He Seibou Assan
Petit à petit l'Assemblée nationale 8ème législature prend ses marques. Tout va vite. L'ossature des 83 députés qui siègent au titre de ladite législature se laisse découvrir. Il n'y a de jour où de démissions ne soient enregistrées. Et ceci beaucoup plus dans le rang des ministres élus députés.
Ce lundi 20 mai c'est autour du ministre d'Etat Abdoulaye Bio Tchané de céder sa place à son suppléant Assan Seibou, Après notification de la démission à la plénière. Ce suppléant a été accueilli et conformément à la procédure, Assan Séibou a été installé dans son fauteuil par le président de l'Assemblée nationale, Louis Vlavonou. C'est un habitué du palais des Gouverneurs pour avoir été député lors de la 3 e (1999-2003) et 4 e législature (2003-2007) de l'ère du renouveau démocratique. Il connait bien l'institution parlementaire. Il a été député du Parlement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) à Abuja au Nigeria. Jusqu'à son installation hier, Assan Siébou est le directeur du Centre de partenariat et d'expertise pour le développement durable (Ceped) qui a à charge le projet Bénin-Taxi. Il est titulaire d'un Master II en Droit pénal et sciences criminelles, obtenu en 2016 à la Faculté de Droit et sciences politiques de Tchaourou, une école de l'Université de Parakou et d'une Maîtrise en sciences économiques Option : gestion des entreprises obtenue en 1993 à l'ex-Faculté des sciences économiques, juridiques et politiques (Fasjep) de l'ex-Université nationale du Bénin. A la fin de la séance plénière, il s'est confié à la presse parlementaire. Une interview où il revient sur les défis de la 8ème Législature, de la révision de la Constitution, des attentes de ses mandats, de ses défis personnels. Selon Assan Seibou, il n'y a de limite que la loi pour un parlement.
Honorable Seibou, Vous venez d'être installé député à l'Assemblée nationale suite à la démission de votre titulaire, Abdoulaye Bio Tchané. Quelles sont vos premières impressions ?
« Je vous remercie. Je pu vous avouer d'abord que je suis ému parce que j'ai été déjà parlementaire. J'ai fait la troisième et la quatrième législature. Donc, retrouver cette maison après 12 ans pour recommencer une nouvelle législature, vous comprenez que ça ne peut être qu'une émotion pour moi. C'est une sorte de retrouvailles qui me rend assez heureux. Cela me fait entrer dans la catégorie des rares personnes qui ont bénéficié de la grâce de Dieu en retrouvant une place politique de haut niveau qu'ils ont perdu après près d'une décennie. Deuxièmement, c'est un sentiment de reconnaissance qui m'anime parce qu'être suppléant du ministre d'État Abdoulaye Bio Tchané et siéger à sa place au parlement est un honneur, compte tenu de son rang social, son rang politique et de l'importance de l'homme. Nous avons créé un parti politique ensembles. Nous nous sommes battus ensembles avec beaucoup de personnes et nous avons fini par sortir des députés et que j'en fasse partie, me fait honneur.
Quels sont vos défis pour cette 8ème législature ?
Mon envie de revenir pour cette législature est beaucoup plus animée par le souci de voir se traduire ce changement politique profond qui est actuellement prôné par le Chef de l'État depuis qu'il est arrivé au pouvoir et qui nécessite des mesures assez courageuses et non passionnées. Je veux dire des mesures qui doivent être bien étudiées, bien discutées là où on initie les décisions ou les fondements des décisions. Il faudra que le débat soit assez important pour que ce que nous voulons faire serve aux générations futures. Le renouveau démocratique a commencé il y a près de 30 ans. Il était temps que le Bénin s'arrête pour voir si sa démocratie telle que nous l'avions pensé nourrit son peuple. Est-ce que nous pouvons continuer la démocratie de la même façon ou est-ce que les textes que nous nous donnons garantissent la survie?. Je pense qu'il y a beaucoup d'interrogations sur ce point. Revenir là où vont être pris les textes fondamentaux des réformes ne peut que me réjouir.
Est-ce que les réformes dont vous parlez peuvent conduire à la révision de la Constitution ?
Pour un Parlement, il n'y a de limite que la loi. Il n'y a de limite que ce que la loi a limité. On ne peut donc ni en amont ni en aval, vous dire qu'on peut faire quelque chose ou qu'on ne peut pas le faire. Je ne suis pas venu ici pour faire autre chose que ce qui est normal. Que cela me soit soumis par le gouvernement ou que ce soit une proposition de loi ; c'est-à-dire venant d'un député, je suis venu pour faire en mon âme et conscience ce que je pense bien pour mon pays. Si cela doit être une révision de la Constitution, je la ferai. Si c'est autre chose, je la ferai aussi.
Vous étiez sur le terrain pendant la campagne électorale pour les élections législatives. Alors, quelles étaient les préoccupations de vos mandants qui ont le plus retenu votre attention ?
En ce qui concerne la 14ème circonscription électorale, nous avons entendu des préoccupations qui sont loin de nos petites guéguerres politiques. Les populations nous disent qu'elles veulent de l'eau. Si on peut donner de l'eau à boire à tout le monde, si le président Patrice Talon et son gouvernement arrivent à le faire, ils auraient satisfait la première demande fondamentale que j'ai entendue dans presque tous les villages de la 14ème circonscription électorale. Bien sûr qu'il y a d'autres choses qui relèvent de leur vie quotidienne. Elles veulent l'électricité qui aujourd'hui n'est plus un luxe. Elles veulent des pistes rurales pour évacuer leurs produits agricoles. Globalement, il y a des préoccupations concrètes qu'elles ont exprimées. En tout cas, nous sommes venus au Parlement pour défendre cet idéal que mon titulaire a porté et que je suis en train de porter à mon tour en tant que suppléant.
Quelles sont vos ambitions personnelles pour cette nouvelle législature ?
Je pense que pour les ambitions, il faut savoir être mesuré. Je viens d'arriver et je vais voir ce qui est disponible, ce qui peut se discuter. On ne vient pas au Parlement comme ça pour prendre quelque chose. C'est des négociations et des concertations. Il faut aussi que certaines personnes vous trouvent dignes de le faire. Je prendrai le temps de voir en quoi et autour de quoi mes autres camarades peuvent me faire confiance.
Quel appel avez-vous à lancer à l'endroit du peuple béninois en général et de vos mandants de la 14ème circonscription électorale en particulier ?
A l'endroit des populations de la 14ème circonscription électorale, je veux leur dire de garder espoir. Il n'y a que Dieu pour finir tous les problèmes. Mais ce qui est essentiel que nous avons entendu, nous nous battrons pour que le gouvernement le fasse. Nos guéguerres politiques ne doivent pas les emballer. Certains centres d'intérêts font bouger certains dans des sens qui ne cadrent pas toujours avec leurs intérêts. Ici au Parlement, nous veillerons à ce que leurs intérêts soient préservés. Au peuple béninois, je veux dire que nous ne pouvons rien bâtir sans la paix. Sans la paix, il n'y a rien de possible. En dehors de ça, il faut être responsable. Cette phase dans laquelle nous rentrons est vraiment celle de la responsabilité nationale. Nous devons nous impliquer dans tous les débats qui se font ici et amener les députés à traduire la volonté de la base dans les lois. Je souhaite que tout se passe sans passion et sans violence ».
Propos recueillis par L.E
Léonel EBO