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Bénin
Au Bénin, l’exposition des 26 pièces restituées par la France


Au Bénin, l’exposition des 26 pièces restituées par la France fait un carton : plus de 147 000 visiteurs en 3 mois. L’événement a lieu au palais présidentiel, exceptionnellement ouvert au public, avec en même temps une grande exposition d’artistes contemporains béninois. Il prend fin ce dimanche 22 mai 2022. C’est le début du processus de réappropriation d’objets pillés en 1892 par les troupes françaises, lors de la conquête du royaume du Danhomé.  

Entretien avec Alain Godonou, directeur du programme Musées à l'Agence 

nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme, au Bénin

 

RFI : Comment expliquer ce succès populaire ?

 

Alain Godonou : Je dirais que c’est parce qu’il y a eu une très longue attente, avec un intérêt politique, médiatique, et enfin, les objets sont revenus. Chacun veut les voir de ses propres yeux. Et beaucoup de Béninois étaient incrédules, même quand les caisses sont arrivées à Cotonou, ils se demandaient si elles n’étaient pas vides ! Il faut noter que les visiteurs viennent généralement en groupe : famille, association, communauté, parfois 100, 200 personnes. Certains impriment des t-shirts ou des pagnes à l’effigie des objets, c’est un phénomène qu’on voit pour les mariages ou les funérailles chez nous.

 

Les Béninois qui sont en contact avec ces pièces expriment leur émotion et leur fierté. Vous attendiez-vous à des réactions aussi fortes ?

 

Pas vraiment. Certains s’inclinent, font des prières, il y a toujours un moment d’émotion, quelles que soient les origines ethniques et les appartenances religieuses. Ces objets ont été beaucoup montrés en images, mais quand les gens sont devant, ils sont étonnés par leur dimension, par leur qualité, ils disent : « Ah, en ce temps, nos ancêtres ont pu faire ça ? ». Ils témoignent de la grandeur de notre passé.

 

Les autorités parlent de « trésors royaux ». Quel rôle leur donner ?

 

Évidemment, ils n’ont plus le rôle fonctionnel qui était le leur dans le royaume qu’ils ont quitté. Plus personne ne s’assoira sur le trône, les statues des rois Guézo, Glélé et Béhanzin ne serviront pas à galvaniser l’armée. Ils sont le ciment d’une mémoire collective, historique. C’est un trésor commun béninois ! Ces pièces sont désormais inscrites au patrimoine national, avec un numéro d’inventaire, comme « des objets de qualité signifiants pour notre identité et notre histoire ». C’est pour ça que les dispositions de la loi sur la protection du patrimoine culturel [votée en octobre 2021, NDLR] sont importantes pour garantir leur préservation au maximum en termes d’attention technique, de conservation, d’assurance de la part de l’État, et de leur capacité à circuler comme des représentants du Bénin. Ils ont aussi ce rôle, ils sont les témoins d’une partie de l’histoire de l’humanité.

 

Les pièces iront d’abord à Ouidah et puis à Abomey. Le défi ne sera-t-il pas de maintenir le même engouement ?

 

Oui, mais à Ouidah, le Musée International de la Mémoire de l’Esclavage sera un nouvel équipement avec un nouvel attrait. Il y aura des expositions liées à la traite négrière et à l’esclavage. Le récit national prendra une autre forme.

Le public scolaire et académique sera prioritaire, nous préparons des programmes pour les écoles et la recherche scientifique. Ce sont des moments différents : après l’étape de l’émotion que nous vivons, ce sera l’étape de l’éducation.

 

Quelle place et quels moyens seront donnés aux chercheurs béninois ?

 

Au futur musée des Amazones et des Rois du Danhomè à Abomey, il est prévu d’avoir un département Recherche ouvert aux universitaires béninois et étrangers pour faire parler ces objets, les mettre en correspondance avec ceux qui sont restés, analyser les résultats de fouilles archéologiques, et que ça rentre dans une production scientifique.

Il y a déjà des points qui sont débattus dans la documentation que nous avons reçue du musée du Quai Branly, nous espérons que les chercheurs seront féconds pour nous éclairer sur les zones d’ombre.

Nous savons que l’histoire du Danhomè et l’archéologie du sud Bénin intéressent des universités du monde entier donc il pourra y avoir des financements croisés. C’est comme ça que ça fonctionne en Grèce et en Égypte.

Pensez-vous que ce retour va changer le rapport des Béninois au patrimoine culturel ?

C’est la grande surprise, il change déjà ! On disait que les Béninois ne vont pas trop dans les musées, qu’ils ne s’intéressent pas au patrimoine. On découvre qu’ils s’y intéressent profondément. D’ailleurs, le fait que les gens viennent en groupe est significatif : je constate qu’après l’exposition, les membres d’un même clan familial se mettent à discuter de ce qu’ils ont, se posent des questions sur la valorisation de leur héritage. Il y a un mouvement social qui est en route.



Delphine Bousquet/RFI
 
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