La 2ème affaire inscrite au rôle de la première session du Tribunal statuant en matière criminelle est une affaire de coups mortels où l'accusé Jacques Amadé a asséné un coup sec à Dame Assiba Sowingnon, sexagénaire au moment des faits qui a passé de vie à trépas sur-le-champ. Il a écopé de 10 ans de réclusion criminelle.
Les faits se sont déroulés à Hêtin dans l'arrondissement d'Ahouannonzoun, commune d'Allada. Tout est parti d'un coup reçu au dos, une réplique et un corps s'étale inerte. En effet, l'accusé Jacques Amandé revenait du champ avec des régimes de palme pour aller les vendre à son amie Marguerite Tonongbé, une cliente fidèle à lui quand il vit des femmes membres d'un groupe folklorique exécuter des pas de danse. Comme il ne comprenait rien, il s'y intéresse mais son plaisir sera de courte durée. L'ambiance a été perturbée par un membre du groupe en l'occurrence Dame Assiba Sowingnon qui était déjà ivre et chassait les gens dans tous les sens.
Faisant sa déposition à la barre, la victime, dit-elle a dépassé a beaucoup consommé la boisson locale communément appelé "Sodabi" et s'est mise à pourchasser l'assistance. C'est dans cette débandade que l'accusé Jacques Amadé s'est retrouvé dans son champ et elle s'est empressée de lui porter un coup au dos. Pris de colère, l'accusé n'a pas tardé à répliquer violemment. Retourné, il n'a pas tardé à donner un coup à la dame qui s'écroula. Ensuite, il continué son chemin comme si de rien n'était. Jacques Amandé a également laissé entendre qu'il n'avait nullement été inquiété après l'acte car, le coup selon lui, ne devrait pas faire autant de dégâts. Il a ajouté que les faits se sont déroulés la nuit et qu'il ne pouvait pas vraiment identifier dans la foulée qui lui a porté le coup. Il a même souligné que lui-même avait également pris un peu de Sodabi comme ils en ont l'habitude dans la localité. « Quand j'ai reçu le coup, j'ai répliqué sans vraiment dévisager l'auteur du coup. Je ne savais même pas que quelqu'un s'était écroulé. Si je l'avais su je n'allais pas partir. J'allais attendre'', affirme-t-il. Jacques est donc parti voir sa copine et est calmement rentré chez lui. Contre toute attente, il a été interpellé le lendemain par la police qui l'a transporte sur les lieux du crime.
Au cours de l'enquête préliminaire que devant le juge instructeur, il a voulu porter le fardeau à de tiers personne. En effet, Jacques a déclaré que lorsqu'il donnait le coup, ses pièces comme son acte de naissance, sa carte d'identité et son attestation de liberté provisoire (pour une infraction de viol pour lequel il a passé 4 ans) sont tombés, ce qui a permis de l'interpeller. Mais comment peut-on juste donner un coup et voir ses pièces situées dans la poche de sa chemisetomber ? Est-ce que Jacques s'est livré à une vraie bagarre où à tenter de violer la victime ? A cette question qui était devenue assez embarrassante pour Juges et avocats, Jacques dans un humour qui lui est propre a répondu : '' Elle est assez vieille. Je ne peux pas me bagarrer avec elle ni la violer''. L'accusé affichait une sérénité convaincante mais l'enquête de moralité ne lui est pas favorable. On le présente comme un personnage pas du tout sérieux qui éprouve un plaisir exquis pour la bagarre et les actes de violence.
Formulant ses réquisitions, le Représentant du ministère public, Jules Ahoga a fait observer que l'accusé a dérouté les Officiers de police en citant sa copine Marguerite Tonongbé et le sieur Bachirou Abadji comme auteurs des coups portés. Il ne va se raviser que devant le magistrat instructeur qui l'a visiblement confondu. Après avoir réuni les éléments constitutifs de l'infraction, le magistrat du Parquet Jules Ahoga a requis 15 ans de réclusion criminelle. La défense représentée par Me Filibert Béhanzin a plaidé a demandé au tribunal de requalifier les faits en homicide involontaire et demande qu'on condamne l'accusé à deux ans d'emprisonnement au plus. Selon ses plaidoiries, il a déclaré que l'auteur n'avait nullement préparé le coup et que son coup s'inscrit dans une réaction à une attaque ponctuelle. Au terme des débats juridico-judiciaires, la Cour composée de Jacques Hounsou (Président) et des assesseurs Rodolphe Azo, Sandrine Mongbo, Cosme Ahoyo et David Ananiet du greffier Fassinou a rendu l'accusé coupable des coups mortels et l'a condamné à 10 ans de réclusion criminelle. Placé sous mandat de dépôt, le 22 juin 2010, Jacques Amadé retourne ne prison pour environ 02 ans pour purger sa peine.
Wendy J. KEDOTE