse des activités gouvernementales de l’autre. Equilibre régional, en ce sens que Monsieur Bio Tchané parait, aux yeux du citoyen ordinaire, comme une personnalité exempte de tout esprit régionaliste ; il symbolise donc l’unité nationale. Monsieur Pascal Irénée Koupaki a la réputation d’être l’homme du dialogue social ; il symbolise le rassemblement des peuples. En outre, l’idéologie qu’il prône à savoir Nouvelle Conscience fait de lui, le défenseur des valeurs citoyennes dont a besoin la politique de Rupture pour, notamment, rétablir la justice et l’équité dans la gestion des affaires publiques. Equilibre fonctionnel, en ce sens que Monsieur Bio Tchané est, et se définit lui-même, comme un développeur et que Monsieur Koupaki est un homme des dossiers, plutôt technocrate avec une forte expérience de la fonction de Premier Ministre sous le régime précédent, lui conférant l’aptitude de généraliste au sein de l’équipe du Président Talon, nanti qu’il est d’une vision d’ensemble des différents départements ministériels. Et il n’y a, dans notre esprit, aucun doute que cette expérience lui a donné les atouts requis pour sa nomination à la fonction de synthèse qu’est celle de Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République chargé de la coordination gouvernementale. Tout nous parait si bien équilibré autour du Chef de l’Etat ! Notre suggestion : un Ministre d’Etat coordonnateur en position de deuxième personnalité du Gouvernement Sans préjudice de la justesse de la désignation, par le Président de la République, de Monsieur Abdoulaye Bio Tchané comme deuxième personnalité de l’Exécutif, nous estimons, objectivement, qu’en principe, la nomination d’un Ministre d’Etat en charge de la coordination des activités de tous les départements ministériels est, tous ensemble, la solution substitutive au manque d’un Chef de l’Exécutif dissocié du Chef de l’Etat et d’une deuxième personnalité au sein de l’Exécutif. Dans ces conditions, la règle devrait être que, de manière discursive, la prééminence lui revienne dans l’équipe gouvernementale. Cela nous parait le principe fondamental à honorer. Si problème il y avait, il se situerait donc au niveau de l’harmonie qui devrait exister entre les lourdes responsabilités transversales confiées à ce Ministre d’Etat et la position qui devrait être la sienne au sein de l’équipe. En l’occurrence, le dilemme était, en fait, le choix à faire entre l’expérience avérée de généraliste des affaires d’Etat d’un ancien Premier Ministre et le poids politique de Monsieur Bio Tchané. Et le Président de la République a dû faire le choix du poids politique comme il convenait ; c’est donc une affaire de contingences politiques laissée à sa discrétion. Ne pouvant toutefois pas faire de l’ombre à l’intangibilité du principe. Il demeure toutefois que, tout compte fait, le Président Talon a trouvé la bonne formule, du moins pour ce qui est du principe, en nommant, et cela d’entrée de jeu, un Ministre d’Etat avec la mission spécifique de coordonner les activités gouvernementales ; c’est cela l’essentiel qu’il convient de retenir et de sauvegarder, le reste étant affaire de circonstances politiques aléatoires. Puisse-cette formule se confirmer et intégrer, pour de bon, notre histoire politique afin que la rupture soit définitivement consommée avec les fonctions de Premier Ministre et de Ministre d’Etat utilisées qu’elles étaient à mauvais escient, à des fins opportunistes et capricieuses ; puisse-t-elle rompre les amarres avec cette façon de faire et ancrer durablement dans les esprits, la notion du nécessaire Ministre d’Etat coordonnateur des actions gouvernementales, en principe deuxième personnalité de l’Exécutif. Ainsi, le Président Talon, en sa qualité d’initiateur de la formule, marquera l’histoire des institutions politiques de notre pays, et se donnera une autre occasion de rentrer dans l’histoire, en ouvrant les portes et pavant la voie à une tradition qui pourra, à n’en pas douter, s’affermir à la longue et faire cause commune avec notre Constitution ! Ambassadeur Candide Ahouansou Membre du Rassemblement pour la Nouvelle Conscience


 
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