Relégué au second plan du fait de la colonisation et de la méfiance des élites poste-coloniales, la chefferie traditionnelle du Bénin obtient enfin au Bénin, la reconnaissance qui lui est due à la faveur de la révision de la Constitution intervenue en fin de semaine dernière. La reconnaissance des chefferies traditionnelles comme gardien des us et coutume était une promesse du président Patrice Talon aux têtes couronnées.
Chosifiées. Instrumentalisées, ridiculisées et manipulées. Les chefferies traditionnelles du Bénin constituent aujourd’hui un pouvoir qui n’a de sens que ce que les politiciens au pouvoir leur en donnent. Pourtant, ces chefferies traditionnelles, véritables gardiens du temple sont régulièrement mises à contribution pour le règlement de nombreuses crises politiques, sociales voir sociétales. Désormais, la voie est grandement ouverte pour une reconnaissance de ces entités sociales et sociétales qui malgré l’évolution des systèmes de gouvernance politiques continuent d’exister ; d’exercer leur pouvoir avec la reconnaissance des populations. L’article 151 nouveau, de la loi 2019-040 portant modification de la loi 032 du 11 décembre 1990 portant Constitution du Bénin stipule : « l’Etat reconnaît la chefferie traditionnelle comme gardien des us et coutumes dans les conditions fixées par la loi ». Sous réserve du contrôle de la constitutionnalité de cette loi par la Cour constitutionnelle et de sa promulgation par le Chef de l’Etat, il va s’en dire qu’un jour nouveau se lève sur les chefferies traditionnelles en ce qui concerne, le processus de leur reconnaissance pleine et entière par la république et ses textes. L’Assemblée nationale avait déjà sur sa table une proposition de loi portant statuts des chefferies traditionnelles en République du Bénin. Cette loi peut-être enfin actualisée et soumise au vote afin de définir les réels contours et l’étendue de cette reconnaissance des chefferies traditionnelles au Bénin.
Mais tout ceci ne pouvait avoir lieu sans l’engagement personnel de Patrice Talon. Une fois encore, le chef de l’Etat tient promesse. Qu’il vous souvienne qu’en août 2018, lors d’une rencontre à la présidence de la République avec les rois, le président Patrice Talon avait fait la promesse à ses hôtes d’œuvrer à la reconnaissance pleine et entière de la chefferie traditionnelle au titre des composante essentielle de la nation béninoise. Une promesse qui répond aussi à sa volonté d’aider les membres de ces chefferies à assainir leur milieu quelques peu pourris par l’émergence de roitelets à la tête de royaumes inconnus de l’histoire et qui s’illustrent dans la promotion de contre-valeurs, rien que pour leur pitance. Conscient que l’Etat ne peut prétendre assainir le microcosme de la chefferie traditionnelle sans une reconnaissance officielle et une réorganisation de celle-ci, le chef de l’Etat a mis à profit l’occasion de réviser la Constitution pour tenir sa promesse faite aux têtes couronnées.
Une fois la reconnaissance acquise, Patrice Talon ne devra pas s’arrêter en si bon chemin. L’assainissement tant souhaité et voulu devra intervenir en collaboration avec les acteurs. Car, une réforme verticale et condescendante de la chefferie traditionnelle sans la prise en compte des propositions des principaux concernés risque de créer plus problème qu’il n’en résoudra.