Adrien Houngbédji
Les députés se retrouvent demain jeudi 28 mars en séance plénière du côté du palais des gouverneurs à Porto-Novo, pour se prononcer sur la requête de la commission des lois de l'Assemblée nationale les invitant à trancher sur les deux lois dérogatoires initiées en vue des législatives 2019 inclusives et apaisées. Une plénière dont nul ne doute de l'issue et la persistance de l'impasse électorale dans laquelle le pays est plongé depuis quelques semaines.
C'est d'ailleurs pour le dénouement rapide de cette situation d'impasse que, le chef de l'Etat avait confié au président de l'Assemblée nationale Me Adrien Houngbédji, la mission de trouver une solution à la crise. Pour parvenir donc au consensus, le président du Parlement avait demandé aux partis politiques de faire des propositions. Si tous les partis politiques recalés par la Commission électorale nationale autonome (Cena) et la Cour Constitutionnelle pour des raisons connues de tous ont fait des propositions pour une sortie rapide de l'imbroglio après l'intervention du chef de l'Etat, il faut remarquer que le PRD, parti du président Adrien Houngbédji, qui se retrouve dans la même situation que les autres en situation d'irrégularité totale et recalé n'a pas fait de propositions évidentes. Un comportement que bon nombre d'analystes politiques trouvent de curieux et même paradoxale. Mieux, son silence sur le fait que les partis de l'opposition refusent d'accorder leurs violons sur des propositions qui cadrent avec l'esprit du protocole additionnel de la CEDEAO parait suspect et amène à s'interroger sur les réelles motivations de tels comportements.
Des précédents qui font dire qu'il joue à un jeu flou. Et comme il n'y a jamais deux sans trois, Me Adrien Hougbédji dont la mission à lui assigner par le chef de l'Etat est de d'user de son expérience pour trouver le consensus entre les deux camps représentés au sein du comité paritaire qu'il préside lui-même, a pour des raisons inconnues, à la surprise générale et sans prendre la peine de consulter tous les autres membres du comité paritaire, inséré de nouvelles dispositions dans le texte proposé par le comité paritaire. Un acte qui dévoile ainsi son vrai visage et son micmac qui à vrai dire ne facilite pas l'avancement dans la recherche de solution à la crise. Le comble dans ce jeu que l'on a du mal à comprendre est que, le président de l'Assemblée nationale a suspendu vendredi 23 mars dernier, les travaux de la séance plénière sans s'en référer au président et au rapporteur de la commission des lois alors qu'ils étaient en plein travaux. Cette dernière carte du président de l'Assemblée jouée, a mis clairement à nu ses manigances. A travers ces nombreux actes posés par le président Houngbédji, on peut affirmer sans se tromper contrairement à ce qu'il dit qu'il n'a pas oeuvré pour que le consensus s'obtienne. De plus, l'on se demande pour quel but tout ça et à quel jeu joue-t-il exactement puisque la situation ne fait que s'enliser à l'Assemblée nationale. Sinon, comment comprendre que rien n'a bougé après deux semaines de médiation ? Est-il dépassé réellement par les évènements ou exprès il le fait pour des raisons qu'il est le seul à savoir.
A la date d'aujourd'hui c'est le statuquo, pour ne pas dire un retour à la case départ dans la recherche de solutions de sortie de la crise préélectorale. Pour preuve, la commission des lois, de l'administration et des droits de l'Homme du parlement saisie pour étudier les propositions de lois dérogatoires modificatives et complétives de la charte des partis politiques et du code électoral, n'a pu réussir à indiquer une orientation claire. La commission, à la majorité des membres présents, a jugé inutile d'engager les discussions particulières et de s'en remettre à la plénière.
Si la situation en vient à ce point, c'est le président de la commission paritaire qui l'aura voulu à travers la substitution de la loi dérogatoire modificative et complétive de la charte des partis politiques qu'il a changé de façon unilatérale. Selon certains députés, ce jeu flou vise à faire un retour aux anciens textes votés sous le régime défunt. Naturellement cette façon de faire va conduire à un grand recul démocratique pour le Bénin. Il faut surtout souligner que contrairement à ce que nous chantent certains députés de l'opposition, le consensus s'impose seulement dans les limites définis par le protocole additionnel de la CEDEAO. Le reste n'est que verbiage et du dilatoire visant à remettre en cause l'ordre constitutionnel. Ce que le peuple béninois n'est pas prêt à avaler.
Jean DOSSOU