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Amadou Moudachirou au sujet de son départ de l’Entente des Forces Armées du Bénin
«Je ne pourrai pas rester sans rien faire, sans gagner de l’argent »
Photos: DR
Photo Amadou Moudachirou


Derniers sujets abordés au cours de son entretien sur le forum ‘’ Dream Team Sports’’, Amadou Moudachirou a expliqué son départ du staff technique de l’Entente Football Club des Forces Armées, de la découverte de Cèbio Soukou et du développement du football africain. L’ancien international a profité de l’occasion pour se vider et apporter des éclaircissements sur certaines situations dont il a été l’objet. L’ancien joueur d’E. Cottbus et de St Pauli (Allemagne) a aussi expliqué les raisons de la fermeture de son académie de football à Parakou. Le journal ‘’LE MATIN’’ permet à ses lecteurs de vivre entre ses colonnes, les derniers détails de l’entretien de l’emblématique défenseur international béninois. (Lisez !)


 

Dream Team Sports : Amadou Moudachirou, vous êtes aussi agent de joueurs. Avez-vous  réussi à placer un joueur béninois ?

Amadou Moudachirou, ancien capitaine des Ecureuils : J’ai placé  Justin Békep. C’est un jeune Camerounais que j’ai placé à Dubaï. C’était mon dernier transfert. J’ai amené Kabirou Koutché entre temps. Il a fait une bonne saison en Afrique du Sud avec Ghislain…qui est resté. Au niveau de l’Allemagne, j’ai au moins deux Sénégalais qui jouent en 3e division professionnelle avec des passeports français. Donc, voilà, j’ai au moins six joueurs que je suis.

Expliquez-nous un peu votre passage du club de l’Entente des Forces Armées aux Requins de l’Atlantique ? On a entendu que vous n’avez pas respecté votre contrat avec l’équipe des Militaires. Est-ce vrai ?


« Sans vous mentir, je suis venu, on m’a dit que je serai Directeur technique. Immédiatement, le Colonel Gbaguidi et le Colonel Zomahoun m’ont bien reçu. Ils m’ont dit d’aller voir le colonel Tétédé qui était sur le terrain. En même temps le Colonel Tétédé m’a dit qu’ils ont déjà fini la sélection, que je n’ai pas le droit de dire quelque-chose, je n’ai pas droit de changer quelque-chose. Une semaine, deux semaines après, Adéniyi était là, un ancien avec qui j’ai joué ensemble dans ‘’Adjidja’’. J’essayais de l’aider, mais le Colonel Tétédé a interdit aux joueurs de me parler. Je ne dois pas m’immiscer, je ne dois pas m’approcher des joueurs. J’étais écarté par le Colonel Tétédé. C’est ce que vous allez comprendre, moi je n’ai jamais signé un contrat avec quelqu’un. Je n’ai jamais signé. Après tout, même quand j’ai appris qu’ils ont renvoyé Adéniyi, j’ai  fait une demande, qu’on me donne l’équipe en tant qu’entraineur. Ce qui a été refusé catégoriquement. Donc, pour moi, j’étais obligé de rentrer. Je ne pourrai pas rester sans rien faire, sans gagner de l’argent. Et qu’est-ce que je vais faire si je ne peux pas dire un mot à une équipe, si en tant que Directeur technique je ne peux pas parler, je ne peux rien faire. Voilà mon aventure avec l’Entente ».

Grâce à vous, le Bénin a aujourd’hui dans ses rangs un certain Cèbio Soukou. Il y a-t-il autres talents béninois que vous pourrez mettre en lumière ?


Je pense que pour Cèbio, c’est quand j’ai amené son équipe à AUE, où j’ai fait quatre années, lors de ma première station de football professionnelle en Allemagne, que je l’ai rencontré. C’est là où, quand j’ai amené mon fils, les dirigeants m’ont dit qu’il y a un Béninois qui joue là. J’ai dit quel Béninois ? Je ne le connais pas et ils m’ont dit il est là. Alors, on a fait des photos. Je lui ai parlé. Je lui dis s’il a envie d’aller jouer pour le pays et il m’a dit oui ! J’ai dit ‘’Ok’’, que le Bénin va l’inviter pour aller jouer dans l’équipe nationale. C’est là immédiatement j’ai appelé ‘’JP’’. Au fait, c’est moi qui ai donné toutes les coordonnées à ‘’JP’’ et il est rentré en contact avec l’entraîneur national. C’est comme  ça que Cèbio est arrivé. Pour d’autres joueurs, je ne sais pas, je ne cherche pas qui est Béninois, qui joue où, pour qu’on puisse l’appeler. Parce que je n’ai pas eu cette recommandation de détecter les joueurs béninois qui sont en Europe.


Dites-nous, en tant qu’entraineur, quelle est votre vision du football moderne ? Avez-vous un modèle parmi les grands entraineurs du moment ?


