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Déviances dans le secteur de la santé au Bénin
06 cliniques d’accouchements eutociques et de cabinets de soins infirmiers fermés


A la faveur d’un point de presse tenu le mercredi 30 juin 2021, la Commission chargée du contrôle des structures de prestations de soins médicaux a partagé avec les hommes des médias, les dernières informations sur ses activités.

. On retient qu’au cours du 1er semestre de 2021, la Commission et ses cellules départementales ont conduit des investigations de saisine, des contrôles des normes en immersion dans certains services de santé et des missions de contrôle de la stérilisation dans les hôpitaux du Bénin. Au total, 16 saisines ont été réalisées et ont porté entre autres sur des rançonnements de patients en détresse ; des malversations financières et des détournements de recettes ; un exercice illégal de la médecine et de la chirurgie. Outre cela, la Commission a décidé de la fermeture récemment d’un certain nombre de cliniques d’accouchements eutociques et de cabinets de soins infirmiers dont l’infrastructure, l’environnement et la nature des prestations sont plutôt inquiétants pour la sécurité sanitaire des patients. Lire ci-dessous l’intégralité de la déclaration du Pr Blaise Ayivi, Coordonnateur de la Commission chargée du contrôle des structures de prestations de soins médicaux.

POINT DE PRESSE DU 25 JUIN 2021

Mesdames et Messieurs

J’ai l’honneur de vous saluer. Nous nous retrouvons ce jour après une longue période d’absence, pour partager les dernières informations sur les activités de la Commission chargée du contrôle des structures de prestations de soins médicaux. Cette absence entre décembre 2020 et juin 2021 est due essentiellement à la 2ème vague de la pandémie de COVID-19 dont certains membres de la commission et des cellules départementales ont été victimes. Grâce à une prise en charge efficace, au respect des gestes barrières et à la vaccination anti-COVID des membres, la commission a repris pleinement ses activités.

Souvenons-nous. Cette Commission a été créée en Octobre 2018 sur l’initiative personnelle de Son Excellence le Président de la République, Monsieur Patrice TALON. Selon le décret 2018-472 du 10 octobre 2018, elle est « chargée du contrôle du respect des normes par les établissements publics et privés de prestations de soins de santé ».

En février 2020, la Commission a bénéficié de la création de 6 cellules départementales qui lui servent de relais pour le suivi de la mise en œuvre des recommandations faites lors des contrôles antérieurs et pour l’identification et la correction au niveau local des déviances et dysfonctionnements dans les formations sanitaires publiques et privées.

Nos méthodes de travail n’ont pas changé. Elles comprennent les inspections en immersion dans les hôpitaux et autres formations sanitaires,  les saisines soit via le 91 44 44 44, numéro WhatsApp de plainte du ministère de la santé, soit à la demande de l’Autorité du ministère de la santé, soit à partir des informations à l’un des membres de la commission ou des cellules départementales.

 

Au cours du 1er semestre de 2021, la Commission et ses cellules départementales ont conduit des investigations de saisine, des contrôles des normes en immersion dans certains services de santé et des missions de contrôle de la stérilisation dans les hôpitaux du Bénin.

  1. Saisines

Nous avons réalisées 16 saisines au cours de ce premier semestre de l’année 2021. Elles ont porté sur :

  • une prise en charge déficiente des malades (CHU MEL de Cotonou, clinique « La Pyramide » de Porto-Novo, HZ de Dassa, CSA de Kouti à Avrankou, aux services de SMAU et de Pédiatrie au  CNHU de Cotonou, CSA de Guene à Malanville) ;
  • des rançonnements de patients en détresse (HZ d’Adjohoun, CSA de Glo-Djigbé, HZ de Natitingou, CSA de Gamia dans Bembèrèkè) ;
  • des malversations financières et des détournements de recettes (HZ de Savè, HZ d’Adjohoun) ;
  • des propos irrévérencieux et des actes d’insubordination envers le chef hiérarchique (CSA de Godomey) ; 
  • un exercice illégal de la médecine et de la chirurgie (HZ de Dassa) ;
  • une délivrance d’ordonnance de matériels de chirurgie faisant suspecter un réseau de malversations (CHUDO à Porto-Novo).

La plupart des cas de saisines ont confirmé à des degrés divers les soupçons et accusations. Les mises en cause recevront ou ont reçu les sanctions dont la sévérité est à la mesure de la gravité des malversations commises.

