Bruno Amoussou
Sous le Président Boni Yayi, l’ex-leader du Parti social-démocrate (Psd), Bruno Amoussou aura positivement marqué les esprits dans une discrétion qui a fini par payer. Sous sa houlette, l’Union fait la Nation (Un), malgré ses péripéties, est parvenue à obtenir l’alternance au sommet de l’Etat grâce au parcours exceptionnel de ce dernier.
Pour la plupart de ses proches, Bruno Amoussou est un homme atypique et surtout courageux. Il a toujours mené des luttes politiques qu’il finit toujours par gagner. Ils révèlent que c’est depuis les bancs que le natif de Djakotomey conduit des combats politiques. Ces dix dernières années, c’est-à-dire sous le Président Boni Yayi, il a démontré à la face du monde sa capacité intellectuelle et politique à diriger un groupe d’opposants. Pour d’autres, l’opposition contre les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) s’est organisée autour de sa personne. A des moments donnés, il s’est sacrifié pour préserver l’intérêt du groupe. Il suffit de remonter un peu dans l’histoire pour en savoir beaucoup plus. Au second tour de l’élection présidentielle en 2006, il a constitué le groupe Wloguèdé pour soutenir le candidat Boni Yayi contre son challenger du Parti du renouveau démocratique (Prd), Me Adrien Houngbédji. C’était pour éviter le régime du Général Mathieu Kérékou ne trouve de prétextes pour s’accrocher au Pouvoir. Ce qui a permis à Boni Yayi de réaliser un score incontestable de 75% des suffrages exprimés au second tour. Arrivé au Pouvoir, il a nommé Jocelyn Dégbey, ministre de l’Energie et Jean-Baptiste Edayé, ministre des Sports. Malgré la présence de ces ministres proches du Psd au Gouvernement, Bruno Amoussou a lancé les hostilités contre le Pouvoir du Président Boni Yayi. Car, il estimait que les acquis démocratiques étaient bafoués. Deux ans après l’installation du nouveau Pouvoir, le natif de Djakotomey constitua à l’Assemblée nationale le G4 (Psd, Madep, Prd et Force-Clé). Ce regroupement politique a été porté sur les fonts baptismaux en avril 2008. C’était le début de la forte résistance contre les dérives du Gouvernement du Président Boni Yayi. Un autre groupe de 13 députés dénommé G13 a rejoint le G4 dans sa lutte contre le régime d’alors. A la veille de l’élection présidentielle de 2011, il a été porté sur l’échiquier politique national, l’Union fait la Nation dirigée par le président Bruno Amoussou. La lutte était âpre pour la conquête du Pouvoir en 2011 par le candidat unique de l’Un, Me Adrien Houngbédji. Le natif de Djakotomey a tout fait pour atteindre son objectif. Mais en vain, ce sont les Forces cauris pour un Bénin, au Pouvoir à l’époque, qui ont remporté les élections dès le 1er tour. Les nombreuses protestations n’ont rien changé.
Zone de turbulence
Au lendemain de la débâcle de l’opposition à l’élection présidentielle de 2011, l’union fait la Nation de Bruno Amoussou était à la croisée des chemins. Elle était confrontée aux démissions de certaines forces politiques. Le Parti du renouveau démocratique (Prd) de Me Adrien Houngbédji, la Renaissance du Bénin (Rb) de Léhady et un certain nombre de partis politiques avaient lâché la troupe de Bruno Amoussou. Beaucoup pensaient que ce regroupement allait disparaître de l’échiquier politique national suite à ces départs massifs. Comme un capitaine d’équipe, il a réorganisé son groupe. Le Mouvement africain pour la démocratie et le progrès (Madep), le Psd et Force-Clé, sous la direction de Bruno Amoussou, ont tenu haut le flambeau de l’Un. A l’Assemblée nationale comme sur le terrain politique, c’était l’opposition radicale contre les actions du Président Boni Yayi, pendant que le Prd et la Rb flottaient avec le Pouvoir d’alors. En raison de sa ténacité contre les Fcbe, l’Un a été rejoint dans son combat par certains députés de la mouvance d’alors tels que Candide Azannaï, Claudine Prudencio et consorts. Bruno Amoussou et sa troupe ont alors mené une lutte farouche contre la révision de la Constitution. Ils ont résisté à tous les assauts des Fcbe. Le peuple béninois leur a été reconnaissant aux élections législatives, locales et communales de 2015 et. Et, l’Un s’est retrouvée avec 13 députés à l’Assemblée nationale à la grande surprise de ses adversaires.
