Intervenu sur ‘’Dream Team Sports’’ le week-end dernier, l’ancien défenseur international béninois, Amadou Moudachirou a profité de l’occasion pour parler de ses diplômes, ses compétences et ses ambitions pour les différentes sélections nationales. Dans les couloirs, certains mettent en doute son niveau pour coacher un club, une sélection nationale. D’autres disent qu’il n’a même aucun diplôme. Amadou Moudachirou a levé l’équivoque en faisant remarquer qu’il n’est pas né de la dernière pluie. Lui qui a connu pendant longtemps le football allemand dit en avoir énormément profité au moment où il avait arrêté de jouer, faute d’une grave blessure qui l’a contraint de se séparer des pelouses. Dans cet entretien accordé aux journalistes, l’ancien joueur des Dragons de l’Ouémé, de l’AUE, d’E. Cottbus et de St Pauli, passé aussi par Rochefort en France revient sur sa blessure. Il a apprécié la gestion de l’actuel Comité exécutif de la Fédération Béninoise de Football, présidé par Mathurin De Chacus, de l’implication des anciens joueurs dans les affaires de football au Bénin, ainsi que de la participation des Ecureuils à la dernière Coupe d’Afrique des Nations, Egypte 2019. Après la première partie de l’entretien, le journal ‘’LE MATIN’’ permet à ses lecteurs de vivre la seconde et avant dernière partie de l’intervention de l’emblématique capitaine du Bénin. (Lisez !)
Dream Team Sports : Comment appréciez-vous la gestion actuelle du football béninois ? Vous qui avez longtemps dénoncé Anjorin Moucharaf ?
Amadou Moudachirou, ancien capitaine des Ecureuils : Pour moi, cette Fédération est en train de bien travailler. Parce qu’après la CAN et la prestation de notre équipe nationale, je pense qu’ils sont en train de travailler. C’est un bon groupe, je ne vois pas assez de faille dedans. Ils sont en train de travailler. Je leur souhaite, vraiment de faire appel à tout le monde, à tous les acteurs du football béninois qui sont à l’extérieur, qui sont à l’intérieur, de donner à César ce qui est à César. C’est tout ce que je peux dire.
Quelles sont vos relations actuelles avec la nouvelle fédération ? Avez-vous déjà été approché ?
Avec l’arrivée du Conseiller technique du Ministre des Sports, Adjovi Jean-Marc et encore avec le Directeur technique national, je pense qu’ils sont en train de ramener les footballeurs au niveau de notre football. Ce qui est très formidable. Je n’ai pas beaucoup de contact. Je connais le bureau qui est là, j’ai beaucoup de contact au niveau des dirigeants. Le courant passe bien, il n’y a pas de souci.
Comme si c’était hier, on se rappelle de cette soirée de gala organisée par le Ministère des Sports avec une Dream team venue d’ailleurs. Cette Dream team composée entre autres de Okocha, Kanu,…avait livré un match contre vous (anciens Ecureuils) à Porto-Novo. Lors de la soirée, vous étiez dépité du traitement infligé (200.000FCFA contre beaucoup plus pour les expatriés) selon les informations. Vous aviez senti un dénigrement ou un manque de considération ? Qu’avez-vous fait pour que cela ne se reproduise aujourd’hui ?
-Je n’étais l’organisateur. Nous, on nous a invités. C’est à la veille qu’on m’a invité. Je suis venu jouer le match, voilà. J’ai reconnu les anciens coéquipiers, Razack, Chrysostome, tout ça, c’était joli. C’était beau à voir après on a joué ensemble rapidement à Porto-Novo et on a fait 2-2. Bon, c’était beau. Comme ce n’est pas un truc qui a été programmé que je savais depuis, je ne pourrai rien dire. Mais c’était une très belle soirée qui s’est achevée avec la remise des trophées. Je ne pourrai rien dire sur ça. Ça s’est passé comme ça ! Jusque-là, je n’ai rien dit sur ce gala. Ça s’est bien passé, c’est tout ce que je sais. Voilà !
Quel est votre match mémorable ? Et pourquoi ?
Si c’est au niveau de l’équipe nationale, je pense que c’est le match contre l’Algérie que j’ai en tête. Ça s’est passé à Cotonou, à Kouhounou. Dans le championnat en Bundesliga ici, c’est le match de 2e division, Karlsruher SC de l’actuel l’entraineur national allemand, Joachim Löw contre Cologne où j’ai fait une reprise de volée. Je montais, le centre était arrivé et quelque-chose m’est arrivé dans la tête. Qu’est-ce qu’il faut faire ? Est-ce que je vais centrer ? Quelque-chose a pris mon pied et j’ai pris. C’était le meilleur but du mois. J’ai fait une reprise, le gardien a lu ça dans la lucarne. Donc, c’était ces deux matches qui étaient importants. Le match contre l’Algérie, j’étais au four et au moulin. J’étais présent, le public était présent. Ce match-là, on avait fait 1 but partout. Voilà les deux matches qui m’ont impressionné.
