Dans le cadre de son programme « Un monde sans faim », la Fondation Konrad Adenauer en collaboration avec Synergie paysanne a organisé, du 29 au 30 novembre 2022 à Golden Tulip à Cotonou, un atelier national sur les crises d’approvisionnement alimentaire, genre et résilience. L’objectif est d’offrir un cadre de réflexion, d’analyse et de débats entre décideurs et acteurs du secteur agricole sur les problématiques des droits fonciers, les perturbations des marchés de l’alimentation et de l’énergie, les crises géopolitiques régionales et les mécanismes de renforcement de la résilience des femmes face aux crises.
Cette rencontre est l’occasion de définir les actions et mesures consensuelles nécessaires à prendre pour contribuer à l’amélioration des conditions de vies des populations en cette période de crise alimentaire et d’accroître leur capacité de résilience. Il s’agit d’une part de faire l’état des lieux de la situation de la crise alimentaire et les mesures prises au Bénin, de faire un plaidoyer auprès des décideurs des autorités coutumières et religieuses afin qu’ils accordent une place de choix à la promotion des droits fonciers de la femme et aux questions relatives à la succession.
D’autre part, c’est également une opportunité d’analyser les implications économiques du foncier rural, d’encourager les pouvoirs, les élus locaux, les partis politiques, les organisations de la société civile, les partenaires techniques et financiers à faciliter l’accès aux facteurs de production (intrants, crédits, etc.) aux femmes pour la valorisation des terres et de proposer des stratégies innovantes en vue de promouvoir de façon efficiente et durable les droits de la femme en milieu rural.
Ainsi, pendant deux jours, des communications, discussions et travaux de groupes et les explications des experts conviés ont permis aux participants composés de députés, de responsables de partis politiques, de représentants des organisations de la société civile, des organisations de producteurs, des organisations internationales, des ministères impliqués et des femmes évoluant dans le secteur de l’agriculture et des personnes ressources, de se familiariser aux concepts de base et approches théoriques sur les problématiques des droits fonciers, les perturbations des marchés de l’alimentation et de l’énergie, les crises géopolitiques régionales et les mécanismes de renforcement de la résilience des femmes face aux crises. En effet, la hausse des prix de plusieurs denrées alimentaires en Afrique de l’Ouest, maïs (+30%) mil (+26%), sorgho (+24%), riz (+18%) au cours des cinq dernières années, l’amenuisement des réserves alimentaires du fait de la pandémie de la Covid-19 et la crise en Ukraine, l’alerte de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture sur les prix des denrées qui pourraient encore augmenter de 20% à l’échelle mondiale, la baisse de la disponibilité du blé pour six pays de l’Afrique de l’Ouest dont le Bénin, qui importent au moins 30% de cette denrée voire plus pour certain du fait de la crise, la perturbation des marchés de l’alimentation et de l’énergie, et la crise du coût de la vie menacent gravement les moyens de subsistance, la santé et le bien-être des femmes déjà défavorisées par l’inégalité d’accès à la terre et aux ressources de production. Selon Mounirou Tchacondoh, Coordonnateur de la fondation Konrad Adenauer Stiftung (Kas) au Bénin, « la femme qui accède à la propriété foncière à la maîtrise de la terre qu’elle cultive et à une meilleure chance d’améliorer ses moyens d’existence notamment ses capacités à vendre, à choisir comment exploiter et obtenir de fonds pour le développement de ses activités ». Il est donc nécessaire pour « les acteurs de développement et les décideurs politiques de développer les capacités de résilience des femmes et leur chance d’exercer et de faire valoir les droits fonciers pour contribuer à maintenir la disponibilité et la qualité des denrées alimentaires et réduire par ricochet la famine et la pauvreté », a soutenu le coordonnateur.
A cette invite de la fondation, la représentante du Ministère des affaires sociales et de la microfinance a attiré l’attention des organisateurs et des participants sur les mesures prises par le gouvernement béninois pour lutter contre la faim et soutenir les femmes. « L’Etat béninois à travers le Ministère des affaires sociales et de la microfinance n’est pas resté insensible aux difficultés des femmes. Diverses mesures d’accompagnement ont été mises sur place pour venir au secours des femmes pour améliorer leur résilience », a précisé Solange Gbonsou, Chef service de la promotion et de l’autonomisation de la femme. Elle s’est réjouie de participer aux travaux afin de partager avec les participants lesdites mesures mais également de faire des propositions pour réduire encore plus la vulnérabilité des femmes. M. Bertrand Yèhouénou, secrétaire permanent de Synergie paysanne et M. Ousmane Affo, représentant le ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche ont remercié la Kas pour son appui constant aux femmes et souhaité que le programme soit pérennisé pour un accès sécurisé et équitable des femmes à la terre. L’atelier national sur les crises d’approvisionnement alimentaire, genre et résilience s’inscrit dans le cadre du programme « Un monde sans faim » de la Fondation Konrad Adenauer Stiftung. Un programme qui, depuis 2016, contribue au Bénin, au Togo et au Burkina-Faso, à la mise en œuvre d’un cadre législatif, réglementaire, institutionnel et stratégique assurant l’accès libre des femmes à la terre et à la propriété foncière, et leur participation à la gestion foncière nationale et locale pour garantir la sécurité alimentaire et permettre la pleine participation des femmes au développement à la base.
Le coup d’envoi des travaux a été donné mardi dernier par Ousmane Affo.
Juliette MITONHOUN
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