A l'instar des têtes couronnées, sages et notables du septentrion, les élus locaux de cette partie du pays, ont aussi lancé un appel à la paix et à l'unité nationale, ce jeudi 09 mai dans la commune de Djougou. Cet appel à la paix a été lancé suite à une rencontre d'échanges entre ces élus locaux et une délégation gouvernementale conduite par le ministre d'Etat Abdoulaye Bio Tchané et composée des ministres Alassane Séidou et Bintou Taro Adam.
A l'invitation des élus des 4 départements du nord Bénin, une équipe gouvernementale s'est rendue ce jeudi, dans la commune de Djougou pour échanger avec les représentants du peuple à la base autour des événements malheureux survenus dans le cadre du déroulement du processus électoral du 28 avril 2019. Les discours, interventions et propositions faits par les uns et les autres au cours de cette séance montrent à plus d'un titre qu'ils restent tous profondément attachés à la paix et à la quiétude, qui ont toujours eu droit de cité au Bénin. Après leurs échanges avec les membres de la délégation gouvernementale, les élus locaux de la région septentrionale du Bénin dont 25 maires de communes, des chefs d'arrondissements et conseillers municipaux, condamnent les actes de violences et de vandalisme perpétrés dans certaines villes du Bénin dans le cadre du processus électoral ainsi que leurs auteurs. Ces élus réaffirment par la même occasion, leur soutien aux actions du gouvernement et demandent que toutes les mesures soient prises afin qu'on n'assiste plus à de pareils évènements en République du Bénin.
Mais avant de faire leur déclaration, les maires et les autres élus locaux du septentrion qui ont fait le déplacement de Djougou, ont d'abord échangé avec la délégation gouvernementale. C'est en effet, sur invitation des élus locaux du septentrion que le gouvernement a envoyé une délégation à Djougou. Conduite par le ministre d'Etat chargé du développement Abdoulaye Bio Tchané, la délégation gouvernementale est composée des ministres des transports Alassane Seidou et du ministre des affaires sociales Bintou Taro Adam. Après le mot de bienvenu du maire de la commune de Djougou, qui a situé le contexte de la rencontre, c'est le ministre en charge de la Décentralisation par intérim, Alassane Séidou qui a pris la parole. Il a remercié les élus locaux pour leur démarche de compréhension. Une démarche qui témoigne de leur volonté de comprendre les choses afin de contribuer efficacement à l'enracinement de la démocratie et de la paix au Bénin.
Le Ministre Abdoulaye Bio Tchané, qui est le chef de la délégation gouvernementale a ensuite pris la parole pour expliquer aux élus locaux du septentrion, les évènements qui ont lieu dans le cadre du processus électoral. Il a aussi mis l'accent sur les casses et les actes de vandalisme notés pendant ce processus avec les dégâts énormes non encore évalués. C'est après les échanges et le retrait de la délégation gouvernementale que les maires et élus locaux du septentrion se sont réunis pour échanger. Des échanges sanctionnés par une déclaration finale qui condamne fermement les violences et leurs auteurs et dans laquelle aussi, les élus locaux réaffirment leur soutien au gouvernement en l'appelant par la même occasion à prendre toutes les mesures qui s'imposent pour que de pareils choses ne se reproduisent.
La démarche du gouvernement qui a répondu favorablement à l'appel des élus locaux est à saluer à plus d'un titre. Car avec les échanges menés par l'équipe gouvernementale, les élus locaux représentants des populations à la base ont compris le sens des actions menées par le gouvernement dans le cadre de la mise en oeuvre du processus électoral. Cette démarche permet d'éclaircir la lanterne de ces élus, d'éviter les interprétations erronées sources de frustrations et donc de faire baisser la tension et l'anxiété qui commencent à gagner les populations.
En fin de semaine dernière déjà, les élus locaux de la partie septentrionale du pays ont déjà donné de la voix. Par une déclaration ils ont condamné les actes de violences ainsi que leurs auteurs et ont appelé à la paix. Quelques jours après donc, c'est le tour des élus locaux du septentrion de donner aussi de la voix par rapport aux événements malheureux ayant porté une tâche noire sur le processus électoral en cours. Mais toutes ces composantes de la société béninoise du nord Bénin appellent unanimement au retour de la paix et à la culture de la paix pour jamais ces événements ne se reproduisent.
Déclaration
Préambule
Préoccupés par la situation politique que traverse notre pays, la République du Benin depuis quelques semaines, et les conséquences graves d'une lecture biaisée des faits sur la paix et l'unité nationale par une frange de la population.
Nous, élus communaux et municipaux venus des communes des quatre départements Atacora/Donga et Borgou/Alibori soutenant l'action du Gouvernement avons décidé de nous retrouver pour échanger en vue d'apporter notre contribution à la résolution définitive de ce problème.
A l'issue des échanges empreints de responsabilité, et après avoir écouté l'éclairage par des autorités conviées à cette séancesur des faits,
Nous tenons à rendre public ce qui suit :
Nous,
- maires des vingt-cinq communes sur vingt-sept du Septentrion,
- conseillers municipaux et communaux venus des vingt-sept communes de nos quatre départements,
Réunis à Djougou ce jour jeudi 09 mai 2019, avons échangé sur les élections législatives tenues le 28 avril 2019 dans notre pays.