Vous avez des ambitions pour entrainer l’équipe nationale fanion. Mais aujourd’hui, vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a beaucoup d’exigences à ce niveau en termes de diplômes. Dites-nous, quel est votre niveau aujourd’hui en termes de diplômes d’entraîneur ?
Rire…Je pense qu’effectivement, il faut beaucoup de diplôme. C’est ce que beaucoup de Béninois ne comprennent pas, moi j’ai entraîné en Allemagne. La première station d’entraîneur, j’ai pris la Coupe de la région…et la deuxième station, j’ai fait monter l’équipe en division supérieure. J’étais nommé meilleur entraîneur, en tant que noir dans la région en 2017. Donc, j’ai mon diplôme de l’UEFA B pour l’Allemagne. Donc, je pense que j’ai ma licence d’agent de joueur et j’ai fait des stations d’entraîneur d’Hambourg jusqu’à Stuttgart. A Stuttgart ici j’ai fait les U19, les U21, tous ces trucs que je ne peux même pas citer…C’est les blancs, c’est les Allemands qui ont fait cette élection et ils m’ont remis la sélection de la région... Donc, de ce côté il n’y a pas de problème. Diplôme pour être entraineur national, on a vu dans notre équipe nationale, des gens qui ont entraîné sans diplôme aussi compte tenu de leur expérience. Je pense que les diplômes, on les mérite. Pour entrainer une équipe, il faut l’expérience et la connaissance. Parce que diplôme n’entraine pas une équipe, j’aimerais vous faire comprendre ça pour toujours. C’est ta vision, ta lecture du jeu, ta collaboration avec les joueurs. C’est ça qui fait la qualité d’un entraineur. Mais les diplômes sont exigés aussi, il faut l’avoir pour connaitre beaucoup de choses. Puisque sans les diplômes ici en Europe, ici en Allemagne, tu ne pourras pas entraîner. Donc, j’ai ma licence d’agent de joueur, j’ai la licence B UEFA que j’ai faite à Stuttgart ici. C’est les deux licences. Je n’avais même pas besoin de faire la licence B. Par rapport à ma carrière, j’ai fait 7 ans, 8 ans. Dans le règlement du football allemand quand tu fais 7 ans de nationalisme, tu dois commencer par la licence A. Après la licence A, il y a le dernier diplôme professionnel en Allemagne que les Franz Beckenbauer, Joachim Löw ont. Donc, normalement si effectivement je devrais commencer mon diplôme d’entraîneur, je commençais par la licence A et après la licence A, c’est football layer. Mais j’ai préféré commencer. J’ai fait les petites licences, je les ai faits quand j’entrainais les U19, pour savoir comment ça se passe. Je les ai passé tous ces petits diplômes.
Quel est votre meilleur Onze de rêve chez les Ecureuils ?
C’est la formation qui a qualifié le Bénin pour la première fois à la CAN. On n’avait pas beaucoup de stars. J’étais là, Moussa, Mouri Ogoubiyi, Chrysostome Damien et Oumar Tchomogo. On était trois ou quatre piliers qui faisaient tourner l’équipe. Ma meilleure équipe, c’est ça. Parce que je m’en souviens, en Zambie, on les menait 1 but à 0. Ils nous ont pressés, pressé avec notre effectif et il restait 15 minutes avant la fin quand disais à l’entraîneur Taelman que le milieu ne tournait pas ! Et du coup, ils ont fait un remplacement. Ils ont amené un professionnel qui jouait en Russie qui est rentré excentré et il a débordé. Donc, jusqu’à la dernière minute on a encaissé un. On a fait match nul. C’est depuis ce jour, je sais que le Bénin va se qualifier pour la CAN, pour la première fois dans l’histoire. Donc, je pense que c’est cette formation qui a qualifié le Bénin avec les moyens qu’il y avait à bord, avec le nombre de professionnels qu’on avait, on était pas assez nombreux, et on a qualifié le Bénin. C’est la meilleure formation pour moi.
Vous êtes représentant de la marque ‘’GIVOVA’’, on parle en ces temps au Bénin de la transformation des équipes e, société. Vous avez été approché par rapport à la marqué que vous représentez ?
C’est moi qui ai habillé le Lesotho avec la marque ‘’GIVOVA’’. Ils ont été aux Jeux Olympiques en 2017 en Angola. Le sport en général, le football, l’athlétisme, boxe, tout. Donc, si j’ai pu le faire au Lesotho, je pourrai le faire pour mon pays. GIVOVA, c’est une marque Italienne qui est basée en Napoli et qui veut rentrer dans le marché de l’Ouest. Je suis affilié à eux, j’ai suivi des stages là-bas pour pouvoir les représenter. Donc, s’il y a la possibilité, je peux faire rentrer ça pour aider le championnat béninois, pour aider le Bénin. Donc, je pense que je vais le faire et j’ai tenté à le faire déjà.
