Le président réélu, Patrice Talon sera investi le dimanche 23 mai prochain dans ses fonctions pour le compte de son second mandat. Mais en prélude à cette cérémonie officielle, des débats se mènent sur les raisons de l’instauration du poste de vice-président de la République et son avenir. Pour édifier l’opinion publique sur la question, Abdoulaye Gounou Salifou, député du Bloc Républicain, parti proche du pouvoir a expliqué les motifs. C’était le 5 mai 2021, lorsqu’il était joint au téléphone par la Rédaction du journal Matin Libre.
«C’est pour achever le mandat à tout prix, pour qu’on n’ait pas à reprendre les élections avant la fin du mandat. Parce que le législateur tient à préserver le cycle électoral», a confié l’honorable Abdoulaye Gounou Salifou. Dans son développement, il précise de plus que, c’est pour régler la question de la cyclicité des élections ; c’est-à-dire de façon très régulière. « C’est pour ça qu’on a mis les dates de prestation de serment comme aux Etats-Unis. Donc ça relève de l’impératif de la cyclicité. Parce que si on ne faisait pas ça, si le président meurt, vous avez vu on est allé même plus loin, même si le président meurt et que le vice-président prend, il est tenu de nommer encore un autre vice-président », a-t-il expliqué pour justifier ce qui a motivé le législateur à instituer ce poste de vice-président dans la constitution béninoise. Pour ce que pensent certains observateurs, qui estiment que c’est juste un portefeuille faire-valoir …Il rétorque et clarifie: «Non ! Dans quel pays un Vice-président a une fonction? Les Vice-présidents classiquement n’ont pas de fonction. Ils sont là, et même aux États-Unis, est-ce que vous connaissez la fonction du Vice-président américain ? Il est là et en cas de…, il remplace. C’est ça le fondement majeur. C’est pour assurer la régularité pour qu’il n’y ait pas vacance à l’Exécutif ». Le député de la 8è législature n’a pas occulté de prouver la différence entre la Constitution de 1990 non modifiée, qui prévoyait que le président de l’Assemblée nationale gère les affaires courantes en cas de vacance de poste de président la République. Ici, sans détour, il répond : «Avant, il fallait reprendre, mais maintenant, on ne reprend plus les élections. Le Vice-président qui a été élu au même moment que le président en duo, porte la légitimité du président… ». Il précise de plus qu’il y a « une différence, c’est que là, si on laissait en l’état l’article 50 (parce qu’il s’agit de l’article 50), et que le président meurt, c’est que là il y aura l’élection présidentielle anticipée et ça pose le problème, ça fausse le cycle en même temps. Il renchérit : «Il y aura une élection présidentielle anticipée pour 5ans. Et là ça peut ne plus coïncider. Ça fausse le cycle en même temps, si on instaure cela, comme au Nigéria, comme au Ghana d’ailleurs ou en Tanzanie, vous savez qu’il y a un président qui est mort? Aujourd’hui c’est ça qui est la nouvelle tendance partout. En fait là maintenant, on a une Constitution vraiment moderne, ce n’est pas ce qu’on avait avant dont tout le monde dit intouchable». Eu égard à cette clarification de l’Honorable Gounou, il peut y avoir trêve de polémique, amalgame et mauvaise interprétation des dispositions relatives à l’instauration du poste de vice-président au Bénin.