Nicéphore Soglo et Boni Yayi, deux anciens présidents du Bénin, qui ternissent l
A l'hôtel Azalaï de Cotonou ce lundi 18 février, l'opposition béninoise incapable de s'organiser a dû s'en remettre à deux anciens présidents, pour porter leur voix contre la gouvernance Talon. Il s'agit de Nicéphore Soglo et de Boni Yayi, deux anciens dirigeants dont les bilans sont connus de tous et sont loin d'être des exemples à suivre notamment en matière de gestion politique du pays.
La sortie médiatique de l'opposition de ce lundi 18 février a été l'occasion pour le conglomérat d'hommes politiques présents, d'exprimer sa frustration et ses appréhensions face à ce qu'ils appellent la gouvernance du président Talon. Morceaux choisis, l'article 242 de du code électoral, la mise en conformité des partis politiques à la nouvelle charte votée par l'Assemblée et le bilan du président Patrice Talon. Dans ce registre, chacun y ait allé de son inspiration. Globalement, l'opposition demande une relecture de l'article 242 du code électoral à moins de 48 heures du début de dépôt des dossiers de candidature. Seulement, une telle initiative violerait les dispositions communautaires de la Cedeao en période électorale qui fixent les délais au-delà desquels, l'arsenal de textes organisant les élections dans ses Etats membres ne peut plus être révisé.
Mais ce qui est le plus remarquable, est que lors de cette sortie médiatique, Candide Azannaï, Eugène Azatassou, Eric Houndété, et bien d'autres se sont présentés à la presse avec comme têtes d'affiches, deux anciens présidents de la république. Il s'agit des anciens chefs d'Etat Nicéphore Soglo et Boni Yayi. Deux personnalités aux bilans connus du peuple et qui a mérité pour le premier d'être chassé du pouvoir en 1996 par un vote sanction du peuple et au second de voir son candidat dauphin Lionel Zinsou échouer en 2016 face à Patrice Talon. Les bilans politiques de Boni Yayi et de Nicéphore Soglo à la tête du pays sont encore vifs dans les mémoires. Ce qui fait dire à plus d'un observateur, que l'opposition aurait mieux fait de choisir d'autres têtes d'affiches que de mettre en avant, deux personnalités dont les avenirs politiques respectifs se conjuguent au passé et présentant des bilans politiques désastreux au regard de plusieurs décisions contre nature qu'ils ont eu à prendre lors de leurs mandats respectifs.
Pour rappel, en ce qui concerne le président Nicéphore Soglo pendant son mandat, il a tergiversé pendant longtemps avant d'installer la Cour constitutionnelle en 1993. Une Cour qu'il a souvent vouée aux gémonies en appelant même la population à marcher sur elle. Pourtant, point n'ait besoin de rappeler à tous, le rôle crucial que joue cette institution dans l'équilibre des pouvoirs dans ce qu'on appelle partout au monde le modèle démocratique du Bénin. La phobie de la Cour constitutionnelle le pousse aussi aujourd'hui à remettre en cause publiquement les compétences de l'actuel président de l'institution en la personne de Joseph Djogbénou. Au-delà de cette tendance à ne pas reconnaître la sacralité de la Cour constitutionnelle, Nicéphore Soglo n'a pas été aussi un modèle de démocrate et de la pensée libre en ce qui concerne les positionnements partisans de ses collaborateurs. En effet, pendant qu'il est venu au pouvoir sans aucun parti politique, Nicéphore Soglo a lancé ce que certains appellent le triste appel de Goho. Un appel qui contraignait ses collaborateurs à rallier la barque de la Renaissance du Bénin au risque de rester à quai.
Outre le président Nicéphore Soglo qui se devait de rester en retrait pour conseiller l'actuel président, Boni Yayi aussi s'est mis dans la danse. A la quête d'un siège de député dans la 8ème circonscription électorale, l'ancien chef de l'Etat parti du pouvoir en 2016 ne manque aussi aucune occasion pour lancer des diatribes anti-Talon. L'actuel chef de l'Etat est traité de tout par Boni Yayi qui oublie aussi à dessein le triste bilan politique et économique qui a légué à son successeur en 2016. Déjà en 2007, 2011 et 2015, Boni Yayi s'est lui-même mis sur le terrain de la campagne électoral à la recherche d'une majorité parlementaire qui va lui permettre de mieux gouverner. On se demande en quoi aujourd'hui il pense que l'actuel président ne devrait pas en rechercher aussi. En plus de ses dérives verbales tendant à différencier les Béninois qui sont les siens des autres, on note aussi que Boni Yayi a laissé le pays avec un taux de croissance de 2,1% (2015). En moins de trois ans, le président Talon l'a déjà porté à 6,5%.
Quand la cour du mouton est sale, ce n'est pas au cochon de le dire. Les bilans politiques de Boni Yayi et de Nicéphore Soglo à la tête du pays sont encore vifs dans les mémoires. Les déclarations faites par ces deux anciens chefs d'Etat béninois lundi dernier les confinent dans un rôle qu'ils auraient pu laisser aux jeunes pousses politiques, à qui, ils donneront des Conseils.
Claudel AZANNAÏ