La ville de Cotonou a été le théâtre de violents affrontements entre une population déchainée et les forces de l'ordre le mercredi 1er et jeudi 2 mai. La police et l'armée, ont réussi à contenir les manifestants à l'orée de la soirée d'hier et un calme précaire règne actuellement dans la ville. Mais il est impératif que les commanditaires, acteurs et autorités à divers niveaux retrouvent la raison pour conserver au Bénin, ce titre d'oasis de paix dans une Afrique minée par plusieurs conflits.
« Plaise au ciel, qu'aucun bain de sang ne nous éclabousse et ne nous emporte dans ses flots. ». Ainsi s'exprimait Monseigneur Isidore de Souza à l'étape ultime de la Conférence nationale des forces vives de février 1990 au Bénin. Cette invite à la paix de celui-là qui a conduit les travaux de la Conférence nationale a encore tout son sens aujourd'hui dans un Bénin qui devient le théâtre de violents affrontements depuis le dimanche 28 février, date de l'organisation des élections législatives. Après les violents affrontements qui ont empêché la tenue du scrutin dans certains arrondissements des villes de Tchaourou, Savalou, Parakou ou encore Glazoué, c'est la capitale économique du Bénin qui a été le théâtre d'affrontements et d'actes d'incivismes. Une situation née de l'incompréhension entre les parties. En effet, tout est parti d'un soupçon de tentative d'arrestation de l'ancien président Boni Yayi par les Forces de l'ordre déployé aux alentours de la maison de l'ancien chef de l'Etat. Mais pour la police il s'agissait de venir encadre un attroupement qui s'observait dans la zone d'autant qu'il n'y a eu aucune autorisation de manifester dans la zone.
Pour s'en tenir donc aux déclarations des deux parties, il s'agit d'une grande incompréhension qui a engendrée les dégâts enregistrés dans la ville, les pertes en vies humaines, l'anxiété, et la psychose. Le Bénin réputé pays de paix, et d'unité, pays dans lequel les frères en arrivent toujours à s'entendre doit une fois de plus puiser dans son génie pour juguler la situation actuelle. En 2015 en effet, des évènements similaires avaient plongé la ville de Cotonou dans le chaos, l'émoi, la psychose et la crainte du lendemain. Mais avec détermination, le pays s'en est sorti et poursuit sa marche en avant vers la démocratie. La confirmation du fait que le pays s'était relevé de cette épreuve, est le couronnement de Patrice Talon à la magistrature suprême du pays après la présidentielle de 2016.
Mais une fois de plus, la paix et la quiétude des populations, semble remis en cause simplement à cause des élections législatives du 28 avril dernier. L'opposition n'ayant pas pu satisfaire aux conditions pour compétir se dit exclu et oeuvre chaque jour pour faire arrêter le processus que le gouvernement n'entend en aucun cas stopper. Dès lors les thuriféraires de l'opposition en appellent à la résistance. Mais comme on peut le constater depuis le dimanche, la violence ne résout pas le problème. La violence ne donne pas le temps de poser le problème, d'y réfléchir et d'esquisser des solutions. Seule le dialogue et la compréhension mutuelle peuvent sortir le pays de la crise actuelle. « La paix n'est pas un vain mot, c'est un comportement », a dit l'ancien président ivoirien Félix Houphouët Boigny.
Le président Patrice Talon dans ces moments difficiles a privilégié la paix. C'est pourquoi, ordre avait été donné aux forces de défense et de sécurité de ne pas porter atteinte à l'intégrité physique des populations. Dans ces moments difficiles, le chef de l'Etat s'est aussi abstenu de toute déclaration ou décision tendant remettre en cause la paix séculaire et légendaire qui a toujours caractérisé le vivre ensemble entre Béninois. Il opte donc pour l'arrêt des violences pour que dans la sérénité et le calme requis, les problèmes qui se posent soient abordés aux fins de trouver une solution de sortie de crise.
Qu'importe donc les récriminations et les raisons légitimes, toutes les parties doivent oeuvrer pour la paix en demandant à leurs militants de rester calme, en attendant d'éventuelles pourparlers entres les leaders. Vivement la paix donc !
Edith GAGLOZOUN