Une affaire de bagarre a mis en détention le sieur Abdou Raouf Ambani depuis décembre 2014 à la prison civile de Cotonou. Après une audience devant le Tribunal statuant en matière criminelle, l'accusé a été condamné à 48 mois de réclusion criminelle. Mais il a recouvert sa liberté parce qu'il a fini de purger sa peine.

Courant en décembre 2014, l'accusé Abdou Raouf Ambani était dans sa chambre avec son frère Koudouss quand ils ont reçu la visite de leur ami Yahaya Aboubacar, qui a l'habitude de brancher son téléphone portable chez eux. Après avoir passé quelques moments avec eux, il a branché son appareil et s'en est allé. Un peu juste avant son arrivée, l'oncle de Raouf, un conducteur de véhicule poids lourd a confié son portable à ce dernier pour qu'il le mette également à la charge, ce qui fut fait. Tôt le matin, l'oncle a constaté la disparition de son portable ainsi que celui de l'ami de son neveu qui était branché juste à côté. Il le fit savoir à son neveu mais prit la peine de lui confier qu'il a aperçu quand il voulait faire sa prière du matin, un jeune garçon sortir de la maison. Raouf était persuadé que cela ne pourrait qu'être Yahaya. Tôt le matin, Aboubacar se rendit chez eux et demanda son portable. Raouf répliqua qu'il est déjà venu le prendre et qu'il a d'ailleurs volé l'appareil de son oncle. Pris de colère, le jeune homme est sorti brusquement de la maison et est revenu avec deux de ses frères. Une dispute s'est installée et sans attendre Raouf et Aboubacar en sont venus aux mains. Raouf l'a déséquilibré et les deux ont commencé une lutte rude au sol. En se débattant, l'accusé Abdou Raouf Ambani a pris le dessus sur son vis-à-vis qui dans son mouvement a cogné la tête contre la pente en béton de la devanture. Aboubacar décède quelques minutes après. Tels sont les faits pour lesquels le nommé Abdou Raouf Ambani a comparu devant le Tribunal statuant en matière criminelle pour répondre des faits de coups mortels. À la barre ce vendredi l'accusé a reconnu les faits mais regrette amèrement de ne l'avoir nullement prémédité. Il a confié au Tribunal qu'il était juste dans l'idée d'infliger une petite correction à son ami mais malheureusement cela a tourné au vinaigre. ''Je regrette du fond de mon coeur ce qui s'est passé. Je n'ai jamais eu l'intention de lui donner la mort'' a-t-il confié. Une contrition amère qui n'a pas manqué d'avoir d'effet sur les hommes en toge. Dans ses réquisitions, le ministère public représenté par Rodrigue Ago a laissé transparaître un humanisme assez visible à l'endroit du jeune homme qui n'a qu'a peine 22 ans. Se basant sur les articles 509 et 86 du Code pénal nouveau et 309 en vigueur au moment des faits, il a relevé les éléments constitutifs de l'infraction de coups mortels et demandé qu'on le condamne à la peine de 5 ans de réclusion criminelle. La défense de la l'accusé a été assurée par Me Charlos Agossou. Dans sa plaidoirie, il a suggéré au Tribunal de requalifier les faits en homicide involontaire car selon lui, il n'existe pas d'acte matériel intentionnel qui puisse justifier la mort survenue. L'intention de départ de Abdou Raouf Ambani était de corriger son vis-à-vis et non de lui donner la mort. Il demande qu'on le condamne à la peine déjà passée en prison. Le Tribunal présidée par Michel Adjaka assisté des assesseurs Armel Azodogbèhou, Sandrine Mongbo, Norbert Kimply et Cosme Ahoyo a rendu Abdou Raouf Ambani coupable des faits de coups mortels et l'a condamné à la peine de 48 mois d'emprisonnement ferme. Mis en détention le 22 décembre 2019, l'accusé a déjà passé plus de 4 années en prison. Abdou Raouf Ambani recouvre donc sa liberté et vit désormais en famille.

Wendy J. KEDOTE