  1. Contrôles en immersion

Les contrôles en immersion dans les centres de santé ont surtout été effectués par les cellules départementales. La déviance sur laquelle nous voulons mettre l’accent est le non respect du cahier de charge des cabinets de soins infirmiers et les cliniques d’accouchement eutocique. En fait quand nous allons dans ces cabinets et cliniques qui sont souvent dans un état d’insalubrité, nous ne rencontrons pratiquement jamais les promoteurs infirmiers et sages femmes mais des aides soignantes qui reçoivent les malades, établissent des diagnostics non pertinents et font des traitements inadéquats. On comprend que l’état du malade peut s’aggraver dans ces conditions de soins et il va finir être évacué dans un état grave à l’hôpital. Nous avons eu à fermer récemment un certain nombre de cliniques d’accouchements eutociques et de cabinets de soins infirmiers dont l’infrastructure, l’environnement et la nature des prestations sont plutôt inquiétants pour la sécurité sanitaire des patients. Il s’agit de :

  • Clinique d’accouchements eutociques « DOFFON » à Godomey
  • Cabinet de soins infirmiers « St Léo » dans l’Arrondissement de Godomey
  • Cabinet de soins infirmiers « La main de Dieu » à Cococodji
  • Cabinet de soins infirmiers YELLEN « Point de Dieu » à Cococodji
  • Cabinet de soins infirmiers « Dieu seul » à Akassato
  • Cabinet humanitaire d’accouchements  «Ste Anne-Ste Elisabeth» à Covè.

Il vient de nous être signalé d’une part, la reprise de l’exercice en clientèle privée par certains agents permanents et contractuels de l’Etat et d’autres part des comportements déviants dans des laboratoires d’analyse biomédicale avec une absence de sécurisation des résultats des examens et une fuite des recettes. Ces multiples déviances observées dans le système de santé sont gérées jusqu’à présent par des actions dissuasives de premier niveau telles que les demandes d’explications, les affectations à un autre lieu de travail et des avertissements. Dorénavant, les non respects des normes dans les soins seront gérés par la justice. La Cour de Répression des Infractions et du Terrorisme (CRIET) et la Brigade Economique Financière (BEF) seront mises à contribution pour résoudre ces problèmes. 

  1. Observation de la stérilisation

Une autre activité phare menée durant ce 1er semestre de l’année est le contrôle du processus de stérilisation dans nos hôpitaux en vue de relever les écarts essentiels. Tous les départements du Bénin ont été passés en revue, excepté celui du Littoral prévu pour la semaine du 28 juin 2021.

Les résultats montrent :

  • la persistance de l’utilisation des poupinels comme équipements de stérilisation à la place des autoclaves qui sont plus efficaces et recommandés ;
  • des autoclaves en panne ;
  • une salle de stérilisation souvent confondue avec la salle de désinfection, de lavage, de rinçage, de séchage et de recomposition du matériel à stériliser ;
  • l’utilisation de l’eau de javel pour la décontamination des instruments alors qu’elle est corrosive et doit être substituée par un produit à base de bêta-aldéhydes comme l’Anios ;
  • le non respect de la marche en avant dans le processus de la stérilisation ;
  • l’absence d’indicateurs de contrôle de la qualité de la stérilisation ;
  • l’absence de qualification et de formation des agents responsables de la stérilisation ;
  • l’absence de maintenance préventive des équipements de la stérilisation.

Tout n’est pas négatif car il y a des hôpitaux où la stérilisation ne présente pas d’écarts par rapport aux normes. Nous pouvons citer, le CHU MEL et l’Hôpital d’Instruction des Armées de Cotonou, le service de chirurgie pédiatrique du CHD Zou à Abomey, l’hôpital de zone de Boko (dans N’Dali), l’hôpital de zone de l’Ordre Souverain de Malte à Djougou, l’Hôpital « La croix » de Zinvié, l’hôpital de zone de Tanguiéta. Nous souhaitons que les autres hôpitaux leur emboîtent le pas.

Je vous ai signalé plus haut que la commission et les cellules départementales ont repris l’ensemble de leurs activités à plein temps et sur toute l’étendue du territoire national, grâce au respect des gestes barrières et particulièrement grâce à la vaccination anti-COVID des membres.

De cette pandémie de Covid-19, nous avons appris trois leçons :

  • la première est que la pandémie de la Covid existe, existe encore et est grave ;
  • la seconde est que les chances de guérisons sont grandes si le diagnostic est précoce et le traitement est adéquat et prompt ;
  • et la 3ème leçon est que la vaccination peut nous mettre à l’abri de cette pandémie.

Pour ces raisons je voudrais exhorter chacun et chacune à observer les mesures barrières et à se faire vacciner sur les différents sites ouverts à cet effet dans le pays. Cela va de l’intérêt de nous tous.

Je vous remercie                                           

 

Pr Blaise AYIVI



Wendy J. KEDOTE
 
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