Oumar Tchomogo, ancien attaquant des Écureuils, passé par l’As Valence, EA Guingamp, Amiens, Chambery (France), sans oublier Vitoria FC, Victoria Clube, Portimonense (Portugal) a aussi arboré les couleurs d’Al Kharitiyath et Baniyas. Ancien sélectionneur des équipes nationales A et A’ du Bénin, l’ex-capitaine des Écureuils était l’invité spécial des journalistes sportifs du forum, ‘’DREAM TEAM SPORTS’’, samedi 25 Septembre dernier. Agé de 42 ans, l’ancien joueur d’ASACO et actuel entraineur des U17 des Chamois Niortais en France a rompu le silence en répondant à plusieurs questions dont entre autres : la lourde défaite du Bénin face au Mali en Septembre 2016 qui élimine les Écureuils pour la CAN/2017 (5-2), son parcours en tant que sélectionneur national, ses diplômes, l’affaire des primes de qualification pour la CAN/2019, les secrets des penalties qu’il n’a jamais raté... Oumar Tchomogo a donné des réponses claires et précises à toutes les questions à lui adressées. Le quotidien ‘’Le MATIN’’ qui a suivi cet entretien au profit de ses lecteurs leur permet de lire la première partie en attendant la deuxième, prévue pour être publiée dans la prochaine parution du journal.
Dream Team Sport : Ce samedi vous avez accepté briser le silence, Merci d’avoir accepté notre invitation. Dites-nous, comment ça se passe avec l’équipe U17 de Niort dont vous êtes l’entraîneur ? Avez-vous repris ?
-Oumar TCHOMOGO, ancien capitaine des Écureuils, ancien sélectionneur national : Bonsoir et merci à tous. Je vous dis merci de m’avoir permis de m’exprimer aussi et d’apporter certains éclaircissements à pas mal de détails. Donc, je vais commencer par parler du nombre de sélection qui n’est pas que 25. Je pense que j’ai eu à faire deux CAN. Avant ça, j’avais joué. Sauf que dans les archives, il n’y en avait pas. Concernant la déception de la qualification, oui ! Ça reste toujours une déception, moi je suis un gagnant à la base. Mais, je voulais rappeler certains détails à pas de gens qui n’ont pas vraiment compris quand je suis revenu en sélection pour être entraîneur, il y avait déjà des objectifs. Le premier objectif, c’était d’abord, la reconstruction de l’équipe nationale A. C’était ça qui était d’abord la priorité. Après la deuxième chose, c’était de retrouver les binationaux, faire revenir les anciens encore en activité et peut-être allé chercher une qualification. Est-ce que certains objectifs sont atteints ? Je pense que si ! Après, il y avait aussi un autre qui était de monter l’équipe nationale locale sans compétition parce qu’il n’y avait pas de championnat pendant deux ans pour participer au tournoi de l’UFOA. Ce qui a été fait. Donc, la qualification, je sais, j’assume. J’assume parce que moi aussi ça me tenais à cœur. En ce qui concerne la qualification, c’est vrai la défaite a été lourde, j’assume parce que j’avais la responsabilité de qualifier. Et c’est moi qui choisis les joueurs pour les mettre sur le terrain. Et je le redire encore, j’assume. Mais après un moment quand vous regardez le match, je pense que la responsabilité, elle est partagée. Parce que quand c’est des erreurs individuelles sur le terrain, je suis désolé. Le coach, il ne peut rien. Moi je fais confiance au ‘’Onze’’ aux ‘’Seize’’. Je mets un truc en place, après ça reste le foot et j’assume une fois encore. Mais bon ! C’est le foot !
En ce qui concerne Niort, ce n’est pas encore la reprise. Mais, je donne un coup de main à l’entraîneur de la réserve qui a repris depuis lundi. Comme on a eu l’occasion de travailler ensemble l’année dernière. Puisque j’avais eu les U19. Et la Direction a décidé de supprimer les U19 financièrement aussi. Donc, ils m’ont demandé de reprendre le centre de formation, les U17. Ce qui est une grosse responsabilité et on commence les entraînements lundi (ce jour, ndlr)
-Quels étaient vos sentiments après la débâcle de Bamako où vous étiez à un doigt de la qualification ? C’est un manque de confiance ?
