Il n'y ait jamais pensé mais malheureusement cela lui est arrivé dans sa vie. Gustave Abibou Zodjihoun, militaire de profession continue son séjour carcéral pour environ un an encore à la prison civile de Cotonou avant de recouvrer sa liberté. Ainsi en a décidé le Tribunal statuant en matière criminelle devant lequel l'accusé a comparu pour meurtre et tentative de meurtre le mardi 30 avril 2019 au Tribunal de Cotonou. Il a été condamné à 05 ans de réclusion criminelle pour avoir tiré à bout portant sur un conducteur de taxi-moto
Les faits remontent à 2015. En effet, le 28 mai 2015, Gustave Abibou Zodjihoun, militaire, était en faction avec deux de ses collègues devant une banque sise au quartier Ayélawadjè à Cotonou quand il a aperçu un conducteur de taxi-moto stationner devant cette banque. C'est en essayant de le faire partir, qu'une altercation est survenue entre Gustave Abibou Zodjihoun et le conducteur Kponou Isaac. Au cours de cette altercation, Gustave Abibou Zodjihoun a fait usage de son arme à feu. Les coups tirés ont atteint Kponou Isaac qui a succombé au Centre national et hospitalier Hubert Koutoukou Maga de Cotonou. De même Josiane Lalou épouse Amoussou a été atteinte d'une balle à la cuisse droite.
Faisant sa déposition à la barre, l'accusé Gustave Abidou Zodjhoun, militaire depuis 2006 et totalisant 08 ans d'expérience professionnelle au moment des faits, a reconnu qu'à l'aide de son arme kalachnikov, a fait des coups de sommation en l'air mais pas sur la victime. Il avoue avoir mal réglé la sureté de l'arme en la mettant sur rafale et non sur coup par coup avant de tirer d'où les 20 balles sont sorties simultanément. « Le conducteur s'est entêté à ne pas obéir aux injonctions de mes collègues. Lors de nos échanges, nous avions été encerclés par une quarantaine de Zémidjans venus à son secours et il a eu un soulèvement. Dans la foulée, un conducteur de taxi-moto a demandé m'arracher mon arme. Me sentant alors en insécurité et voulant me défendre, j'ai décidé de disperser la foule qui s'agrandissait. J'ai alors ouvert le feu en l'air. Il n'y avait pas eu de morts ni de blessés de jour là. Le Zémidjan n'a pas reçu des coups de ceinturon et moins n'a jamais été battu par les militaires en faction ce jour là », a-t-il expliqué. Par ailleurs, l'accusé a précisé au Tribunal qu'il a appris que la victime a reçu le coup devant la banque et a succombé à l'hôpital des suites d'un arrêt cardio-vasculaire. « Je regrette éternellement de m'être retrouvé dans une telle situation. Je profite pour demander pardon aux parties victimes », a-t-il confessé tout en larmes. L'enquête de moralité de l'accusé lui est favorable. Le casier judiciaire de l'accusé ne porte mention d'aucune condamnation. Le rapport médico-psychiatrique et psychologique quant à lui, montre que Gustave Abidou Zodjhoun n'était pas en état de démence au moment des faits.
Dans ses réquisitions, le ministère public par Rodrigue Ago a demandé au Tribunal composé du Président Géry Akuesson ; des assesseurs Sandrine Mongbo, Valentin Kpakpo, Fortunat Kadjègbin et Edibayo Dassoundo et du greffier, de requalifier l'infraction de tentative de meurtre contre Madame Josiane Lalou épouse Amoussou en coups et blessures involontaires et de retenir le crime de meurtre contre le conducteur de zémidjan. A cet effet, il requiert 10 ans de réclusion criminelle. Il a aussi exhorté le Tribunal à réserver les intérêts des parties civiles absentes au dossier.
La défense assurée par Me Raymond Gbessemehlan a en ce qui le concerne, demandé au Tribunal de requalifier les faits en coups mortels parce que son client n'a pas voulu donner la mort et au regard de l'enquête de moralité qui lui a été favorable de le condamner au temps déjà passé en prison. Dans sa décision, le Tribunal a rendu l'accusé Gustave Abibou Zodjihoun, militaire de profession coupable des faits de meurtre et tentative de meurtre et l'a condamné à 05 ans de réclusion criminelle. Déposé en prison depuis le 28 mai 2015, l'accusé Gustave Abidou Zodjihoun né en 1988 a déjà passé 04 ans de détention préventive. Il retourne encore en prison pour un séjour d'un an avant de recouvrer sa liberté.
Wendy J. KEDOTE