Le drapeau du Bénin
Le régime du nouveau départ subit depuis sa prise de fonction, de nombreux mouvements de grève de la part de différentes catégories sociales. Ces grognes sociales sont l’œuvre des fonctionnaires, des étudiants, des travailleurs, des vendeurs, des organisations syndicales, des commerçants et même des populations dans les quartiers. Ce qu’il y a de frappant, c’est que la majorité de ces revendications formulées par les manifestants datent du précédent régime.
C’est très tôt que le régime du nouveau départ a commencé à enregistrer les premiers mouvements sociaux. Le premier était celui des lauréats des concours à polémiques qui étaient dans un premier temps suspendus. C’est devant la présidence de la République que ces derniers étaient allés exprimer leur mauvaise humeur par rapport à la décision de suspension. Ce problème est né sous le précédent régime. La publication des résultats de ces concours organisés en 2015, avait suscité une vague d’indignations. Les douaniers par exemple, avaient décrié l’organisation de ces concours qu’ils jugeaient illégaux. Le régime du Nouveau départ était donc attendu sur cette question. En décidant de suspendre ces concours, pour les annuler plus tard, le régime Talon s’est attiré la colère des lauréats que le régime précédent avait finement évitée.
Un autre évitement du régime précédent portait sur la désignation des chefs-lieux de départements. Alors que le texte était déjà prêt, le régime précédent n’avait pas pris le risque de désigner ces nouveaux chefs-lieux de départements qui devaient faire porter le nombre de départements à douze. En décidant donc de procéder à la désignation des six autres chefs-lieux de départements, le régime du Nouveau départ a essuyé la grogne des populations de certaines localités qui souhaitaient que leurs villes abritent ces chefs-lieux. Une autre grogne et pas des moindres est celle des étudiants de l’université d’Abomey-Calavi qui ont comme principales revendications, le maintien de la seconde session et l’organisation de l’examen de rattrapage. Un problème né sous le régime précédent mais qui n’a connu qu’une solution conjoncturelle. Conséquence, la question revient en surface et devient une pression de plus pour le régime du Nouveau départ qui doit trouver une solution définitive à la question. En attendant, la tension est dans l’air dans les campus. Toujours dans le monde universitaire, ce sont les élèves-professeurs de l’Ecole normale supérieure de Porto-Novo qui réclament l’ouverture du second cycle, puisque jusqu’ici, ils ne sont formés que pour le premier cycle. Ils ont exprimé cette revendication qui n’est pas nouvelle à travers une marche partie de leur campus pour échouer au ministère de l’enseignement supérieur. Un problème qui date du régime précédent, mais ce dernier a préféré le ranger dans des dossiers d’héritage à laisser à son successeur.
Mais l’héritage le plus douloureux se rapporte à la situation des jeunes : «appelés au service militaire» à qui l’ancien régime avait fait miroiter l’intégration dans la fonction publique en 2007. Ces centaines de jeunes qui attendent depuis neuf ans leur intégration dans la fonction publique, ont refait surface en début de semaine, en exposant leurs lamentations. Leur cas sera certainement le plus embarrassant pour le nouveau régime sur un double plan. D’un côté, le nombre de ces jeune est tellement important qu’il sera difficile au gouvernement actuel de céder à leur revendication : celle de leur intégration dans la fonction publique. Cette difficulté tient de ce que le régime du Nouveau départ semble résolu à la réduction des effectifs dans la fonction publique.
Sur un autre plan, l’ignorance de cette revendication par le régime serait préjudiciable à plus d’un égard. Tout le monde sait que des citoyens formés dans le cadre du service militaire ne devraient pas se retrouver dans la rue en situation de chômage. Des personnes formées dans le cadre du service militaire et qui sont sans occupation, peuvent devenir des proies faciles pour les recruteurs de gangsters. Et cela peut se comprendre en ce moment où l’on note une recrudescence de l’insécurité. Voilà donc une patate chaude laissée par le régime précédent à son successeur qui, au nom de la continuité du service public, est appelé à trouver des solutions à toutes ces revendications qui sont si accablantes. Comme quoi, hériter du pouvoir n’est pas seulement jouir des honneurs y relatifs, mais c’est aussi gérer les passifs du précédent régime.