A l'appel des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), toutes les forces politiques de l'opposition ont arpenté les rues de Cotonou ce lundi 11 mars 2019. Ce qui est à remarquer au cours de cette marche pacifique, c'est le comportement républicain des éléments de la Police Républicaine, qui ont bien encadré la manifestation parce qu'ils n'ont pas reçu l'ordre de réprimer les marcheurs.
Une marche pacifique. Sans courses poursuites. Sans jets de gaz lacrymogène. Sans jets de pierres. Des policiers ayant pour mission d'encadrer la marche. La manifestation de l'opposition lundi dernier a été un franc succès sur le plan du respect des libertés démocratiques. Contrairement aux pratiques du régime défunt qui n'hésitait pas à ordonner l'usage disproportionné de la force contre des manifestants pacifiques, le gouvernement du président Patrice Talon s'est montré légalistes et respectueux des textes en vigueur. Le Bénin reste donc un Etat démocratique dans lequel, les libertés consacrées sont respectées.
Mais comme le reconnaissent bien d'observateurs, une démocratie qui ne s'adapte pas aux réalités contemporaines à elle, court vers sa perte. Patrice Talon, son gouvernement et sa majorité à l'Assemblée nationale ont bien conscience de cet état de chose. C'est pourquoi bien de réformes sont engagées pour remodeler légalement, le mode de fonctionnement de la démocratie béninoise afin qu'elle soit plus utile au peuple et garantisse de bonnes perspectives aux générations futures. La réforme du système partisan par le vote d'une nouvelle charte des partis politiques ou encore, les réaménagements apportés au code électorale, constituent des réformes majeures à même d'impacter positivement le système partisan béninois et permettre de franchir bien de paliers dans la marche vers un système démocratique au service des populations
Seulement, l'opposition semble ne pas être prête. Car, la pomme de discorde entre l'opposition et le président de la République reste, la mise en oeuvre des réformes en cours. Ce qui suscite une levée de boucliers de certains partis politiques qui n'ont pas été capables de se mettre à jour. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur la liste des partis autorisés par la Commission électorale nationale autonome pour s'en convaincre. Pour masquer leurs erreurs et sauver ce qui peut encore l'être, les partis d'opposition font feu de tout bois. D'où la marche du lundi dernier pour mettre encore plus la pression sur la Commission électorale nationale autonome et sur le président de la République, pour que jamais il n'y ait d'élections sans les partis d'opposition. En qualité de garant du bon fonctionnement des institutions de la République le chef de l'Etat a missionné le président de l'Assemblée nationale aux fins de conduire des concertations pour trouver une sortie de crise.
Après la marche du lundi dernier donc, l'opposition n'a d'autres choix que de revenir à la table des négociations. Car, dans un Etat démocratique, ce n'est pas dans la rue que se règlent les problèmes, mais plutôt autour d'une table de négociations. Le président de l'Assemblée annonce avoir déjà entamé ses concertations et les dernières propositions écrites des partis politiques devraient déjà atterrir sur sa table. Reste à espérer que l'esprit du dialogue anime tous les acteurs politiques.
Claudel AZANNAÏ