C’est vrai comme je l’ai dit. La défaite, elle est lourde. C’est dommage, puisqu’on est à un doigt de se qualifier. On a fait le maximum. Je ne peux pas appeler ça manque de confiance, parce que c’est des joueurs qui évoluent à un très bon niveau déjà. Donc, eux aussi voulaient se qualifier. Comme c’est le foot, il y a des jours ‘’sans’’. Ce jour-là, c’était un jour sans pour nous. Mais je pense qu’on tire aussi des leçons et on continue à travailler. Je pense que la plupart des joueurs ont tiré des leçons et ça laisse un goût amer.
Si on vous demande de présenter le football béninois dans son cadre général. Quelle sera votre réponse ?
Je pense que le football béninois fait des progrès quand-même. Mine de rien parce que, je vois quand je suis arrivé, on a pu monter une équipe nationale locale sans championnat. On a pu aller en demi-finale de l’UFOA, et quand je suis parti le championnat a bien commencé. Malheureusement il y a la covid-19. Mais je ne pense pas que c’est le football béninois qui a des problèmes. C’est des mentalités qu’il faut changer. Parce qu’il y a la qualité, il y a la volonté. Mais c’est les mentalités qu’il faut changer et je pense qu’il nous reste beaucoup à faire sur ce plan.
Vu tes conditions actuelles de travail en France et pour avoir été aux commandes des Ecureuils dans des conditions que tu sais aussi. Est-ce qu’un éventuel nouveau challenge avec la sélection nationale te ferait revenir ?
Non ! Pour l’instant je suis en poste et j’ai une grosse responsabilité ici. Le Bénin reste toujours mon pays. Donc, pour l’instant je suis ici et je continue à travailler. Je continue à passer aussi des diplômes. Donc, je suis bien ici pour l’instant et je pense qu’ils sont en train de faire un travail formidable aussi au Bénin. Pour l’instant, je n’y pense pas encore.
Parlez-nous un peu de vos diplômes, du niveau que vous avez atteint et de ce qui vous reste pour atteindre l’UEFA ? Et que répondez-vous à ceux qui racontent que c’est un échec d’avoir entraîné une équipe nationale et se retrouver aujourd’hui à la tête d’une équipe de jeunes d’un club français ?
Rire ! Encore le problème de diplôme revient à chaque fois. Bon, je vais le dire pour une fois pour de bon. J’ai pas passé mes diplômes. J’ai le B.E.F, le B.E.A, j’ai l’UEFA ‘’A’’. Ce n’est pas une attestation ou un certificat, non ! Je parle bien de diplôme. Quand je parle de diplôme, c’est l’UEFA ‘’A’’. Pour ceux qui sont ici et qui savent. Le B.E.F, ça veut dire tout déjà. C’est un brevet d’Etat. L’UEFA ‘’A’’, je l’ai aussi. Et je suis en train de continuer à me former et passer le D.E.S. Donc, je ne pense pas que beaucoup pourront aller passer ce diplôme. Parce que déjà, il faut avoir la chance d’être ici. Et ce n’est pas un stage d’un mois, de trois semaines, non ! Ce n’est pas un certificat, c’est un diplôme. Vous savez, je vais revenir sur un truc qui va vous paraitre un peu bizarre. J’avais ce diplôme depuis dix (10) ans. J’étais adjoint à un moment donné en ayant le même diplôme que cette personne, ‘’Michel Dussuyer, ndlr’’, mais je n’en parle pas. Je n’en parle pas sauf qu’à l’époque moi j’étais déjà en poste. A l’époque j’avais les U17 au centre de formation à Valence. Donc, je le dire encore. Pour ceux qui savent, aujourd’hui on ne peut pas mentir sur les diplômes. Vous pouvez aller rechercher ici. Et déjà pour être dans les centres de formation, pour entrainer dans les centres de formation, il faut un diplôme, il faut avoir un certain niveau de diplôme, pour entrainer à ce niveau. Tout ce qui est U15, U17, U19, nationaux. Donc, voilà je n’ai pas besoin de revenir encore dessus. Je le redis encore. Ce n’est pas une licence, ce n’est pas une attestation de fin de stage.