Nous avons confronté nos expériences vécues ces derniers temps dans nos localités, et questionné des autorités politico-administratives de haut niveau conviées àcette séance.
L'examen des faits rapportés au cours de cette séance révèle des préoccupations de menaces graves sur la paix et l'unité nationale qui interpellent le Gouvernement et chacun des citoyens béninois pour des prises de positions claires et responsables.
I- LES FAITS
1- Du 26 au 28 avril 2019, toutes nos communes ont été sillonnées par quelques groupes politiques pour prôner la guerre et menacer les populations qui oseraient sortir de leur maison pour aller voter. Malgré les efforts de sensibilisation et de dénonciation de ces actes d'incivisme, la peur et l'incertitude sur la tenue effective des élections ont gagné une grande partie de la population.
2- La destruction, la veille des élections, des urnes des arrondissements d'Alafiarou et de Tchatchou (commune de Tchaourou) a été le 1er signal déclencheur des séries de violences électorales. Dans la même commune, des maisons et autres biens appartenant à des personnes proches de la mouvance présidentielle ont été saccagés et incendiés par des groupes rassurés par l'apparent laisser-faire et l'impunité des instigateurs connus comme meneurs intouchables de l'opposition.
3- Le 28 avril, jour des élections, dans plusieurs localités (Tchaourou, Savè, Bantè, Parakou et Manigri), des groupes brandissant diverses armes ont interrompu le processus électoral et saccagé des urnes.
4- Au lendemain des élections, un groupuscule venu d'ailleurs a mené une expédition avec pour objectif de brûler l'usine d'égrenage de coton de Kandi. A défaut d'y arriver, ils ont néanmoins pu mettre le feu à des tonnes de balles de coton.
5- A Cadjehoun dans la ville de Cotonou, dès le retour de Tchaourou de l'ancien Président Boni Yayi, une émeute s'est développée autour de son domicile après son appel public à la révolte générale. De nombreux biens ont été par la suite incendiés vandalisés et détruits. Des forces de l'ordre ont même été attaquées.
6- De nombreuses autres actions de violence seraient planifiées les jours à venir, en réponse à l'appel des anciens Présidents Yayi et Soglo.
II- DES ASPECTS PREOCCUPANTS
En examinant les faits ainsi énumérés, certaines préoccupations ont retenu notre attention :
1- le point de départ des violences avant et pendant le scrutin est Tchaourou. Tout s'estdéroulé dans cette localité pendant le séjour de l'ancien Président Boni Yayi. La maison et les véhicules incendiés de l'honorable Bagoudou étaient à quelques mètres de son domicile. Et tous les incendies enregistrés ce jour l'ont été dans l'arrondissement central de Tchaourou.
2-la grande majorité des badauds qui ont affronté les forces de sécurité à Cotonou est venue des collines et du Sud Borgou. Il est fait état d'un grand nombre d'étrangers parmi ces badauds.
3- la violence électorale notée pendant la période suit la trajectoire de séjour de l'ancienprésident Yayi Boni, rappelant sa fameuse promesse de faire venir « les siens » pour affronter les autres.
III- DES POSITIONS PRISES
Au terme de nos analyses, nous, maires, élus communaux, municipaux et locaux, réunis à Djougou ce jour 9 mai 2019 :
• Condamnons fermement les violences électorales enregistrées à l'occasion des législatives de 2019.
• Exigeons que le Gouvernement retrouve les auteurs et complices de ces actes, et les punisse conformément aux Lois et Règlements de la République. C'est la seule condition pour éviter d'ériger en règle, le vandalisme comme mode d'expression politique et de contestation.
• Soutenons le Gouvernement et le Chef de l'État, Son Excellence Monsieur Patrice Talon, garant du respect de la loi, de la protection des personnes et des biens, dans la fermeté du traitement de ces actes de vandalisme.
• Saluons le peuple béninois notamment ceux qui ont refusé de s'associer à la violence et à la haine initiées et planifiées par certains politiciens.
• Rendons hommage à tous les citoyens qui n'ont pas cédé aux intoxications, aux menaces et intimidations pour aller voter le 28 avril 2019.
• Mettons en garde contre toutes nouvelles velléités de violence relative à ces élections qui dans l'ensemble se sont déroulées dans la paix en dehors de quelques localités des cinq communes touchées sur les soixante-dix-sept (77).
• Appelons les populations des quatre départements du Septentrion en particulier et du Bénin en général au Calme, à la tolérance et à la vigilance.
• Exhortons les différentes catégories socio-professionnelles, confessionnelles, coutumières et les leaders politiques de tout bord à oeuvrer pour la culture de la PAIX et du Dialogue.
• Réitérons enfin, notre soutien ferme aux actions du Président de la République son excellence Patrice TALON et de son Gouvernement.
Fait à Djougou, le 09 mai 2019
Edith GAGLOZOUN