Sacrifice
Après les élections législatives, c’est maintenant que commence le dur combat pour l’Union fait la Nation. Bruno Amoussou était le candidat idéal de l’opposition. On apprenait dans les coulisses qu’il était l’homme capable de succéder à Mathurin Nago au perchoir. Mais, dans les tractations, il se dit que le Prd résistait à cette option et était prêt à donner la présidence du Parlement aux Fcbe. Le président de l’Un a une fois pris son bâton de pèlerin pour réorganiser l’opposition autour de Me Adrien Houngbédji. Ce dernier, à une voix de différence, a battu Komi Kouché des Fcbe et alliés. Le bureau de l’Assemblée nationale venait d’être conquis par les opposants. Après le Parlement, il faut gagner le Pouvoir d’Etat. Ce serait encore le long chemin de croix de l’Union fait la Nation et de l’opposition. En janvier 2016, sans surprise, le Prd et la Rb se retrouvaient dans une même coalition avec les Fcbe pour porter au Pouvoir le candidat de l’alliance républicaine, Lionel Zinsou. On pouvait croire que le jeu était gagné d’avance par ses forces politiques. Les candidats de l’opposition tels que Patrice Talon, Sébastien Ajavon, Abdoulaye Bio Tchané, Pascal Koupaki et consorts se seraient déjà démoralisés. Ils croyaient que les carottes étaient pratiquement cuites. Dans la foulée, Bruno Amoussou a encore montré ses qualités d’homme courageux et rassembleur. Ainsi, il a créé la coalition de Rupture en janvier 2016 au Bénin Marina hôtel. Elle était composée de ces candidats de l’opposition avec la consigne de se soutenir au second tour contre Lionel Zinsou. Ce dernier n’a eu que 27,83% au 1er tour. Au second tour, la plupart des grosses cylindrées se sont ralliées derrière Patrice Talon. Ce qui lui a permis d’être élu Président de la République aujourd’hui pour la période de 2016 à 2021. Bruno Amoussou a joué un rôle primordial dans la victoire de l’opposition à la dernière élection présidentielle. Au total, le président de l’Union fait la Nation a eu un parcours exceptionnel dans le combat politique au Bénin, ces dix dernières années dans la discrétion totale. Kolawolé Idji à propos du président de l’Union fait la Nation.
Quelques témoignages
Kolawolé Idji
« C’est la conscience que Bruno Amoussou inspire qui fait que nous sommes-là aujourd’hui… »
« Nous avons connu des difficultés à l’Union fait la Nation. Je peux dire que nous n’avons pas terminé parce que les difficultés de l’Union fait la Nation sont d’abord celles du Bénin. Le combat de l’Un n’est pas une lutte personnelle, mais un combat pour un Bénin bien géré, un Bénin où les populations vivent de manière décente, en paix et dans la justice. Le combat-là est la suite du combat des combats que nos aînés ont menés avant l’indépendance pour l’indépendance de ce pays. Ce combat est la suite des combats qui ont été menés après l’indépendance pour nous libérer des jours du néo-colonialisme et de l’impérialisme. Ce combat continue avec les diverses péripéties politiques que notre pays a connues sous le Prpb (Parti de la révolution populaire du Bénin). Le combat a continué après le Prpb avec le Président Mathieu Kérékou. Ce combat a connu des heures diverses, des fortunes diverses. Nous avons continué sous le Président Boni Yayi parce que nous avons connu sous lui l’un des épisodes les plus difficiles, les plus tragiques de notre histoire nationale avec des remises de ce que nous pouvons considérer comme des acquis de la conférence nationale en matière démocratique et en matière de bonne gouvernance que son équipe ont tout remis en cause y compris l’unité nationale, les libertés. Personne n’a oublié comment l’information a été caporalisée, personne n’a oublié comment le pays a été divisé, comment des communautés et des églises ont été divisées, comment des régions ont été divisées et comment au bénéfice de cette division-là, une équipe de politiciens véreux