Contre-Amiral Patrick AHO, Chef d'Etat-major général des armées béninoises
Il n'est plus un secret pour personne que le Burkina Faso, un pays voisin du Bénin est confronté à des attaques terroristes depuis quelques années. C'est pourquoi, l'armée béninoise a mené du 18 au 22 avril, une opération dans la zone frontalière avec la Burkina Faso qui a permis d'identifier et de neutraliser toutes les forces hostiles présentes dans la région. Ainsi, plusieurs suspects ont été arrêtés et remis entre les mains de la Police Républicaine.
L'opération « Djidjoho » menée la semaine écoulée par les Forces armées béninoises s'est déroulée avec succès. Pour preuve, plusieurs suspects ont été arrêtés et remis entre les mains de la Police Républicaine. Cette opération est une réponse adéquate que le Bénin entend apporter à la menace de groupuscules djihadistes. Pour la réussite de ladite opération, près de mille soldats ont été déployés dans cette région que des sources sécuritaires soupçonnent d'abriter des djihadistes en fuite de ce pays voisin. A en croire le Chef d'Etat-major de l'armée de terre, le colonel Fructueux Gbaguidi, « Djidjoho » est une opération de grande envergure, conçue et préparée de longue date. Selon ses propos, elle s'est essentiellement déroulée dans les parcs W et Penjari, et s'étend du département de l'Alibori à celui de l'Atacora. « Cette sortie musclée de l'armée vise prioritairement à localiser et à neutraliser d'éventuelles forces hostiles tapies dans la région. C'est une action concertée entre l'armée et les forces paramilitaires telles que la Police républicaine et la Douane », a-t-il martelé. En lançant une telle opération, l'objectif du gouvernement de la rupture en l'occurrence du Président Patrice Talon est d'empêcher, par tous les moyens, de présumés djihadistes d'agir sur son territoire. L'initiative présidentielle entend participer non seulement au renforcement de la sécurité des zones frontalières de la partie septentrionale du pays mais aussi s'inscrit indubitablement dans le cadre des actions de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent. « Les Présidents de la sous-région ont décidé de rendre la vie difficile aux éventuels groupes armés qui errent d'un pays à un autre. Le Bénin pour sa part a décidé de changer de modus operandi et de monter en puissance dans sa stratégie. Il s'agit de ratisser large en vue de nettoyer cette région. Nous restons proactifs pour faire face à d'éventuels groupes hostiles qui voudraient mettre en difficulté notre pays », a fait savoir le colonel Fructueux Gbaguidi.
Faut-il le rappeler, la traque aux djihadistes avait commencé depuis l'année dernière. Bien avant l'opération « Djidjoho », des actions concertées entre les différentes forces de défense et de sécurité avaient été menées en toute discrétion sur le terrain. Dans la même veine, il faut dire que les autorités militaires Burkinabè ont eu à déclencher l'opération « Otapuanu », le 8 mars dernier pour sécuriser les régions est et centre-est du Burkina-Faso, cible de plusieurs attaques terroristes ces dernières années. Toute chose qui a amené les djihadistes pourchassés à aller se refugier dans les zones frontalières avec certains pays voisins dont le Bénin. Informé d'une éventuelle présence de djihadistes sur son sol, le gouvernement béninois a préféré jouer la carte de la prévention en ordonnant le ratissage et le nettoyage des régions ciblées. La traque ne sera pas de tout repos pour les djihadistes puisque de nombreux pays de la sous-région ont également pris aussi des mesures sécuritaires pour parer à toutes menaces terroristes à leurs frontières avec le Burkina-Faso. Le Togo par exemple, a positionné à ses frontières du nord son armée. Le Niger quant à lui, a décrété l'état d'urgence dans la zone frontalière d'avec le Burkina. Au Ghana, les forces de défense et de sécurité ont été invitées à plus de vigilance aux postes frontaliers afin de barrer la voie aux djihadistes.
Wendy J. KEDOTE