Il a rompu le silence samedi 25 Juillet dernier. Longtemps disparu des radars des médias béninois, Oumar Tchomogo, ancien capitaine, ancien sélectionneur de l’équipe nationale des Ecureuils du Bénin et ancien sélectionneur de l’équipe locale a été reçu en invité spécial au cours de l’émission sportive virtuelle, organisée chaque week-end par le forum ‘’DRAEM TEAM SPORTS’’. Lequel regroupe en majeur partie des journalistes sportifs béninois et étrangers ainsi que des acteurs nationaux du sport. L’ancien attaquant de l’En Avant Guingamp, de l’As Valence, de Vitoria Clube et actuel entraineur des U17 de Niort s’est prêté aux questions de la Presse. De son parcours en sélection en tant que joueur et sélectionneur, ses choix, ses ambitions, ses relations avec les Médias, l’ancien joueur du CEG Gbégamey à Cotonou a fait le tour des différentes questions. Il a exprimé toute sa joie d’avoir communié avec les membres du groupe. Le quotidien ‘’LE MATIN’’ qui a suivi cet entretien, l'avait promis à ses lecteurs. En effet, après la première partie, place à la seconde et dernière partie de l'entretien. (Lisez et dégustez !)
DREAM TEAM SPORTS : En 2000, face au Sénégal il y avait un latéral droit nommé Fousséni Djalilou qu’on citait être votre cousin. Qu’est-ce qu’il est devenu et qu’elles sont vos relations actuelles avec Romuald Boco ?
Oumar Tchomogo, ancien sélectionneur du Bénin et actuel entraineur des U17 de Niort:Fousséni Djalilou c’est un cousin à moi. Il est toujours à Grenoble. Il avait un gros accident au niveau de la tête. Donc il a été opéré, il est resté trois mois dans le coma. Actuellement, ça va. Il a repris. Ça fait près de quinze ans qu’il a joué. Actuellement, il fait sa vie. Deux enfants, il est marié. Tout va bien. Mais au niveau du foot, il ne s’intéresse plus. Romuald, je n’ai pas de contact quotidien avec lui. Mais quand on se voit, on rigole, on se chambre comme d’habitude. Je n’ai pas de souci avec mes anciens coéquipiers. Moi, à mon niveau, je n’ai pas de souci.
Le public béninois (la presse y comprise) vous avait reproché à un moment donné la non-convocation en sélection de Mouri, Razack et de Aoudou. Pourquoi avoir la décision de les écarter ?
-J’aurais même appris que, soit disant, j’ai écarté Razack, Mouri et Aoudou. Pas du tout ! Pour ceux qui connaissent la vraie version, je vais vous la donner aujourd’hui. Vous savez, quand j’ai eu à contacter Mouri pour venir en sélection, à l’époque, il était suspendu dans son club. On s’est retrouvé au Bénin. Je l’ai appelé comme d’habitude. On a échangé, mais il m’a fait une proposition. Moi, en tant qu’entraîneur, il y a des trucs que je ne peux pas me permettre. On est au campement, il avait un souci qu’il fallait régler, mais il ne pouvait pas rester à l’hôtel. Il fallait repartir, revenir, repartir. Je dis non ! Non ! Tu fais un choix. En gentlemen, on a échangé. Tu fais un choix. Ou, tu vas régler ce que tu as à régler, ou tu restes avec nous au campement. On finit le match et tu règles tes trucs. Si c’est un, deux jours, je peux encore. Mais je ne peux pas prendre le risque de laisser un joueur, sortir et revenir. Je pense qu’en tant que gentleman il avait compris. Donc, après le match, on est resté en contact. Sauf qu’il ne rentrait pas dans le cadre parce qu’il n’avait pas retrouvé un club pour revenir en sélection. Voilà, si on se voit demain, on rigole, on se salue. Il n’y a pas de souci. Concernant Razack, pour tout ce qu’il a fait pour le pays, j’ai voulu le relancer. Et j’ai pris ce risque parce qu’il ne jouait plus depuis un bon moment. Je l’ai fait venir en sélection. On est parti au Soudan du sud, mais physiquement, il ne tenait pas. Après le match, on a échangé. On est revenu au match retour, c’était pareil. Le niveau était déjà plus haut. Et moi j’avais envie de le relancer pour ce qu’il a fait pour la sélection comme l’avait fait le Ghana, je ne me rappelle plus de l’année avec Appiah, c’est pareil. A un moment donné, ce n’est pas du favoritisme. Non ! Non ! Des fois, il faut savoir tendre la main. C’est comme ça. Dans le foot, à un moment donné, on a besoin de ça. Et comme je le dis, à un moment donné lorsqu’on vous favorise et que vous ne faites pas le boulot qu’il faut, mais on vous laisse de côté et on continue. J’avais aussi des responsabilités à prendre. Forcément, quand vous prenez des responsabilités, ça peut choquer. Sur le moment, je pense prendre des bonnes décisions pour avancer. Comme je le dis, l’important pour moi, c’était le groupe d’abord.