s’est assise sur le pays et en faisant de notre destin, une chose qui leur appartient en propre, en s’asseyant sur l’économie nationale et en la pillant. Voilà le combat que le président Bruno Amoussou a conduit avec un certain nombre de vieux militants, de moins jeunes et des militants beaucoup plus jeunes. Le président Bruno Amoussou, comme vous le savez, vient de loin. Il est de ceux qui ont combattu pour l’indépendance. Vous n’allez pas oublier le rôle qu’il a joué de l’Aed, dans les combats pour le panafricanisme. Il est resté fidèle à lui-même, au pays, à nos convictions et à ses convictions. C’est pourquoi cela que, malgré les difficultés pour la libération de notre pays contre les pilleurs de l’économe nationale, les divisions, les calomnies et les échecs, nous sommes restés avec lui et lui est resté à nos côtés. Cela n’a pas été facile. Ça continue d’être difficile. A certains moments, chacun peut avoir des découragements. Mais, nous disons que nous devons continuer, nous devons poursuivre parce que le combat est encore âpre. De sa génération, le président Bruno Amoussou n’est pas seul. Il y a encore là ses anciens camarades de lutte qui ont mené ce combat-là et qui ont pris leur retraite pour toutes sortes de raisons. Le président Amoussou leur disait quelques fois : « Venez ! Venez servir de boucliers. Vous vous bombez votre poitrine. Que les balles s’abattent sur vos poitrines, sur nos poitrines, afin que ces jeunes qui sont aujourd’hui dans le combat soient préservés ». Et cela me donne de la vitamine pour continuer le combat.
Ainsi, pendant dix ans, je ne sais pas s’il y a un acteur politique qui a aussi été férocement combattu sous le Président Boni Yayi comme Kolawolé Idji pour des raisons inavouées. Mais, je comprends parce qu’en 2006, j’étais loyal et sincère envers le Président Boni Yayi. J’espérais qu’il mettrait le pays sur les rails de la bonne gouvernance. J’étais franc et direct avec lui. Je me rappelle de cet entretien que nous avons eu où je lui ai dit : « Président, je ne te demande rien, pas d’argent, pas de poste, je te demande d’être le chef d’équipe qui va bien gérer le Bénin. ». Il s’est levé et c’est depuis ce moment-là que nos chemins se sont séparés. Comme le Président Boni Yayi considère que tout ce qui ressemble de près ou de loin aux Nagots est sa propriété, il s’est mis à considérer que tout le département du Plateau et la Commune de Kétou, en particulier, lui appartenaient directement, en propriété personnelle. Lors de la dernière campagne pour l’élection présidentielle, c’est pratiquement tous les jours que le Président Boni Yayi allait dans mon village en m’indexant personnellement, en allant voir mes parents, mes équipes pour me déstabiliser. Il ne s’est pas contenté de cela. Il a retourné contre moi des militants que j’avais. Certains d’entre eux courent déjà derrière Patrice Talon aujourd’hui pour dire que : « nous sommes les soldats de la Rupture ». S’ils se convertissent et sont sincères dans le revirement qu’ils professent, c’est à l’épreuve des faits que nous constaterons cela. Ils ont tout fait. Ça n’a pas marché parce que le peuple s’est distingué le bon grain de l’ivraie. C’est ce peuple qui m’a protégé. Et, c’est pour cela que j’étais constamment réélu et réélu confortablement. Ce n’est pas de l’argent que je donnais. C’est la conscience que j’inspire, c’est la conscience que Bruno Amoussou inspire qui fait que nous sommes-là aujourd’hui. L’Union fait la Nation continue d’avoir des difficultés. Mais, j’ai la conviction que ces difficultés seront vaincues parce que nous sommes dans la foi que ce pays soit moins malheureux. C’est pour cela que notre combat ne peut pas échouer. Ça peut être retardé, mais notre victoire est certaine. Il ne faut pas désespérer et nécessairement continuer le combat, car c’est une lutte victorieuse pour l’Afrique et le Bénin. ».
