Godomey /Commune d'Abomey-Calavi: La place des fêtes en chantier vient de s'effondre
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Des législatives en avance sur leur temps et dans l'ombre du Chef de l'Etat
un cas d'école


Le chef de l'Etat vient de confirmer la participation aux élections législatives des deux formations politiques retenues par la CENA après accréditation du Ministère de l'Intérieur pour avoir été les seules à satisfaire aux conditions requises pour la compétition. Il sied d'en convenir avec lui ; de s'en tenir à sa décision et de souhaiter que l'exercice se déroule dans les meilleures conditions possibles. Mais il convient tout autant d'admettre qu'en bonne démocratie, l'on peut trouver à redire à cette décision et la contester légitimement.
Se mettant sur le plan strictement juridique, sans plus de considérations collatérales, le Président de la République nous a expliqué qu'il ne pouvait se substituer à l'Assemblée nationale qui a manqué de parvenir au consensus susceptible d'élargir la compétition et qu'il ne saurait non plus faire usage d'ordonnance en pareille circonstance au risque d'enfreindre l'ordre constitutionnel. Son exposé nous a paru clair et peu ou prou convaincant ; encore qu'il appartient, en dernier ressort, aux constitutionnalistes d'en apprécier la qualité. Nous manquerions cependant à l'équité si nous ne reconnaissions pas le mérite des opinions divergentes qui, se mettant grosso modo, plutôt sur le plan de la concorde nationale, se sont manifestées avec autant de bravoure que de perspicacité, pour nous éclairer sur l'équation à résoudre et qui, probablement, ont permis au chef de l'Etat d'écouter tous les avis avant de prendre sa décision, en toute connaissance de cause. Elles craignent qu'une lézarde se soit introduite dans notre démocratie avec ces élections où ne vont compétir que les deux formations de la mouvance présidentielle. DES LEGISLATIVES DANS L'OMBRE DE L'EXECUTIF ? Chez nous, c'est un lieu commun de proclamer que les élections sont une occasion de fête. Peut-être que pour cette fois-ci, première consultation de la Rupture, les politiques et autres politiciens devraient laisser le peuple réfléchir un tant soit peu à ce qu'il se prépare à faire et lui permettre d'en prendre toute la mesure car la situation est grave. Les toutes prochaines élections ne sont pas ouvertes ; c'est déjà un problème, mais quand en plus de cela les candidats retenus pour la députation se mettent à fonder leurs arguments de campagne, du moins dans un premier temps, sur les actions du chef de l'Etat, et que, de surcroit, les médias toutes catégories confondues, choisissent ce moment pour ne point tarir d'éloges au bilan des trois années d'exercice du pouvoir d'Etat du Président Talon, il y a de quoi installer la confusion dans les esprits du gros du peuple déjà peu outillé pour l'analyse et le discernement en politique. Sommes-nous en législatives ou en présidentielle pourrait-il se demander confusément, d'autant que ces élections sont d'un type nouveau sur qui pèse nombre d'innovations que n'a pu encore assimiler l'entendement du citoyen ordinaire. CHALLENGE ET SPECIFICITES D'UNE ELECTION DE TYPE NOUVEAU Le type nouveau, c'est essentiellement la bipolarisation de l'échiquier partisan national. C'est une première dans notre histoire politique et une rupture d'avec le principe du multipartisme intégral retenu par la Conférence des forces vives de la Nation. Il est vrai que ce principe s'expliquait amplement en son temps, notamment pour mettre fin à la dictature qui régissait le pays. Mais il faut bien convenir que les choses ont changé depuis lors et qu'elles justifient l'abandon dudit principe. Le challenge, c'était d'abord le regroupement des partis politiques existants aux fins de leur fusion formelle. Le principe du regroupement a été accepté volontiers en raison du fait que le peuple citoyen en a reconnu le bien-fondé depuis un moment déjà ; bien avant l'avènement du présent régime. Par contre, la renonciation à son identité partisane et, de manière discursive, la fusion dans des blocs n'a pas été si spontanée. Le peuple y a été amené, bon gré mal gré par leurs leaders respectifs, il faut bien le reconnaître. La preuve probante que cette fusion n'a pas été chose aisée a été que le plus grand parti de l'échiquier politique national s'en était