Le Tribunal statuant en matière criminelle a examiné le lundi 20 mai dernier, une affaire de meurtre avec pour accusé Théodore Tossa. A l'issue de l'audition, Théodore Tossa a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle.
C'était le dimanche 25 janvier 2009. Ce jour d'ordinaire était celui retenu par la communauté nigérienne du Quartier Akpakpa Dodomey pour organiser des séances de lutte traditionnelle. C'était des instants de réjouissance où les jeunes de la communauté se défoulaient. A cette séance, l'accusé Théodore Tossa prenait souvent part sur invitation de son ami Mamadou Sinka. Avec le temps, il a réussi l'immersion et a commencé par participer à la lutte. C'est ainsi que ce dimanche il a décidé de croiser les biceps avec son ami Mamadou Sinka. La partie a démarré sous les ovations du public. Au premier round, Mamadou a pris le dessus et a terrassé à plate couture son ami. Au second tour, Théodore est encore mis au tapis. Le public exulte et tourne l'accusé en dérision. Celui-ci courroucé a provoqué une bagarre mais les deux ont été séparés. Il est rentré chez lui situé à quelques mètres du lieu de la bagarre. Il revient quelques instants après et à l'aide d'un poignard frappa celui-ci à la poitrine. Du sang gicle et il s'écroule. Transporté d'urgence au Cnhu de Cotonou, la victime décède des suites de ses blessures. Interpellé et inculpé de meurtre, l'accusé n'a reconnu les faits à aucune étape de la procédure. Ainsi se résument les faits pour lesquels, l'accusé Théodore Tossa a comparu devant le Tribunal statuant en matière criminelle
A la barre, l'accusé est resté dans la même posture comme ce fut le cas à toutes les étapes de la procédure. Il a nié les faits mis à sa charge. Dans sa déclaration, il a laissé entendre qu'il n'a jamais poignardé la victime et qu'au grand jamais il n'a pris part à une quelconque lutte traditionnelle. Selon ses propos, la victime lui a demandé de l'argent. Il s'y est opposé et une petite bagarre a démarré entre les deux. A la fin de la bagarre, il rentrait chez lui quand au niveau de son portail, quelques amis de la victime ont tenté de le tirer. En se débattant, martèle-t-il, il a pris appui sur le mur de sa maison qui s'est écroulé sur la victime. Cette version peu solide a été ébranlée par les différents témoignages. Au cours de leurs auditions respectives, le conseiller local de Sodjèatimè, le neveu de la victime ainsi que le père de l'accusé sont unanimes sur le fait que la bagarre est née au cours d'une séance de lutte traditionnelle. Ils ont également déclaré au regard des témoignages croisés que l'accusé a poignardé la victime, mais à l'aide de quel objet ? C'est à ce niveau que se trouve tout le flou. Le neveu de la victime qui a pris part de bout en bout à l'événement n'a pas pu identifier l'outil utilisé par l'accusé. « Il a donné un coup et après j'ai vu du sang gicler au niveau de la poitrine de Mamadou. Je n'ai pas pu identifier un couteau, mais juste après le coup, j'ai vu du sang gicler », a-t-il laissé entendre.
Le certificat médical fait état d'un choc hémorragique d'origine traumatique. Selon les conclusions du médecin, le coup est porté à une zone d'émergence des gros vaisseaux qui partent du coeur et abritent du sang incoagulable.
Débats judiciaires et condamnation de l'accusé Théodore Tossa
Dans ses réquisitions, le Représentant du Ministère public, Mario Elon'm Mètonou a indiqué que le coup porté et la sensibilité de la partie vitale atteinte par le coup sont expressifs de l'intention coupable de l'accusé. Se fondant sur l'expertise médicale et les différentes pièces inscrites au dossier, Mario Mètonou a retenu le meurtre au regard des dispositions des articles 468 et 480 du code pénal. Il a demandé au Tribunal de condamner l'accusé Théodore Tossa à la peine de 20 ans de réclusion criminelle.
Pour l'avocat de la défense, Enoch Chadaré, l'élément du crime n'a été identifié par aucun témoin pendant toute la procédure. Aucun témoin du dossier, déposant à la barre, n'a vu l'objet dont est servi l'accusé. A ce niveau des débats, il souligne qu'il est d'emblée difficile de certifier que le coup fatal porté à la victime a été à l'aide d'un couteau, mais d'une bague selon les propos de l'accusé. Il a donc plaidé sur le doute et le défaut d'imputabilité. Au terme des débats, le Tribunal après son délibéré a requalifié l'infraction de meurtre en coups mortels et condamné l'accusé Théodore Tossa à 15 ans de prison ferme. Mis en détention le 28 janvier 2009, l'accusé retourne ne prison encore pour quelques années afin de purger sa peine.
Wendy J. KEDOTE