Photo Kolawolé Idji
L’Honorable Jocelyn Dégbey à propos du président de l’Un
« Bruno Amoussou est une tête bien faite et bien pleine… »
« Je côtoyais le président Bruno Amoussou depuis 1990 à l’avènement du Renouveau démocratique. Au départ, j’étais à l’Udfp de Timothée Adanlin et c’est après que j’ai rejoint le Psd du Président Amoussou entre 1991 et 1992. Ça fait très longtemps que nous sommes ensemble. C’est mon leader politique. C’est toute une histoire. Vous savez que le président Amoussou a été le dauphin de mon père, Adrien Dégbey. Politiquement, je crois qu’il a été formé en partie par mon père. C’est un droit et un devoir pour moi de me mettre aussi à son service. Il a son style de gestion. Du Psd, nous sommes allés dans plusieurs alliances. Nous avions pensé que le Psd ne pouvait pas seul faire l’affaire parce que le président Amoussou était toujours candidat aux élections présidentielles. Nous sommes allés à l’Adma, à l’Ubf, à l’Add. Après, nous sommes maintenant dans ce qu’on appelle l’Union fait la Nation. C’est un monsieur qui, de manière politique, a passé beaucoup de temps à connaître le pays et connaître le Béninois que nous sommes. Nous avons appris beaucoup de lui et nous avons à encore apprendre beaucoup de lui. Qu’es-ce que je veux dire par là ? Vous savez que ce n’est pas facile d’être à la tête des mouvements politiques tels que nous les connaissons au Bénin à l’instar de ce que je viens de vous décrire. Ce n’est pas facile de passer du Psd, aux alliances politiques jusqu’à l’Union fait la Nation. Lui-même a dit que certains auraient affirmé qu’il a politiquement fini et il leur a répondu qu’il est à 12 heures de sa vie politique. Il est encore là et nous avons beaucoup de choses à apprendre de lui. L’Un a une base. Nous avions soutenu le Président Boni Yayi en 2006 au second tour. Il y avait le Psd, la Rb et le Madep qui avaient formé le groupe Wloguèdé. Je crois que la base de l’Union fait la Nation est partie de là. C’est après qu’entre 2009 et 2010, que nous avons créé l’Union fait la Nation. Le président du Prd, Me Adrien Houngbédji, qui devrait être avec nous au départ, a fini par nous rejoindre pour organiser les élections de 2011. Donc, il y avait le Psd, la Rb, le Madep au départ, le Prd et Force-Clé nous ont rejoints, pour constituer les membres fondateurs de l’Union fait la Nation. C’est après que d’autres formations politiques nous rejoints à l’Un. On est au nombre de 11, après le Prd et la Rb sont partis. Sont restées solides trois grandes formations politiques à savoir : le Psd, le Madep et Force-Clé. C’est autour de ces partis que s’est reconstitué un nouveau groupe resté fidèle à l’Union fait la Nation. Certains avaient prédit qu’après le départ du Prd et de la Rb, le groupe n’avait plus sa raison d’être. Nous avons résisté. Par son leadership, le président Bruno Amoussou a su maintenir le groupe jusqu’aujourd’hui. C’est un homme politique qui a donné beaucoup de lui-même pour le Bénin. Quel que soit ce qu’on dit, il a beaucoup fait pour le Bénin. Je pense qu’il continuera à aider le Bénin dans ce sens.
Vous savez dans ce qui s’est passé aux dernières élections, l’Union fait la Nation aura joué son rôle. Il y avait le bloc qui s’était constitué du Prd, de la Rb et Fcbe, les grands partis dont on parle. C’était le bloc de la continuité. Aujourd’hui, nous sommes à l’ère de la Rupture comme on le dit. L’Union fait la Nation fait partie du bloc de la Rupture. Je pense que le président Bruno Amoussou y a joué un grand rôle. Nous sommes à l’ère de tout revoir dans le pays. La révision telle qu’elle est proposée mérite qu’on la retouche. Le président Amoussou a encore un grand rôle à jouer dans ce remue-ménage pour qu’on mette un peu d’ordre dans la maison. Si je ne m’abuse, je dirai que tout ce qu’il fait n’est pas parfait, puisque la perfection n’est pas de ce monde. Moi, je pense que nous devons rendre hommage au président Bruno Amoussou et voir dans quelle mesure nous, jeunes qui sommes encore en activités politiques, puissions prendre son meilleur côté pour le bien-être de ce pays. Même si je n’étais pas Adja comme lui, j’aurai les mêmes idées positives sur lui. Ce ne sont pas des fleurs que je lui jette. C’est un monsieur qui a passé tout son cursus scolaire et universitaire avec brio. En tant qu’homme du monde agricole, il a également apporté sa touche dans le développement du palmier à huile au Bénin à travers son passage à la Sonader. Il a beaucoup fait pour le Dahomey et le Bénin. Bruno Amoussou est une tête bien faite et bien pleine, les deux à la fois ».