Le naufrage du Titanic restera gravé dans la mémoire de l'humanité comme l'un plus grands drames de l'histoire en temps de paix. En effet, ce paquebot a livré à la mer et à la mort, plus de 1 500 êtres humains embarqués pour un voyage paradisiaque qui les conduisit tout droit en enfer. Cela est connu. Mais ce que beaucoup de gens ne savent pas (incroyable mais vrai), c'est que quatorze ans auparavant, un écrivain anglais avait écrit une oeuvre de fiction qui parlait de ce genre de naufrage avec une précision et des coïncidences qui donnent la chair de poule. Amateurs de mystère, vous serez largement servis…
Qu'est-ce que le Titanic ?
Le RMS Titanic est un paquebot transatlantique britannique construit en 1907. C'est à l'époque, le plus luxueux et le plus grand paquebot jamais construit. Les médias contemporains le présentaient comme un navire des plus sûrs.
Lors de son voyage inaugural, il heurte un iceberg sur tribord avant, le 14 avril 1912 à 23 h 40 (heure locale). Il coule le 15 avril 1912 à 2 h 20 au large de Terre-Neuve. Entre 1 490 et 1 520 personnes disparaissent, ce qui fait de cet événement l'une des plus grandes catastrophes maritimes survenues en temps de paix et la plus grande pour l'époque.
L'épave du Titanic est localisée le 1er septembre 1985 par le professeur Robert Ballard. Elle gît à 3 843 mètres de profondeur à 650 km au sud-est de Terre-Neuve. Je ne veux pas aller plus loin en vous racontant la grande détresse humaine des passagers, des tentatives de sauvetage, de la mort massive et presque en direct qui a eu lieu.
Le terrible mystère Morgan Robertson
En 1898, Morgan Robertson, un auteur (pas célèbre à l'époque), publie le roman « Futility » construit autour de la disparition tragique d'un paquebot. Au fil de la lecture de l'oeuvre de fiction, le nombre de points communs avec la réalité se révèle proprement stupéfiant. Comment expliquer ce qui est bien plus qu'une vague analogie ?
Les deux navires :
1 - Ils portent pratiquement le même nom : Titan et Titanic.
2 - Ils appareillent presque à la même heure.
3 - Ils entrent en collision avec un autre bateau au début de leur traversée.
4 - Ils ont presque exactement les mêmes dimensions, le même nombre de canots, et de compartiments
Etanches. La comparaison est facilitée par la description minutieuse du Titan.
5 - Ils naviguent à la même vitesse et sous le pavillon britannique.
6 - Ils ont le même nombre d'hélices et de moteurs (de puissances égales). Ils sont équipés d'un central téléphonique, embarquent deux orchestres pour distraire leurs passagers.
7 - Ils sont victimes du même accident, au cours du même mois.
Et encore:
8 - Au moment du drame, 2000 personnes (dont 1000 marins) se trouvent à bord du Titan et il y en aura 2278 (dont 892 membres de l'équipage) sur le Titanic.
9 - Le navire qui se détourne pour secourir le Titan avait pour destination Gibraltar et la Méditerranée tout comme celui qui se portera à l'aide du Titanic.
Quant aux circonstances du naufrage :
10 - Titan : 5 secondes après la découverte d'un iceberg par la vigie, ordre : « Arrière toute ». Sur sa lancée, le navire avance encore un peu puis est déporté sur sa gauche, en raison de la présence d'un banc de sable, et n'aborde pas l'iceberg de front. Choc à tribord (droite). Chute de blocs de glace sur le pont. Le paquebot se dresse à la verticale, proue en l'air mais hélices hors de l'eau, puis s'affale sur tribord et coule.
11- Titanic : 37 secondes après la découverte d'un iceberg par la vigie, ordre : « Stoppez, arrière toute,
babord toute ». Le paquebot commence à virer sur sa gauche. Choc à tribord. Chute de blocs de glaces sur le pont.
Selon les experts, l'officier de quart a commis une erreur en ordonnant de manoeuvrer pour tourner à gauche (« bâbord toute ») car une collision frontale aurait évité le naufrage. Le navire s'enfonce à la verticale, étrave d'abord (donc hélices hors de l'eau) tout en basculant sur tribord (témoignages des survivants).
Le lecteur semble ne pouvoir hésiter. La tragédie du Titan, c'est celle du Titanic. Certes, le roman n'est pas la copie conforme du récit du naufrage : nous venons de constater la présence de quelques différences au moment de la rencontre avec l'iceberg. De plus, le Titan qui se dirige de New–York vers la Grande–Bretagne, en est à sa quatrième traversée, ses canots peuvent transporter 500 personnes tandis que le Titanic effectuait son voyage inaugural de Southampton à New–York et disposait de 1178 places à bord de ses embarcations de sauvetage. 3000 ceintures de sauvetage sur le Titan, 3560 à bord duTitanic. 705 survivants en réalité, 13 chez Robertson.
