Le coup d'État intervenu au Niger pour mettre fin au régime du président Bazoum a eu pour conséquence les sanctions de la CEDEAO et de l'UEMOA. Les frontières sont fermées. Des avoirs sont gelés. C'est dire que, la circulation des biens et personnes est limitée ou bloquée dans l'espace CEDEAO. Le marché financier de l'UEMOA doit connaître des perturbations. Les phénomènes qui peuvent découler de ces dérèglements de l'environnement économique et financier doivent avoir d'impact sur l'économie béninoise. Car, le Niger et le Bénin sont ensemble dans ces deux espaces (UEMOA, CEDEAO).
Les perturbations du marché financier vont entraîner un déséquilibre au niveau du flux monétaire au Niger. Ce déséquilibre engendrerait l'inflation ou la déflation, selon le cas. Et ce phénomène pourrait être importé au Bénin à cause, surtout de la monnaie, le franc CFA.
L'autre aspect est la circulation des biens et personnes.
La fermeture des frontières entre le Bénin et le Niger suite à ce putsch, limite ou bloque même les échanges commerciaux entre les deux pays. Or, les populations des deux pays ont comme tradition le '' Commerce transfrontalier''. Cette activité soutient fortement l' économie béninoise et elle implique beaucoup d'acteurs (Les transporteurs, les producteurs agricoles, les entreprises de transit, etc). Le fait que tous ces acteurs sont sans activité aujourd'hui doit ralentir forcément la vie économique au Bénin.
Le plus important est que, le Niger est un pays de l'hinterland et le port autonome de Cotonou est son principal et naturel port pour les échanges économiques. Suite aux sanctions, le Niger n'a plus accès au port de Cotonou. Or, comme nous avons l'habitude de le dire, le port de Cotonou est le poumon de l'économie béninoise. Donc, le poumon ne fonctionnant pas bien, c'est d'une évidence que le corps soit en difficulté. Les importations des biens en direction du Niger par le Bénin contribue fortement à la vie économique du pays.
Outre ces aspects, il y a le grand projet de pipeline entre les deux pays. La situation actuelle après putsch, avec les sanctions, n'est pas de nature à permettre à ce projet de produire tous les fruits envisagés au plan économique.
Dans tous les cas, l'économie béninoise, comme les autres économies de la sous région sont perturbées. Aucune économie n'est en autarcie et par conséquent il est à souhaiter que cette crise ne dure pas au risque de conduire la sous région dans une récession économique avec les effets conjugués de la guerre en Ukraine, la crise alimentaire et la hausse des prix du baril du pétrole, sans oublier l'impact du réchauffement climatique sur les activités économiques.
Vincent LEZINME, Géoéconomiste, Enseignant Journaliste
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