Oumar Tchomogo vous avez été très critiqué par la presse locale lors de votre passage à la tête des Ecureuils. Les journalistes vous sentaient assez distant. Pourquoi cette option sachant qu’il faut plutôt avoir la presse avec soi si on veut réussir ?
-Effectivement ! J’étais un peu distant parce que j’étais arrivé dans un endroit où j’avais besoin de calme et de sérénité pour travailler. Parce qu’il y avait des problèmes de personnes et je ne voulais pas me mêler. Donc, c’est pour ça j’étais resté distant. Et concernant la Presse, c’est pareil. Au niveau de la sélection, il y avait une Presse qui était désignée. Moi je les avais dit que moi je ne ferai pas d’interview sans passer par celui qui est censé représenter la Presse au niveau de la sélection. Donc, quand forcément certaines personnes m’appellent pour demander des interviews, je suis obligé de leur demander de passer par l’intéressé. Forcément, ça choque. Et pourtant, moi j’essaie de respecter le métier de chacun. Il y a un monsieur qui a été nommé comme Média officer. Pourquoi ne pas passer par cette personne ? Et on veut toujours laisser cette personne et venir directement avoir des interviews ? Non ! C’est une façon aussi de respecter votre métier. Parce que c’est votre collègue. Donc, moi je taille plus d’importance à votre collègue, parce qu’ils l’ont nommé et il faut le laisser faire son boulot. Donc, si vous avez besoin d’interview, il faut passer par lui. C’est comme si on me demandait d’aller faire des conférences. Non! Dans mon contrat je n’ai pas le droit d’aller faire des conférences sans l’aval de la Fédé ou du Ministère. Puisque quand vous venez, vous avez vos perdiemes. Ce n’est pas le coach qui va vous les payer. Il faut que j’ai le ‘’Ok’’ du président de la Fédé ou un courrier du ministère qui m’autorise à aller faire une conférence ou quoique ce soit. Donc c’est pour ça à un moment donné il y a certains qui n’ont pas cherché à comprendre. Ils pensaient que j’étais distant. Non ! Et pourtant je l’ai plusieurs fois expliqué. Vous pouvez prendre l’exemple dans tous les pays. L’entraîneur ne peut pas se lever tout seul et aller faire une conférence de Presse sans l’aval du président de la Fédé ou d’un courrier du ministère. Donc, c’est pour ça je le dis : ‘’ C’est les mentalités il faut changer’’. Ce n’est pas parce que c’est Oumar, je le connais, j’ai besoin d’interview, je l’appelle, je viens, non ! Ça peut se faire dans un autre cadre. Mais dans le cadre du boulot, il y a un cheminement à suivre. Il faut passer par le Team Media Officer. C’est comme ça.
Depuis plusieurs années le Bénin a toujours des problèmes au niveau du latéral droit. Lors de la double confrontation contre le Burkina-Faso, vous décidez d’appeler Fousséni Lazadi qui n’était pas titulaire dans son club au Nigeria au détriment de Nana Badarou que vous n’avez jamais appelé d’ailleurs, mais qui faisait les beaux jours du WAC. Etait-ce un choix purement sportif ?
D’autres jeunes comme Joris Ahlinvi n’ont pas eu la même chance que David Djigla par exemple. Dites-nous ?
-C’est bien que vous posiez ce genre de question. Parce qu’on n’a pas eu l’occasion d’en parler. Vous parlez de Badarou, ce n’est pas un latéral. Même si on a eu de souci, la seule fois on l’a fait jouer en match amical, je crois, c’était contre la Guinée, il a pris un rouge. Et moi, avant de ne pas prendre un joueur, j’échange avec tous les joueurs que je n’ai pas convoqués. Et Badarou n’est pas un latéral. Même s’il est un latéral de formation, c’est un défenseur central. Donc, si j’ai fait venir Lazadi, c’est peut-être pour pallier au manque qu’il y avait. Et je pense qu’il y avait déjà un latéral et j’ai pris Lazadi en deuxième, pas en premier. Donc, Badarou n’est pas un latéral. Donc, si on veut donner la chance à un joueur, il ne faut pas lui donner un cadeau empoisonné. Ce n’est pas parce qu’il peut jouer à ce poste-là que forcément je vais l’appeler et demain vous allez dire oui ! Je l’ai appelé et je l’ai laissé sur le banc, ou quand il va jouer à ce poste et qu’on va prendre un but, vous allez me dire : ‘’Oui ! Le coach, il savait qu’il n’est pas latéral et il l’a fait jouer. Voilà ! Quand, je prends des décisions, je vais jusqu’au bout, j’assume. J’échange avec le joueur. Il y a des joueurs que je ne prends pas en sélection. Je les appelle toujours, j’échange avec eux. Pourquoi je n’étais pas pris. Je t’ai pris. Tu viens en sélection, tu ne seras pas titulaire. Tu vas jouer peut-être un bout de match. Mais par contre, cela dépend de ce que tu vas me montrer à l’entraînement. C’est comme ça cela se fait aussi. Donc, des fois, bon ! C’est vrai ! Vous êtes loin, vous ne comprenez pas toujours, mais vous pensez que parce que vous êtes proche de tel, il faut appeler tel, parce qu’il est mieux que tel. Non ! Moi, j’ai des choix à faire et l’important, c’est d’avancer. C’est de faire progresser les joueurs.
