Professeur Ibrahim Salami opine sur l'impasse électorale
Le professeur agrégé de droit de l'Université d'Abomey Calavi, Ibrahim Salami était l'invité de l'émission hebdomadaire Zone Franche de Canal3 Bénin ce dimanche 31 mars. Avec les confrères de cette télévision, il s'est principalement penché sur les issues possibles à la crise politique actuelle qui secoue le Bénin. Pour lui, la voie royale de sortie de crise, reste la solution parlementaire car, seuls les députés, élus du peuple ont le pouvoir de légiférer pour corriger ce qui peut encore l'être.
La solution à la crise doit venir des députés élus à l'Assemblée nationale. Les négociations conduites par le président de l'Assemblée nationale semblent pourtant échouées et Adrien Houngbédji a déjà déclaré sa mission terminée. Mais malgré que le parlement béninois avec ses députés tournent en rond depuis quelques semaines, faute de consensus autour des corrections à apporter au code électoral et à la charte des partis politiques, l'éminent professeur de droit Ibrahim Salami reste ferme. Pour lui la solution doit venir de ce haut lieu de la politique puisque ce sont les députés qui ont le pouvoir de voter les lois de la République.
Les consultations menées par le président Houngbédji étaient ouvertes aux anciens chefs de l'Etat et à d'autres personnalités et sachants. Pour le professeur Ibrahim Salami, nous sommes en face d'une situation politique à laquelle il faut trouver une solution politique. « La solution politique à une situation politique dépend des politiques. Il vaut mieux une solution politique avec les politiques qu'avec les sachants». Pour Ibrahim Salami, il faut aussi lorgner du côté des députés de la mouvance présidentielle réunie au sein du Bloc de la majorité parlementaire Bmp. « Sur un plan des négociations politiques, il ne peut avoir d'issue sans qu'on ait amadoué la partie majoritaire qu'est la mouvance présidentielle. Même si vous consultez les anciens chefs d'Etat, même si vous consultez les sachants, il ne peut avoir de solution qu'à l'Assemblée nationale puisque finalement ce sont les députés qui vont voter les lois ». Pour Ibrahim Salami donc, la minorité parlementaire qui mène une guérilla parlementaire tendant à imposer ses idées enlise les négociations. Puisque les députés de la majorité parlementaire ne trouvent pas leur compte. Dans une négociation en effet, chaque partie est appelée à faire des concessions. Si le Bloc de la majorité parlementaire doit tout donner sans rien recevoir, il est évident que l'on s'enlise dans le dialogue de sourds qui s'observent actuellement et qui plombe toutes solutions. Les députés réunis au sein du Bloc de la majorité parlementaires sont tous membres soit du parti Bloc Républicain soit de l'Union progressiste. Deux partis politiques qui ont vu leurs listes de candidatures respectives validées pour prendre part aux prochaines élections législatives. L'opposition doit donc revoir sa stratégie politique si elle est vraiment en quête de solutions pour une sortie de crise. Diaboliser la mouvance majoritaire en l'accusant d'être responsable du vote de lois à polémique, c'est pleurer sur le lait renversé.
Toutefois, il faut rappeler que pendant que les députés tournent en rond à l'Assemblée nationale, la commission électorale nationale autonome Cena, poursuit inlassablement, la mise en oeuvre de chronogramme. Les deux partis politiques retenus, que sont le Bloc républicain et l'Union progressiste se déploient aussi sur le terrain à la conquête des électeurs. Le temps joue contre l'opposition, raison pour laquelle ses députés doivent revoir leur stratégie s'ils tiennent à participer aux élections législatives dont la date est toujours maintenue au 28 avril 2019.
Edith GAGLOZOUN