Pour tout le reste, inutile de penser « coup de chance » car une telle suite de coïncidences – même si elles ne sont pas rigoureusement exactes – n'est plus une coïncidence. L'histoire racontée par Morgan Robertson ressemble trop à ce qui se produira pour que l'on puisse retenir l'explication par le hasard. Mais s'il ne s'agit pas de hasard, doit-on parler de voyance ? Pas si vite. La parapsychologie scientifique exige une enquête beaucoup plus poussée.
Morgan Robertson prétendait écrire sous la dictée d'une « voix » et de nombreux voyants authentiques éprouvent la même impression. Cela ne peut évidemment pas suffire d'autant que la suite nous apprend que ce fils de marin, ancien marin lui-même ayant navigué pendant 10 ans, s'était spécialisé, comme écrivain, dans les récits d'aventures maritimes et exotiques. Homme de mer avant de devenir homme de plume, Robertson ajoutait à son important bagage technique sa connaissance des véritables dangers de la traversée de l'Atlantique. Toutefois, en 1898, le Titanic était loin de voir le jour ; le principe d'un navire ayant ses caractéristiques ne serait pas envisagé avant 1907… « Futility » raconte avec force détails un événement qui, lorsque le livre fut publié, ne pouvait pas arriver parce que la science n'avait pas encore atteint ce seuil technologique. »
Si ce n'est pas par hasard que Titan = Titanic, ce n'est pas non plus parce que Robertson s'y connaissait en paquebots. En effet, un retour sur le naufrage et sa cause va fournir des arguments supplémentaires. Déjà l'idée qu'entreprendre le voyage à travers l'océan fasse courir le risque de périr dans une noyade collective n'effleurait pas l'esprit : en vingt ans, sur 9 millions de personnes qui ont traversé l'Atlantique, on ne compte que 118 morts et disparus.
Continuons. Parce que Robertson, le parfaitement documenté, devait obligatoirement savoir qu'au printemps, les icebergs se détachent de la banquise, la concordance des dates du naufrage imaginé et du naufrage véritable n'a rien de parapsychologique. Dont acte. Seulement, dans ces conditions, Robertson, le très informé, savait aussi – les deux allant de pair – que, pour les compagnies d'assurances, le risque de heurter un iceberg sur la route maritime allant d'Europe en Amérique, ou vice-versa, était de l'ordre du millionième et qu'on craignait beaucoup plus l'abordage accidentel ou la rencontre avec une épave flottant entre deux eaux. Enfonçons le clou : sur près de 90000 traversées de l'Atlantique effectuées de 1890 à 1910 par des bâtiments battant pavillon britannique, les statistiques font apparaître treize accidents liés à la glace; aucune n'avait fait de victimes.
Le choix de la collision avec un iceberg entraînant un nombre extrêmement élevé de victimes est donc, à son tour, incompatible avec l'hypothèse d'un roman écrit à partir de connaissances techniques et rien qu'à partir de connaissances techniques. Robertson a expliqué le drame du Titan par l'intervention, quasi impossible, de la cause qui a provoqué le drame du Titanic. L'hypothèse de la voyance l'emporte donc définitivement.
Nous n'en avons pas terminé. Dans son passionnant petit livre Histoires paranormales du Titanic, le philosophe Bertrand Méheust montre que la voyance prémonitoire d'un romancier ancien marin n'est pas unique. D'autres que Morgan Robertson ont eu connaissance du naufrage sans avoir pu en être informés. D'un autre côté, le succès planétaire du film de James Cameron « Titanic » a ravivé le souvenir de l'énorme impact social de l'événement.
Partant de ce type de double constat, Roger Nelson, de l'université de Princeton, a voulu dépasser largement le problème ponctuel du Titanic et de la voyance. Le but du Global Consciousness Project (G.C.P.), lancé en 1998, est de chercher à savoir si des faits concernant (d'une manière ou d'une autre) un très grand nombre de personnes peuvent être mis en corrélation avec des perturbations de notre environnement technologique. Perturbations inexplicables en l'état actuel des connaissances bien entendu. Les premiers résultats de ce programme expérimental, toujours en cours, vont dans le sens affirmatif.
Peut-être découvrira-t-on un jour qu'un romancier, totalement ignoré de son vivant par les chroniqueurs littéraires, a raconté avec des années d'avance l'histoire des attentats du 11 septembre 2001 qui ont constitué l'événement le plus marquant de la première décennie du XXIe siècle. Si cela devait être le cas, nous serions quelques-uns, dans l'au-delà des chercheurs en parapsychologie, à ne pas être autrement étonnés parce qu'ayant connaissance d'un précédent. Futility de Morgan Robertson a été publié quatorze ans avant le 14 avril 1912 à 23 h 40, le terrible jour du Titanic.
Que conclure ?
Ne voulant pas insulter votre intelligence, je ne conclus rien pour cette fois-ci. Réfléchissons plutôt sur le monde que nous vivons. Ne fait-il pas peur par ses mystères à répétition ?
Dénis AVIMADJESSI, Ecrivain