Réunis vendredi 2 décembre 2022 dans le cadre du sommet extraordinaire de chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine à Niamey, plusieurs dirigeants africains ont passé en revue les progrès du continent en matière d’industrialisation, de diversification économique et de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) dans le contexte des chocs mondiaux, des vulnérabilités de la dette, des changements climatiques et des problèmes de sécurité.
Une vingtaine de chefs d’État et de gouvernements ainsi que leurs représentants a participé au Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur l’industrialisation, la diversification économique et la Zone de libre-échange continentale africaine organisée à Niamey, au Niger par l’Union africaine.
Selon le président nigérien Mohamed Bazoum, hôte du sommet « Il n’y a pas si longtemps, la juxtaposition des mots industrialisation et Afrique pouvait paraître incongrue. Aujourd’hui, l’interrogation qu’elle suscite est surtout celle des voies et moyens. Cela constitue en soi, la preuve que nous sommes sur la bonne voie. Un proverbe nigérien dit qu’on ne peut pas arrêter un fleuve. Explorant les voies et moyens de développer l’industrie africaine, le président Bazoum a appelé les pays africains à renforcer l’État de droit pour faciliter l’éclosion du secteur privé africain, libérer les énergies des entrepreneurs africains et à simplifier l’environnement des affaires. « L’industrialisation inclusive, solidaire et raisonnée que nous souhaitons ne peut pas être imposée et ne peut être le fait que d’une complémentarité vertueuse des secteurs privé et public, qui seule, peut créer des emplois de qualité. » Il a ajouté que « la jeunesse de la population et sa croissance qui sont un défi, peuvent constituer un atout à condition de bien gérer la transition démographique. »
Son homologue du Nigéria, Muhammadu Buhari va abonder le même sens : « Le continent africain a la chance d’avoir une importante population de jeunes qui peut répondre à nos pénuries de main-d’œuvre. Par conséquent, nous devons exploiter ce potentiel en ressources humaines sur le continent en offrant à nos jeunes une éducation de qualité et adaptée à leurs objectifs et qui rencontre les exigences du marché du travail. »
Selon le président Paul Kagamé du Rwanda, une des voies consisterait à investir dans l’énergie et les infrastructures pour développer l’industrie africaine.
« Le rythme de l’industrialisation en Afrique reste trop lent pour atteindre les objectifs de développement de l’Afrique dans le cadre de l’Agenda 2063. Nous devons investir une plus grande part de nos budgets nationaux dans la politique industrielle, et augmenter de manière significative les capacités en matière d’énergie et d’infrastructures », a déclaré le président Kagamé.
Fabriquer les batteries lithium-ion en Afrique
Les zones de libre-échange qui ont donné la prospérité dans le monde entier l’ont été non pas par le commerce de produits de faible valeur, mais par la production industrielle, a déclaré le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina. Il était représenté à ce sommet par Marie-Laure Akin-Olugbade, sa vice-présidente par intérim chargée du Développement régional, de l’Intégration et de la Prestation de services.
« Il est dès lors clair que la prospérité de l’Afrique ne doit plus dépendre des exportations de matières premières mais de produits finis à valeur ajoutée », a-t-il déclaré.
« Partout en Afrique, nous devons transformer les fèves de cacao en chocolat, le coton en textiles et en vêtements, les grains de café en café infusé », a déclaré Marie-Laure Akin-Olugbade au nom de M. Adesina. Il a rappelé que la Banque investissait 25 milliards de dollars pour transformer le secteur agricole du continent et débloquer le marché de l’agro-alimentaire qui devrait atteindre 1 000 milliards de dollars d’ici 2030.
Akinwumi Adesina a détaillé les efforts d’investissements de la Banque pour développer tous les domaines susceptibles de booster l’industrialisation de l’Afrique et la diversification de son économie : énergie, santé, commerce intra-communautaire, industries pharmaceutiques, etc.
« L’Afrique possède une abondance de ressources naturelles, de pétrole, de gaz, de minéraux et de métaux, ainsi qu’une vaste économie bleue qui doit être rapidement industrialisée », a insisté M. Adesina. « L’avenir des voitures électriques dans le monde dépend de l’Afrique, compte tenu de ses vastes gisements de ressources en minéraux rares, notamment le lithium-ion, le cobalt, le nickel et le cuivre. La taille du marché des véhicules électriques a été estimée à 7 000 milliards de dollars d’ici 2030 et à 46 000 milliards de dollars d’ici 2050. La construction d’installations précurseurs pour les batteries lithium-ion en Afrique coûtera trois fois moins cher que dans d’autres parties du monde », a-t-il précisé.
37 pays en progrès
Au cours du sommet, les chefs d’État ont également examiné le rythme d’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine, qui est entrée en vigueur en janvier 2021, ainsi que ses liens avec l’industrialisation.
Grant-Aniel BOLARIAN
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