retiré sur la pointe des pieds après avoir adhéré dans un premier temps à un des deux blocs, alors en voie de constitution. S'en était suivie la panique des acteurs politiques promoteurs dudit bloc qui ont fait feu de tout bois pour pallier à cette défaillance. Concernant les spécificités, il y avait d'abord l'initiale, à savoir l'adaptation manquée aux lois électorales votées récemment et qui entretiennent la polémique. Ceux qui les ont votées ont fait preuve de déficit de discernement en n'ayant pas prévu le nécessaire temps d'adaptation qu'il fallait pour leur application effective. Et, en ce qui nous concerne, nous situons la responsabilité fondamentale de toute l'odyssée que nous vivons, à leur niveau. Ce manque de discernement leur a couté cher à eux-mêmes ; et peut-être impactera-t-il par ricochet, la participation et le comportement des électeurs. Mais à quelque chose malheur est bon ; la situation ainsi créée a accouché, dans la douleur certes, d'une clarification heureuse de la scène politique en instaurant de fait la bipolarité de l'échiquier politique que nous ne souhaitons pas définitive, car il y a encore de la place pour, au moins, un Centre. En tout état de cause, nous devrions mettre cette bipolarité des partis politiques à l'actif du régime. L'autre adaptation qui n'a pu se faire à temps, est celle de l'appropriation par le peuple de la notion et des contenus des idéologies qui régiront dorénavant, ipso facto, les partis politiques. Au moment où les blocs se constituaient, les idéologies n'étaient pas clairement annoncées. Les leaders des partis constitutifs desdits blocs ainsi que les intellectuels savaient, eux, pertinemment dans quelle voie ils s'engageaient en adhérant à tel ou tel bloc, alors que le peuple, quant à lui, n'en savait rien. Lorsque l'on emmenait un parti au bloc de l'Honorable Amousou Bruno, Président du parti social-démocrate, les intellectuels savaient bien qu'ils faisaient une option socialiste. Lorsqu'ils se dirigeaient de l'autre côté, ils savaient tout aussi bien qu'ils faisaient l'option contraire, mais le gros n'y entendait pas grand-chose. En principe, le citoyen-électeur choisit son camp et son parti en fonction de l'idéologie qu'il défend. Avec ces premières élections de l'ère de la Rupture et la hâte dans laquelle les blocs ont été constitués, le citoyen est d'abord enrôlé et c'est par la suite qu'on lui enseigne l'essentiel de l'idéologie du bloc auquel il a adhéré. Les choses se sont faites à l'envers, mais la situation l'exigeait ainsi. A la guerre comme à la guerre, comme dirait l'autre. Il faut espérer toutefois, que la qualité des arguments de campagne n'en souffre pas beaucoup. La dernière spécificité et non des moindres des législatives à venir, est la position politique personnelle du Chef de l'Etat lui-même ; il ne provient pas d'un parti politique comme en démocraties avancées. Il faut dire qu'en la matière nous sommes une exception qui défie le temps. Le Président Kérékou est venu une première fois au pouvoir d'Etat par les armes ; une deuxième fois, c'est des leaders de partis politiques qui sont allés le chercher dans sa retraite. Il n'a jamais eu de parti politique. Les Président Soglo, Yayi et Talon lui ont emboité le pas ; ils n'ont émané d'aucun parti politique. Les raisons à cet état de chose, sont diverses. Nous aimons à présumer, cependant, que le désormais bagage idéologique des nouveaux partis contribuera à mettre fin à cette situation qui n'honore pas jusqu'alors, nos partis politiques mais également notre Etat. Voici notre chef d'Etat, Président de tous les béninois, qui se trouve manifestement être la plus haute autorité que nous pouvons situer à droite de l'échiquier politique national du fait de ses fonctions antérieures d'hommes d'affaires, et qui se retrouve face à deux grands partis politiques : l'Union progressiste à gauche et le Parti républicain, à droite. Or, ce n'est assurément pas la droite qui l'a porté au pouvoir, ce serait plutôt le peuple, paradoxalement. Le dilemme est là. Quelle politique fera-t-il désormais en présence d'une gauche déclarée et officielle au sein de l'Assemblée nationale quand bien même y serait-elle minoritaire ? Et s'il se faisait que cette gauche était majoritaire que se passera-t-il ?


Ambassadeur Candide AHOUANSOU
 
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