Ce n’est pas un échec pour moi, le fait d’aller entrainer l’équipe nationale et revenir entraîner les U19. Je vais vous donner un exemple simple. C’est comme si vous êtes un professeur certifier. Vous enseignez au campus. On vous nomme DG ou DC dans un ministère. Le jour où vous n’êtes plus nommé, vous repartez à votre poste. C’est comme ça. J’étais en poste quelque part, j’étais allé en équipe nationale. C’est fini ! Je reviens, je continue à retravailler. Et comme je le dis, ce n’est pas un CDI. Etre entraîneur, c’est du jour au lendemain. Vous pouvez vous retrouver en 1ère Division, vous pouvez vous retrouver en Division d’Honneur. Le plus important, c’est de rebondir. Ce n’est pas j’étais en sélection, c’est fini, je ne fais plus rien. La vie ce n’est pas comme ça. Pour ceux qui sont entraîneurs, ils savent que tu peux venir aujourd’hui et partir le soir. L’important, c’est de rebondir.
L’épopée raconte que vous n’avez jamais raté un tir au but. Si oui ! Quels sont vos secrets ?
Rire…Pour les penaltys, il n’y a pas de secret. C’est un travail qui se fait quotidiennement. C’est comme pour les frappes, les centres, après les entrainements, il faut travailler. Le penalty, c’est souvent lever la tête, regarder la position du gardien et le placer à un mètre du poteau. Je pense que c’est plus facile. Après tout ça, c’est le travail au quotidien.
En tant que coach, qu’est-ce que ça fait d’être écarté de l’encadrement de la sélection nationale et même de l’encadrement des sélections de catégories d’âges du Bénin ? Vous-vous reprochez quoi ?
Je pense qu’en ce qui concerne ma fin de contrat avec l’équipe nationale, je n’ai pas été écarté, ni limogé hein. Je veux que ça soit encore clair. Je suis allé au bout de mon contrat. J’avais signé deux ans, je suis allé au bout de mon contrat. Et je pense que si un travail n’avait pas été fait à un moment donné, les autorités n’allaient pas me laisser continuer. Je pense que s’il n’y avait pas de résultat pendant les deux ans, je serais déjà viré ou que mon contrat serait arrêté, que je partirai avant la fin de mon contrat. Je pense que je faisais un bon travail. C’est pour ça que je suis allé jusqu’au bout. Et après ça ne s’est pas renouvelé. C’est comme ça. Donc, je suis parti. Pour moi, j’ai fait ce que je devais faire et je continue.
Que gardez-vous de positif (leçons sportives et de vie) de votre passage au niveau des sélections nationales du Bénin ?
Je garde beaucoup de choses de positif hein, franchement. Parce que quand je vois des joueurs comme Verdon, que j’ai pu ramener en équipe nationale. Sessi, Hountondji, David Kiki, qui sont dans le championnat et qui continuent de faire honneur aux Béninois, ça fait plaisir. Je me suis dit à un moment donné, je suis fier d’avoir pu les convaincre pour venir en équipe nationale. Après dès que l’équipe nationale joue, je supporte la sélection. Loin de là, je suis toujours fier des Ecureuils.
Aujourd’hui qu’est-ce qui fait votre grande fierté en matière du football béninois ?
Je suis fier des internationaux qui jouent ici et même des jeunes comme Mama Séïbou, Gomez Charbel, je suis vraiment content de ce qu’ils font. Donc, pour moi ça rester une fierté. Donc, il faut toujours les encourager. Sauf que des joueurs comme ‘’IB’’ ‘’Ibrahim Ogoulola, ndlr’’ qui sont restés au pays. Je me dis, c’est dommage, mais, je leur demande de continuer à travailler. Chaque chose à son temps. Il ne faut pas baisser les bras. Eux aussi, ils font ma fierté. Parce qu’à un certain moment donné, j’ai pu les amener au haut niveau pour qu’ils sentent au moins le haut niveau. Après, il faut qu’ils continuent à travailler.
En dehors de la défaite contre le Mali, vous avez réussi votre passage à la tête des Ecureuils A et A’. Dites-nous, quelles sont les qualités nécessaires à développer pour réussir à la tête d’une sélection nationale du Bénin ? A votre nouveau rôle de coach U17 à Niort, dites-nous s’il y a éventuellement des talents qui pouvaient aider la sélection nationale U17 à Niort ou en France en général ?