Avec votre vécu en sélection nationale, souhaiterez-vous que votre fils porte le maillot national à l’avenir ?
Ça, c’est mon défi quand-même. Si le papa a fini comme ça, je pense que le petit aussi peut défendre. Il a déjà fait la sélection des U15 au niveau de l’équipe de l’Allemagne. Lui aussi son souhait, vous savez, il est métis, il est Béninois. Ça va être difficile en équipe A pour pouvoir s’en sortir. Si tu n’es pas vraiment, vraiment fort pour aller en équipe nationale d’Allemagne, ça fait va être très difficile. Donc, je pense qu’il n’aura pas assez de chances pour jouer en équipe nationale d’Allemagne, mais pour le Bénin, il est disponible. Ils l’ont déjà convoqué pour les U20 ou les U19. Lui, il est prêt. Si s’annonce, moi aussi c’est une fierté pour qu’il vienne jouer pour l’équipe. C’est sa maman qui a peur. Parce que sa maman, on est ensemble, ça fait bientôt 25 ans, 26 ans depuis Cottbus, c’est à Cottbus j’ai connu sa maman. On est resté ensemble, donc sa maman connait presque tous les joueurs Béninois et quelques dirigeants de notre Fédération. Tous les joueurs béninois, Moussa, Abbé Rogatien, Grégoire Azongnidé, tous ces joueurs, elle les connait. On est des amis, elle les connait. Après ma blessure, comme le Bénin ne m’a rien fait, donc elle a peur sa maman. Sinon le petit est prêt à défendre les couleurs de son pays. Il est Allemand, il est Béninois. Comme les choses changent, les Fédérations ne sont pas les mêmes. C’était une autre Fédération, maintenant, c’est une autre, c’est un autre ministre maintenant, je pense qu’il y a beaucoup d’expatriés qui jouent en équipe nationale. Donc, le petit n’a pas de souci. La preuve ! Cèbio jouait dans le même club que mon petit AUE, où j’ai commencé ma carrière professionnelle en Allemagne. Et c’est moi qui ai amené Cèbio dans l’équipe nationale du Bénin. C’est moi qui ai découvert Cèbio pour l’équipe nationale du Bénin. Donc, il n’y a pas de souci. Il y a des gens comme Amiro, mon fils en équipe nationale actuellement.
Lors des éliminatoires de la CAN 2004, vous étiez blessé au genou. Ce qui vous a empêché d’aller en Tunisie. On a entendu dire dans le temps que vous avez été ‘’gbassé’’, (envoûté ndlr). Qu’en est-il exactement ?
Cette blessure, je l’ai eu en Tanzanie. Avant d’arriver en Tanzanie on a fait escale à Addis Abéba en Éthiopie. Et c’est là je ne voyais pas. Mes yeux étaient fermés. C’est Noumon Marcel qui tenait ma main. On est resté dans la même chambre. Et après on est parti à Dar Es Salam pour le match. La veille je ne voyais, le lendemain ça allait un peu mieux, j’ai porté les lunettes, on a fait entrainement. Et au cours du match, à la 15e, 20e minute, j’ai reçu quelque-chose comme une injection au genou. Après je croyais que c’était une déchirure, on a gagné le match, 1-0. J’étais content. Ça s’est passé comme ça. J’ai fait des visites médicales en Europe dans le temps, j’ai fait tout, ils n’ont rien vu. Je suis parti à Munich pour voir le spécialiste. C’est le passé, c’est pourquoi je vous raconte ça. Ça s’est déjà passé, ça arrêté ma carrière, jusqu’aujourd’hui, c’est fini. Donc, je pense que c’est une expérience de vie. Et c’est ce que Dieu a signé dans ma vie. Du moment où je vis, je félicite Dieu toujours.
Un mot sur la performance des Ecureuils à la CAN/2019 en Egypte
C’est une bonne prestation qu’ils ont faite à la CAN. L’organisation, le regroupement, tout a été bien fait au niveau de l’équipe. Financièrement, il n’y a pas eu de problème. Tout a été réglé correctement et en plus les joueurs ont mérité. Ils ont représenté le Bénin avec une grande fierté. Ça a permis aujourd’hui si on veut placer des joueurs un peu partout à l’extérieur, on a cette facilité de dire, c’est un Béninois, il joue en équipe nationale. Vraiment, je leur tire chapeau. Dommage qu’ils nous ont oubliés. On pouvait les accompagner, on pouvait rester à côté d’eux et ça allait donner une autre ambiance. Je les félicite, la vie est faite comme ça, et il n’y a pas de souci. Mais c’est une bonne prestation. (Suite de l’entretien dans la prochaine parution du journal)
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