Patrice Talon
Les réformes institutionnelles et administratives constituent le socle du programme d’actions du Président Patrice Talon. Elles auront du mal à aboutir à voir les réalités du terrain.
Au Bénin, l’administration publique est comme une République à part entière. C’est le lieu où tout le monde est chef et fait sa loi quand il veut et où il veut. C’est cela la réalité dans la fonction publique béninoise. Ce sont des habitudes acquises depuis des décennies et qui se transmettent de générations en générations. Rien n’est changé depuis lors. Au contraire, la situation va de mal en pis. Dans cette atmosphère pourrie jusqu’au os, le Gouvernement du Président Patrice Talon se bat pour opérer des réformes institutionnelles et administratives, afin de changer les choses dans l’administration béninoise. Mais, les signaux de l’échec du régime en place sont perceptibles. Jusqu’à preuve du contraire, la réforme institutionnelle et administrative paraît comme un pur slogan. Et pour cause !
Toute réforme dans l’administration publique béninoise doit passer par sa dépolitisation. Cela signifie qu’il faudra mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut pour promouvoir les compétences, afin qu’on cesse de faire croire que le Bénin est un désert de compétences. Ceci ne devrait pas étonner les autorités politico-administratives puisque le concept de ‘’L’homme qu’il faut à la place qu’il faut’’ est l’une des recommandations de la conférence nationale de février 1990. Et pourtant, sous les régimes précédents du Président Nicéphore Soglo à Boni Yayi en passant Mathieu Kérékou, on a assisté à du copinage dans l’administration béninoise. Avec la création des partis politiques, tout a basculé avec à la clé des nominations politiciennes au détriment de la compétence. A l’avènement du Président Patrice Talon, on pensait que la situation allait changer. Et, comme ses prédécesseurs, ce sont ses partisans de première heure qui réclament des promotions et nominations à des postes de responsabilité. Ils veulent être positionnés dans les directions sous tutelle des ministères. N’y-a-t-il pas des valeurs dans le rang des gens qui ont servi Boni Yayi ? C’est dire qu’il n’y a rien de nouveau sous les tropiques de la Rupture. La politisation à outrance de l’administration continue de plus bel. En dehors de cette réalité qui crève l’œil, ce sont les coups bas qui font des ravages dans le secteur public. Au Bénin, l’administration publique est prise en otage par certains travailleurs et syndicalistes. Ces derniers sont prêts à faire usage des forces occultes pour nuire aux autorités et à leurs collègues. Ainsi, il n’est pas rare de voir des talismans dans les bureaux. Les peureux sont sur le qui-vive, car ces personnes sont intouchables et ont une forte capacité de nuisance. Cette situation favorise la corruption, le clientélisme, la gabegie et le chantage dans le secteur public dont le rôle est primordial dans le développement de la Nation.
Face à ces réalités, le Président Patrice Talon et son Gouvernement auront assez de difficultés à réussir leur mission comme les régimes précédents. En 2006, le Président Boni Yayi était sur la même lancée. C’est tout un casse-tête dans l’aboutissement des réformes institutionnelles et administratives à l’ère de Patrice Talon. Pour y arriver, il faudra passer par le changement des mentalités. Ce qui est loin d’être une réalité.