Pour réussir à la tête d’une sélection, c’est d’abord les moyens qu’on doit mettre à la disposition de l’entraîneur pour aller chercher les joueurs, pour aller les convaincre, pour les intéresser, il y a le matériel aussi, il y a le terrain, il y a pleine de choses pour réussir à la tête d’une sélection. Il y a les mentalités à changer. Quand vous voyez à côté, les autres qui réussissent, ils n’ont pas deux têtes. Ils ont les moyens et tout ce qui va avec. Donc, ici avec les U17, malheureusement, il n’y a pas encore de Béninois à ce niveau. Peut-être quand je vais commencer le championnat, je vais voir s’il y a des Béninois…à ce niveau, comme ça, je vous tiendrai au courant. Il faut savoir gérer aussi un groupe, il faut gérer les dirigeants, ce n’est pas souvent évident, les égos, il y a tout ça. Il faut avoir la maitrise de soi, il faut prendre du recul pour prendre les décisions. Gérer un groupe, ce n’est pas souvent facile. Parce qu’à chaque tu as souvent des égos qui ressortent. Il faut être tout le temps présent, il faut savoir dire ‘’Non’’, il faut savoir dire ‘’Oui’’. Donc, c’est un peu difficile. Là c’est à toi de trouver le juste milieu pour gérer ton effectif et surtout dans un groupe, c’est le groupe qui passe, pas l’individuel. Il faut être toujours exigent envers ce principe.
A quel entraîneur souhaiteriez-vous ressemblé parmi José Mourhino, Jorgen Klopp, Zinédine Zidane, Fabio Capelo ou encore Pep Guardiola ?
Non ! Moi je ne veux ressembler à personne. Je veux ressembler à moi-même. Mais plutôt prendre les qualités de ce qu’ils ont, de ce qu’ils montrent tout le temps. Et dans ce cas je vais parler de Klopp, Zidane et Guardiola. C’est un mélange dans ces trois. Parce que dans ces trois, tu trouves des entraîneurs qui prennent du recule pour prendre des décisions, des entraineurs qui sont à l’écoute, qui sont proches des joueurs. Je pense que c’est un mélange des trois et après je pourrai mettre ma pâte à moi, qui prends le temps d’observer et qui prends les décisions.
Entre Moussa et Oumar Tchomogo le courant ne passe pas très aisément. Sans faire de la xylolalie dites-nous ce qui oppose Oumar à Moussa Latoundji ?
Ah bon ! Ah ! Vous m’apprenez quelque-chose de nouveau alors hein me concernant et Moussa. Ça m’étonne quand-même. Moussa fait partie de mes anciens coéquipiers avec qui le courant passe aisément. Quand on se voit, on échange. C’est fraternel, franchement. Il n’y a pas d’animosité, il n’y a pas de souci entre moi et mes anciens coéquipiers et surtout Moussa. Non, non ! Pas du tout ! Pas du tout ! Je ne sais pas d’où vous tenez votre information. Ce n’est pas vrai.
Est-ce que de ta position en France, il ne faudrait pas que nos responsables ici, Fédération, Ministère des Sports, te consultent désormais dans le choix des futurs sélectionneurs, puisque vous devez connaître mieux que quiconque ?
Je ne sais pas s’ils doivent me consulter ou pas. Mais aujourd’hui, je pense que les autorités au Bénin savent qui je suis, où je suis, ce que je peux apporter. Si elles jugent que je peux apporter quelque-chose, c’est à eux de voir. Ce n’est pas à moi de proposer mes services. Je l’ai fait depuis des années et je le ferai peut-être plus tard. Comme je le souligne, aujourd’hui j’ai une position, je suis en poste, je continue à travailler. Il n’y a pas de souci. Je pense qu’ils ont une autre vision pour l’instant. Il faut laisser le temps aux gens de travailler aussi.
Dites-nous, vos primes de qualifications ont été payées ?
Encore la question des primes de matches. Non ! Je vais être clair. Vous savez mon éducation ne me permet pas de parler de certaines choses et ça près de 25 ans que je suis ici, j’ai eu à signer des contrats. Pour l’instant, je n’en parle pas. Je sais ce qui est marqué dans mon contrat. Aujourd’hui, ça dépend dans quelle position on se met pour lire un contrat. Moi je ne parle pas de prime de qualification, puisque dans mon contrat, c’est bien clair. Donc, le reste, je n’ai plus à me poser des questions concernant les primes. Donc, c’est pour ça quand j’ai appris qu’il fallait écrire, non, je n’ai pas écrit parce que je n’ai pas droit aux primes de qualification. Après ça dépend de quel côté on se met pour interpréter un contrat. Et aussi concernant les joueurs, je n’ai jamais demandé à un joueur de demander ces primes de matches. Parce que je ne sais combien de matches ils ont joué, et qui a droit, qui n’a pas droit. Pour moi, la question des primes je ne parlerai plus parce que pour moi c’est derrière. Ce n’est pas dans mon éducation. (La suite dans notre prochaine parution)