Oumar Tchomogo, préférez-vous que Saturnin Allagbé aille faire valoir ses compétences dans un nouveau club ?
-Moi, je pense que Saturnin à un moment donné, aille voir ailleurs. Mais, bon, vous savez dans le foot, entre vouloir et trouver un club qui veut de vous, c’est un fossé. Des fois, tout le monde veut mieux. Tous les joueurs veulent partir. Tous les joueurs veulent changer de club. Mais est-ce qu’il y a des clubs qui sont intéressés. En ce qui concerne ses qualités je n’en doute pas. Je pense qu’à un moment donné, il faut qu’il aille peut-être voir ailleurs pour se confronter à d’autres difficultés, la concurrence, l’environnement. Ça peut, peut-être le booster.
Quel est votre plus grand rêve actuellement?
-Mon plus grand rêve, c’est peut-être entrainer une équipe ici en première division en Europe, ou une sélection et aller le plus loin possible, ou fait partie d’un staff d’une plus grande équipe.
Meilleur buteur des éliminatoires de la CAN/2004, tous les regards étaient sur vous. Qu’est-ce qui n’a pas vraiment marché lors de la compétition ? Un mythe ?
-Merci de la rappeler parce qu’il y a certains qui ont oublié que j’ai été meilleur buteur des éliminatoires. Mais je pense que je n’avais pas le premier match. Donc, j’ai vécu deux matches. C’est vrai qu’on était arrivé un peu secoué par les autres équipes. C’était la première qualification, on est passé à côté carrément. Comme tous les autres, on est passé à côté. Il faut savoir assumer aussi. Je pense que ça nous a servis de leçon aussi pour rebondir plus tard.
Au Bénin, on compte plusieurs associations d’entraîneurs. Vous faites partie de laquelle?
-Je crois que quand j’étais en poste j’ai eu à entendre parler de l’association des entraîneurs qui était dirigée par les coaches Glèlè, Alohoutadé. Le coach Mathias Déguénon m’avait approché. Avec lui j’avais eu des échanges jusqu’au point où si j’avais bonne mémoire, j’avais essayé même de contacter un ancien coach à moi qui était à la Ligue pour voir dans quelle condition on allait faire un parrainage. Je sais que c’est une association qui est affiliée à la fédération, qui souvent, soutient un candidat ou autres par rapport aux élections. Je pense que c’était fiable, d’autant plus que j’avais un ancien coach aussi dedans, Glèlè. Donc, je pense que c’est une association dont j’avais entendu parler. Ce serait bien de supporter ces genres d’association et continuer à les encourager. Pourquoi avoir plusieurs associations ? Je pense qu’à un moment donné, il faut savoir mettre la balle à terre. Il y a une association qui est affiliée ou on trouve une solution pour avancer. Mais, il faut qu’à un moment donné, qu’on arrête avec ces genres de choses. C’est pour ça je dis : ‘’Ce n’est vraiment pas le foot, c’est les mentalités il faut vraiment changer’’. Le jour où on va vraiment faire un travail et changer les mentalités, on aura fait un grand pas.
Qu’est-ce qui vous a marqué positivement durant toutes ces années en sélection en tant que joueur et sélectionneur ?
-Ce qui m’a plus marqué positivement, c’est l’engouement qu’il y a déjà la veille du match, le jour du match quand je vois le public sorti malgré les conditions, tout ça là, c’est un truc qui m’a marqué. C’est vraiment positif. C’est pour ça je dis qu’il y a quelque-chose à faire avec la jeunesse au niveau du sport.
Oumar Tchomogo, un dernier mot pour conclure cet entretien
-Je voulais sincèrement vous remercier de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer en long et en large. Et je voulais vous dire pour une fois encore, entraîneurs, journalistes, joueurs, on est appelé à travailler ensemble. Seulement qu’il faut trouver le bon filon pour continuer à travailler. La preuve est que je ne suis plus en poste. Donc, vous n’avez pas besoin de passer par d’autres personnes. Je ne suis pas obligé d’avoir le ‘’Ok’’ de qui que ce soit pour intervenir. Et je vous dis encore merci d’avoir eu l’idée, merci de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer et d’apporter pas mal d’éclaircissements à pleins de sujets ou des points d’interrogations que beaucoup se posaient. Je pense qu’à partir de maintenant, tout est clair et je reste toujours disponible quand vous voulez. Merci et bonne continuation à vous.