Ma vision du football actuel, vous savez, le football a évolué. Le football d’aujourd’hui c’est la finance, c’est la connaissance du jeu tactique. Je pense que tout est un peu mélangé. J’ai des coéquipiers quand-même comme Jorgen Klopp de Liverpool avec qui j’ai joué ici ensemble, Marco Reüs qui est l’entraineur de Mönchengladbach,…J’ai des amis avec qui j’ai joué parce qu’ils sont Allemands. Au niveau de notre football, j’aimerais quand-même, qu’un jour que nous reconnaissions nos produits, qu’on arrive à donner du respect aux produits qu’on a nous-mêmes pour donner un plus à notre football en Afrique. Parce que quand je vois comment ça joue au football chez nous, c’est là et c’est regroupé. Tactiquement, c’est ce problème. J’ai reçu beaucoup de joueurs nigérians qui étaient des internationaux, qui ont fait la Coupe du Monde, mais tactiquement je les ai amenés à Munich 1860 se performer. Tactiquement, ça n’allait pas et c’est des jeunes qui ont fait la Coupe du Monde. Il faut que notre football au Bénin essaie de former des entraineurs. On a quelques entraineurs qui sont sur le terrain, qui travaillent dans des conditions très difficiles. Un beau jour, je pense qu’on amène les Béninois qui sont à l’extérieur, comme je l’ai fait par exemple pour entrainer les Requins. Moi, mon souhait au niveau du coaching, c’est un jour de qualifier un club ou la sélection des catégories d’âge à une compétition majeure de la CAF, à prendre la Coupe d’Afrique des Nations. C’est mon souhait et c’est mon ambition.


Il y a quelques mois, au lendemain de la CAN 2019, plus précisément, vous avez semblé annoncer un projet d’installation d’académie de football ici u Bénin comme vous l’avez déjà fait dans certains pays. Alors où en êtes-vous dans ce projet ?


J’ai créé une académie à Parakou ça fait deux ans. Comme je n’étais pas surplace ça ne pouvait pas marcher. Si tu ouvres quelque-chose et que toi-même tu n’es pas présent, ça ne peut pas marcher. C’est pourquoi ça j’ai arrêté. L’académie n’a plus marché au Bénin. Après, j’ai eu des contacts en Afrique du Sud où j’ai travaillé avec une académie d’un Camerounais. On est resté comme Directeur technique…


Qu’est-ce qu’on peut améliorer dans la formation au Bénin pour se mettre au niveau du Mali, le Sénégal, le Burkina Faso, pour ne citer que ceux-là ?


…Pour arriver à ce niveau, ramenons les journalistes à la place qu’il faut, ramenons les anciens joueurs qui ont d’expériences à travailler dans le football. Je pense qu’avec ça, on pourra commencer par changer. En Allemagne, je n’ai jamais vu celui qui n’a pas joué parler du football. Du staff technique du Bayern de Munich au président, c’est des anciens internationaux allemands. Quand je prends toutes les fédérations, tous les clubs ici,  toutes catégories confondues, c’est des anciens footballeurs qui sont managers, Directeurs techniques, entraineurs, présidents, Vice-présidents, tout. Remettez le football aux footballeurs, aux journalistes sportifs. Ça va changer ! Je pense qu’il faut aller à la base avec les minimes, les cadets, c’est avec ça on peut tout changer. Le marketing, la Presse, les sportifs. C’est ça ce qui est important. Le football, ce n’est pas la politique.

Un mot pour conclure cet entretien

Pour conclure, je souhaiterais un beau jour avoir cette possibilité avant que je ne meurs, d’entraîner,  de voir mes capacité, qu’est-ce que je peux apporter pour mon pays,  à quel niveau je peux arriver. Un jour, que ceux qui ont joué au foot, qui ont pratiqué le football, gèrent le football au Bénin, en Afrique. Quand je vois les tracas que Drogba est en train de faire pour pouvoir prendre cette Fédération, je dis que ça nous reste beaucoup pour qu’on change en Afrique. Avec son expérience, avec tout ce qu’il a, la capacité, les finances, les contacts. Il a tout pour être président de la Fédération s’il est bien entouré. Il faut qu’un beau jour que ceux qui ont pratiqué le football, gèrent le football. Si moi j’ai eu ce petit truc avec les Requins, c’est parce que les joueurs savent qu’ils ont à faire avec quelqu’un qui a joué au haut niveau. Ils savent qu’il y a quelqu’un qui a été capitaine en équipe nationale, capitaine en Allemagne. Ils sont obligés de me respecter. Et je suis fier de leur parler avec respect. S’ils veulent se moquer de moi, je les attaque pour leur montrer que le niveau où ils sont là, nous on a déjà dépassé. Donc, c’est à peu près ce que je demande à mes frères et à mes parents, aux responsables qui sont au haut niveau, de nous donner cette confiance, nous qui avions vécu, pour qu’on puisse apporter un plus à notre football. Pour que ceux qui ceux viennent,  arrivent à apprendre. Vous avez des éléments qui sont des anciens, Ali Kpara Ludovic, Touré Diné, Do Régo Saadou, qui ont entrainé en Europe et qui peuvent servir le football dans toutes les catégories. Ce que j’ai à dire, un beau jour, je pense avoir cette responsabilité, d’entrainer une équipe importante, peut-être une équipe nationale, même une catégorie d’âge pour pouvoir montrer aux Béninois que j’ai appris et que je l’ai fait.



Propos recueillis par Etienne YEMADJE
 
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